ACCUEIL

Archive pour novembre 2023

Comment attirer la miséricorde de Dieu ?

lundi 20 novembre 2023

Dieu voyant l’homme déchu, entouré de faiblesses, sujet à la tentation, à la merci de ses inclinations qui changent avec le temps, les saisons, la santé, l’entourage, l’éducation, est touché de cette misère, comme si c’était la sienne propre ; ce mouvement divin qui incline le Seigneur vers notre misère pour la soulager, c’est la miséricorde.

Si profonde est notre misère qu’elle peut être comparée à un abîme, qui appelle l’abîme de la miséricorde divine (cf. Ps 41,8) ; mais elle ne l’appelle qu’autant que cette misère est reconnue, avouée ; et ce cri, c’est l’humilité qui le fait pousser. L’humilité est l’aveu pratique et continuel de notre misère, et cet aveu attire les regards de Dieu. Les haillons et les plaies des pauvres sont leur plaidoyer ; cherchent-ils, en effet, à les cacher ? Bien au contraire ; ils les étalent, afin de toucher les cœurs. De même, nous ne devons pas chercher à éblouir Dieu par notre perfection, mais plutôt à attirer sa miséricorde par l’aveu de notre faiblesse. Chacun de nous a une somme de misères suffisante pour attirer les regards miséricordieux de notre Dieu. Ne sommes-nous pas tous comme ce pauvre voyageur gisant sur la route de Jéricho, dépouillé de ses vêtements, couvert de plaies ? (…)

C’est une excellente prière que de montrer à Notre-Seigneur toutes nos misères, toutes les laideurs qui défigurent encore notre âme. « Oh ! mon Dieu, voilà cette âme que vous avez créée, rachetée ; voyez combien elle a été déformée, combien elle est remplie d’inclinations qui déplaisent à vos regards ; ayez pitié ! » Cette prière-là va droit au cœur du Christ.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Faire fructifier les dons de l’Esprit Saint

dimanche 19 novembre 2023

Voulant poursuivre également par le moyen des laïcs son témoignage et son service, le Christ Jésus, prêtre suprême et éternel, leur apporte la vie par son Esprit et les pousse inlassablement à réaliser tout bien et toute perfection. A ceux qu’il s’unit intimement dans sa vie et dans sa mission, il accorde, en outre, une part dans sa charge sacerdotale pour l’exercice du culte spirituel en vue de la glorification de Dieu et du salut des hommes. C’est pourquoi les laïcs reçoivent, en vertu de leur consécration au Christ et de l’onction de l’Esprit Saint, la vocation admirable et les moyens qui permettent à l’Esprit de produire en eux des fruits toujours plus abondants. En effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, s’ils sont vécus dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient « offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1P 2,5). Et dans la célébration eucharistique ces offrandes rejoignent l’oblation du Corps du Seigneur pour être offertes en toute piété au Père. C’est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d’adoration.

Concile Vatican II

 

 

 

 

Je suis pauvre, mendiant, mais Dieu est mon soutien !

samedi 18 novembre 2023

« Le pauvre et l’indigent loueront le nom du Seigneur. » (Ps 73,21) De fait, quelle pauvreté ou plus grande ou plus sainte, que celle d’un homme qui se sait dépourvu de tout moyen et sans force aucune, et sollicite de la largesse d’autrui le secours dont il a besoin chaque jour ; qui voit que sa vie et son être ne se soutiennent à tout instant qui passe que par la divine assistance, et se proclame à juste titre le vrai mendiant du Seigneur, en criant vers lui tous les jours d’une voix suppliante : « Pour moi, je suis un pauvre, un mendiant ; mais Dieu est mon soutien » ? Aussi Dieu lui-même l’éclairera-t-il de sa lumière, pour le faire monter à la science multiforme de son Être ; et il se rassasiera de la vue des mystères les plus sublimes et les plus cachés, selon ce que dit le prophète : « Les hérissons trouvent un refuge au creux des rochers. » (Ps 103,18 Vg)

