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Archive pour le mot-clef ‘Pie XII’

« Nous avons voulu l’empêcher car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »

mercredi 23 février 2022

Imitons l’immensité de l’amour de Jésus lui-même, modèle suprême d’amour envers l’Église. Assurément l’Épouse du Christ, l’Église, est unique ; cependant l’amour du divin Époux s’étend si largement que, sans exclure personne, il embrasse dans son Épouse le genre humain tout entier. Si notre Sauveur a répandu son sang, c’est afin de réconcilier avec Dieu sur la croix tous les hommes, même s’ils sont séparés par la nation et le sang, et de les réunir en un seul Corps. Le véritable amour de l’Église exige donc non seulement que nous soyons dans le Corps lui-même membres les uns des autres, pleins de sollicitude mutuelle (Rm 12,5), membres qui doivent se réjouir quand un autre membre est à l’honneur et souffrir avec lui quand il souffre (1Co 12,26) ; mais il exige aussi que dans les autres hommes non encore unis avec nous dans le Corps de l’Église nous sachions reconnaître des frères du Christ selon la chair, appelés avec nous au même salut éternel.

Sans doute il ne manque pas de gens, hélas ! aujourd’hui surtout, qui vantent orgueilleusement la lutte, la haine et la jalousie comme moyen de soulever, d’exalter la dignité et la force de l’homme. Mais nous qui discernons avec douleur les fruits lamentables de cette doctrine, suivons notre Roi pacifique, qui nous a enseigné non seulement à aimer ceux qui n’appartiennent pas à la même nation ou à la même origine (Lc 10,33s), mais à aimer même nos ennemis (Lc 6,27s). Célébrons avec saint Paul, l’apôtre des nations, la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de l’amour du Christ (Ep 3,18) ; amour que la diversité des peuples ou des mœurs ne peut pas briser, que l’immense étendue de l’océan ne peut pas diminuer, que les guerres enfin, entreprises pour une cause juste ou injuste, ne peuvent pas désagréger.

Vénérable Pie XII

 

 

« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. »

samedi 24 juillet 2021

Qu’on n’imagine pas que le Corps de l’Eglise, ayant l’honneur de porter le nom du Christ, ne se compose, dès le temps de son pèlerinage terrestre, que de membres éminents en sainteté, ou ne comprend que le groupe de ceux qui sont prédestinés par Dieu au bonheur éternel. Il faut admettre, en effet, que l’infinie miséricorde de notre Sauveur ne refuse pas maintenant une place dans son Corps mystique à ceux auxquels il ne la refusa pas autrefois à son banquet (cf Mt 9,11). Car toute faute, même un péché grave, n’a pas de soi pour résultat — comme le schisme, l’hérésie ou l’apostasie — de séparer l’homme du Corps de l’Église. Toute vie ne disparaît pas de ceux qui, ayant perdu par le péché la charité et la grâce sanctifiante, devenus par conséquent incapables de tout mérite surnaturel, conservent pourtant la foi et l’espérance chrétienne, et à la lumière de la grâce divine, sous les inspirations intérieures et l’impulsion du Saint-Esprit, sont poussés à une crainte salutaire et excités par Dieu à la prière et au repentir de leurs fautes.

Que tous aient donc en horreur le péché qui souille les membres mystiques du Rédempteur, mais que le pécheur tombé et qui ne s’est pas rendu par son obstination indigne de la communion des fidèles soit accueilli avec beaucoup d’amour, qu’on ne voie en lui avec une fervente charité qu’un membre infirme de Jésus Christ. Car il vaut mieux, selon la remarque de saint Augustin, « être guéri dans le Corps de l’Église qu’être retranché de ce Corps comme des membres incurables » ; « tant que le membre est encore attaché au corps, il ne faut pas désespérer de sa santé ; mais s’il en est retranché, il ne peut plus ni être soigné ni être guéri ».

Vénérable Pie XII

 

 

« Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? » (Lc 18,7)

samedi 14 novembre 2020

En vous contemplant ici réunis autour de nous, il nous semble faire nôtre en la revivant cette scène grandiose et émouvante que nous présente la Sainte Écriture : nous y voyons, tandis que le peuple de Dieu combat dans la plaine, Moïse, monté sur la cime du Mont Horeb, priant les bras et les mains élevés, image prophétique et inconsciente du grand Médiateur aux mains étendues sur la Croix. Aux côtés du chef en prière, de crainte que les forces ne viennent à lui manquer en cet acte éprouvant d’imploration, voici deux de ses plus fidèles, lui soutenant les bras avec une sollicitude filiale, pleins de foi dans l’efficacité de la prière de leur chef (Ex 17, 8).

