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Archive pour le mot-clef ‘St Vincent de Paul’

La tendresse de Dieu pour les petits

samedi 16 août 2025

Mes filles, Dieu prend un grand plaisir à voir le service que vous rendez aux petits enfants, comme il en prend à leurs petits gazouillements, voire même à leurs petits cris et à leurs plaintes. Chacun de ces cris touche le cœur de Dieu de confusion. Et vous, mes chères sœurs, quand, à leur cri, vous les soulagez, leur rendant les services dont ils ont besoin, pour l’amour de Dieu et pour honorer l’enfance de Notre-Seigneur, ne faites-vous pas plaisir à Dieu ? Et Dieu n’est-il pas honoré du cri et des plaintes de ces petits enfants ? Courage donc, mes filles ! Aimez bien le service de ces petits enfants, par la bouche desquels Dieu reçoit une louange parfaite. Ce n’est pas moi qui le dis, mes sœurs ; c’est le prophète : « En la bouche des petits enfants suçant le lait, votre louange est parfaite. » Ô mes filles, cela est donc vrai, puisque la Sainte Écriture l’affirme.

Voyez combien vous êtes heureuses de rendre service à ces petites créatures, qui donnent à Dieu une louange parfaite et dans lesquelles la bonté de Dieu prend si grand plaisir, plaisir en quelque sorte pareil à celui des mères, qui n’ont point plus grande consolation que de voir les petites actions de leurs petits enfants. Elles admirent tout et aiment tout. Ainsi Dieu, qui est leur père, prend de grands plaisirs à toutes leurs petites actions.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

Ce qui fait plaisir à Dieu

mardi 12 août 2025

Pensez-vous, mes sœurs, le plaisir que Dieu prend à considérer une âme attentive à lui plaire, soigneuse de lui offrir ce qu’elle entreprend de faire ? Ah ! cela n’est pas imaginable, mes sœurs, et l’on a grande raison de dire que cela donnait de la joie à Dieu. Ah ! oui, c’est sa joie, c’est son bon plaisir, ce sont ses délices. Il en est comme d’un enfant qui a soin d’apporter à son père tout ce qu’on lui donne ; si quelqu’un lui donne quelque chose, il n’a point de repos qu’il n’ait trouvé son père : « Tenez, mon papa ; voilà ce que j’ai ; l’on m’a donné ceci ; j’ai fait cela. » Et ce père prend un plaisir indicible à voir la docilité de cet enfant et ces petites marques d’amour et de sa dépendance.

De même, mes chères sœurs, en est-il de Dieu, et à un degré bien autre. Quand une âme, dès le matin lui dit : « Mon Dieu, je vous offre tout ce qui m’arrivera en ce jour », et que, de plus, aux principales occasions qui se présentent de faire ou de pâtir, elle jette un regard vers sa divine Majesté pour lui dire d’un langage muet : « Voilà, mon Dieu, ce que je m’en vais faire pour votre amour ; cette rencontre m’est fâcheuse et dure à supporter ; mais pour votre amour, rien ne m’est impossible » ; alors, mes filles, Dieu augmente la grâce, à mesure que sa bonté voit l’usage que l’âme en fait, et si elle a eu aujourd’hui de la force pour surmonter une difficulté, elle en aura demain pour passer par-dessus une autre ou plusieurs beaucoup plus grandes et fâcheuses.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

La rosée de l’oraison

jeudi 19 juin 2025

Si vous me demandez ce qui vous peut maintenir, mes chères sœurs, chacune en particulier, je vous dirai que c’est l’oraison, car c’est la manne journalière qui descend du ciel. Car voyez-vous, mes chères sœurs, comme les jardiniers prennent leur temps deux fois le jour pour arroser les plantes de leur jardin, qui, sans ce secours, mourraient durant les grandes chaleurs, et qui, au contraire, grâce à cette humidité, tirent leur nourriture de la terre, car une certaine humeur, née de cet arrosement, monte par la racine, s’écoule le long de la tige, donne la vie aux branches et aux feuilles, et la saveur aux fruits ; ainsi, mes chères sœurs, nous sommes comme ces pauvres jardins dans lesquels la sécheresse fait mourir toutes les plantes, si le soin et l’industrie des jardiniers n’y pourvoient ; et pour cela vous avez le saint usage de l’oraison, qui, comme une douce rosée, va tous les matins humectant votre âme par la grâce de Dieu qu’elle attire sur vous.

