Jésus a été constitué chef et roi, sur tout l’héritage de Dieu, parce que c’est lui qui, par son sang, nous a rendu les droits à cet héritage : « Le Père lui a tout remis en mains » (Jn 3,35). Nous demeurons en lui par la foi et l’amour ; il demeure en nous par sa grâce et ses mérites ; il nous offre à son Père et son Père nous trouve en lui. (…)
Dieu nous donne de trouver dans le Fils de ses complaisances la source de toute grâce et de toute perfection : « Comment ne nous aurait-il pas tout donné en nous le livrant » (Rm 8,32) Comment, dès lors, ne pas s’abandonner en toute confiance à cette volonté toute-puissante, qui est l’amour même, et qui non seulement a fixé les lois de notre perfection, mais en est le principe et la source ? (…)
La grâce agit souverainement, elle mène au plus haut degré de sainteté, mais là seulement où elle ne rencontre pas d’obstacles à son action et fait agir ; l’Esprit de Dieu agit puissamment, mais là où il n’est pas contrarié, « contristé », pour parler toujours la langue de S. Paul (Ep 4,30), et où les forces créées se livrent à lui (…). Car si souveraine que soit la volonté de Dieu, si étendue que soit sa puissance, si infini que soit son amour, Dieu attend de nous que nous enlevions tout ce qui entrave sa grâce, que l’âme demeure dans cette attitude d’humilité et de confiance qui lui fait tout espérer de Dieu.
Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)