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Archive pour le mot-clef ‘St Basile’

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

dimanche 22 septembre 2024

Souviens-toi de ce proverbe : « Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6). Aie présente la parole du Seigneur : « qui s’humilie sera élevé, et qui s’élève sera abaissé » (Mt 23,12)… S’il te semble avoir quelque chose de bon, mets-le à ton compte, mais sans oublier tes fautes ; ne t’enfle pas de ce que tu as fait de bien aujourd’hui, n’écarte pas le mal récent et passé ; si le présent te donne sujet de gloriole, rappelle-toi le passé ; c’est ainsi que tu perceras le stupide abcès ! Et si tu vois ton prochain pécher, garde-toi de ne considérer en lui que cette faute, mais pense aussi à ce qu’il fait ou à ce qu’il a fait de bien ; et souvent, tu le découvriras meilleur que toi, si tu examines l’ensemble de ta vie et ne fais pas le calcul de choses fragmentaires. Car Dieu n’examine pas l’homme de façon fragmentaire… Rappelons-nous souvent tout cela pour nous préserver de l’orgueil, nous abaissant pour être élevés.

Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu’au dernier abaissement… Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire, glorifiant avec lui ceux qui avaient été méprisés avec lui. Tels étaient bien en effet, ses bienheureux premiers disciples, eux qui, pauvres et nus, parcoururent l’univers, sans paroles de sagesse, sans escorte fastueuse, mais seuls, errants et dans la peine, vagabonds sur terre et sur mer, battus de verges, lapidés, poursuivis, et finalement mis à mort. Tels sont pour nous les enseignements divins de notre Père. Imitons-les pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle, ce don parfait et véritable du Christ.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé. Il le leur envoya en dernier. »

lundi 3 juin 2024

Dieu avait créé l’homme à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26), il l’avait jugé digne de le connaître lui-même, mis par le don d’intelligence au-dessus de tous les animaux, établi dans la jouissance des délices incomparables du Paradis, et enfin constitué maître de tout ce qui se trouvait sur la terre. Cependant, lorsqu’il l’a vu, dévoyé par le serpent, tomber dans le péché et, par le péché, dans la mort et les souffrances qui y conduisent, il ne l’a pas rejeté. Au contraire, il lui a donné d’abord le secours de sa Loi ; il a désigné des anges pour le garder et prendre soin de lui ; il a envoyé des prophètes pour lui reprocher sa méchanceté et lui enseigner la vertu…

Lorsque, malgré ces grâces et bien d’autres encore, les hommes ont persisté dans la désobéissance, il ne s’est pas détourné d’eux. Après avoir offensé notre bienfaiteur par notre indifférence devant les marques de sa bienveillance, nous n’avons pas été abandonnés par la bonté du Seigneur ni retranchés de son amour, mais nous avons été tirés de la mort et rendus à la vie par notre Seigneur Jésus Christ, et la manière dont nous avons été sauvés est digne d’une admiration plus grande encore. « Bien qu’il ait été Dieu, il n’a pas jugé bon de garder jalousement son égalité avec Dieu, mais il s’est abaissé jusqu’à prendre la condition d’esclave » (Ph 2,6-7). « Il a pris nos faiblesses, il a porté nos souffrances, il a été meurtri pour nous », afin de nous sauver par ses blessures (Is 53,4-5). Il « nous a rachetés de la malédiction en se faisant malédiction pour nous » (Ga 3,13) ; il a souffert la mort la plus infamante pour nous conduire à la vie de la gloire.

