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Archive pour le mot-clef ‘figuier’

Le soleil de justice : la nouvelle Loi dans le Temple

dimanche 6 avril 2025

Une femme coupable d’adultère a été amenée par les scribes et les pharisiens devant le Seigneur Jésus. Et ils ont formulé leur accusation comme des traîtres, de telle sorte que si Jésus l’absolvait, il semblerait enfreindre la Loi, mais que s’il la condamnait, il semblerait avoir changé le motif de sa venue, car il était venu afin de pardonner le péché de tous…

Pendant qu’ils parlaient, Jésus, la tête baissée, écrivait avec son doigt sur le sol. Comme ils attendaient, il a levé la tête et a dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. » Y a-t-il rien de plus divin que ce verdict : que celui qui est sans péché punisse le péché ? Comment, en effet, pourrait-on tolérer qu’un homme condamne le péché d’un autre quand il excuse son propre péché ? Celui-là ne se condamne-t-il pas davantage en condamnant chez autrui ce qu’il commet lui-même ?

Jésus a parlé ainsi et il écrivait sur le sol. Pourquoi ? C’est comme s’il disait : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Lc 6,41) Il écrivait sur le sol du doigt dont il avait écrit la Loi (Ex 31,18). Les pécheurs seront inscrits sur la terre et les justes dans le ciel, comme Jésus dit aux disciples : « Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux » (Lc 10,20).

En entendant Jésus, les pharisiens « sortaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés »… L’évangéliste a raison de dire qu’ils sont sortis, ceux qui ne voulaient pas être avec le Christ. Ce qui est à l’extérieur du Temple, c’est la lettre ; ce qui est au-dedans, ce sont les mystères. Car ce qu’ils recherchaient dans les enseignements divins, c’étaient les feuilles et non les fruits des arbres ; ils vivaient dans l’ombre de la Loi et ne pouvaient pas voir le soleil de justice (Ml 3,20).

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Voyez le figuier … »

vendredi 29 novembre 2024

La terre que nous voyons ne nous satisfait pas. Ce n’est qu’un commencement ; ce n’est qu’une promesse d’un au-delà ; même dans sa plus grande joie, quand elle se couvre de toutes ses fleurs, et qu’elle montre tous ses trésors cachés de la manière la plus attirante, même alors, cela ne nous suffit pas. Nous savons qu’il y a en elle beaucoup plus de choses que nous n’en voyons. Un monde de saints et d’anges, un monde glorieux, le palais de Dieu, la montagne du Seigneur Sabaoth, la Jérusalem céleste, le trône de Dieu et du Christ : toutes ces merveilles éternelles, très précieuses, mystérieuses et incompréhensibles, se cachent derrière ce que nous voyons. Ce que nous voyons n’est que l’écorce extérieure d’un royaume éternel, et c’est sur ce royaume que nous fixons les yeux de notre foi.

Montre-toi, Seigneur, comme au temps de ta Nativité, où les anges ont visité les bergers ; que ta gloire s’épanouisse comme les fleurs et le feuillage s’épanouissent sur les arbres. Par ta grande puissance, transforme le monde visible en ce monde plus divin que nous ne voyons pas encore. Que ce que nous voyons soit transformé en ce que nous croyons. Si brillants que soient le soleil, le ciel, et les nuages, si verdoyants que soient les feuilles et les champs, si doux que soit le chant des oiseaux, nous savons que tout n’est pas là, et que nous ne voulons pas prendre la partie pour le tout. Ces choses procèdent d’un centre d’amour et de bonté qui est Dieu lui-même, mais elles ne sont pas sa plénitude. Elles parlent du ciel, mais elles ne sont pas le ciel. Elles ne sont en quelque sorte que des rayons égarés, un faible reflet de son image ; elles ne sont que des miettes qui tombent de la table.

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

« Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » Lc 13,9

samedi 26 octobre 2024

Rendons grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, de nous avoir rendus dignes de recevoir de lui un peu de joie dans l’abondance de nos peines. Il a en effet apaisé notre cœur abattu, en augmentant notre humilité et en fortifiant notre foi. Prions-le donc bien fort et avec les larmes de nous accorder sa pitié et son pardon. Qu’il nous rende dignes de dire : « Il a déchiré mon sac, il m’a ceint d’allégresse » (Ps 29,12). (…)

Ce que Dieu cherche en nous, ce sont les fruits du Saint-Esprit ; il ne faut pas que nous y soyons négligents, car c’est sur eux que nous serons interrogés. Songeons à nous stimuler mutuellement, pour que nous produisions tous nos fruits en ce qui plaît à Dieu. Sachons que Dieu s’occupe de nous ; travaillons à ce qui est nécessaire au corps et efforçons-nous de devenir un temple pur pour Dieu. Eh bien, mes frères, veillez à ce qu’aucun d’entre vous ne soit exclu de l’assurance, au jour où la gloire du Seigneur se manifestera : « encore un peu, en effet, et vraiment celui qui viendra arrive et ne tardera pas ; mon juste vit de la foi » (He 10,37-38).

