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Archive pour avril 2022

Prière dite « de Pierre et des autres apôtres »

samedi 30 avril 2022

Tu es saint, Seigneur, Dieu tout-puissant,
Père de notre Seigneur Jésus Christ,
le paradis du bonheur, le sceptre royal,
l’amour somptueux, l’espérance assurée. (…)

Tu es saint, Seigneur Dieu,
tu es « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs.
Seul tu possèdes l’immortalité.
Tu habites une lumière inaccessible
que nul n’a jamais vue » (1Tm 6,15-16).
Tu te promènes sur les ailes des vents (Ps 103,3) ;
tu as créé le ciel, la terre et la mer
et tout ce qu’ils renferment (Ac 4,24).

Tu fais des vents tes messagers
et du feu brûlant ton serviteur (Ps 103,4) ;
tu as façonné l’homme à ton image et ressemblance (Gn 1,26),
tu as mesuré le ciel avec l’empan
et la terre tout entière avec le doigt de ta main (Is 40,12).
Oui, tes œuvres sont très belles, en ta présence.

 

 

Fête de sainte Catherine de Sienne, vierge, docteur de l’Eglise, copatronne de l’Europe

vendredi 29 avril 2022

Quand Catherine voit le jour en 1347, la situation en Italie et en Europe est devenue très difficile. Déjà s’annonçait la peste noire, qui devait semer la dévastation ; la société était troublée par la Guerre de Cent Ans et des invasions de mercenaires ; les papes avaient dû quitter Rome pour Avignon ; le schisme d’Occident allait se prolonger jusqu’en 1417. Fille d’un teinturier, Catherine prend très rapidement conscience des besoins du monde qui l’entoure. Attirée par la forme de vie apostolique des dominicains, elle demande à être agrégée au tiers ordre (on appelait ces pieuses femmes les « Mantellate »). Celles-ci n’étaient pas des religieuses à proprement parler et ne vivaient pas la vie commune, mais elles portaient la robe blanche et le manteau noir des frères prêcheurs. (…)

Catherine était entourée d’une foule bigarrée de disciples, de toute classe sociale et de toute origine. Elle les attirait par la pureté de sa foi et par la liberté de son acceptation de la parole de Dieu, sans adoucissement ni compromis. (…) Elle atteignit le sommet de son progrès intérieur par les noces spirituelles (…) ; on aurait donc pu penser que sa vie s’écoulerait dans la solitude et dans la contemplation. Mais Dieu, au contraire, l’avait attachée à lui pour qu’elle lui soit unie dans l’œuvre de son Royaume. (…) Le dessein du Christ était de la lier étroitement à lui par « l’amour du prochain », c’est-à-dire aussi bien par la douceur des liens de l’âme que par les travaux extérieurs ; ce fut ce que l’on a appelé « la mystique sociale ». (…)

Après s’être appliquée à la conversion de pécheurs individuels, elle passa à la réconciliation de personnes ou de familles opposées par de mauvaises querelles, puis à la pacification des villes ou des États. (…) L’impulsion intérieure du Maître divin lui ouvrit pour ainsi dire une humanité de surcroît. C’est ainsi que cette humble fille d’artisan, illettrée, pratiquement sans études et sans culture, eut l’intelligence des besoins de son temps au point de dépasser les limites de sa cité et d’atteindre une dimension mondiale par son action.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Comment ne pas s’abandonner en toute confiance ?

jeudi 28 avril 2022

Jésus a été constitué chef et roi, sur tout l’héritage de Dieu, parce que c’est lui qui, par son sang, nous a rendu les droits à cet héritage : « Le Père lui a tout remis en mains » (Jn 3,35). Nous demeurons en lui par la foi et l’amour ; il demeure en nous par sa grâce et ses mérites ; il nous offre à son Père et son Père nous trouve en lui. (…)

Dieu nous donne de trouver dans le Fils de ses complaisances la source de toute grâce et de toute perfection : « Comment ne nous aurait-il pas tout donné en nous le livrant » (Rm 8,32) Comment, dès lors, ne pas s’abandonner en toute confiance à cette volonté toute-puissante, qui est l’amour même, et qui non seulement a fixé les lois de notre perfection, mais en est le principe et la source ? (…)

