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Archive pour le mot-clef ‘Tentation’

La tentation après le baptême

dimanche 18 février 2024

Si, après le baptême, tu es attaqué par le persécuteur, le tentateur de la lumière, tu auras matière à victoire. Il t’attaquera certainement, puisqu’il s’en est pris au Verbe, mon Dieu, trompé par l’apparence humaine qui lui dérobait la lumière incréée. Ne redoute pas le combat. Oppose-lui l’eau du baptême, oppose-lui l’Esprit Saint dans lequel s’éteignent tous les traits enflammés lancés par le Malin. (…)

S’il t’expose le besoin qui t’accable — il n’a pas manqué de le faire à Jésus —, s’il te rappelle que tu as faim, n’aie pas l’air d’ignorer ses propositions. Apprends-lui ce qu’il ne connaît pas ; oppose-lui la Parole de vie, ce vrai Pain envoyé du ciel et qui donne la vie au monde.

S’il te tend le piège de la vanité — il en usa contre le Christ, lors qu’il le fit monter sur le pinacle du Temple et lui dit : « Jette-toi en bas » pour lui faire manifester sa divinité —, prends garde de ne pas déchoir pour avoir voulu t’élever. (…)

S’il te tente par l’ambition en te montrant, dans une vision instantanée, tous les royaumes de la terre comme soumis à son pouvoir et s’il exige de toi l’adoration, méprise-le : ce n’est qu’un pauvre frère. Dis-lui, confiant dans le sceau divin : « Je suis, moi aussi, l’image de Dieu ; je n’ai pas encore été, comme toi, précipité du haut de ma gloire à cause de mon orgueil ! Je suis revêtu du Christ ; je suis devenu un autre Christ par mon baptême ; c’est à toi de m’adorer. » Il s’en ira, j’en suis sûr, vaincu et mortifié par ces paroles. Venant d’un homme illuminé par le Christ, elles seront ressenties par lui comme si elles émanaient du Christ, la lumière suprême. Voilà les bienfaits qu’apporte l’eau du baptême à ceux qui reconnaissent sa force.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

Appelons Dieu au secours !

dimanche 13 août 2023

Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous répéter si souvent : « Appelez-moi à votre secours ; je viendrai à vous !.. Appelez-moi, je vous écouterai ! » (…)

Appelons Dieu au secours dans la tentation ! Ne cherchons pas, dans la tentation, dans la difficulté, à lutter avec nos forces, avec les forces de la nature. Actuellement les esprits des ténèbres sont bien plus forts que nous, plus forts et plus fins ; naturellement notre concupiscence est bien forte et notre âme bien faible ; c’est une de ruses du démon de nous absorber tellement dès les premiers moments de la tentation, que nous faisons tous nos efforts, (quand nous les faisons), pour lui résister avec nos forces, mais sans penser à appeler au secours celui qui seul peut nous sauver, Dieu, ou notre bon ange, ou les saints. Il jette comme un voile autour de nous, pour nous empêcher de regarder en haut, de lever les yeux au ciel. Il tâche de nous rendre « muets » comme ces possédés de l’Évangile ; il nous absorbe et tâche que la pensée d’appeler au secours ne nous vienne pas. Et nous ayant ainsi séparés de tout ce qui fait notre force il ne nous vainc que trop facilement.

Dès le début de la tentation, cherchons donc beaucoup moins à résister par nos propres forces qu’à appeler Dieu ; dès que nous nous sentons tentés, ayons recours à la prière, mettons-nous à prier, et ainsi, en un instant, nous remporterons une facile victoire, tandis qu’autrement nous serons toujours vaincus. Donc dans la tentation, prière, prière, prière !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

Conseils pour ne pas succomber à la tentation

dimanche 26 février 2023

Nous lisons dans l’histoire qu’un saint prêtre rencontra un jour un chrétien, qui était dans une appréhension continuelle de succomber à la tentation. « Pourquoi craignez-vous ? lui dit le prêtre. Hélas ! mon père, lui dit-il, je crains d’être tenté, de succomber et de périr. Ah s’écrie-t-il en pleurant, n’ai-je pas lieu de trembler, si tant de millions d’anges ont succombé dans le ciel, si Adam et Ève ont été vaincu dans le paradis terrestre. (…)

Mais, mon ami, lui dit le saint prêtre, ne savez-vous pas que le démon est comme un gros chien à l’attache, il aboie et fait grand bruit ; mais il ne mord que celui qui s’approche de trop près. Ayez confiance en Dieu, fuyez les occasions du péché, et vous ne succomberez pas. Si Ève n’avait pas écouté le démon, si elle avait pris la fuite dès qu’il lui parla de transgresser les commandements de Dieu, elle n’aurait pas succombé. Lorsque vous serez tenté, rejetez de suite les tentations, et, si vous pouvez, faites dévotement le signe de la croix, pensez aux tourments qu’endurent les réprouvés pour n’avoir pas su résister à la tentation ; levez les yeux vers le ciel, et vous verrez la récompense de celui qui combat ; appelez votre bon ange à votre secours, jetez-vous promptement entre les bras de la Mère de Dieu, en réclamant sa protection ; vous êtes sûr d’être victorieux de vos ennemis, et vous les verrez bientôt couvert de confusion.

