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Archive pour le mot-clef ‘Créateur’

En constatant son humanité, il dédaignait de croire le Créateur !

lundi 13 février 2023

« Les fous aussi me méprisaient. » (Jb 19,18 Vg) Les sages tombaient en perdant la foi en la vérité, mais on est en droit de le dire aussi des fous, puisque, Pharisiens et Docteurs de la Loi méprisant le Seigneur, la foule du peuple aussi a suivi leur incrédulité : c’est l’homme qu’elle a vu en lui, et elle a méprisé les leçons du Rédempteur du monde.

Souvent, en effet, le terme de fous désigne dans le peuple, les pauvres. (…) Or, laissant les sages et les riches de ce monde, notre Rédempteur était venu chercher les pauvres et les fous. Aussi dit-il maintenant, comme pour accroître sa douleur : « Les fous aussi me méprisaient. » C’est-à-dire : j’ai été méprisé par ceux-là mêmes que j’ai voulu guérir en assumant la folie de ma prédication. L’Écriture dit, en effet : « Puisque le monde avec sa sagesse n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c’est par la folie de sa prédication qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants. » (1Co 1,21) Le Verbe, en effet, c’est la sagesse de Dieu, et ce qu’on appelé folie de cette sagesse, c’est la chair du Verbe : devant l’impuissance des hommes charnels à atteindre par la prudence de leur chair la sagesse de Dieu, c’est, par la folie de sa prédication, c’est-à-dire par la chair du Verbe, qu’il a voulu les guérir. Il déclare donc : « Les fous aussi me méprisaient. »

C’était dire ouvertement : Je suis méprisé par ceux-là mêmes que j’ai voulu sauver sans craindre de passer pour un fou. Or le peuple des Juifs, en observant les miracles de notre Rédempteur, devant ces signes l’honoraient en disant : « Voici le Christ », mais, en constatant la faiblesse de son humanité, il dédaignait de le croire son créateur en disant : « Non, mais il séduit les foules » (Jn 7,12) ; aussi peut-il ajouter : « Et quand je m’étais éloigné d’eux, ils me décriaient. » (Jb 19,18 Vg)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

« Il fut saisi de pitié envers eux. »

samedi 6 février 2021

N’appelle pas Dieu juste. Car ce n’est pas dans ce que tu fais qu’est connue sa justice. Si David le nomme juste et droit (Ps 32,5), son Fils nous a révélé qu’Il est bien plutôt bon et doux : « Il est bon pour les méchants et les impies » (Lc 6,35). (…) Où est la justice de Dieu ? En ce que nous étions pécheurs, et que le Christ est mort pour nous ? (Cf. Rm 5,8) Si Dieu se montre compatissant ici bas, croyons qu’Il ne change pas.

Loin de nous d’avoir jamais cette pensée inique, et de dire que Dieu ne compatit pas. L’être propre de Dieu ne change pas comme changent les êtres qui meurent. (…) Rien ne manque ni ne s’ajoute à ce qu’Il a comme il advient aux créatures. Mais ce que Dieu a depuis le commencement, Il l’aura toujours, pour l’éternité. (…) Comme le dit le bienheureux Cyrille dans son commentaire de la Genèse, vénère Dieu par amour, et non à cause de ce dur nom de justice qu’on a mis sur lui. Aime-le comme on devrait l’aimer : non pour la récompense qu’Il te donnera, mais pour ce que nous avons reçu, pour ce monde qu’Il a créé afin de nous l’offrir. Qui pourrait lui rendre quoi que ce soit en retour de ce qu’Il a fait pour nous ? Parmi nos œuvres, qu’est-ce que nous pourrions lui rendre ? Au commencement, qui l’a persuadé de nous créer ? Et qui le prie pour nous, quand nous manquons de reconnaissance ? Ô l’admirable compassion de Dieu ! Ô la merveille de la grâce de Dieu notre créateur ! (…) Qui peut dire sa gloire ?

