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Archive pour novembre 2023

Appelés par un Dieu et un Roi

jeudi 30 novembre 2023

Puisque c’est un Dieu et un roi qui nous appelle à son service, courons avec ardeur ; car nous n’avons en effet que peu de temps à vivre, et nous risquons d’être trouvés sans fruit au jour de notre mort et de périr de faim. Cherchons à satisfaire notre Seigneur, comme des soldats leur roi, car, après la fin de la campagne, il sera exigé de nous un compte exact de notre service.

Si un roi terrestre nous convoquait et voulait que nous prenions du service auprès de lui, nous n’attendrions pas, nous ne chercherions pas d’excuses, mais aussitôt, laissant tout, nous irions à lui avec empressement. Soyons donc attentifs, quand le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux, nous appelle à son céleste service, à ne pas nous récuser, par paresse ou par lâcheté.

Courons avec joie et amour au bon combat, sans nous laisser intimider par nos ennemis. Réjouissez-vous donc toujours dans le Seigneur, vous tous qui êtes ses serviteurs, reconnaissant en cela la première marque de l’amour que le Maître vous porte.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650)

 

 

 

« Par votre patience vous sauverez vos âmes. »

mercredi 29 novembre 2023

Ne soyez pas préoccupé par la pensée que le temps de l’épreuve est encore long. Mieux vaut le purgatoire souffert par la volonté de Dieu que de se délecter dans le cloître, pâle figure de la Jérusalem céleste. On ne parvient pas au salut sans avoir traversé la mer agitée, qui menace toujours d’être un tombeau.

Je discerne en vous une petite inquiétude, un souci qui empêchent votre patience de produire tous ses effets. « Par votre patience vous sauverez vos âmes » (Lc 21, 19), nous dit le divin Maître. C’est donc grâce à celle-ci que nous posséderons notre âme ; et plus elle sera parfaite, plus nous posséderons notre âme entièrement, parfaitement, sûrement. Donc moins elle sera mêlée de souci et de trouble, plus notre patience sera parfaite. (…)

Remettez-vous tout entier au très doux Époux des âmes ; abandonnez votre tête sur le Cœur de ce si tendre Époux, tels un disciple bien-aimé, car le Maître céleste ne permettra pas qu’un cheuveu vous soit ôté (cf. Lc 12,7), comme il ne le permit pas à Gethsémani pour ses disciples.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968)

 

 

 

« Louez Dieu dans son sanctuaire… Que tout ce qui respire loue le Seigneur. » (Ps 150)

mardi 28 novembre 2023

Dans l’ancienne Alliance, on avait déjà une certaine compréhension du caractère eucharistique de la prière. L’ouvrage prodigieux de la tente de l’Alliance (Ex 25), comme plus tard celui du Temple de Salomon, a été considéré comme l’image de toute la création se rassemblant autour de son Seigneur pour l’adorer et le servir… De même que, selon le récit de la création, le ciel a été déployé comme une tenture, des tentures devaient constituer les parois de la tente. De même que les eaux d’en bas ont été séparées des eaux d’en haut, le rideau du Temple séparait le Saint des Saints des espaces extérieurs… Le chandelier à sept branches est le symbole des luminaires du ciel. Des agneaux et des oiseaux représentent le foisonnement des êtres vivants qui peuplent l’eau, la terre et l’air. Et de même que la terre a été confiée à l’homme, c’est au grand prêtre qu’il revient de se tenir dans le sanctuaire…

À la place du Temple de Salomon, le Christ a bâti un temple de pierres vivantes (1P 2,5), la communion des saints. Il se tient en son centre comme le grand prêtre éternel et sur son autel il est lui-même le sacrifice offert éternellement. Et toute la création est rendue participante de cette liturgie : les fruits de la terre y sont associés en offrandes mystérieuses, les fleurs et les luminaires, les tentures et le rideau du Temple, le prêtre consacré, ainsi que l’onction et la bénédiction de la maison de Dieu.