Si vous succombez, mes frères, cela ne vient donc que de ce que nous ne voulons pas prendre les moyens que le bon Dieu nous offre pour combattre. Il faut surtout être bien convaincus que, de nous-mêmes, nous ne pouvons que nous perdre ; mais qu’avec une grande confiance en Dieu, nous pouvons tout.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

Connaître Dieu dans les combats

jeudi 24 mars 2022

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] C’est par la connaissance et la haine de vous-mêmes, et par la connaissance de ma Bonté que vous parvenez à la perfection ; aussi, l’âme ne connaît-elle jamais mieux si je suis en elle, qu’au moment de ces combats. Et comment ? Je vais te le dire !

Si en se voyant au milieu de ces luttes, elle prend bien conscience que ces assauts lui déplaisent, et qu’en même temps il ne dépend pas d’elle de s’en délivrer tout en refusant d’y consentir, elle peut alors connaître qu’elle n’est rien. Car, si elle était quelque chose par elle-même, elle se mettrait à l’abri de ces tentations, qu’elle voudrait ne pas subir. Ainsi, par ce moyen, elle s’humilie dans la vraie connaissance d’elle-même, et à la lumière de la très sainte Foi, elle accourt à Moi, le Dieu éternel, dont la Bonté garde sa volonté droite et sainte, pour l’empêcher au temps des multiples assauts, de céder à l’ennemi, en consentant aux tentations dont elle se sent assiégée.

Vous avez donc bien raison de vous réconforter par la doctrine de mon doux Verbe d’amour, mon Fils unique, au temps des afflictions, ou de l’adversité, ou des tentations des hommes et du démon ; car ce sont des moyens d’accroître votre vertu et de vous faire atteindre à la grande perfection.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Bienheureux l’homme qui supporte la tentation. » (Jc 1,12)

dimanche 6 mars 2022

La tentation n’est-elle pas un danger pour l’âme ? Ne serait-il pas hautement préférable de ne jamais être tenté ? Nous sommes spontanément portés à envier celui qui n’éprouverait jamais de tentation : « Heureux l’homme, dirions-nous volontiers, qui n’a pas à en subir les assauts ! »

C’est peut-être là, en effet, l’avis de notre sagesse humaine. Mais Dieu, qui est la vérité infaillible, la source de notre sainteté et de notre béatitude, nous dit tout le contraire : « Bienheureux l’homme qui supporte la tentation » (Jc 1,12)… Pourquoi l’Esprit Saint proclame-t-il cet homme « heureux », alors que nous, nous inclinerions à penser bien autrement ? (…) Est-ce à cause de la tentation elle-même ? Non, évidemment, mais c’est parce que Dieu se sert d’elle pour obtenir une preuve de notre fidélité ; notre fidélité ‒ soutenue naturellement par la grâce ‒ se fortifie et se manifeste dans la lutte, et la couronne de vie est enfin accordée à sa victoire (cf. Jc 1,12).

La tentation que l’âme supporte patiemment est pour elle une source de mérites, et est glorieuse pour Dieu. Par sa constance dans l’épreuve, l’âme est un vivant témoignage de la force de la grâce : « ma grâce te suffit, car c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste tout entière » (2 Cor 12,9). Dieu attend de nous que nous lui rendions cet hommage et cette gloire. (…) Le Christ Jésus est avec nous, en nous : qui est plus fort que lui ?

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

« Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. »

dimanche 21 février 2021

La vie des mortels est remplie de pièges qui font trébucher, remplie des filets des tromperies ; (…) Et parce que l’ennemi avait tendu partout ces filets, et qu’il y avait pris à peu près tous les hommes, il a été nécessaire que paraisse quelqu’un qui soit plus fort pour les dominer, les rompre, et frayer ainsi la voie à ceux qui le suivaient. C’est pourquoi, avant de venir s’unir l’Église comme son épouse, le Sauveur aussi est tenté par le diable (…). Il enseignait ainsi à l’Église que ce n’est pas par l’oisiveté et les plaisirs, mais par bien des épreuves et tentations, qu’elle devrait venir au Christ.

