« Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit pas le séparer ». Cette expression « contient la grandeur essentielle du mariage et en même temps l’intensité morale de la famille ». Nous souhaitons aujourd’hui une telle grandeur et une telle dignité pour tous les époux du monde ; nous souhaitons une telle intensité sacramentelle et une telle intégrité morale pour toutes les familles. Et nous le demandons pour le bien de l’homme ! Pour le bien de chaque homme. L’homme n’a pas d’autre voie vers l’humanité sinon à travers la famille. Et la famille doit être située aux bases mêmes de tout effort afin que notre monde humain devienne toujours plus humain. Personne ne peut échapper à cette sollicitude : aucune société, aucun peuple, aucun système ; ni l’État, ni l’Église, ni même l’individu.
L’amour, qui unit homme et femme en tant qu’époux et parents, est en même temps don et commandement… L’amour est don : « L’amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1Jn 4,7). Et en même temps l’amour est un commandement, le plus grand commandement…: « Tu aimeras » (Mt 22,37-39). Obéir au commandement de l’amour veut dire réaliser toutes les obligations de la famille chrétienne. En fin de compte, toutes se réduisent à celle-ci : la fidélité et l’honnêteté conjugale, la paternité responsable et l’éducation. La « petite église » — l’Église domestique — indique la famille vivant dans l’esprit du commandement de l’amour : sa vérité intérieure, son effort quotidien, sa beauté spirituelle et sa force… Si Dieu est aimé au-dessus de tout autre chose, alors l’homme aime et est aimé avec toute la plénitude de l’amour qui lui est accessible. Si l’on détruit cette structure inséparable, dont parle le commandement du Christ, alors l’amour de l’homme se détachera de sa racine la plus profonde, perdra sa racine de plénitude et de vérité, qui lui sont essentielles. Nous implorons en faveur de toutes les familles chrétiennes, de toutes les familles du monde, pour que soit concédée cette plénitude et vérité de l’amour, tel que l’évoque le commandement du Christ.
Saint Jean-Paul II (1920-2005)