Saint Théodore de Tabennèse (?-368)

 

 

 

« Sachez que le Royaume de Dieu est proche. »

vendredi 25 novembre 2022

« Voyez le figuier et tous les arbres : lorsqu’ils font paraître leurs fruits, vous savez que l’été est proche. Ainsi pour vous : quand vous verrez arriver cela, sachez que le Royaume de Dieu est proche. » C’est comme si notre Rédempteur disait clairement : « Si on connaît la proximité de l’été par les fruits des arbres, on peut de même reconnaître par la ruine du monde que le Royaume de Dieu est proche. » Ces paroles nous montrent bien que le fruit du monde, c’est sa ruine ; il ne grandit que pour tomber ; il ne bourgeonne que pour faire périr par des calamités tout ce qui aura bourgeonné en lui. C’est avec raison que le Royaume de Dieu est comparé à l’été, car alors les nuages de notre tristesse passeront, et les jours de la vie brilleront de la clarté du Soleil éternel. (…)

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » Rien, dans la nature des choses matérielles, n’est plus durable que le ciel et la terre, et rien ici-bas ne passe plus vite qu’un mot prononcé. (…) Le Seigneur déclare donc : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » C’est comme s’il disait clairement : « Tout ce qui est durable autour de vous n’est pas durable devant l’éternité ; et tout ce qui chez moi semble passer est en fait fixe et ne passe pas, car ma parole qui passe exprime des pensées qui demeurent sans pouvoir changer ». (…)

Ainsi, mes frères, n’aimez pas ce monde, qui ne pourra pas subsister longtemps, comme vous le voyez. Fixez dans votre esprit ce commandement que l’apôtre Jean nous donne pour nous mettre en garde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde ; car si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1Jn 2,15)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

« Sachez que le royaume de Dieu est proche. »

vendredi 27 novembre 2020

« Nous attendons le Sauveur » (liturgie latine; cf Ph 3,20). Vraiment, elle est joyeuse l’attente des justes, de ceux qui attendent « la bienheureuse espérance et l’avènement dans la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (Tt 2,13). « Quelle est mon espérance, dit le juste, n’est-ce pas le Seigneur ? » (Ps 38,8) Puis, il se tourne vers lui et s’écrie : « Je le sais : tu ne décevras pas mon attente (Ps 118,116). En effet, mon être est déjà près de toi, puisque notre nature, assumée par toi et offerte pour nous, a déjà été glorifiée en toi. Cela nous donne l’espoir que ‘toute chair viendra à toi’ (Ps 64,3) » (…)

Pourtant, c’est avec une confiance plus grande encore qu’attendent le Seigneur ceux qui peuvent dire : « Mon être est près de toi, Seigneur, car je t’ai donné toutes mes richesses ; les quittant pour toi, j’ai ‘amassé un trésor dans le ciel’ (Mt 6,20). J’ai déposé tous mes biens à tes pieds : je sais que (…) tu me les ‘rendras au centuple avec, en plus, la vie éternelle’ » (Mc 10,30). Vous qui êtes pauvres en esprit, heureux êtes-vous ! (Mt 5,3). (…) Car le Seigneur a dit : « Là où est ton trésor, là sera ton cœur » (Mt 6,21). Que vos cœurs le suivent donc, qu’ils suivent leur trésor ! Fixez votre pensée là-haut, et que votre attente soit suspendue à Dieu, pour pouvoir dire avec l’apôtre Paul : « Notre vie est dans les cieux ; c’est de là que nous attendons le Sauveur » ( Ph 3,20).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

« Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison. »

mardi 17 novembre 2020

Zachée priait ainsi dans son cœur : « Bienheureux celui qui est digne de recevoir ce Juste dans sa demeure ». Notre Seigneur lui a dit : « Vite, descends, Zachée ! » Celui-ci, voyant que le Seigneur connaissait sa pensée, a dit : « Puisqu’il connaît cela, il connaît aussi tout ce que j’ai fait ». C’est pourquoi il a déclaré : « Tout ce que j’ai acquis injustement, je le rends au quadruple ».