Et il ne lui a pas suffi de rendre la vie à ceux qui étaient dans la mort, il les a revêtus de la dignité divine et leur a préparé dans le repos éternel un bonheur qui dépasse toute imagination humaine. « Que rendrons-nous donc au Seigneur » pour tout ce qu’il nous a donné ? (Ps 115,12) Il est si bon qu’il ne demande rien en compensation de ses bienfaits : il se contente d’être aimé.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

Se montrer habile

vendredi 10 novembre 2023

Considère, homme, celui qui t’a comblé de ses dons. Réfléchis sur toi-même. Rappelle-toi qui tu es, quelles affaires tu conduis, qui te les a confiées, pour quelle raison tu as été préféré à beaucoup. Tu es le serviteur du Dieu bon ; tu as la charge de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous ces biens sont destinés à ton ventre. Dispose des biens que tu as entre les mains comme s’ils appartenaient à autrui ; ils te donneront du plaisir pendant quelque temps, puis s’évanouiront et disparaîtront. Mais il t’en sera demandé un compte détaillé…

« Que vais-je faire ? » La réponse était simple : « Je rassasierai les affamés ; j’ouvrirai mes greniers et j’inviterai les pauvres… Vous tous qui manquez de pain, venez à moi. Que chacun prenne une part suffisante des dons que Dieu m’a accordés. Venez y puiser comme à la fontaine publique ».

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. »

samedi 30 septembre 2023

« Qui s’élève sera humilié, et qui s’abaisse sera élevé » (Mt 23,12)… Imitons le Seigneur qui est descendu du ciel jusqu’au dernier abaissement, et qui, en retour, a été élevé du dernier rang jusqu’à la hauteur qui lui convenait. Découvrons tout ce que nous enseigne le Seigneur pour nous conduire à l’humilité.

Petit bébé, le voici déjà dans une grotte, couché non dans un berceau, mais dans une mangeoire. Dans la maison d’un artisan et d’une mère sans ressources, il est soumis à sa mère et à son époux. Se laissant enseigner, écoutant ceux dont il n’avait nul besoin, il interrogeait, mais pourtant de telle sorte que par ses interrogations, on s’étonnait de sa sagesse. Il se soumet à Jean, et le Maître reçoit de son serviteur le baptême. Jamais il n’a résisté à ceux qui se dressaient contre lui, et n’a pas fait preuve de sa puissance invincible pour se libérer des mains qui l’enchaînaient, mais il s’est laissé faire, comme impuissant, et dans la mesure où il l’a jugé bon, il a donné prise sur lui à un pouvoir éphémère. Il a comparu devant le grand prêtre en qualité d’accusé ; conduit devant le gouverneur, il s’est soumis à son jugement, et alors qu’il pouvait répondre aux calomniateurs, il a subi en silence leurs calomnies. Couvert de crachats par des esclaves et des servants indignes, il a été enfin livré à la mort, à une mort infamante aux yeux des hommes. Voilà comment s’est déroulé sa vie d’homme depuis sa naissance jusqu’à sa fin. Mais après un tel abaissement, il a fait éclater sa gloire… Imitons-le pour arriver, nous aussi, à la gloire éternelle.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

Prier en tout temps, debout devant le Fils de l’homme

samedi 26 novembre 2022

« Faites ceci en mémoire de moi. Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, vous annoncez ma mort, vous confessez ma résurrection. » Nous faisons donc mémoire, Seigneur, des souffrances du Christ qui donnent le salut, de sa croix qui donne la vie, de son ensevelissement pendant trois jours, de sa résurrection d’entre les morts, de son ascension au ciel, de sa présence à ta droite, Père, et de son second avènement, glorieux et redoutable, en t’offrant de ce qui t’appartient ces choses qui sont de toi.

En tout et pour tout, nous te chantons, nous te bénissons, nous te rendons grâce, Seigneur, et nous te prions, notre Dieu. C’est pourquoi, Maître très saint, nous qui avons été jugés dignes de servir à ton très saint autel, non pour notre justice, car nous n’avons rien fait de bon sur la terre, mais à cause de ta bonté et de tes surabondantes miséricordes, nous osons nous approcher de ton autel, nous offrons le sacrement du saint corps et du sang sacré de ton Christ. Nous te prions et nous t’invoquons, ô Saint des Saints : que par ta bonté et ta bienveillance vienne ton Esprit Saint sur nous et sur les dons ici présents, qu’il les bénisse et les sanctifie, qu’il consacre ce pain au précieux corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (Le diacre dit : Amen) et ce calice au précieux sang de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ (Le diacre dit : Amen) répandu pour la vie du monde. (Le diacre dit : Amen).