Nous aussi, du haut de cette colline du Vatican, nous assistons à un grand conflit incomparablement plus vaste et plus important que celui-là, conflit vraiment immense, qui met aux prises, les uns avec les autres, les peuples de la terre ; conflit spirituel, qui n’est qu’un épisode de la lutte permanente et intense du mal contre le bien, de Satan contre le Christ. Nous, les mains étendues vers le ciel, nous sentons peser sur nos épaules le poids d’une indicible responsabilité, et une douleur profonde étreindre notre cœur, qui trouve un réconfort en vous, si fidèles à vous tenir tout près de nous, unissant votre prière à la nôtre, vos sacrifices à nos souffrances, vos travaux à nos fatigues. (…)

La vraie prière du chrétien, enseignée à tous par Jésus, mais qui, à un titre spécial, est la vôtre, est une prière essentiellement apostolique. Elle inclut en elle la sanctification du Nom de Dieu, la venue et l’extension de son Règne, la fidèle adhésion aux dispositions de son amoureuse Providence et à sa volonté rédemptrice et béatifiante ; ainsi que tous les intérêts spirituels et matériels des hommes, le pain quotidien, le pardon des péchés, l’union fraternelle qui ne connaît ni haine ni rancune, les secours nécessaires pour ne pas succomber à la tentation, la délivrance de tout mal. (…) Immense dans sa brièveté l’oraison dominicale comprend et embrasse l’universalité des besoins du monde ; et tous ces besoins, le Sauveur les prend en considération et les recommande à son Père céleste dans les moindres détails, car chacun lui est particulièrement présent. (…) Tel est votre modèle.

Vénérable Pie XII

 

 

Fête de saint Benoît, abbé, patron de l’Europe

jeudi 11 juillet 2019

Tandis que le monde s’était vieilli dans le vice, que l’Italie et l’Europe offraient l’affreux spectacle d’un champ de bataille pour les peuples en conflit, et que les institutions monastiques, elles-mêmes, souillées par la poussière de ce monde, étaient moins fortes qu’il n’aurait fallu pour résister aux attraits de la corruption et les repousser, Benoît, par son action éclatante et sa sainteté, témoigna de l’éternelle jeunesse de l’Église. Il restaura par la parole et par l’exemple la discipline des mœurs, et il entoura la vie religieuse cloîtrée d’un rempart de lois plus efficaces et plus sanctifiantes. Plus encore : par lui-même et par ses disciples, il fit passer les peuples barbares d’un genre de vie sauvage à une culture humaine et chrétienne. Les convertissant à la vertu, au travail, aux occupations pacifiques des arts et des lettres, il les unit entre eux par les liens des relations sociales et de la charité fraternelle. (…)

Du Mont Cassin une lumière nouvelle a resplendi ; alimentée par les enseignements et la civilisation des anciens et surtout réchauffée par la doctrine chrétienne, elle a éclairé les peuples et les nations qui erraient à l’aventure, les rappelant et les dirigeant vers la vérité et le droit chemin. (…)

C’est là que Benoît a porté l’institution monastique à ce genre de perfection, auquel depuis longtemps il s’était efforcé par ses prières, ses méditations et ses expériences. Tel semble bien être, en effet, le rôle spécial et essentiel à lui confié par la divine Providence : non pas tant apporter de l’Orient en Occident l’idéal de la vie monastique, que l’harmoniser et l’adapter avec bonheur au tempérament, aux besoins et aux habitudes des peuples de l’Italie et de toute l’Europe. Par ses soins donc, à la sereine doctrine ascétique qui florissait dans les monastères de l’Orient, se joignit la pratique d’une incessante activité, permettant de « communiquer à autrui les vérités contemplées », et, non seulement de rendre fertiles des terres incultes, mais de produire par les fatigues de l’apostolat des fruits spirituels.