Isaac le Syrien (7e siècle)

 

 

Le Dieu des vivants

mercredi 3 juin 2020

C’est une vérité fondamentale que l’Écriture et la Tradition ne cessent d’enseigner et de célébrer : « Le monde a été créé pour la gloire de Dieu ». Dieu a créé toutes choses, explique saint Bonaventure, « non pour accroître sa gloire, mais pour manifester et communiquer cette gloire ». Car Dieu n’a pas d’autre raison pour créer que son amour et sa bonté : « C’est la clé de l’amour qui a ouvert sa main pour produire les créatures » (S. Thomas d’Aquin). (…)

La gloire de Dieu c’est que se réalise cette manifestation et cette communication de sa bonté en vue desquelles le monde a été créé. Faire de nous « des fils adoptifs par Jésus Christ : tel fut le dessein bienveillant de sa volonté à la louange de gloire de sa grâce » (Ep 1,5-6). « Car la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création procura la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu » (S. Irénée). La fin ultime de la création, c’est que Dieu, « qui est le Créateur de tous les êtres, devienne enfin ‘tout en tous’ (1 Co 15,28), en procurant à la fois sa gloire et notre béatitude » (Vatican II).

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

 

 

En Christ Dieu nous fait passer de son image à sa ressemblance (Gn 1,27)

mardi 2 juin 2020

Pourquoi, homme, te méprises-tu tellement, alors que tu es si précieux pour Dieu ? Pourquoi, lorsque Dieu t’honore par la naissance du Christ en notre chair, te déshonores-tu à ce point ? Pourquoi cherches-tu comment tu as été fait et ne recherches-tu pas en vue de quoi tu es fait ? Est-ce que toute cette demeure du monde que tu vois n’a pas été faite pour toi ? C’est pour toi que la lumière se répand et dissipe les ténèbres, c’est pour toi que la nuit est réglée, pour toi que le jour est mesuré ; pour toi que le ciel rayonne des splendeurs diverses du soleil, de la lune et des étoiles ; pour toi que la terre est émaillée de fleurs, d’arbres et de fruits ; pour toi que cette foule étonnante d’animaux a été créée, dans l’air, dans les champs, dans l’eau si belle, pour qu’une lugubre solitude ne gâte pas la joie du monde nouveau. (…)

En outre, le Créateur cherche ce qu’il peut bien ajouter à ta dignité : il dépose en toi son image (Gn 1,27), afin que cette image visible rende présent sur terre le Créateur invisible, et il te confie la gérance des biens terrestres, afin qu’un aussi vaste domaine n’échappe pas au représentant du Seigneur. (…) Et ce que Dieu a fait en toi par sa puissance, il a eu la bonté de l’assumer en lui-même ; il a voulu se manifester vraiment dans l’homme en qui, jusqu’alors, il n’était apparu qu’en image. Il a donné à l’homme d’être en réalité ce qu’il n’était auparavant que par une simple ressemblance. (…) Le Christ naît donc pour rendre toute son intégrité à la nature déchue.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

Que tes œuvres sont belles, Seigneur !

samedi 23 juin 2018

La beauté des créatures, avec la variété de lumières, de dessins et de couleurs des corps, tels que les astres et les minéraux, les pierres et les métaux, les plantes et les animaux, proclame à l’évidence les attributs de Dieu.

L’ordre des êtres nous fait découvrir dans le livre de la Création la primauté, la sublimité et la dignité du Premier principe dans son infinie puissance. L’ordre des choses nous mène par la main et de toute évidence jusqu’à l’Être premier et souverain, tout-puissant, absolument sage et parfaitement bon.

Celui que tant de splendeurs créées n’illumine pas est un aveugle. Celui que tant de cris ne réveille pas est un sourd. Celui que toutes ces œuvres ne poussent pas à louer Dieu est un muet. Celui que tant de signes ne forcent pas à reconnaître le Premier principe est un sot.

Ouvre les yeux, prête l’oreille de ton âme, délie tes lèvres, applique ton cœur : toutes les créatures te feront voir, entendre, louer, aimer, servir, glorifier et adorer ton Dieu. Sans quoi prends garde que l’univers ne se dresse contre toi. Car pour cet oubli le « monde entier accablera un jour les insensés » (Sag. 5, 21, Vulg.), tandis qu’il sera une source de gloire pour le sage qui peut dire avec le prophète : « Tu m’as rempli de joie, Seigneur, par ta création ; je jubilerai devant les ouvrages de tes mains ! (Ps 91, 5) Quelle magnificence dans tes œuvres, Seigneur ! Tu as tout fait avec sagesse, la terre est remplie de tes dons ! » (Ps 103, 24).