Ce texte convient bien à l’idée que nous exprimons. Quiconque persévère dans l’innocence et la simplicité, ne nuit et n’est à charge à personne. Content de sa simplicité et d’elle seule, il ne désire rien de plus qu’un abri qui le préserve de devenir la proie de ses ennemis. Il est devenu comme un hérisson spirituel, qui trouve asile et protection sous la pierre dont parle l’Évangile ; c’est-à dire que, protégé par le souvenir de la passion du Seigneur et la méditation incessante (…), il échappe à toutes les embûches et à toutes les attaques de l’ennemi. Ce sont ces hérissons spirituels dont il est dit au livre des Proverbes : « Les hérissons espèces faibles, font leur nids dans les rochers. » (Pr 30,26 LXX) Qu’y a-t-il, en effet, de moins fort qu’un chrétien, quoi de plus infirme qu’un moine ?

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

 

Aie confiance aux jours du Fils de l’homme, car rien de toi ne périra

vendredi 17 novembre 2023

Il ne dédaignera pas ses propres serviteurs, ce glorieux roi qu’entoure la garde des anges et qui siège sur le même trône que le Père. Car pour que les élus ne soient pas confondus avec les ennemis : « Il enverra ses anges avec la grande trompette, et des quatre vents ils rassembleront les élus » (Mt 24,31). Il n’a pas dédaigné Lot et son isolement : comment donc dédaignerait-il la foule des justes ? « Venez les bénis de mon Père » (Mt 25,34), dira-t-il à ceux qui seront transportés sur les chars des nuées et que les anges auront rassemblés.

Mais, dira un assistant : « Je suis pauvre ; au surplus peut-être alors serai-je surpris sans force sur mon lit (Lc 17,34) ; ou « je suis une pauvre femme et je serai prise à la meule. Ne serons-nous donc pas dédaignés ? » Aie confiance, homme, le juge ne fait pas acception de personnes. « Il ne jugera pas selon la gloire ni ne condamnera sur une simple parole » (Is 11,3). Il ne met pas les gens instruits avant les simples, ni les riches avant les pauvres. Même si tu es aux champs, les anges te prendront. Ne crois pas qu’il prend ceux qui possèdent la terre et laisse ceux qui travaillent. Même si tu es esclave, même si tu es pauvre, ne t’inquiète nullement. Celui qui a pris la forme de l’esclave ne méprise pas les esclaves. Même si tu gis malade sur un lit, il est écrit : « Alors, de deux personnes qui se trouveront dans un même lit, l’une sera prise et l’autre laissée » (Lc 17,34). (…)

Aie seulement confiance, œuvre seulement, combats seulement avec courage ; car rien de toi ne périra.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Accueillons et attendons le Seigneur !

jeudi 16 novembre 2023

Le vrai Christ, le Fils unique de Dieu, ne reviendra plus sur la terre. Si quelqu’un vient dans les déserts, comme une apparition, ne sors pas le voir. « Si l’on dit : voici le Christ ici, le voilà là, ne le crois pas » (Mc 13,21). Ne regarde plus désormais en bas et vers la terre. Car le Maître descendra des cieux. Non pas seul comme auparavant, mais avec une nombreuse compagnie, escorté de myriades d’anges ; non pas mystérieusement, comme la pluie sur la toison, mais comme l’éclair qui brille avec éclat. Lui-même dit en effet : « Comme l’éclair sort de l’Orient et brille jusqu’à l’Occident, ainsi en sera-t-il du Fils de l’homme » (Mt 24,27). Et à nouveau : « Ils verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ; et il enverra ses anges avec la grande trompette » (Mt 24, 30.31). (…)

Accueillons et attendons le Seigneur qui vient des cieux sur les nuées. Alors retentiront les trompettes angéliques ; ceux qui reposent dans le Christ ressusciteront les premiers ; parmi les vivants, ceux qui pratiquent la piété seront enlevés dans les nuées et recevront le prix de leurs épreuves, un hommage plus qu’humain puisqu’ils auront supporté des combats surhumains. Ainsi l’écrit l’apôtre Paul en ces mots : « Le Seigneur lui-même, à un signal, à la voix de l’archange et à la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et d’abord, les morts dans le Christ ressusciteront ; ensuite nous, les vivants, les laissés pour compte, nous seront en même temps qu’eux et avec eux enlevés dans les nuées à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Th 4,16.17).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Soyez reconnaissants !