Vénérable Pie XII

 

 

 

Sainte Trinité, solennité

dimanche 27 mai 2018

Le Christ, notre avocat (1Jn 2,1), siège à la droite du Père. Il n’est plus visible dans sa nature humaine parmi nous. Mais il daigne rester avec nous jusqu’à la consommation des siècles, invisible sous les apparences du pain et du vin dans le sacrement de son amour. C’est le grand mystère d’un Dieu présent et caché, de ce Dieu qui viendra un jour juger les vivants et les morts.

C’est vers ce grand jour de Dieu que s’avance l’humanité tout entière des siècles écoulés, du présent et de l’avenir. C’est vers ce jour que s’avance l’Église, maîtresse de foi et de morale pour toutes les nations, baptisant au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Et nous, de même que nous croyons au Père, créateur du ciel et de la terre, au Fils, rédempteur du genre humain, ainsi également nous croyons au Saint-Esprit.

Il est l’Esprit procédant du Père et du Fils, comme leur amour consubstantiel, promis et envoyé par le Christ aux Apôtres au jour de la Pentecôte, vertu d’en-haut qui les remplit. Il est le Paraclet et le Consolateur qui demeure avec eux pour toujours, Esprit invisible, inconnu au monde, qui leur enseigne et rappelle tout ce que Jésus leur a dit.

Montrez au peuple chrétien la puissance divine infinie de cet Esprit créateur, don du Très-Haut, distributeur de tout charisme spirituel, consolateur très bon, lumière des cœurs, qui, dans nos âmes, lave tout ce qui est souillé, arrose ce qui est aride, guérit ce qui est blessé.

De lui, amour éternel, descend le feu de cette charité que le Christ veut voir allumé ici-bas ; cette charité qui rend l’Église une, sainte, catholique, qui l’anime et la rend invincible au milieu des assauts de la synagogue de Satan ; cette charité qui unit dans la communion des saints ; cette charité qui renouvelle l’amitié avec Dieu et remet le péché.

Vénérable Pie XII, pape de 1939 à 1958
Allocution aux curés de Rome et aux prédicateurs de Carême, 17 février 1942

 

 

 

Sans Moi, vous ne pouvez rien faire.

dimanche 29 avril 2018

Dans le Christ, il a plu à Dieu de faire habiter toute la plénitude de l’être. (cf. Col 1, 19) Il est orné de tous les dons surnaturels qui accompagnent l’union hypostatique [= union dans le Christ de la nature divine et de la nature humaine] : car le Saint Esprit habite en lui avec une telle plénitude qu’on ne peut en concevoir de plus grande. Dieu lui a donné autorité sur toute chair. De lui dérivent dans le Corps de l’Église toute lumière par laquelle Dieu illumine les croyants, et toute grâce qui les rend saints comme lui-même est saint.

C’est lui qui infuse dans les fidèles la lumière de la foi ; lui qui enrichit divinement des dons surnaturels de science, d’intelligence et de sagesse ses pasteurs et ses docteurs, en premier lieu son vicaire sur la terre, afin qu’ils conservent fidèlement le trésor de la foi, qu’ils le défendent énergiquement, qu’ils l’expliquent et le soutiennent avec piété et diligence ; lui qui, enfin, bien qu’invisible, préside aux Conciles de l’Église et les guide par sa lumière.

Le Christ est l’auteur et l’artisan de la sainteté. Il ne peut y avoir aucun acte salutaire qui ne découle de lui, comme de sa source surnaturelle. « Sans moi, dit-il, Vous ne pouvez rien faire. »(cf. Jn 15, 5). Si à cause de nos péchés nous sommes touchés par le repentir et la pénitence, si nous nous tournons vers Dieu avec une crainte et une espérance filiales, c’est toujours grâce à lui que nous le faisons. La grâce et la gloire proviennent de son inépuisable plénitude.

Et quand les sacrements de l’Église sont administrés extérieurement, c’est lui qui en produit les effets dans les âmes. C’est encore lui qui, nourrissant de sa propre chair et de son sang les hommes rachetés, apaise en eux les mouvements violents et troubles de l’âme ; c’est lui qui augmente la grâce et prépare les âmes et les corps à atteindre la gloire.