Êtes-vous fatiguées des rencontres et des peines, vous avez encore, le soir, ce salutaire rafraîchissement, qui va donnant vigueur à toutes vos actions. Oh ! que la Fille de la Charité fera de fruit en peu de temps, si elle est soigneuse de se rafraîchir par cet arrosement sacré ! Vous la verrez croître tous les jours de vertu en vertu, comme ce jardinier qui tous les jours voit ses plantes grandir, et en peu de temps elle avancera comme la belle aurore qui se lève le matin et va toujours croissant jusqu’au midi. Ainsi, mes filles, ira-t-elle jusqu’à ce qu’elle ait atteint le soleil de justice, qui est la lumière du monde, et se soit abîmée en lui, comme l’aurore se va perdre dans le soleil.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

Aller vers le Pain de Vie

mardi 6 mai 2025

Allez à la sainte communion chaque fois que la bonté de Dieu vous le permet. — Mais je n’y ai point de goût. — Oh ! n’importe, ne manquez pas d’y aller. C’est Dieu qui vous appelle. Il n’y a pas de remède plus efficace contre les maladies de nos âmes. C’est là qu’il faut aller se fortifier ; c’est là qu’il faut aller dire ses peines, car là est le vrai médecin qui sait les remèdes convenables ; c’est là qu’il faut aller étudier l’amour, le support mutuel, la cordialité, l’exemple du prochain et toutes les autres vertus qui nous sont nécessaires.

Allez donc là, mes enfants, quand Jésus Christ vous y appelle, et ne regardez pas si vous y êtes portées par un goût sensible, car votre ennemi essayera de tout son pouvoir de vous empêcher d’en approcher, afin de vous frustrer des grâces que Dieu veut vous y donner pour vous faire entrer dans la pratique des divines vertus de son Fils.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

Fête de St Philippe et St Jacques (le mineur), apôtres

samedi 3 mai 2025

Vous savez, mes sœurs, que les conférences ont servi à Notre Seigneur pour l’établissement de son Église. Dès le jour où il assembla ses apôtres, il leur en fit ; puis, quand sa Compagnie fut plus grande et eut apôtres et disciples, il tint parfois avec eux des assemblées ; et ce fut dans une conférence comme cela que saint Philippe, dont nous faisons aujourd’hui la fête, dit à Notre Seigneur : « Seigneur, vous nous parlez de votre Père, mais faites-nous voir votre Père » ; et Notre Seigneur lui répondit : « Qui me voit voit mon Père ; mon Père et moi ne sommes qu’un ».

Les apôtres proposaient leurs difficultés dans ces conférences, et Notre Seigneur leur répondait. Il traitait de l’avancement de l’Église et des moyens dont Dieu se servirait pour la faire fleurir. De sorte, mes chères sœurs, que l’on peut dire, et c’est certain, que Jésus Christ même a institué les conférences et s’en est servi pour le commencement, le progrès et la perfection de son Église ; et après sa mort et son ascension glorieuse il ne se faisait d’autres instructions entre les fidèles par les apôtres et par les prêtres que sous forme de conférence. il n’y avait point de sermon ; quand les chrétiens étaient assemblés, on commençait la conférence.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

« A quoi pouvons-nous comparer le Règne de Dieu ? »

vendredi 31 janvier 2025

N’ayez point la passion de paraître supérieur, ni le maître. Je ne suis pas de l’avis d’une personne qui me disait, ces jours passés, que, pour bien conduire et maintenir son autorité, il fallait faire voir que l’on était le supérieur. Ô mon Dieu ! Notre Seigneur Jésus Christ n’a point parlé ainsi ; il nous a enseigné tout le contraire de parole et d’exemple, nous disant que lui-même était venu, non pour être servi, mais pour servir les autres, et que celui qui veut être le maître doit être le serviteur de tous (Mc 10,44-45)…