mercredi 15 novembre 2023

Très chers Frères et Seigneurs de la terre dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, l’esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir reconnaissants de tous les bienfaits que vous avez reçus de Dieu, afin qu’ils augmentent et nourrissent en vous la source de l’amour divin dans vos âmes. La reconnaissance est très agréable à Dieu, et nous est très utile ; mais l’ingratitude lui déplaît beaucoup et nous fait grand tort : elle tarit la source de la piété, et nous invitons Dieu à ne plus augmenter ses grâces et à nous priver de celles qu’il nous a faites. Il faut donc s’appliquer avec un grand zèle à voir les bienfaits de Dieu, car en les voyant nous les reconnaîtrons et en les reconnaissant nous rendrons gloire et louange à son nom.

Et comment montrerons-nous notre reconnaissance et notre ingratitude ? Je vais vous le dire : nous montrerons notre ingratitude en offensant la bonté de Dieu et notre prochain, en les offensant de mille manières et par mille injustices, en ne leur rendant pas ce que nous sommes obligés de leur rendre, c’est-à-dire, en n’aimant pas Dieu par-dessus toutes choses, et le prochain comme nous-mêmes. (…) Tout le contraire arrive pour l’homme fidèle et reconnaissant à l’égard de son Créateur il lui rend justice en lui rendant ce qui est dû, c’est-à-dire la louange et l’honneur que Dieu demande ; il le fait en l’aimant par-dessus toutes choses, et en aimant le prochain comme lui-même. Il contemple l’humilité de Dieu pour abaisser son orgueil (…) ; il élargit son cœur dans la charité, et il se purifie de toute souillure dans la pureté du Christ, dans l’abondance de son sang précieux. (…)

Je veux donc, mes très chers Frères, que vous soyez reconnaissants des grâces que vous a faites et que vous fait notre Créateur, pour qu’elles augmentent.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Dites : “Nous sommes de simples serviteurs.” » (Lc 17,10)

mardi 14 novembre 2023

Tu es serviteur inutile : tu dois faire de toutes tes forces, avec tout le soin et l’ardeur possibles non seulement tout ce qu’Il commande, mais tout ce qu’Il te conseille si légèrement que ce soit, tout ce qu’Il incline, si peu que ce soit à te voir faire : par amour, par obéissance, par imitation : c’est ainsi qu’Il obéissait à la moindre indication de son Père, c’est là l’obéissance que tu Lui dois, c’est ainsi qu’on obéit quand on aime : une telle obéissance est inséparable de l’amour.

Mais autant il est certain que tu dois obéir ainsi et travailler, de toutes tes forces, tous les instants de ta vie à l’œuvre, aux œuvres que Dieu te donne à faire : autant il est certain que tu es un serviteur inutile : que ce que tu fais, Dieu pourrait le faire par d’autres, ou sans aucun autre, en tout cas sans toi : tu es un serviteur inutile. Jésus n’a vécu que trente trois ans, s’est tu trente ans et ta vie, ta santé, tes paroles seraient utiles à Dieu ?

Tu es un serviteur inutile : travaille de toutes tes forces : c’est un devoir d’imitation, d’obéissance, d’amour : c’est ainsi qu’on travaille quand on aime : ce travail est inséparable de l’amour, mais ton travail, Dieu n’en a pas besoin, tu es un serviteur inutile !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Mes membres sont anéantis. » (Jb 16,8)

lundi 13 novembre 2023

« Mais maintenant je suis écrasé par ma douleur et tous mes membres sont anéantis. » (Jb 16,8 Vg) La sainte Église est écrasée par sa douleur quand elle voit monter dans leur malignité les hommes pervertis. Et comme la montée des hommes pervers excite aussi les faibles qui sont en son sein à suivre les passions de la dépravation, Job est en droit de dire : « Et tous mes membres sont anéantis. » Car les os désignent les forts, et les membres, les faibles. Les membres de l’Église sont donc anéantis quand, en imitant les pervers qui grandissent en ce monde, les faibles aggravent chaque jour leur faiblesse. Car, au spectacle de la félicité des méchants, souvent ils perdent leur foi et succombent, ils convoitent les biens temporels, et ils sont comme anéantis, parce que, en abandonnant l’essence immuable de Dieu, en chérissant le transitoire, on peut dire qu’ils vont vers le non-être.