Le Christ Notre Seigneur fait vivre l’Église de sa vie surnaturelle, pénètre tout ce Corps de sa vertu divine et il alimente, il entretient chaque membre selon la place qu’il occupe dans le Corps, à peu près de la même manière que la vigne nourrit les sarments qui lui sont attachés et les rend féconds. (cf. Jn 15, 4-6)

Vénérable Pie XII, pape de 1939 à 1958
Encyclique « Mystici Corporis » Première partie § 2 (trad. Éditions universitaires)

 

 

 

 

Le Christ, Voie, Vérité et Vie, est la lumière de la conscience

vendredi 27 avril 2018

La conscience est le noyau le plus intime et secret de l’homme. C’est là qu’il se réfugie avec ses facultés spirituelles dans une solitude absolue : seul avec soi-même, ou plutôt, seul avec Dieu, dont la voix se fait entendre à la conscience. C’est là qu’il se détermine pour le bien ou pour le mal ; c’est là qu’il choisit le chemin de la victoire ou celui de la défaite. Même s’il le voulait, l’homme ne réussirait pas à s’en débarrasser ; avec elle, soit qu’elle l’approuve, soit qu’elle le condamne, il parcourra tout le chemin de la vie, et avec elle encore, témoin véridique et incorruptible, il se présentera au jugement de Dieu.

La conscience est donc un sanctuaire, sur le seuil duquel tous doivent s’arrêter ; tous, même le père ou la mère, lorsqu’il s’agit d’un enfant. Seul, le prêtre y entre comme médecin des âmes ; mais la conscience ne cesse pas pour autant d’être un sanctuaire jalousement gardé, dont Dieu Lui-même veut que le secret soit préservé sous le sceau du plus sacré des silences. En quel sens peut-on parler de l’éducation de la conscience ? Le divin Sauveur a apporté à l’homme ignorant et faible sa vérité et sa grâce : la vérité pour lui indiquer la voie qui conduit au but ; la grâce pour lui conférer la force de pouvoir l’atteindre. Le Christ est la Voie, la Vérité et la Vie, non seulement pour tous les hommes pris ensemble, mais pour chacun pris individuellement.

Vénérable Pie XII, pape de 1939 à 1958
Pie XII Radio message 23 Mars 1952 (Documentation Catholique n°1119, 20 Avril 1952, rev.)

 

 

 

 

 

Fête de saint Benoît, abbé, patron de l’Europe

mardi 11 juillet 2017

Szent Benedek & Skolasztika - ikonSaint Benoît est le père de l’Europe. Lorsque l’Empire romain s’est effondré, consumé de vétusté et de vices, et que les barbares se sont rués sur ses provinces, cet homme, que l’on a appelé le dernier des grands Romains (selon l’expression de Tertullien), alliant à la fois la romanité et l’Évangile, a puisé en ces deux sources le secours et la force pour unir puissamment les peuples de l’Europe sous l’étendard et l’autorité du Christ… Car de la mer Baltique à la Méditerranée, de l’océan Atlantique aux plaines de Pologne, des légions de moines bénédictins se sont répandues, adoucissant les nations rebelles et sauvages par la croix, les livres et la charrue.

« Prie et travaille » : cette devise des bénédictins ne contient-elle pas, dans sa brièveté majestueuse, ce qui est la loi principale de l’humanité et de sa règle de vie… ? C’est un précepte divin de prier ; c’en est un aussi de travailler : nous devons accomplir l’un et l’autre pour la gloire de Dieu et le perfectionnement de nos esprits et de nos corps… Maintenant, l’Europe gémit sur des calamités et des misères… Au milieu de cette tempête qui fait tomber l’Europe dans le désastre et le malheur, il n’est pas inopportun ou inutile de se rappeler que des forces intérieures puissantes, une longue excellence de civilisation… s’étaient établies dans l’Europe comme sur un fondement d’une très grande solidité.

Vénérable Pie XII, pape de 1939 à 1958
Homélie à Saint-Paul-Hors-les-Murs, 18 septembre 1947

 

 

 

Mémoire du Coeur Immaculé de Marie

samedi 4 juin 2016

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La propagation de la dévotion au Cœur de Marie remonte au XVIIe siècle où saint Jean Eudes la propagea en l’unissant à celle du Sacré-Cœur de Jésus.

Au cours du XIXe siècle, Pie VII (Barnaba Chiaramonti, 1800-1823) d’abord, et le bienheureux Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878) ensuite, accordèrent à plusieurs églises une fête du Cœur très pur de Marie fixée au dimanche dans l’octave de l’Assomption, puis au samedi suivant la fête du Sacré-Cœur.