Les Chérubins ne sont pas non plus absents. Leurs figures sculptées montaient la garde dans le Saint des Saints. Maintenant les moines, leurs images vivantes, veillent à ce que la louange de Dieu ne cesse jamais, sur la terre comme au ciel… Leurs chants de louange appellent dès l’aube la création tout entière à s’unir pour magnifier le Seigneur : montagnes et collines, fleuves et torrents, mers et terres fermes ainsi que tout ce qui les peuple, nuages et vents, pluie et neige, tous les peuples de la terre, tous les hommes de toutes conditions et de toutes races, et enfin les habitants des cieux, les anges et les saints (cf Dn 3,57-90)… Nous devons nous joindre, par notre liturgie, à cette louange éternelle de Dieu. « Nous », qu’est-ce à dire ? Il ne s’agit pas seulement des religieux réguliers…, mais de tout le peuple chrétien.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

 

 

 

« Elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre. »

lundi 27 novembre 2023

Que vous êtes divinement bon, mon Dieu ! Si vous aviez appelé d’abord les riches, les pauvres n’auraient pas osé s’approcher de vous ; ils se seraient crus obligés de rester à l’écart à cause de leur pauvreté ; ils vous auraient regardé de loin, laissant les riches vous entourer. Mais vous avez appelé à vous tout le monde, tout le monde : les pauvres, puisque vous leur montrez par là, jusqu’à la fin des siècles, qu’ils sont les premiers appelés, les favoris, les privilégiés ; les riches, car d’une part, ils ne sont pas timides, de l’autre il dépend d’eux de devenir aussi pauvres que les bergers. En une minute, s’ils veulent, s’ils ont le désir d’être semblables à vous, s’ils craignent que leurs richesses les écartent de vous, ils peuvent devenir parfaitement pauvres.

Que vous êtes bon ! Comme vous avez pris le bon moyen pour appeler d’un seul coup autour de vous tous vos enfants, sans aucune exception ! Et quel baume vous avez mis jusqu’à la fin des siècles au cœur des pauvres, des petits, des dédaignés du monde, en leur montrant dès votre naissance qu’ils sont vos privilégiés, vos favoris, les premiers appelés — les toujours appelés autour de vous qui avez voulu être un des leurs et être dès votre berceau et toute votre vie entouré par eux.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Solennité du Christ, Roi de l’Univers

dimanche 26 novembre 2023

Comment entrerons-nous dans le royaume ? « J’ai eu faim, dit Jésus, et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,35). Apprenez la route, Il n’y a pas ici à recourir à l’allégorie, mais à accomplir les paroles. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; soif et vous m’avez abreuvé ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade et vous m’avez visité ; j’étais en prison et vous êtes venu à moi » (Mt 25,35-36). Si tu fais cela, tu auras ta part au royaume, mais si tu ne le fais pas, tu seras condamné. Déjà donc, commence à accomplir ces œuvres et persévère dans la foi.

Prends garde d’avoir, comme les vierges folles à acheter l’huile et d’être forclos. Ne sois pas tranquille si tu as seulement la lampe en main, mais aussi garde-la allumée. Que la lumière des bonnes œuvres brille devant les hommes, et que le Christ ne soit pas blasphémé à cause de toi ! Porte un vêtement d’incorruption en te distinguant par les bonnes œuvres. Et ce que tu reçois de Dieu pour l’administrer avec sagesse, administre-le profitablement. On t’a confié la parole qui instruit ? administre-la bien. Tu peux convertir les âmes de tes auditeurs ? Fais-le avec soin. Nombreuses sont les portes d’une bonne administration ou gestion.

Que nul de nous ne soit condamné et rejeté, pour qu’en toute confiance nous allions à la rencontre du Christ, Roi éternel qui règne dans les siècles. Car il règne dans les siècles, celui qui juge les vivants et les morts, et comme dit saint Paul : « Le Christ est mort et a revécu dans ce but : être le Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14,9).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Quand l’âme se transfigurera en éternité…

samedi 25 novembre 2023

L’homme qui suit la voie de la folie et méprise la sagesse créatrice se condamne lui-même : n’ayant plus aucune limite dans le mal, il ignore la vie future. Il ne veut pas même savoir s’il existe une autre vie, et il refuse de scruter attentivement les causes de sa propre nature changeante. Cet homme peut encore comprendre son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa maturité, mais il est incapable de comprendre ce qu’il devient dans sa décrépitude et le sens de cette transformation de son être. La raison lui montre qu’il a un commencement, mais il est incapable de savoir, de comprendre comment il est possible que l’âme soit immortelle et qu’elle n’ait pas de fin… (…)