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
Itinéraire de l’esprit vers Dieu, chap. I (Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1967, pp.41-43 ; trad. H. Duméry, rev.)

 

 

 

« Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde. »

vendredi 14 octobre 2016

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Il ne faut pas sans nécessité désirer ou chercher des signes visibles, alors que le Seigneur est toujours prêt à secourir ses saints. Il ne manifeste pas sans nécessité sa puissance dans une œuvre ou un signe sensible, afin de ne pas émousser l’aide que nous recevons de lui et de ne pas nous nuire. C’est ainsi qu’il pourvoit ses saints. Il veut leur montrer que l’attention secrète qu’il leur porte ne les quitte pas un instant, mais qu’en toute chose il les laisse mener le combat à la mesure de leurs forces et se donner la peine de prier.

Mais si une difficulté les renverse quand ils sont malades ou découragés parce que leur nature est faible, lui-même fait, comme il le faut et comme il le sait, tout ce qui est en son pouvoir pour qu’ils soient aidés. Il les affermit secrètement autant qu’il le peut, pour qu’ils aient la force de supporter leurs difficultés. Car dans la confiance qu’il leur donne, il déjoue leur peine, et par la vision de cette foi, il les éveille à le glorifier… Cependant s’il est besoin que soit explicitée cette aide secrète, il le fait, mais par nécessité. Ses voies sont d’une grande sagesse ; elles se prolongent dans le besoin et la nécessité, mais pas n’importe comment.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours spirituels, 1ère série, n° 36 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 221)

 

 

 

Carême 2016 – jour 31

mercredi 16 mars 2016

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Mes enfants,

Je viens vous rappeler que vous êtes dans un temps de jeûne et un temps où vous devez offrir à autrui tous les excès que vous réalisez régulièrement.
Vous devez vous ouvrir dans l’humilité et avec ténacité pour apporter votre soutien au nom de mon Fils. Mais ces actes, vous devrez les réaliser ensuite tout au long de votre vie. Car l’Amour apporté à autrui doit être le but de votre vie de chaque jour jusqu’au retour auprès du Père Eternel.
Vous devez réaliser au travers des souffrances de mon Fils l’avancée pour le nouveau monde de Dieu le Père. Ses souffrances vous délient des vôtres et en ce point vous permettent en toute sérénité de préparer l’osmose des enfants de Dieu le Père avec leur Père Créateur.

Marie Mère des hommes – mars 2001

 

 

 

 

« Faites-les fructifier ! » : travail humain et Règne de Dieu

mercredi 18 novembre 2015

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En créant l’humanité, l’homme et la femme, Dieu leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 28). C’est là pour ainsi dire le premier commandement de Dieu, attaché à l’ordre même de la création. Ainsi le travail humain répond à la volonté de Dieu. Quand nous disons : « Que ta volonté soit faite », rapprochons aussi ces paroles du travail qui remplit toutes les journées de notre vie. Nous nous rendons compte que nous nous accordons à cette volonté du Créateur lorsque notre travail et les relations humaines qu’il entraîne sont imprégnés des valeurs d’initiative, de courage, de confiance, de solidarité, qui sont autant de reflets de la ressemblance divine en nous…

Le Créateur a investi l’homme du pouvoir de dominer la terre ; il lui demande ainsi de maîtriser par son propre travail le domaine qu’il lui confie, de mettre en œuvre toutes ses capacités afin de parvenir à l’heureux développement de sa propre personnalité et de la communauté entière. Par son travail, l’homme obéit à Dieu et répond à sa confiance. Cela n’est pas étranger à la demande du Notre Père : « Que ton Règne vienne ». L’homme agit pour que le plan de Dieu se réalise, conscient d’avoir été fait à la ressemblance de Dieu et donc d’avoir reçu de lui sa force, son intelligence, ses aptitudes à réaliser une communauté de vie par l’amour désintéressé qu’il porte à ses frères. Tout ce qui est positif et bon dans la vie de l’homme s’épanouit et rejoint son véritable but dans le Règne de Dieu. Vous avez bien choisi ce mot d’ordre : « Règne de Dieu, vie de l’homme », car la cause de Dieu et la cause de l’homme sont liées l’une à l’autre ; le monde progresse vers le Règne de Dieu grâce aux dons de Dieu qui permettent le dynamisme de l’homme. Autrement dit, prier pour que vienne le Règne de Dieu, c’est tendre de tout son être vers la réalité qui est la fin ultime du travail humain.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Homélie devant des travailleurs luxembourgeois, mai 1985 (trad. DC 1898, p. 656)