La grâce agit souverainement, elle mène au plus haut degré de sainteté, mais là seulement où elle ne rencontre pas d’obstacles à son action et fait agir ; l’Esprit de Dieu agit puissamment, mais là où il n’est pas contrarié, « contristé », pour parler toujours la langue de S. Paul (Ep 4,30), et où les forces créées se livrent à lui (…). Car si souveraine que soit la volonté de Dieu, si étendue que soit sa puissance, si infini que soit son amour, Dieu attend de nous que nous enlevions tout ce qui entrave sa grâce, que l’âme demeure dans cette attitude d’humilité et de confiance qui lui fait tout espérer de Dieu.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

Dieu a tant aimé le monde

mercredi 27 avril 2022

Les miséricordes dont vous avez été l’objet sont des gages extrêmement sûrs de son amour pour vous. Or, quand Dieu aime une âme et qu’il en est sincèrement aimé, il lui déplaît de trouver en elle la défiance. Si donc vous voulez réjouir son Cœur si aimant, allez à lui, à partir de ce jour, dans toute la mesure que vous pourrez atteindre, avec la plus sincère confiance et la plus libre tendresse.

« J’ai gravé ton nom sur mes mains, disait le Seigneur à Jérusalem ; tes murailles sont toujours devant mes yeux » (cf. Is 49,16). Ainsi vous parle-t-il à vous-même : « Âme chérie, que crains-tu ? pourquoi cette défiance ? Ton nom, je le porte écrit dans mes mains : c’est-à-dire que je ne perds jamais de vue le bien à te faire. Ce sont tes ennemis qui te font trembler ? Sache que le souci de ta défense est tellement présent à ma pensée qu’il m’est impossible de m’en distraire. » (…)

Par-dessus tout avivez votre confiance par la pensée du don que Dieu nous a fait en Jésus-Christ : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). D’où pourrait, s’écrie l’Apôtre, nous venir la crainte que Dieu vous refusât aucun bien, après qu’il a daigné nous faire donation de son Fils même : « Il l’a livré pour nous tous : comment ne nous aurait-il pas donné aussi toutes choses avec lui ? » (Rm 8,32)

« Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes » (Pr 8,31). Le paradis de Dieu, pouvons-nous dire, c’est le cœur de l’homme. Dieu vous aime ? Aimez-le. Se délices sont d’être avec vous ? Mettez vos délices à rester avec lui, à passer votre vie entière en sa toute aimable compagnie, qui sera, vous l’espérez bien, le charme de votre éternité.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

« Tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. »

mardi 26 avril 2022

Dieu tout-puissant, selon l’apôtre Paul ton Esprit Saint « scrute et connaît les profondeurs de ton être » (1Co 2,10-11), et il intercède pour moi, te parle à ma place par des « gémissements inexprimables » (Rm 8,26). (…) Rien en dehors de toi ne scrute ton mystère ; rien qui soit étranger à toi n’est assez puissant pour mesurer la profondeur de ta majesté infinie. Tout ce qui pénètre en toi est de toi ; rien de ce qui est extérieur à toi n’a le pouvoir de te sonder. (…)

Je crois fermement que ton Esprit Saint vient de toi par ton Fils unique ; même si je ne comprends pas ce mystère, j’en garde la conviction profonde. Car dans les réalités spirituelles qui sont ton domaine, mon esprit est borné, comme l’assure ton Fils unique : « Ne t’étonne pas si je t’ai dit : Il vous faut naître d’en haut. Car l’Esprit Saint souffle où il veut ; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’eau et de l’Esprit ».

Je crois à ma nouvelle naissance sans la comprendre, et je tiens bon dans la foi ce qui m’échappe. Je sais que j’ai le pouvoir de renaître, mais je ne sais pas comment cela s’accomplit. L’Esprit n’est limité par rien ; il parle quand il veut, il dit ce qu’il veut et où il veut. La raison de son départ et de sa venue me reste inconnue, mais j’ai la conviction profonde de sa présence.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

« L’Esprit Saint que mon Père enverra en mon nom vous enseignera tout. »

lundi 25 avril 2022

Ceux qui ont l’Esprit pour maître
n’ont pas besoin de la connaissance qui vient des hommes
mais, éclairés par la lumière de cet Esprit,
ils regardent le Fils, ils voient le Père
et adorent la Trinité des Personnes,
le Dieu unique, qui par nature est un de manière inexprimable. (…)