Il n’y avait en effet personne d’autre qui aurait pu triompher de ces filets. « Car tous ont péché », comme il est écrit (Rm 3,23). (…) Notre Seigneur et Sauveur Jésus est le seul qui « n’a jamais commis de péché » (1P 2,22). Mais le Père « l’a identifié au péché pour nous » (2Co 5,21) afin que « dans notre condition humaine de pécheurs, à cause du péché, il détruise le péché » (Rm 8,3). Jésus est donc entré dans ces filets, mais lui seul n’a pas pu être enlacé par eux. Bien plus, les ayant rompus et déchirés, il a donné confiance à l’Église, si bien qu’elle ose désormais fouler aux pieds les pièges, franchir les filets, et dire en toute allégresse : « Notre âme comme un oiseau s’est échappée du filet des chasseurs. Le filet a été rompu, et nous avons été libérés » (Ps 123,7).

Lui aussi cependant a succombé à la mort, mais volontairement, et non, comme nous, sous la contrainte du péché. Car il est le seul à avoir été « libre entre les morts » (Ps 87,6 LXX). Et parce qu’il était libre entre les morts, il a vaincu « celui qui possédait le pouvoir de la mort » (He 2,14) et lui a « arraché les captifs » (Ep 4,8) qui étaient détenus dans la mort. Il ne s’est pas seulement ressuscité lui-même des morts, mais il a en même temps « ressuscité ceux qui étaient prisonniers de la mort, et il les a fait asseoir dans les cieux » (Ep 2,5s) ; « montant dans les hauteurs, il a emmené captive la foule des captifs » (Ep 4,8).

Origène (v. 185-253)

 

 

Vainqueurs du monde par la Parole

mercredi 1 avril 2020

Par la foi, nous nous attachons au Christ, et l’édifice de notre vie surnaturelle devient, par lui, ferme et stable ; le Christ nous fait participer à la stabilité du roc divin contre lequel ne peuvent prévaloir les furies mêmes de l’enfer (Mt 16,18).

Aussi divinement soutenus, nous sommes vainqueurs des assauts et des tentations du monde et du démon, le prince du monde (1 Jn 5,4). Le démon, et le monde dont le démon se sert comme de complice, nous violentent ou nous sollicitent ; c’est par la foi en la parole de Jésus que nous sortons victorieux de ces attaques. (…) Le démon est « le père du mensonge et le prince des ténèbres » (cf. Ep 6,12), tandis que Dieu est « la vérité et la lumière sans ténèbres » (cf. Jn 14,6 ; 1 Jn 1,5). Si nous écoutons toujours Dieu, nous serons toujours vainqueurs. Quand Notre-Seigneur, qui est en toutes choses notre modèle, a été tenté, qu’a-t-il fait pour repousser la tentation ? À chaque invitation du malin il a opposé l’autorité de la parole de Dieu. Nous devons faire de même, et repousser les attaques de l’enfer par la foi en la parole de Jésus. (…)

Ce qui est vrai du démon, l’est du monde : c’est par la foi que nous en sommes vainqueurs. Quand on a une foi vive dans le Christ, on ne craint ni les difficultés, ni les contradictions, ni les jugements du monde, parce qu’on sait que le Christ habite en nous par la foi et qu’on s’appuie sur lui.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Appelle Jésus Christ à ton aide

mardi 2 juillet 2019

Il faut armer notre ardeur contre les seuls démons qui, dans l’ordre de la raison, nous haïssent et exercent leur propre ardeur contre nous. Quant à la manière de mener selon les circonstances cette guerre qui est en nous, écoute et fais ceci : joins la prière à la sobriété et à la vigilance, car la vigilance, qui ne cessent de veiller, aperçoivent ceux qui entrent : elles les empêchent un moment d’entrer, puis elles appellent au secours le Seigneur Jésus Christ, pour qu’il chasse les ennemis mauvais. L’attention les empêche d’entrer, en s’opposant à eux. Et Jésus, invoqué, chasse les démons et leurs fantasmes.

Mets beaucoup de rigueur à garder ton intelligence. Dès que tu prends conscience d’une pensée, réfute-la. Mais aussitôt appelle vite le Christ à ton aide. Le doux Jésus, avant même que tu aies fini de parler, te dira : « Je suis venu assurer ta défense ». Et quand ta prière aura renversé tous ces ennemis, veille de nouveau sur ton intelligence. Voici que des vagues encore plus nombreuses que les premières arrivent l’une après l’autre, et sur elle nage ton âme. Mais Jésus revient, éveillé par son disciple, et il commande en Dieu aux vents mauvais (cf. Mt 8,23-27). Pour ces grâces, consacre une heure si tu peux, ou un instant, à glorifier Celui qui t’a sauvé.