Que nous tous qui participons à l’unique pain et à l’unique calice, nous soyons unis les uns aux autres dans la communion de l’unique Esprit Saint, et qu’aucun parmi nous ne participe au saint corps et au sang sacré de ton Christ pour son jugement ou sa condamnation, mais que nous trouvions pitié et grâce, avec tous les saints qui depuis le commencement te furent agréables. (…) Et donne-nous de glorifier et d’acclamer d’une seule voix et d’un seul cœur ton nom adorable et merveilleux : Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen

La Divine Liturgie de Saint Basile (4e siècle)

 

 

 

 

Construire d’autres greniers

dimanche 31 juillet 2022

« Insensé, cette nuit même on te redemandera ta vie, et ce que tu as amassé, qui donc l’aura ? » La conduite de cet homme est plus dérisoire que le châtiment éternel n’est rigoureux. En effet, cet homme qui va être enlevé de ce monde dans si peu de temps, quels projets agite-t-il dans son esprit ? « Je vais démolir mes greniers et j’en rebâtirai de plus grands. » Moi, je lui dirais volontiers : Tu fais bien, car les greniers de l’injustice ne méritent que d’être démolis. De tes propres mains, détruis de fond en comble ce que tu as bâti malhonnêtement. Laisse s’écrouler tes réserves de blé qui n’ont jamais soulagé personne. Fais disparaître tout bâtiment qui abrite ton avarice, enlève les toits, renverse les murs, expose au soleil le blé qui moisit, sors de leur prison les richesses qui y étaient captives…

« Je vais démolir mes greniers et j’en rebâtirai de plus grands. » Une fois que tu les auras remplis à leur tour, que vas-tu décider ? Les démoliras-tu pour en rebâtir d’autres une fois encore ? Y a-t-il pire folie que de se tourmenter sans fin, construire avec acharnement et vite démolir ? Si tu le veux, tu as pour greniers les maisons des pauvres. « Amasse-toi des trésors dans le ciel » : ce qui est entreposé là, « les vers ne le mangent pas, la rouille ne le ronge pas, les voleurs ne le dérobent pas » (Mt 6,20).

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. »

mardi 13 avril 2021

La figure est une manière d’exposer, par imitation, les choses que nous attendons. Par exemple, Adam est la préfiguration de l’Adam qui devait venir (1Co 15,45) et la pierre [au désert pendant l’Exode] est le Christ figurativement ; l’eau qui coule de la pierre est la figure de la puissance vivifiante du Verbe (Ex 17,6; 1Co 10,4), car il a dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jn 7,37). La manne est la préfiguration du « pain vivant qui est descendu du ciel » (Jn 6,51) ; et le serpent placé sur une hampe est la figure de la Passion, de notre salut consommé sur la croix, puisque ceux qui le regardaient étaient sauvés (Nb 21,9). De même, ce que dit l’Écriture des Israélites sortant d’Égypte a été raconté comme une préfiguration de ceux qui sont sauvés par le baptême ; car les premiers-nés des Israélites ont été sauvés (…) par la grâce accordée à ceux qui avaient été marqués du sang de l’agneau pascal et ce sang préfigurait le sang du Christ. (…)

Quant à la mer et à la nuée (Ex 14), en ce temps-là elles conduisaient à la foi par l’admiration ; mais pour le futur, elles figuraient la grâce qui devait venir. « Qui est sage ? Il comprendra ces choses ! » (Ps 106,43) Il comprendra que la mer, préfigurant le baptême, séparait de Pharaon comme le baptême nous fait échapper à la tyrannie du diable. Jadis la mer a étouffé en elle l’ennemi ; aujourd’hui meurt l’inimitié qui nous séparait de Dieu. De la mer, le peuple est sorti sain et sauf ; et nous, nous remontons des eaux comme revivant d’entre les morts, sauvés par la grâce de Celui qui nous a appelés. Quant à la nuée, elle était l’ombre du don de l’Esprit, qui rafraîchit nos membres en éteignant la flamme des passions.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