Le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge apparaissait au Portugal pour déclarer aux petits voyants de Fatima que Dieu voulait établir la dévotion à son Cœur immaculé pour le salut du monde. Elle demanda aux chrétiens la pratique du premier samedi du mois par la communion réparatrice et la récitation du chapelet accompagnée de la méditation des mystères du rosaire.

Le 31 octobre 1942, le jour de la clôture solennelle du jubilé des Apparitions de Fatima, le vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) s’exprimant à la radio, consacra le monde au Cœur immaculé de Marie pour répondre à l’appel de notre Mère du ciel. Il renouvela ce geste important le 8 décembre 1942. En 1944, en pleine guerre mondiale, le même souverain pontife consacrait encore tout le genre humain au Cœur immaculé de Marie pour le mettre sous sa puissante protection. À l’occasion de cette même cérémonie, il décréta que l’Église entière célébrerait chaque année une fête en l’honneur du Cœur immaculé de Marie afin d’obtenir, par l’intercession de la Très Sainte Vierge, « la paix des nations, la liberté de l’Église, la conversion des pécheurs, l’amour de la pureté et la pratique des vertus. » Il fixa la date de cette fête au 22 août, jour octave de la fête de l’Assomption.

En créant la très Sainte Vierge, la Trinité Sainte a pu contempler le ravissant spectacle d’un Cœur qui, dès son premier battement, n’aima que son Dieu, et l’aima à lui seul plus que tous les anges et les saints ensemble ne l’aimeront jamais. « Le Père, dit saint Jean Eudes, a déployé sa puissance pour former un cœur de fille plein de respect et de fidélité envers son Créateur. Le Fils en fit un cœur de Mère et l’Esprit-Saint en fit un cœur d’épouse pour y célébrer ses noces ineffables. » La gloire de la fille du roi, disent les Livres Saints, est toute intérieure et cachée, autrement dit, elle est toute en son cœur. Là se trouvent toutes les perfections des anges et des hommes, dans un tel degré d’excellence que rien n’y peut être comparé. Là se trouvent les perfections de Dieu même, aussi fidèlement retracées qu’elles peuvent l’être dans une simple créature.

La bonté et la miséricorde président parmi les vertus dont Dieu a orné le Cœur immaculé de sa Mère. Aussi tout pécheur trouve en elle un refuge assuré. Ce cœur, qui nous a tant aimés, n’a point été flétri dans le tombeau comme celui des autres mortels. Ses mouvements n’ont été qu’un seul instant suspendus sous le souffle de la mort. Il vit aujourd’hui palpitant d’un amour infini, inondé de célestes délices au sein de la gloire immortelle où il continue de nous aimer avec prédilection.

Comme la sainte Église nous le recommande aujourd’hui au moyen de la belle fête du Cœur immaculé de Marie, vouons un culte spécial de vénération et d’amour à ce cœur magnanime, le plus noble le plus généreux qui soit sorti des mains du Créateur. Supplions-le donc de nous apprendre à aimer Jésus, à souffrir pour Lui, à supporter avec amour et résignation les peines de la vie, les souffrances et les croix qu’il plaira à Dieu de nous envoyer. Recourons donc sans cesse à ce cœur incomparable et nous expérimenterons infailliblement sa bénignité, sa mansuétude et sa tendresse.

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Consécration au Cœur immaculé de Marie, instituée par le pape Pie XII.

Reine du très saint rosaire, secours des chrétiens, refuge du genre humain, victorieuses de toutes les batailles de Dieu, nous voici prosternés suppliants aux pieds de votre trône, dans la certitude de recevoir les grâces, l’aide et la protection opportunes dans les calamités présentes, non en vertu de nos mérites, dont nous ne saurions nous prévaloir, mais uniquement par l’effet de l’immense bonté de votre cœur maternel.

C’est à vous, c’est à votre Cœur immaculé, qu’en cette heure tragique de l’histoire humaine, nous nous confions et nous nous consacrons, non seulement en union avec la sainte Église – corps mystique de votre Fils Jésus – qui souffre et verse son sang, en proie aux tribulations en tant de lieux et de tant de manières, mais en union aussi avec le monde entier, déchiré par de farouches discordes, embrasé d’un incendie de haine et victime de ses propres iniquités.

Laissez-vous toucher par tant de ruines matérielles et morales, par tant de douleurs, tant d’angoisses de pères et de mères, de frères, d’enfants innocents, par tant de vies fauchées dans la fleur de l’âge, tant d’âmes torturées et agonisantes, tant d’autres en péril de se perdre éternellement.