Philothée le Sinaïte

 

 

 

Le bon grain et l’ivraie

samedi 28 juillet 2018

On voit, dans l’Évangile, aujourd’hui, mes frères, que le maître du champ ayant semé son grain en bonne terre, l’ennemi vint pendant son sommeil et y sema l’ivraie. Cela veut dire que Dieu avait créé l’Homme bon et parfait, mais que l’ennemi est venu et a semé le péché. Voilà la chute d’Adam, terrible chute qui a donné l’entrée au péché dans le cœur de l’Homme. Il faut arracher l’ivraie, dites-vous ? « Non, répond le Seigneur, de peur qu’en arrachant l’ivraie vous n’arrachiez le bon grain. Attendez jusqu’à la moisson ». Le cœur de l’Homme doit rester ainsi, jusqu’à la fin, un mélange de bien et de mal, de vice et de vertu, de lumière et de ténèbres, de bon grain et d’ivraie. Dieu n’a pas voulu détruire ce mélange, et nous refaire une nature où il n’y aurait que du bon grain. Il veut que nous combattions, que nous travaillions à empêcher l’ivraie de tout envahir. Le démon vient semer les tentations sur nos pas ; mais avec la grâce nous pouvons le vaincre, nous pouvons étouffer l’ivraie. Trois choses sont absolument nécessaires contre la tentation : la prière pour nous éclairer, les sacrements pour nous fortifier, et la vigilance pour nous préserver. Heureuses les âmes tentées ! C’est lorsque le démon prévoit qu’une âme tend à l’union avec Dieu qu’il redouble de rage.

 

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars

Esprit du Curé d’Ars dans ses Catéchismes, ses Homélies, ses Conversations (Abbé Monnin, Éds Tequi 2007, p. 159 ; rev.)
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Le mercredi saint

mercredi 28 mars 2018

Pourquoi Judas a-t-il trahi Jésus ? La question est l’objet de diverses hypothèses. Certains recourent au fait de sa cupidité  d’autres soutiennent une explication d’ordre messianique : Judas aurait été déçu de voir que Jésus n’insérait pas dans son programme la libération politico-militaire de son pays. En réalité, les textes évangéliques insistent sur un autre aspect : Jean dit expressément que « le démon a inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l’intention de le livrer » (Jn 13,2). Luc écrit de manière analogue : « Satan entra en Judas, appelé Iscariote, qui était au nombre des Douze » (Lc 22,3). De cette manière, on va au-delà des motivations historiques et on explique l’affaire d’après la responsabilité personnelle de Judas, qui céda misérablement à une tentation du Malin. La trahison de Judas demeure en tout cas un mystère. Jésus l’a traité d’ami (Mt 26,50) mais, dans ses invitations à le suivre sur la voie des Béatitudes, il n’a pas forcé les volontés et ne les a pas prémunies contre les tentations de Satan, respectant la liberté humaine…

Rappelons-nous que Pierre voulut lui aussi s’opposer à Jésus et à ce qui l’attendait à Jérusalem, mais il reçut un très vif reproche : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ! » (Mc 8,32-33). Après sa chute, Pierre s’est repenti et a trouvé pardon et grâce. Judas s’est lui aussi repenti, mais son repentir a dégénéré en désespoir et est ainsi devenu autodestruction… Gardons bien présentes deux choses. La première : Jésus respecte notre liberté. La seconde : Jésus attend notre disponibilité au repentir et à la conversion  il est riche en miséricorde et en pardon.

Du reste, quand nous pensons au rôle négatif joué par Judas, nous devons l’insérer dans la conduite supérieure des événements de la part de Dieu. Sa trahison a conduit Jésus à la mort, mais celui-ci a transformé cet horrible supplice en un espace d’amour salvifique et en remise de soi à son Père (Ga 2,20 Ep 5,2.25). Le verbe « trahir » est la traduction d’un mot grec qui signifie « remettre, livrer ». Parfois son sujet est même Dieu en personne : c’est lui qui par amour a « livré » Jésus pour nous tous (Rm 8,32). Dans son mystérieux projet salvifique, Dieu saisit le geste inexcusable de Judas comme une occasion de don total du Fils pour la rédemption du monde.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 18/10/06 (trad. DC n° 2368 © Libreria Editrice Vaticana)