ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘St Nersès Snorhali’

Accorde-moi de toujours parler avec ton verbe !

samedi 14 juin 2025

Jour après jour, ton ordre
Je l’entends par mon ouïe corporelle,
De ne pas jurer du tout,
Ni par les choses de la terre, ni par le ciel.

Quant à moi, bouchant les oreilles de mon âme,
Je ne laisse pas y entrer la Parole ;
Mais je me conduis d’une manière opposée,
Et je désobéis au Commandement. (…)

Mais Toi qui as donné comme outil de la parole
La pensée et la langue, souffle éthéré,
Ouvre ma bouche par ton Esprit,
Remplis-la de la bénédiction spirituelle,

Pour que je parle de la Loi divine,
De la Bonne Nouvelle du Nouveau Testament,
De la sagesse de la théorie
Et du mystère de la pratique.

Éloigne de moi la parole qui divise,
Le blasphème irrémissible,
Et la plainte avec la calomnie,
Le murmure avec la détraction.

La tromperie envers le prochain,
Et la trahison du perfide,
Le serment du parjure,
Le mensonge qui est le propre du Mauvais ; (…)

La loquacité diabolique,
Et la jactance du présomptueux ;
Et en général tous les flots de paroles
Qui, une fois prononcées, sont regrettées.

Et accorde-moi le verbe, ô Toi, Verbe incarné,
Pour parler toujours avec ton verbe,
Pour le donner comme grâce à mon auditeur,
Pour l’édification de l’âme démolie.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 » Alors leurs yeux s’ouvrirent. » (Lc 24, 31)

mercredi 23 avril 2025

Le même jour du Dimanche
Sur le chemin d’Emmaüs,
Avec Cléophas et son compagnon de route
Tu T’es mis à converser.

Tu T’es fait connaître dans la demeure,
Lorsque Tu as rompu le Pain sacré ;
Dès que Tu as disparu à leurs yeux,
Leurs cœurs brûlants étaient plongés dans la perplexité.

À moi aussi fais connaître l’Ineffable :
Ta vue cachée si désirable ;
Et que mon cœur se consume en moi
Par le souvenir de ton amour céleste.

De cette vallée de tristesses,
Place des marches dans mon cœur pour monter au ciel,
Où Tu nous as promis, ô Fils unique,
Ton Royaume d’en haut.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

Le jeudi saint

jeudi 17 avril 2025

Le mystère salvifique de la Croix,
Tu l’as révélé et montré le soir ;
Et ton corps, source de vie,
Tu l’as distribué et donné comme la Coupe.

Daigne avec la sainte Assemblée
Me rendre moi aussi participant à la Table,
À ton Pain de Vie dont je suis affamé,
Et à ton Breuvage dont je suis altéré.

Tu as lavé dans le bassin
Avec tes mains pures leurs pieds,
Et Tu as enseigné l’humilité
D’abord en parole, à cette heure-là en acte.

Lave aussi la fange de mes méchancetés
Par les supplications de la sainte Compagnie
Et dirige la marche de mes pieds
Par la voie de l’humilité vers le Ciel.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

 

La prière du fils perdu

dimanche 30 mars 2025

À présent, je Te supplie, moi avec lui :
« Père, j’ai péché contre Toi, contre le Ciel ;
Je ne suis pas digne d’être appelé fils,
Fais donc de moi le dernier des journaliers. »

Rends-moi digne du plus pur
Et saint baiser de ton Père si bon.
Sous le toit de la salle des Noces
Veuille me recevoir de nouveau.

Et la robe première,
Dont me dépouillèrent les brigands,
Veuille m’en revêtir encore,
Comme ornement de l’Épouse parée.

L’anneau royal,
Signe d’autorité,
Fais que je le porte en ma main droite,
Pour ne plus désormais obliquer à gauche.

Et comme protection contre le Serpent
Donne des chaussures à mes pieds
Pour qu’ils ne heurtent pas la ténèbre,
Mais que sa tête soit écrasée.