« Vite, descends du figuier, car je vais séjourner chez toi. » Grâce à ce second figuier, celui de ce chef des publicains, le premier figuier, celui d’Adam, tombe dans l’oubli, et le nom d’Adam est également oublié grâce au juste Zachée (…) : « Aujourd’hui, la vie a paru dans cette demeure. » (…) Par sa prompte obéissance celui qui hier n’était qu’un voleur, aujourd’hui est devenu un bienfaiteur ; celui qui hier était un collecteur d’impôts, aujourd’hui devient un disciple.

Zachée a laissé la loi ancienne ; et il est monté sur un figuier inerte, symbole de la surdité de son esprit. Mais cette ascension est le symbole de son salut. Il a abandonné la bassesse ; il est monté pour voir la divinité dans les hauteurs. Notre Seigneur s’est hâté de lui faire quitter ce figuier desséché, son ancienne manière d’être, afin qu’il ne reste pas sourd. Pendant que flambait en lui l’amour de notre Seigneur, il a consumé en lui l’homme ancien pour façonner en lui un homme nouveau.

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

« Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir… » : imiter la patience de Dieu

dimanche 24 mars 2019

Frères bien-aimés, Jésus Christ, notre Seigneur et Dieu, ne s’est pas contenté d’enseigner la patience par des paroles ; il l’a aussi montrée par ses actes… À l’heure de la Passion et de la croix, que de sarcasmes outrageants entendus avec patience, que de moqueries injurieuses endurées, au point de recevoir des crachats, lui qui de sa propre salive avait ouvert les yeux d’un aveugle (Jn 9,6)…; de se voir couronné d’épines, lui qui couronne les martyrs de fleurs éternelles ; frappé au visage avec la paume des mains, lui qui décerne les palmes véritables aux vainqueurs ; dépouillé de son vêtement, lui qui revêt les autres de l’immortalité ; nourri de fiel, lui qui donne une nourriture céleste ; abreuvé de vinaigre, lui qui fait boire à la coupe du salut. Lui l’innocent, lui le juste, ou plutôt lui l’innocence et la justice mêmes, est mis au rang des criminels ; de faux témoignages écrasent la Vérité ; on juge celui qui doit juger ; la Parole de Dieu est conduite au sacrifice en se taisant. Puis, alors que les astres s’éclipsent, que les éléments se troublent, que la terre tremble…, il ne parle pas, ne bouge pas, ne révèle pas sa majesté. Jusqu’à la fin il supporte tout avec une constance inépuisable pour que la patience pleine et parfaite trouve son achèvement dans le Christ.

Après quoi, il accueille encore ses meurtriers, s’ils se convertissent et reviennent à lui (cf Ac 3,19); grâce à sa patience…, il ne ferme son Église à personne. Ces adversaires, les blasphémateurs, les ennemis éternels de son nom, il ne les admet pas seulement au pardon s’ils se repentent de leur faute, mais aussi à la récompense du Royaume des cieux. Que pourrait-on citer de plus patient, de plus bienveillant ? Celui-là même qui a versé le sang du Christ est vivifié par le sang du Christ. Telle est la patience du Christ, et si elle n’était pas aussi grande, l’Église ne posséderait pas l’apôtre Paul.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

« Sachez que le Royaume de Dieu est proche. »

vendredi 1 décembre 2017

figuier

« Voyez le figuier et tous les arbres : lorsqu’ils font paraître leurs fruits, vous savez que l’été est proche. Ainsi pour vous : quand vous verrez arriver cela, sachez que le Royaume de Dieu est proche. » C’est comme si notre Rédempteur disait clairement : « Si on connaît la proximité de l’été par les fruits des arbres, on peut de même reconnaître par la ruine du monde que le Royaume de Dieu est proche. » Ces paroles nous montrent bien que le fruit du monde, c’est sa ruine ; il ne grandit que pour tomber ; il ne bourgeonne que pour faire périr par des calamités tout ce qui aura bourgeonné en lui. C’est avec raison que le Royaume de Dieu est comparé à l’été, car alors les nuages de notre tristesse passeront, et les jours de la vie brilleront de la clarté du Soleil éternel…

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » Rien, dans la nature des choses matérielles, n’est plus durable que le ciel et la terre, et rien ici-bas ne passe plus vite qu’un mot prononcé… Le Seigneur déclare donc : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » C’est comme s’il disait clairement : « Tout ce qui est durable autour de vous n’est pas durable devant l’éternité ; et tout ce qui chez moi semble passer est en fait fixe et ne passe pas, car ma parole qui passe exprime des pensées qui demeurent sans pouvoir changer »…

Ainsi, mes frères, n’aimez pas ce monde, qui ne pourra pas subsister longtemps, comme vous le voyez. Fixez dans votre esprit ce commandement que l’apôtre Jean nous donne pour nous mettre en garde : « N’ayez pas l’amour du monde, ni de ce qui est dans le monde ; car si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1Jn 2,15).

