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Archive pour le mot-clef ‘perle’

Un trésor libéré

mercredi 2 août 2023

C’est inouï le nombre de choses qui nous empêchent d’être agiles,
d’être légers.
On ne s’en rend pas compte, mais
si du jour au lendemain, nous étions dépossédés,
nous nous trouverions voisiner spontanément avec tout un tas de gens qui nous paraissent habiter au bout du monde. (…)

À qui veut rencontrer à l’aise ces frères disparates
dont le monde est peuplé,
il faut une royale indifférence pour tout ce qui n’est pas
cette foi dénudée, essentielle,
qui lui fait perdre la mémoire et les goûts,
et sa propre originalité.
Cette foi qui nous rend banals
de cette grande banalité que tous les saints ont acceptée,
et qui les a conduits jusqu’au bout de la terre.

Car c’est un prix exorbitant le prix de la pauvreté.
Elle s’achète du sacrifice de tout ce qui n’est pas
le Royaume des cieux.

Alors, nous trouverons intéressant tout ce qui intéresse les autres,
et vertueux des héroïsmes qui ne nous ont pas attirés,
et fraternels des gens qui ne nous ont jamais ressemblé.

Alors, ceux qui nous rencontrerons sur le chemin
tendront des mains avides d’un trésor qui jaillira de nous ;
d’un trésor libéré de nos vases de terre,
de nos paniers bariolés, de nos malles, de nos bagages,
d’un trésor simplement divin, qui sera à la mode de tous,
car il aura cessé d’être habillé à notre mode.

Alors nous serons agiles et devenus à notre tour
des paraboles,
parabole de la perle unique,
minuscule, ronde et précieuse,
pour laquelle on a tout vendu.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

La perle de grande valeur

dimanche 30 juillet 2023

À l’homme « qui recherche de belles perles », il faut appliquer les paroles suivantes : « Cherchez et vous trouverez » et « Celui qui cherche, trouve » (Mt 7,7-8). En effet, à quoi peuvent bien se rapporter « cherchez » et « celui qui cherche, trouve » ? Disons-le sans hésiter : aux perles, et particulièrement à la perle acquise par l’homme qui a tout donné et tout perdu. A cause de cette perle, Paul dit : « J’ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ » (Ph 3,8). Par le mot « tout » il entend les belles perles, et par « gagner le Christ » l’unique perle de grand prix.

Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres et qui en ont besoin jusqu’au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (2Co 3,7) et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes. Elle est belle à voir car elle nous aide à progresser jusqu’à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage en disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3,17). « Ce qui a été glorieux de manière partielle ne l’est plus, parce qu’il y a maintenant une gloire qui dépasse tout » (2Co 3,10). Nous avons besoin en un premier temps d’une gloire susceptible de disparaître devant « la gloire qui dépasse tout », comme nous avons besoin « d’une connaissance partielle » qui « disparaîtra quand viendra ce qui est parfait » (1Co 13,9s).

Ainsi toute âme qui est encore dans l’enfance et chemine « vers la perfection d’adultes » (He 6,1) a besoin d’être enseignée, entourée, accompagnée jusqu’à ce que s’instaure en elle la « plénitude du temps » (Ga 4,4)… A la fin elle atteindra sa majorité et recevra son patrimoine : la perle de grand prix, « ce qui est parfait et qui fait disparaître ce qui est partiel » (1Co 13,10). Elle parviendra à ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ (Ph 3,8). Mais beaucoup ne comprennent pas la beauté des nombreuses perles de la Loi et de la « connaissance partielle » répandue chez tous les prophètes ; ils s’imaginent à tort que sans la Loi et les prophètes parfaitement compris ils pourront trouver l’unique perle de grand prix… : la compréhension plénière de l’Evangile et tout le sens des actes et des paroles du Christ Jésus.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

Les paraboles du trésor et de la perle

mercredi 27 juillet 2022

Les deux paraboles du trésor et de la perle enseignent la même chose : qu’il faut préférer l’Évangile à tous les trésors du monde… Mais il y a quelque chose de plus méritoire encore : il faut le préférer avec plaisir, avec joie et sans hésiter. Ne l’oublions jamais : renoncer à tout pour suivre Dieu, c’est gagner plutôt que perdre. La prédication de l’Évangile est cachée dans ce monde comme un trésor caché, un trésor inestimable.

Pour se procurer ce trésor…, deux conditions sont nécessaires : le renoncement aux biens de ce monde et un courage solide. Il s’agit, en effet, « d’un négociant en recherche de perles fines qui, en ayant trouvé une de grand prix, s’en va vendre tout ce qu’il possède pour l’acheter ». Cette perle unique, c’est la vérité, et la vérité est une, elle ne se divise pas. Possèdes-tu une perle ? Toi, tu connais ta richesse : elle est renfermée dans le creux de ta main ; tout le monde ignore ta fortune. Il en est de même avec l’Évangile : si tu l’embrasses avec foi, s’il reste enfermé dans ton cœur, quel trésor ! Toi seul en as la connaissance : les incroyants, qui ignorent sa nature et sa valeur, n’ont aucune idée de ta richesse incomparable.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Il va vendre tout ce qu’il possède. »

dimanche 26 juillet 2020

Notre Seigneur Jésus Christ a vivement et souvent insisté : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24). (…) Et ailleurs : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres », après quoi il ajoute : « puis viens et suis-moi » (Mt 19,21).

Pour celui qui sait comprendre, la parabole du marchand veut dire la même chose : « Le Royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherche des pierres précieuses ; lorsqu’il en a trouvé une d’un grand prix, il court vendre tout ce qu’il a, afin de pouvoir l’acheter. » La pierre précieuse désigne certainement ici le Royaume des cieux, et le Seigneur nous montre qu’il est impossible de l’obtenir, si nous n’abandonnons pas tout ce que nous possédons : richesse, gloire, noblesse de naissance et tout ce que tant d’autres recherchent avidement.

Le Seigneur a aussi déclaré qu’il est impossible de s’occuper convenablement de ce que l’on fait quand l’esprit est sollicité par diverses choses : « Personne ne peut servir deux maîtres », a-t-il dit (Mt 6,24). C’est pourquoi « le trésor qui est dans le ciel » est le seul que nous puissions choisir pour y attacher notre cœur : « Car où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,20s). (…) Pour tout dire, il s’agit de transporter notre cœur dans la vie du ciel, en sorte qu’on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Surtout c’est commencer à devenir semblable au Christ, « qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous » (2Co 8,9)

Saint Basile (v. 330-379)