À l’immolation du veau gras,
Qui est le sacrifice sur la Croix,
Et au sang sorti du Côté par la lance,
D’où jaillit pour nous le ruisseau de Vie,

Fais-moi communier à nouveau,
Suivant la parabole de l’Enfant Prodigue,
Pour manger le pain vivifiant,
Pour boire ta coupe céleste.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

Viens loger dans la maison de mon âme !

mardi 19 novembre 2024

Comme Zachée le publicain
Je me suis pas élevé de cette terre vile
Sur l’arbre élevé de la sagesse,
Pour ta contemplation divine.

La courte taille du spirituel
N’a pas grandi en moi par de bonnes œuvres,
Tout au contraire elle a diminué sans cesse
Jusqu’à me faire retourner au lait des enfants.

De nouveau en prenant la parabole au rebours,
Je suis monté sur l’arbre du corps pervers,
En vue de l’amour terrestre au goût suave,
Comme Zachée aussi sur le figuier.

De là, grâce à ta parole puissante
Fais-moi descendre en hâte comme lui ;
Viens loger dans la maison de mon âme,
Et, avec Toi, le Père et le Saint-Esprit.

Fais que le corps qui a causé du tort à mon âme
Lui rende le quadruple en service,
Et donne la moitié des biens corporels
À mon libre arbitre appauvri,

Afin que selon ta parole salvatrice à lui adressée,
Je sois digne d’entendre ta voix,
En étant moi aussi fils d’Abraham,
Suivant la foi du Patriarche.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

Sois le compagnon d’armes de mon âme, ô mon Roi !

mercredi 6 novembre 2024

Mon âme, princesse royale,
Lorsque je suis entré dans le monde par elle,
Contre les conquérants des ténèbres
Entra en une guerre farouche.

Au prime abord, elle ne pensa pas en son esprit
qu’avec dix mille,
− Elle-même et les sens de son corps, −
Elle ne pourrait pas mener le combat. (…)

Et les témoins me louaient
Comme une personne qui connaîtrait sa capacité
Pour entrer en lutte contre un faible adversaire
Et non point contre un Antagoniste qui me surpassait.

Mais lorsque mon Ange a envoyé,
Avant que d’entrer en guerre,
La volonté de mon libre arbitre
Pour qu’elle fasse la paix selon la loi,

Je n’ai point cependant prêté l’oreille au conseil
De ton commandement donné sous forme de parabole ;
C’est pourquoi, je suis tombé dans le combat,
Percé de mille traits inguérissables.

J’ai vu les autres ayant un corps pareil au mien
Remporter la victoire dans l’arène ;
Et j’ai cru que moi aussi comme eux
Je vaincrais dans le combat singulier.

Mais lorsque les tentations sont survenues,
Elles ont révélé mes relâchements ;
Elles m’ont séparé du groupe des vertueux
Et m’ont laissé dans celui ces scélérats.

Mais Toi, ô mon Roi céleste,
Fils unique du Père tout-puissant,
Sois le compagnon d’armes de mon âme faible
Dans le combat spirituel.

Frappe les mille qui sont à ma gauche,
Eux qui manifestement luttent avec méchanceté,
Et les dix mille qui sont à ma droite,
Eux qui prennent aussi les apparences du bien.

Fortifie-moi contre leur épée
Avec l’arme de ta vérité ;
Et garde ma tête, membre sublime,
Grâce au casque de ton Signe.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

La foi du grain et la force du levain

mardi 29 octobre 2024

La foi d’un tout petit grain de sénevé,
Figure du Royaume,
Je ne l’ai pas reçues en mon âme,
Afin que les montagnes perverses fussent transportées.

Ni non plus, pareil aux oiseaux du ciel,
Je ne me suis posé sur les branches du précepte,
Où les âmes pures se reposent,
Héritières du saint Tabernacle des cieux. (…)

Je suis devenu un levain sans force et vieilli,
Et non point, suivant la parabole, celui qui fait lever :
le levain que la femme a caché dans la pâte,
Comme l’Église, ton mystère.

Ce levain, en effet, a été pris de Toi d’abord ;
Grâce à lui furent avisés les Chœurs d’en-haut ;
Et lorsqu’à notre masse, issue d’Adam,
Il s’est uni intimement, tout a levé.