Arrête, homme ; tremble, toi qui es de nature mortelle,
et songe que tu as été tiré du néant
et qu’en sortant du ventre de ta mère
tu as vu le monde qui avait été fait avant toi.
Et si tu pouvais connaître la hauteur du ciel
ou indiquer quelle est la nature
du soleil, de la lune et des étoiles,
où ils demeurent fixés et comment ils se déplacent (…),
ou même la nature de la terre d’où tu as été tiré,
ses limites et ses mesures, sa largeur et sa grandeur (…),
si tu avais découvert le but de chaque chose
et si tu avais compté le sable de la mer
et si aussi tu pouvais connaître ta propre nature (…),
alors tu pourrais songer à ton créateur,
comment dans la Trinité l’unité demeure sans mélange
et dans l’Unité, la Trinité sans division.

Recherche l’Esprit ! (…)
Peut-être que Dieu te consolera et te donnera,
comme il t’a donné déjà de voir le monde
et le soleil et la lumière du jour,
oui, il daignera t’illuminer maintenant de la même façon (…),
t’illuminer de la lumière du Triple Soleil (…)
Tu apprendras alors la grâce de l’Esprit :
que, même absent, il est présent par sa puissance
et que, présent, on ne le voit pas à cause de sa nature divine,
et qu’il est partout et nulle part.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

 

Fête de saint Marc, évangéliste

lundi 25 avril 2022

L’Église disséminée à travers le monde entier jusqu’aux extrémités de la terre a reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant « qui a fait le ciel, la terre, les mers et tout ce qu’ils renferment » (Ex 20,11 ;Ac 4,24) ; en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, incarné pour notre salut ; et en l’Esprit Saint qui a annoncé par les prophètes les desseins de Dieu et la venue du bien-aimé Jésus Christ notre Seigneur, sa naissance de la Vierge, sa passion, sa résurrection d’entre les morts, son ascension corporelle dans les cieux, ainsi que son avènement depuis les cieux dans la gloire du Père pour « récapituler toute chose » (Ep 1,10) et ressusciter la chair du genre humain tout entier ; afin que devant Jésus Christ, notre Seigneur, notre Dieu, notre Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, que toute langue le reconnaisse » (Ph 2,10-11) et qu’il rende sur tous un juste jugement (…).

Cet enseignement que l’Église a reçue, cette foi, elle la garde avec soin comme si elle habitait une seule maison ; bien qu’elle soit disséminée dans le monde entier, elle croit pareillement à tout cela comme si elle n’avait « qu’une seule âme et qu’un même cœur » (Ac 4,32) ; elle le prêche, l’enseigne et le transmet d’une voix unanime, comme si elle n’avait qu’une seule bouche. Les langues que l’on parle dans le monde sont diverses, mais la force de la tradition est une et la même. Les Églises établies en Germanie ne croient pas ou n’enseignent pas autrement, ni celles des Ibères ou des Celtes, ni celles de l’Orient, d’Égypte ou de Lybie, ni celles qui sont fondées au centre du monde [la Terre Sainte]. De même que le soleil, cette créature de Dieu, est dans le monde entier unique et le même, ainsi la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,4).

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

Deuxième dimanche de Pâques – Dimanche de la miséricorde

dimanche 24 avril 2022

Jésus leur dit “Paix à vous !” » (Jn 20,19) Il est dit « Paix à vous ! » par trois fois à cause de la triple paix que le Seigneur a rétabli : entre Dieu et l’homme, en le réconciliant avec le Père par son sang ; entre l’ange et l’homme en prenant la nature humaine et en s’élevant au-dessus des chœurs des anges ; entre l’homme et l’homme, en réunissant en lui-même, pierre angulaire, le peuple des Juifs et le peuple des Gentils. (…)

Jésus vint donc et se tint au milieu (Jn 20,19). « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,27). Il se tient au milieu de chaque cœur. Il se tient au centre, parce que de lui, comme d’un centre, tous les rayons de la grâce rayonnent vers nous qui nous tenons sur la circonférence et marchons tout autour. « Jésus se tint, donc, au milieu d’eux et leur dit : “Paix à vous !” » (Jn 20,19) Il existe une triple paix : celle du temps, celle du cœur, celle de l’éternité. Tu dois avoir la première avec ton prochain, la deuxième avec toi-même, et ainsi tu auras la troisième, avec Dieu au ciel. Tiens-toi aussi « au milieu » et tu auras la paix avec ton prochain. Si tu ne te tiens pas au milieu, tu ne pourras pas avoir la paix. Sur la circonférence, il n’y a ni paix ni tranquillité d’esprit, mais mouvement et instabilité. On dit que les éléphants, lorsqu’ils affrontent un combat, portent un soin particulier aux blessés : ils les enferment au centre du groupe en compagnie des plus faibles. Accueille toi aussi, au centre de la charité, ton prochain faible et blessé.