Tant qu’il est dans son corps, les pensées de l’homme se multiplient, comme se multiplient sans qu’on puisse les dénombrer les échos de la louange angélique. La pensée anime déjà la jeunesse, on la formule ensuite par la voix de sa raison et on agit en la suivant. Mais son action ne tient pas sa vie d’elle-même : elle a un commencement. L’éternité seule tire d’elle-même la vie et jamais ne faiblit : avant que le temps n’existe, elle était déjà éternelle vie. Quand l’âme se transfigurera en éternité, elle changera de nom : elle n’agira plus dans l’homme par la mode de la pensée, mais aura pour séjour les louanges des anges qui sont esprit. Si elle s’appellera alors esprit, c’est qu’elle ne peinera plus avec le corps, avec la chair. L’homme portera le nom de vie, car il est déjà vie en ce monde tant qu’il vit par le souffle de l’esprit, mais il se transfigurera en immortalité par la mort charnelle, il sera pleinement dans la vie. Après le jugement dernier, c’est par son corps et son âme qu’il sera éternellement vie.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Le mystère de la persécution purifie l’Église

vendredi 24 novembre 2023

Dieu m’a révélé plus particulièrement ses secrets, et m’a fait connaître des choses admirables. (…) Dieu m’expliqua surtout le mystère de la persécution que souffre maintenant la sainte Église, et son renouvellement, son exaltation dans les temps à venir.

Pour me faire comprendre que les circonstances où se trouve maintenant l’Église sont permises pour lui rendre sa splendeur, la Vérité suprême me citait deux paroles qui sont dans le saint Évangile : « Il est nécessaire que le scandale arrive dans le monde. » Puis Notre Seigneur ajoutait : « Mais malheur à celui par qui vient le scandale. » (Mt 18,7) Comme s’il disait : Je permets ce temps de persécution pour arracher les épines dont mon Épouse est toute entourée, mais je ne permets pas les pensées coupables des hommes.

Sais-tu ce que je fais? Je fais comme j’ai fait quand j’étais dans le monde ; j’ai fait un fouet de corde, et j’ai chassé ceux qui vendaient et qui achetaient dans le Temple, ne voulant pas que la demeure de mon Père devienne une caverne de voleurs. Je te dis que je fais maintenant de même. Je fais un fouet des créatures, et avec ce fouet je chasse les marchands impurs, cupides, avares et enflés d’orgueil, qui vendent et achètent les dons du Saint-Esprit. Et en effet, avec le fouet de la persécution des créatures, Notre Seigneur les chassait, et les arrachait par la force de la tribulation à leur vie honteuse et déréglée. (…)

Du mal que font les mauvais chrétiens en persécutant l’Épouse du Christ, doit naître l’honneur, la lumière, le parfum des vertus pour cette Épouse. Et cela était si doux, qu’il me semblait qu’il n’y avait aucune comparaison entre l’offense et la bonté infinie que Dieu témoignait à son Épouse. Alors je me réjouissais, je tressaillais d’allégresse, et je voyais si clairement ce temps à venir, qu’il me semblait le posséder, le goûter. (…) Il y avait là des mystères si grands, que la langue est incapable de les dire, le cœur, de les comprendre, et l’œil de les voir.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

 

« Jésus pleura sur la ville. »

jeudi 23 novembre 2023

Notre âme est destinée à aller passer son éternité dans le sein de Dieu même. Disons tout en un mot, mes frères : notre âme est quelque chose de si grand, de si précieux, qu’il n’y a que Dieu seul qui la surpasse. (…) D’après cela seul, mes frères, je vous laisse à penser si nous devons nous étonner que Dieu, qui en connaît si bien le mérite, pleure si amèrement la perte d’une âme. Je vous laisse à penser quel est le soin que nous en devons prendre pour lui conserver toutes ses beautés. (…)