Privé je le suis, moi seul, dans les deux cas
Pour ce qui est de la lumière ineffable de la Sagesse ;
Daigne m’en rendre participant de nouveau,
Veuille me redonner ce que j’ai perdu.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

Je n’ai rien, que je reçoive ce que je te demande !

jeudi 10 octobre 2024

Avant l’arrivée de l’ami
Qui réclamera mon âme,
Lui qui est céleste parmi les êtres célestes,
Et qui me conduira au ciel,

Lui qui est ton ami, bon par nature,
Que j’ai haï par amour du mauvais,
Au seuil de lumière de ton aurore,
J’arrive avec une âme ténébreuse.

Donne-moi au lieu des trois pains
La confession de ta Trinité des Personnes,
Et ton Corps céleste,
Grâce auquel nous avons connu les trois Hypostases.

En effet, parmi les bonnes actions
Je n’ai rien à mettre devant l’ami du bien,
Mais seulement la foi en ta grâce
Et l’ultime viatique de vie.

Contre moi, suppliant importun,
Ne prétexte pas que les portes sont fermées,
Et que les enfants sont au lit,
Que les âmes innocentes se reposent.

Et ne dis pas que c’est impossible,
Ce qui signifierait que Tu ne veux pas.
Car, si tu le veux absolument,
C’est une chose accomplie pour le bien.

Mais fais que je T’ennuie suivant la parabole
Afin que je reçoive ce que je demande,
Non à cause de l’amour que j’ai perdu,
Mais à cause du cri de mes ennemis.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

*hypostase : L’Église utilise le terme personne ou hypostase pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans leur distinction réelle entre eux (cf. CEC § 252).

 

Par les Remèdes de Vie, guéris mon âme !

lundi 7 octobre 2024

De Jérusalem, notre Paradis,
Comme Adam coupable,
Je suis descendu vers le vil Jéricho ;
Je suis tombé entre les mains du Brigand.

Ils me dépouillèrent de la lumière ;
Ils couvrirent mon âme des plaies du péché ;
Ils ne sont pas partis en me laissant à demi-mort,
Mais après la mort, ils me livrent la guerre encore.

Et Moïse le Lévite,
Et Aaron le Prêtre antique,
La nation du Grand Patriarche,
Et les Prophètes de l’Ancienne Loi,

Virent les plaies de mes souffrances incurables,
Et les blessures terribles ;
Ils passèrent avec le remède des seules paroles
Et ne purent les guérir.

À toi qu’ils appelaient Samaritain,
Eux la race juive impudente,
Je montrerai les souffrances de mon âme,
À tes yeux divins qui les voit.

Aie pitié de moi aussi comme Tu as eu pitié d’Adam,
Mets le remède sur la blessure profonde de mon âme ;
Recouvre-la avec ma robe première,
Dont les brigands me dépouillèrent.

Verse dessus l’huile et le vin,
Le remède de vie de l’Esprit d’en-haut,
En donnant de nouveau l’Esprit de l’onction
Et la coupe de la Nouvelle Alliance.

Porte-moi sur la monture de la Croix ;
Emmène-moi à l’auberge, à l’Église ;
Confie-moi au Grand-Prêtre,
Qui en sacrifice offre ton Corps.

Donne au lieu des deux deniers
La Parole de l’Ancien et du Nouveau Testament,
Pour guérir par elle mon âme,
Comme par le pain vivra le corps.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

Donne-moi la grâce de Te plaire par mon talent !

samedi 31 août 2024

Je fus semblable au mauvais serviteur,
Qui pour les talents confiés ne gagna rien ;
Et même je l’ai surpassé,
Parce que j’ai perdu le don de la grâce.

Je n’ai pas fait doubler ton talent,
Ni quadrupler les deux, ni décupler les cinq,
En sorte que je règne complètement
Sur les dix villes du sensible.

Mais j’ai enfoui sous terre l’unique talent,
En l’empaquetant dans le voile des vices ;
Je n’ai pas placé l’argent à la banque
De sorte que Tu en demandes l’intérêt. (…)

À Toi, ô Sauveur de mon âme,
Je veux en pleurant adresser ces paroles :
« Puisqu’il est encore en mes mains de faire le bien,
Donne-moi la grâce de Te plaire par lui. »

Ainsi j’entendrai la sentence joyeuse
Comme le serviteur fidèle :
« Entre dans la maison céleste,
Dans la joie de ton Seigneur ! »

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)