Le Seigneur, donc, après leur avoir montré ses mains et son côté, dit à nouveau : « Paix à vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (cf. Jn 20,21). Comme le Père m’a envoyé à la Passion, malgré son amour, ainsi moi aussi, avec le même amour, je vous envoie.

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

« Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. »

samedi 23 avril 2022

Vous avez entendu ce que dit le Seigneur à ses disciples après la résurrection. Il les envoie prêcher l’Évangile, et ils l’ont fait. Écoutez : « Sur toute la terre s’en va leur message et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde » (Ps 18,5). Pas à pas, l’Évangile est parvenu jusqu’à nous et jusqu’aux confins de la terre. En peu de mots, le Seigneur s’adressant à ses disciples établit ce que nous devons faire et ce que nous devons espérer. Il dit, en effet, comme vous l’avez entendu : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. » Il demande notre foi et il nous offre le salut. Si précieux est ce qu’il nous offre que ce qu’il nous demande n’est rien.

« Ainsi, mon Dieu, les fils des hommes à l’ombre de tes ailes ont abri (…), au torrent de tes délices tu les abreuves, car en toi est la source de vie » (Ps 35,8s). Jésus Christ est la source de la vie. Avant que la source de vie ne parvienne jusqu’à nous, nous n’avions qu’un salut humain, semblable à celui des animaux dont parle le psaume : « L’homme et le bétail, tu les sauves, Seigneur » (Ps 35,7). Mais maintenant la source de la vie est venue jusqu’à nous, la source de la vie est morte pour nous. Nous refusera-t-il sa vie, celui qui pour nous a donné sa mort ? Il est le salut, et ce salut n’est pas vain comme l’autre. Pourquoi ? Parce qu’il ne passe pas. Le Sauveur est venu. Il est mort, mais il a tué la mort. Il a mis à la mort un terme en lui. Il l’a assumée et il l’a tuée. Où donc est maintenant la mort ? Cherche-la dans le Christ et elle n’y est plus. Elle y a été, mais elle est morte là. Ô vie, mort de la mort ! Reprenez courage : elle mourra aussi en nous. Ce qui s’est accompli dans la Tête s’accomplira aussi dans les membres, et la mort mourra aussi en nous.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage. »

vendredi 22 avril 2022

« Comme le jour venait », dit l’Évangile, « Jésus parut sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. » (…) Le monde tout entier avait été jeté dans la confusion et se demandait si la mort du Créateur ne l’avait pas replongé dans les ténèbres primordiales et le chaos originel (Gn 1,2). Mais soudain, dans la lumière de sa résurrection, le Seigneur ramène le jour et rend au monde son visage familier. Il vient ressusciter avec lui et dans sa gloire tous les êtres qu’il a vus si tristement abattus. « Comme le jour venait » (…) « Jésus parut sur le rivage » : il vient (…) dissiper le doute, apaiser la tempête, calmer le désordre, raffermir en sa propre immobilité les fondements de la terre, qui avaient été si brusquement ébranlés. Et il vient rendre au monde toute sa ferveur envers son maître.

« Comme le jour venait, Jésus parut sur le rivage. » C’est d’abord pour ramener son Église dans le port de la foi, cette Église dans laquelle les disciples sont alors les jouets des flots amers. Il les a trouvés privés de foi, dépossédés de leur force d’hommes ; c’est pour cela qu’il les appelle « enfants » : « Enfants, n’avez-vous rien à manger ? » Il y a là Pierre qui a renié, Thomas qui a douté, Jean qui a fui (…); il les invite à manger comme des tout petits. Ainsi son humanité les rappellera à la grâce, le pain à la confiance, la nourriture à la foi. En effet, ils ne croiraient pas qu’il est ressuscité avec son corps s’ils ne le voyaient manger comme un homme. Voilà pourquoi celui qui nourrit toute créature demande à manger ; lui, le Pain (Jn 6,35), mange, car il n’a pas faim de leur nourriture, mais de leur amour.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)