Pour cela, donnez-vous à Dieu, afin de parler dans l’esprit humble de Jésus Christ, avouant que votre doctrine n’est pas vôtre, ni de vous, mais de l’Évangile. Imitez surtout la simplicité des paroles et des comparaisons que Notre Seigneur fait dans l’Écriture Sainte, parlant au peuple. Hélas, quelles merveilles ne pouvait-il pas enseigner au peuple ! Que de secrets n’eût-il pas pu découvrir de la Divinité et de ses admirables perfections, lui qui était la Sagesse éternelle de son Père ! Cependant, vous voyez comme il parle intelligiblement, et comment il se sert de comparaisons familières, d’un laboureur, d’un vigneron, d’un champ, d’une vigne, d’un grain de moutarde. Voilà comme il faut que vous parliez, si vous voulez vous faire entendre au peuple, à qui vous annoncerez la parole de Dieu.

Une autre chose à laquelle vous devez faire une attention toute particulière, c’est d’avoir une grande dépendance de la conduite du Fils de Dieu ; je veux dire que, quand il vous faudra agir, vous fassiez cette réflexion : « Cela est-il conforme aux maximes du Fils de Dieu ? » Si vous trouvez que cela soit, dites : « À la bonne heure, faisons » ; si au contraire, dites : « Je n’en ferai rien. » De plus, quand il sera question de faire quelque bonne œuvre, dites au Fils de Dieu : « Seigneur, si vous étiez à ma place, comment feriez-vous en cette occasion ? comment instruiriez-vous ce peuple ? comment consoleriez-vous ce malade d’esprit ou de corps ? »… Cherchons à faire que Jésus Christ règne en nous.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

Dieu prend soin de ceux qui prennent soin des pauvres

lundi 15 juillet 2024

Un autre moyen de rester fidèle, mes filles, c’est un détachement parfait de père, de mère, des parents et des amis, de sorte que vous ne soyez qu’à Dieu seul. Et pour avoir ce grand bien, il faut se dépouiller de tout et n’avoir rien en propre. Les apôtres avaient ce détachement. Pour un écu, vous en aurez cent ; autant de dames, autant de mères ; de sorte, mes filles, que la Providence jamais ne vous manquera. N’auriez-vous point le courage de vous donner à Dieu, qui pense tant à vous ? Ne prétendez point vous réserver quelque chose pour votre subsistance ; fiez-vous toujours en la Providence. Les riches peuvent tomber en nécessité par les accidents qui arrivent souvent, mais jamais ceux qui veulent dépendre entièrement de Dieu ne seront en pauvreté.

N’est-il pas bon de vivre ainsi, mes filles ? Qu’y a-t-il à craindre ? Car Dieu a promis que les personnes qui auront soin des pauvres ne manqueront jamais de rien. Mes filles, n’aimeriez-vous pas mieux les promesses de Dieu que les tromperies du monde ? Dieu s’est obligé à pourvoir à tous nos besoins.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

« Jésus s’approcha d’elle et la prit par la main. »

dimanche 4 février 2024

C’est une belle chose de lire ce qui est rapporté de la belle-mère de saint Pierre dans l’Évangile. Cette bonne femme, étant malade d’une fâcheuse fièvre, entendait dire que notre Seigneur était en Capharnaüm, qu’il faisait de grands miracles, guérissant les malades, chassant les diables des possédés, et autres merveilles. Elle savait que son gendre était avec le Fils de Dieu et pouvait dire à saint Pierre : « Mon fils, votre maître est puissant et a le pouvoir de me délivrer de cette maladie ». Quelque temps après, voilà que notre Seigneur vint dans sa maison, où elle ne témoigne point d’impatience pour son mal ; elle ne se plaint point, elle ne prie point son gendre, non pas même notre Seigneur, car elle lui pouvait dire : « Je sais que vous avez la puissance de guérir toutes sortes de maladies, Seigneur ; ayez compassion de moi ». Pourtant elle ne dit rien de tout cela, et notre Seigneur, voyant son indifférence, commanda à la fièvre de la quitter, et au même instant elle fut guérie.