Et c’est sagesse de dire : « Mais maintenant, je suis écrasé par ma douleur », parce que, nous le voyons, c’est maintenant pour l’Église le temps de la douleur, le temps de la joie viendra ensuite. Mais il arrive souvent que la sainte Église n’a pas seulement à souffrir infidèles et adversaires qui se trouvent hors d’elle : elle a de la peine à supporter embûches et hostilité de ceux qu’elle porte en son sein. Aussi la bouche du bienheureux ajoute-t-elle sans tarder cette parole : « Mes rides portent témoignage contre moi. » Les rides peuvent-elles représenter autre chose que la duplicité ? Les rides sont donc tous les membres de la sainte Église qui ont en elle une double vie, clamant leur foi en paroles, la reniant par leurs œuvres. (…) Ces rides cependant, la sainte Église ne les a pas en ses élus, car ils ne savent pas, eux, dissocier attitude extérieure et vie intérieure.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. »

dimanche 12 novembre 2023

Mon Dieu, mon très doux Soir, lorsque pour moi sera venu le soir de cette vie, fais-moi m’endormir doucement en toi, et expérimenter cet heureux repos que tu as préparé en toi à ceux qui te sont chers. Que le regard si paisible et gracieux de ta belle dilection, ordonne et dispose avec bonté les préparatifs de mes noces. Par l’opulence de ta bonté, couvre (…) la pauvreté de ma vie indigne ; dans les délices de ta charité que mon âme habite avec une extrême confiance.

Ô amour, toi-même sois alors pour moi un soir si beau, que par toi mon âme avec joie et allégresse dise à mon corps un doux adieu et que mon esprit, retournant au Seigneur qui l’a donné, sous ton ombre suavement repose en paix. Alors tu me diras clairement (…) : « Voici venir l’Époux : sors maintenant et unis-toi à lui plus intimement, afin qu’il te réjouisse par la gloire de son visage. » (…)

Oh ! quand, quand te montreras-tu à moi, afin que je te voie et que je puise avec délices à cette source vive que tu es, ô Dieu ? (Is 12,3) Alors je boirai, je m’enivrerai dans l’abondance de la douceur de cette source vive, qui sourd des délices de la face (…) de celui que désire mon âme (Ps 41,3). Ô douce face, quand me combleras-tu de toi ? Alors j’entrerai dans le sanctuaire admirable, jusqu’à la vue de Dieu (Ps 41,5) ; je ne suis qu’à l’entrée, et mon cœur gémit de la longueur de mon exil. Quand me combleras-tu de joie par ta douce face ? (Ps 15,11) Alors je contemplerai et embrasserai le véritable Époux de mon âme, mon Jésus. (…) Là je connaîtrai comme je suis connue (1Co 13,12), j’aimerai comme je suis aimée ; ainsi je te verrai, mon Dieu, tel que tu es (1Jn 3,2), en ta vision, ta jouissance et ta possession bienheureuse à jamais.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Aucun domestique ne peut servir deux maîtres. »

samedi 11 novembre 2023

Vouloir mettre son espoir et sa confiance en des biens passagers, c’est vouloir poser des fondations dans une eau courante. Tout passe ; Dieu demeure. S’attacher au transitoire c’est se détacher du permanent. Qui donc, emporté par les tourbillons agités d’un rapide, peut demeurer fixe à sa place dans ce torrent bouillonnant ? Si donc on veut refuser d’être emporté par le courant, il faut fuir tout ce qui coule ; sinon l’objet de notre amour nous contraindra à en arriver à ce que l’on veut précisément éviter. Celui qui s’accroche à des biens transitoires sera sûrement entraîné là où dérivent ces choses auxquelles il s’accroche.

La première chose à faire donc est de se garder d’aimer les biens matériels ; la seconde, de ne pas mettre toute sa confiance dans ceux de ces biens qui nous sont confiés pour en user et non pour en jouir. L’âme attachée à des biens qui ne font que passer perd très vite sa propre stabilité. Le courant de la vie actuelle entraîne celui qu’il porte, et c’est une illusion folle, pour celui qu’emporte ce courant, de vouloir s’y tenir debout.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)