Trois choses sont capables de nous faire pleurer ; mais il n’y en a qu’une seule qui soit capable de rendre nos larmes méritoires, qui est lorsque nous pleurons nos péchés ou ceux de nos frères. (…) Pleurer la mort spirituelle de son âme, l’éloignement de Dieu, la perte du ciel : « Ô larmes précieuses, mais que vous êtes rares ! » Et pourquoi, mes frères, sinon parce que vous ne sentez pas la grandeur de votre malheur, pour le temps et pour l’éternité ? (…)

Hélas ! Mes frères, c’est la crainte de cette perte qui a dépeuplé le monde, pour remplir les déserts et les monastères de tant de chrétiens ; c’est qu’ils comprenaient bien mieux que nous que, si nous perdons notre âme, tout est perdu et qu’il fallait donc qu’elle fût d’un grand prix, puisque Dieu lui-même en faisait tant de cas. Oui, mes frères, les saints ont tant souffert pour conserver leur âme pour le ciel !

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

« Il convoqua ses serviteurs. »

mercredi 22 novembre 2023

Vérité chérie, juste Équité de Dieu, comment comparaîtrai-je devant ta face, portant mon iniquité…, le fardeau de ma trop grande négligence ? Le trésor de la foi chrétienne et de la vie spirituelle, hélas, je ne l’ai pas donné au trésor des banquiers de la charité, où tu aurais pu le retirer ensuite, selon ta volonté, accru des intérêts de toute la perfection. Le talent qui m’a été confié, mon temps, non seulement je l’ai dépensé en vain, mais je l’ai même laissé fuir, gâté et perdu totalement. Où irai-je ? De quel côté me tournerai-je ? « Où fuirai-je loin de ta face ? » (Ps 138,7)

Vérité, tu as pour assesseurs inséparables la justice et l’équité… Malheur à moi, si je comparais devant ton tribunal sans avoir d’avocat qui réponde pour moi : ô Charité, toi, arrive à ma décharge. Toi, réponds pour moi ; toi, sollicite mon pardon ; toi, plaide ma cause afin que, grâce à toi, je vive.

Je sais ce que je ferai : « Je prendrai la coupe du salut » (Ps 115,13). Je placerai le calice de Jésus sur le plateau vide de la Vérité. Ainsi, je remédierai à tout ce qui me manque. Ainsi je couvrirai tous mes péchés. Par ce calice je relèverai toutes mes ruines. Par ce calice je remédierai, dignement et au-delà, à tout ce qu’il y a d’imparfait en moi…

Chère Vérité, venir à toi sans mon Jésus me serait intolérable ; mais avec mon Jésus, comparaître devant toi sera pour moi chose bien agréable et aimable. Vérité, siège maintenant sur ton tribunal… :« Je ne crains aucun mal » (Ps 22,4).

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

mardi 21 novembre 2023

Le Verbe de Dieu n’a pas abandonné les hommes, ses créatures, qui couraient à leur ruine. La mort qui s’était unie à eux, il l’a effacée par l’offrande de son corps ; leurs négligences, il les a corrigées par son enseignement ; et il a restauré le genre humain par sa puissance. (…)

Lorsque la figure de quelqu’un a été peinte sur le bois, puis effacée par des éléments extérieurs, il faut la présence de celui dont c’était le portrait si l’on veut restaurer son image sur la même matière. Et si cette matière n’est pas rejetée, c’est à cause de l’image que l’on y avait peinte et que l’on veut restaurer. De même le Fils très saint du Père, étant l’image du Père, est venu dans nos contrées pour renouveler l’homme qui avait été fait semblable à lui pour le retrouver, puisqu’il était perdu, en lui remettant ses péchés, comme dit l’Écriture : « Je suis venu retrouver et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10).

Aussi lorsqu’il dit aux Juifs : « Si quelqu’un ne renaît pas » (Jn 3,5), il ne fait pas allusion à la naissance à partir d’une femme, comme le pensaient les Juifs, mais à la renaissance et à la recréation de l’homme à son image.

Saint Athanase (295-373)