Ô Mère de miséricorde, obtenez-nous de Dieu la paix, et surtout les grâces qui peuvent en un instant convertir le cœur des hommes, ces grâces qui préparent, concilient, assurent la paix ! Reine de la paix, priez pour nous et donnez au monde en guerre la paix après laquelle les peuples soupirent, la paix dans la vérité, dans la justice, dans la charité du Christ.

Donnez-lui la paix des armes et la paix des âmes, afin que dans la tranquillité de l’ordre s’étende le règne de Dieu. Accordez votre protection aux infidèles et à tous ceux qui gisent encore dans les ombres de la mort ; donnez-leur la paix, faites que se lève pour eux le soleil de la vérité et qu’ils puissent avec nous, devant l’unique Sauveur du monde, répéter : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté ! Aux peuples séparés par l’erreur ou par la discorde, particulièrement à ceux qui professent pour vous une singulière dévotion et chez lesquels il n’y avait pas de maison qui n’honorât votre vénérable icône (peut-être aujourd’hui cachée et réservée pour des jours meilleurs), donnez la paix et reconduisez-les à l’unique bercail du Christ, sous l’unique vrai Pasteur.

Obtenez à la sainte Église de Dieu une paix et une liberté complètes ; arrêtez les débordements du déluge néo-païen ; développez dans le cœur des fidèles l’amour de la pureté, la pratique de la vie chrétienne et le zèle apostolique, afin que le peuple des serviteurs de Dieu augmente en mérite et en nombre.

Enfin, de même qu’au cœur de votre Fils Jésus furent consacrés l’Église et le genre humain tout entier, afin que, toutes les espérances étant placées en lui, il devînt pour eux signe et gage de victoire et de salut, ainsi et pour toujours nous nous consacrons à vous, à votre Cœur immaculé, ô notre Mère et Reine du monde, pour que votre amour et votre protection hâtent le triomphe du règne de Dieu et que toutes les nations, en paix entre elles et avec Dieu, vous proclament bienheureuse et entonnent avec vous, d’une extrémité du monde à l’autre, l’éternel Magnificat de gloire à celui en qui seul elles peuvent trouver la vérité, la vie et la paix.

 

 

 

 

« Nous avons voulu l’empêcher car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »

mercredi 18 mai 2016

7

Imitons l’immensité de l’amour de Jésus lui-même, modèle suprême d’amour envers l’Église. Assurément l’Épouse du Christ, l’Église, est unique ; cependant l’amour du divin Époux s’étend si largement que, sans exclure personne, il embrasse dans son Épouse le genre humain tout entier. Si notre Sauveur a répandu son sang, c’est afin de réconcilier avec Dieu sur la croix tous les hommes, même s’ils sont séparés par la nation et le sang, et de les réunir en un seul Corps. Le véritable amour de l’Église exige donc non seulement que nous soyons dans le Corps lui-même membres les uns des autres, pleins de sollicitude mutuelle (Rm 12,5), membres qui doivent se réjouir quand un autre membre est à l’honneur et souffrir avec lui quand il souffre (1Co 12,26) ; mais il exige aussi que dans les autres hommes non encore unis avec nous dans le Corps de l’Église nous sachions reconnaître des frères du Christ selon la chair, appelés avec nous au même salut éternel.

Sans doute il ne manque pas de gens, hélas ! aujourd’hui surtout, qui vantent orgueilleusement la lutte, la haine et la jalousie comme moyen de soulever, d’exalter la dignité et la force de l’homme. Mais nous qui discernons avec douleur les fruits lamentables de cette doctrine, suivons notre Roi pacifique, qui nous a enseigné non seulement à aimer ceux qui n’appartiennent pas à la même nation ou à la même origine (Lc 10,33s), mais à aimer même nos ennemis (Lc 6,27s). Célébrons avec saint Paul, l’apôtre des nations, la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de l’amour du Christ (Ep 3,18) ; amour que la diversité des peuples ou des mœurs ne peut pas briser, que l’immense étendue de l’océan ne peut pas diminuer, que les guerres enfin, entreprises pour une cause juste ou injuste, ne peuvent pas désagréger.

Vénérable Pie XII, pape de 1939 à 1958
Encyclique « Mystici Corporis Christi »