Dans toutes les choses fâcheuses qui nous arrivent, ne nous mettons point en peine, abandonnons tout cela à la Providence, et qu’il nous suffise que notre Seigneur nous voit et sait ce que nous endurons pour son amour et pour imiter les beaux exemples qu’il nous a donnés, particulièrement au Jardin des Olives, lorsqu’il accepta le calice… Car, bien qu’il ait demandé qu’il passe, si faire se pouvait, sans qu’il le boive, il ajouta aussitôt que la volonté de son Père soit faite (Mt 26,42).

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

Porter du fruit

mercredi 22 juin 2022

Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages. Car bien souvent tant d’actes d’amour de Dieu, de complaisance, de bienveillance, et autres semblables affections et pratiques intérieures d’un cœur tendre, quoique très bonnes et très désirables, sont néanmoins très suspectes, quand on n’en vient point à la pratique de l’amour effectif. « En cela, dit notre Seigneur, mon Père est glorifié que vous rapportiez beaucoup de fruit » (Jn 15,8).

Et c’est à quoi nous devons bien prendre garde. Car il y en a plusieurs qui, pour avoir l’extérieur bien composé et l’intérieur rempli de grands sentiments de Dieu, s’arrêtent à cela ; et quand ils en viennent au fait et qu’ils se trouvent dans les occasions d’agir, ils demeurent court. Ils se flattent de leur imagination échauffée ; ils se contentent des doux entretiens qu’ils ont avec Dieu dans l’oraison ; ils en parlent même comme des anges ; mais, au sortir de là, est-il question de travailler pour Dieu, de souffrir, de se mortifier, d’instruire les pauvres, d’aller chercher la brebis égarée (Lc 15,4s), d’aimer qu’il leur manque quelque chose, d’agréer les maladies ou quelque autre disgrâce, hélas, il n’y a plus personne, le courage leur manque. Non, non, ne nous trompons pas : toute notre tâche consiste à passer aux actes.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)

 

 

 

«Restez éveillés et priez en tout temps.» (Lc 21,36)

samedi 28 novembre 2020

Vous me direz peut-être, mes chères filles, que vous êtes si peu recueillies, même quand vous priez Dieu, que vous ne pouvez être un quart d’heure sans distractions. Ne vous en étonnez pas. Les plus grands serviteurs de Dieu sont quelquefois en ces mêmes peines. Je parlais un de ces jours à un bon prêtre, converti depuis quelques années, qui emploie un grand temps à prier Dieu. Il me disait qu’il n’avait souvent ni goût ni satisfaction, hormis celle de dire : « Mon Dieu, je suis ici en votre présence pour y faire votre très sainte volonté. C’est assez que vous m’y voyiez. » Faites de même. (…)

Il est un moyen très facile : prenez comme sujet de vos oraisons la passion de Notre Seigneur. Il n’en est pas une de vous qui ne sache tout ce qui s’y est passé, soit pour l’avoir entendu prêcher, soit pour avoir médité là-dessus. Ô mes filles, l’excellent moyen de faire oraison que la passion de Notre Seigneur ! C’est une fontaine de jouvence où vous trouverez tous les jours quelque chose de nouveau. Saint François n’avait jamais d’autre sujet d’oraison que la passion de Notre Seigneur, et il recommande à tous ses chers enfants spirituels de s’en servir continuellement. Et où pensez-vous, mes filles, que ce grand saint Bonaventure ait puisé toute sa science ? Au livre sacré de la Croix. Vous ferez bien de vous y habituer. Je vous le conseille.

Saint Vincent de Paul (1581-1660)