 

 

 

Livre de la Sagesse 13,1-9.

vendredi 13 novembre 2015

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De nature, ils sont inconsistants, tous ces gens qui restent dans l’ignorance de Dieu : à partir de ce qu’ils voient de bon, ils n’ont pas été capables de connaître Celui qui est ; en examinant ses œuvres, ils n’ont pas reconnu l’Artisan.
Mais c’est le feu, le vent, la brise légère, la ronde des étoiles, la violence des flots, les luminaires du ciel gouvernant le cours du monde, qu’ils ont regardés comme des dieux.
S’ils les ont pris pour des dieux, sous le charme de leur beauté, ils doivent savoir combien le Maître de ces choses leur est supérieur, car l’Auteur même de la beauté est leur créateur.
Et si c’est leur puissance et leur efficacité qui les ont frappés, ils doivent comprendre, à partir de ces choses, combien est plus puissant Celui qui les a faites.
Car à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur.
Et pourtant, ces hommes ne méritent qu’un blâme léger ; car c’est peut-être en cherchant Dieu et voulant le trouver, qu’ils se sont égarés :
plongés au milieu de ses œuvres, ils poursuivent leur recherche et se laissent prendre aux apparences : ce qui s’offre à leurs yeux est si beau !
Encore une fois, ils n’ont pas d’excuse.
S’ils ont poussé la science à un degré tel qu’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert plus vite Celui qui en est le Maître ?

 

 

 

 

« Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? »

samedi 20 juin 2015

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Au nom du Dieu saint, je prends aujourd’hui la plume pour que mes paroles, s’estampant sur la feuille blanche, servent de louange perpétuelle au Dieu béni, auteur de ma vie, de mon âme, de mon cœur. Je voudrais que l’univers entier, avec les planètes, tous les astres et les innombrables systèmes stellaires, soient une immense étendue, polie et brillante, où je pourrais écrire le nom de Dieu. Je voudrais que ma voix soit plus puissante que mille tonnerres, et plus forte que le fracas de la mer, et plus terrible que le grondement des volcans, pour seulement dire : Dieu ! Je voudrais que mon cœur soit aussi grand que le ciel, pur comme celui des anges, simple comme celui de la colombe (Mt 10,16), pour y mettre Dieu ! Mais puisque toute cette grandeur dont tu rêves ne peut pas devenir réalité, contente-toi de peu et de toi-même qui n’es rien, Frère Raphaël, car le rien même doit te suffire…

Pourquoi se taire ? Pourquoi le cacher ? Pourquoi ne pas crier au monde entier et publier aux quatre vents les merveilles de Dieu ? Pourquoi ne pas dire aux gens et à tous ceux qui veulent l’entendre : voyez-vous ce que je suis ? Voyez-vous ce que j’ai été ? Voyez-vous ma misère se traînant dans la boue ? Car peu importe : émerveillez-vous ; malgré tout ça, je possède Dieu. Dieu est mon ami ! Dieu m’aime, moi, d’un tel amour que, si le monde entier le comprenait, toutes les créatures deviendraient folles et hurleraient de stupeur. Et encore, cela est peu. Dieu m’aime tellement que même les anges n’y comprennent rien ! (cf. 1P 1,12) La miséricorde de Dieu est grande ! M’aimer, moi, être mon ami, mon frère, mon père, mon maître. Être Dieu, et moi, être ce que je suis !

Ah, mon Jésus, je n’ai ni papier, ni plume. Que puis-je dire ! Comment ne pas devenir fou ?

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 04/03/1938, (trad. Cerf 2008, p. 372)