« Il a porté du fruit au centuple. »

samedi 19 septembre 2020

Tu es le serviteur du Dieu saint, un gérant en faveur de tes compagnons de service. Ne crois pas tous tes avantages destinés à ton ventre. (…) Imite la terre, homme, porte comme elle des fruits, ne te montre pas plus dur qu’une matière inanimée. La terre ne mûrit pas ses fruits pour en jouir elle-même, mais t’être utile. Et toi, les fruits que répand ta générosité, c’est toi qui les ramasses puisque la récompense des bienfaits retombe sur leurs auteurs. Tu as donné à manger à l’affamé ; ton aumône te revient, augmentée avec les intérêts.

Comme le grain jeté dans le sillon profite au semeur, de même le pain tendu à l’affamé te rapporte un gain immense, plus tard. Quand donc le temps des moissons arrive sur la terre, c’est le moment pour toi de semer là-haut dans le ciel : « Faites-vous des semailles selon la justice » (Os 10,12). Pourquoi tant d’inquiétude ? Pourquoi ces soucis et cet empressement à enfermer ton trésor derrière le mortier et les briques ? « Le bon renom est plus désirable que de grandes richesses » (Pr 22,1)

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Il va vendre tout ce qu’il possède. »

dimanche 26 juillet 2020

Notre Seigneur Jésus Christ a vivement et souvent insisté : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24). (…) Et ailleurs : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres », après quoi il ajoute : « puis viens et suis-moi » (Mt 19,21).

Pour celui qui sait comprendre, la parabole du marchand veut dire la même chose : « Le Royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherche des pierres précieuses ; lorsqu’il en a trouvé une d’un grand prix, il court vendre tout ce qu’il a, afin de pouvoir l’acheter. » La pierre précieuse désigne certainement ici le Royaume des cieux, et le Seigneur nous montre qu’il est impossible de l’obtenir, si nous n’abandonnons pas tout ce que nous possédons : richesse, gloire, noblesse de naissance et tout ce que tant d’autres recherchent avidement.

Le Seigneur a aussi déclaré qu’il est impossible de s’occuper convenablement de ce que l’on fait quand l’esprit est sollicité par diverses choses : « Personne ne peut servir deux maîtres », a-t-il dit (Mt 6,24). C’est pourquoi « le trésor qui est dans le ciel » est le seul que nous puissions choisir pour y attacher notre cœur : « Car où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,20s). (…) Pour tout dire, il s’agit de transporter notre cœur dans la vie du ciel, en sorte qu’on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Surtout c’est commencer à devenir semblable au Christ, « qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous » (2Co 8,9)

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

Fête de saint Jacques (le majeur), apôtre

samedi 25 juillet 2020

« Que rendrai-je au Seigneur ? » (Ps 115,12). Non pas des sacrifices, ni des holocaustes, ni les observances du culte légal, mais ma vie elle-même tout entière. Et c’est pourquoi, dit le psalmiste, « j’élèverai la coupe du salut » (v. 13). Le labeur qu’il a enduré dans les combats de sa dévotion filiale envers Dieu et la constance par laquelle, jusqu’à en mourir, il a résisté au péché, le psalmiste appelle cela sa coupe.

C’est à propos de cette coupe que le Seigneur lui-même s’exprime dans les évangiles : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi » (Mt 26,39). Et encore aux disciples : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Il voulait parler de cette mort qu’il voulait souffrir pour le salut du monde. C’est pourquoi, dit-il, « j’élèverai la coupe du salut », c’est-à-dire, je suis tendu de tout mon être, assoiffé, vers la consommation du martyre, au point que je tiens les tourments endurés dans les combats de l’amour filial pour un repos de l’âme et du corps, et non une souffrance. Moi-même donc, dit-il, je m’offrirai au Seigneur, comme un sacrifice et une oblation (…). Et je suis prêt à témoigner de ces promesses devant tout le peuple, car « je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple ! » (v. 14)

Saint Basile (v. 330-379)