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur les évangiles, n° 1 (trad. Le Barroux rev.)

 

 

 

 

 

 

En union de prière, tous les vendredis soir, à la demande Marie Mètre des hommes, de 21h30 à 22h00.

En union de prière, tous les vendredis soir, à la demande Marie Mètre des hommes, de 21h30 à 22h00.

 

 

 

« Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »

jeudi 5 janvier 2017

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Nathanaël était assis sous un figuier, comme à l’ombre de la mort. Et c’est là où le Seigneur l’a vu, lui dont il est dit : « La lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis à l’ombre de la mort » (Is 9,2). Qu’a-t-il donc dit à Nathanaël ? Tu me demandes comment je t’ai connu ? Tu me parles en ce moment parce que tu as été appelé par Philippe. Mais avant que son apôtre l’appelle, Jésus avait déjà vu qu’il faisait partie de son Église. Toi, Église chrétienne, véritable fils d’Israël…, toi aussi tu connais maintenant Jésus Christ par les apôtres, comme Nathanaël a connu Jésus Christ par Philippe. Mais sa miséricorde t’a découvert avant que tu aies pu le connaître, lorsque tu étais étendu, accablé sous le poids de tes péchés.

Est-ce nous, en effet, qui avons cherché Jésus Christ les premiers ? N’est-ce pas lui au contraire qui nous a cherchés le premier ? Est-ce nous, pauvres malades, qui sommes venus au-devant du médecin ? N’est-ce pas plutôt le médecin qui est venu trouver les malades ? Est-ce que la brebis ne s’était pas égarée avant que le pasteur, laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres, se soit mis à sa recherche, l’ait trouvée et rapportée plein de joie sur ses épaules ? (Lc 15,4). La pièce d’argent n’était-elle pas perdue avant que la femme allume une lampe et la cherche dans toute sa maison jusqu’à ce qu’elle l’ait trouvée ? (Lc 15,8)… Notre pasteur a retrouvé sa brebis, mais il a commencé par la chercher comme cette femme, il a retrouvé sa pièce d’argent, mais seulement après l’avoir cherchée. Nous avons donc été cherchés, et c’est seulement après avoir été trouvés que nous pouvons parler loin de nous donc tout sentiment d’orgueil. Nous étions perdus sans retour, si Dieu ne nous avait pas cherchés pour nous retrouver.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°7

 

 

 

« Zachée, descends vite ! »

mardi 17 novembre 2015
© Détail de la céramique de sœur Mercédès  (abbaye Sainte-Scholastique, Dourgne, Tarn),  Abbaye Notre-Dame-des-Neiges.  Photographie de Bruno Wadoux.

© Détail de la céramique de sœur Mercédès
(abbaye Sainte-Scholastique, Dourgne, Tarn),
Abbaye
Notre-Dame-des-Neiges.
Photographie de Bruno Wadoux.

 

On lit dans l’évangile que Zachée aurait voulu voir Notre Seigneur, mais il était trop petit. Que fit-il alors ? Il grimpa sur un figuier desséché. Ainsi fait encore l’homme. Il désire voir celui qui opère des merveilles et cause tout un tumulte en lui ; mais il n’est pas de taille suffisante pour cela, il est trop petit. Que faire alors ? Il doit grimper sur le figuier desséché. Le figuier mort symbolise la mort des sens et de la nature, et la vie de l’homme intérieur sur lequel Dieu est porté.

Que dit Notre Seigneur à Zachée ? « Descends vite. » Tu dois descendre, tu ne dois pas retenir une seule goutte de consolation de toutes tes impressions dans la prière, mais descendre dans ton pur néant, dans ta pauvreté, dans ton impuissance… S’il te reste encore quelque attache de la nature, dès que la vérité t’a donné quelque lumière, tu ne la possèdes pas encore, elle n’est pas devenue ton bien propre ; nature et grâce travaillent encore ensemble, et tu n’en es pas arrivé à l’abandon parfait… ; ce n’est pas encore la pleine pureté. C’est pourquoi Dieu invite un tel homme à descendre, c’est-à-dire qu’il l’appelle à un plein renoncement, à un plein détachement de la nature, en tout ce en quoi elle possède encore quelque chose en propre. « Car aujourd’hui il me faut demeurer chez toi ; aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison. » Que nous advienne cet aujourd’hui d’éternité !

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 68 (trad. Cerf 1980, p.84)