L’amour céleste… consiste pour l’homme à connaître et à reconnaître Dieu en l’aimant plus que tout. Cet amour proclame : « Douce vie et douce étreinte de la vie éternelle, bienheureuse félicité dans laquelle résident les récompenses éternelles, toi qui es toujours faite de véritables délices, si bien que jamais, en fait, je ne puis être remplie ni rassasiée de la joie intérieure qui est en mon Dieu. » L’amour du Ciel doit passer avant tout autre souci. Et chaque œuvre bonne est formée de deux parties : l’amour de Dieu et l’amour de l’homme.
La discipline suit l’amour du Ciel. Elle est comme un enfant, puisqu’elle ne veut pas être puissante en accomplissant sa propre volonté, mais qu’elle veut rester fidèlement dans la crainte, la retenue et le respect. Par la foi en l’amour, l’homme se lie lui-même dans la loi de la discipline. (…) La vertu de miséricorde se lève pour aller vers les pauvres. Car la miséricorde de sa grâce se trouve dans le cœur du Père éternel. J’ai placé mon Fils dans la poitrine de la miséricorde, lorsque je l’ai envoyé dans le sein de la Vierge Marie. L’homme, justifié par les vertus, devient capable de regarder la misère de son prochain et de l’aider comme lui-même dans les vrais besoins. La miséricorde murmure : « Je tends toujours les mains vers les étrangers, les malheureux, les pauvres, les infirmes et ceux qui gémissent. » Après la miséricorde surgit la victoire par laquelle l’homme est vainqueur de lui-même et des vices d’autrui. (…) Enfin, la patience et le gémissement de l’âme possèdent une douceur qui empêche l’homme d’être écrasé par les épreuves.
Libre de tout souci du siècle, il se tourne vers ce qui est éternel en Dieu dans la vie future.
Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)