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Archive pour le mot-clef ‘Thomas de Celano’

« Pour la première fois, il les envoie deux par deux. »

jeudi 1 février 2024

Une nouvelle recrue de qualité est entré dans l’Ordre, et leur nombre a été porté ainsi à huit. Alors le bienheureux François les a réunis tous et leur a parlé longuement du Royaume de Dieu, du mépris du monde, du renoncement à la volonté propre et de la docilité à exiger du corps. Puis il les a divisés en quatre groupes de deux et leur a dit : « Allez, mes bien-aimés, parcourez deux à deux les diverses régions du monde, annoncez la paix aux hommes et prêchez-leur la pénitence qui obtient le pardon des péchés. Soyez patients dans l’épreuve, sûrs que Dieu accomplira ce qu’il a décidé et qu’il tiendra ses promesses. Répondez humblement à ceux qui vous interrogent, bénissez ceux qui vous persécutent, remerciez ceux qui vous insultent et vous calomnient : à ce prix, le Royaume des cieux est à vous ! » (Mt 5,10-11)

Ils ont reçu avec joie la mission que leur confiait la sainte obéissance et se sont prosternés aux pieds de saint François qui a embrassé chacun tendrement en lui disant avec foi : « Abandonne au Seigneur tout souci, et il prendra soin de toi ! » (1P 5,7) C’était sa phrase habituelle quand il envoyait un frère en mission.

Thomas de Celano (v. 1190-v. 1260)

 

 

 

Tout donner parce que le Christ a tout donné

dimanche 7 novembre 2021

François, petit pauvre et père des pauvres, voulait vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non pas par vanité mais à cause de la tendre compassion qu’il leur portait. Il ne voulait qu’une tunique de tissu rêche et très commun ; encore lui arrivait-il bien souvent de la partager avec un malheureux. Mais il était, lui, un pauvre très riche, car poussé par sa grande charité à secourir les pauvres comme il le pouvait, il s’en allait chez les riches de ce monde au temps des plus grands froids et leur demandait de lui prêter un manteau ou une pelisse. On les lui apportait avec plus d’empressement encore qu’il n’en avait mis à les demander. « J’accepte, disait-il alors, à condition que vous ne vous attendiez plus à les revoir. » Au premier pauvre rencontré, François, le cœur en fête, offrait ce qu’il venait de recevoir.

Rien ne lui causait plus de peine que de voir insulter un pauvre ou maudire une créature quelconque. Un frère s’était un jour laissé aller à des paroles blessantes contre un pauvre qui demandait l’aumône : « Est-ce que, par hasard, lui avait-il dit, tu ne serais pas riche tout en faisant semblant d’être pauvre ? » Ces paroles ont fait très mal à François, le père des pauvres ; il a infligé au délinquant une terrible semonce, puis lui a ordonné de se dépouiller de ses vêtements en présence du pauvre et de lui baiser les pieds en lui demandant pardon. « Celui qui parle mal à un pauvre, disait-il, injurie le Christ, dont le pauvre présente au monde le noble symbole, puisque le Christ, pour nous, s’est fait pauvre en ce monde » (2Co 8,9).

Thomas de Celano

 

 

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous. »

jeudi 23 mai 2019

Saint François affirmait : « Contre toutes les machinations et les ruses de l’ennemi, ma meilleure défense c’est encore l’esprit de joie. Le diable n’est jamais si content que lorsqu’il a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de son âme. Il a toujours une réserve de poussière qu’il souffle dans la conscience par quelque soupirail, afin de rendre opaque ce qui est pur ; mais dans un cœur gonflé de joie, c’est en vain qu’il essaie d’introduire son poison mortel. Les démons ne peuvent rien contre un serviteur du Christ qu’ils trouvent plein de sainte allégresse ; tandis qu’une âme chagrine, morose et déprimée se laisse facilement submerger par la tristesse ou accaparer par de faux plaisirs. »

Voilà pourquoi lui-même s’efforçait de garder toujours le cœur joyeux, de conserver cette huile d’allégresse dont son âme avait reçu l’onction (Ps 44,8). Il avait grand soin d’éviter la tristesse, la pire des maladies, et quand il sentait qu’elle commençait à filtrer dans son âme, il avait aussitôt recours à la prière. « Au premier trouble, disait-il, le serviteur de Dieu doit se lever, se mettre en prière et demeurer face au Père tant que ce dernier ne lui aura pas fait retrouver la joie de celui qui est sauvé » (Ps 50,14)…

De mes propres yeux, je l’ai parfois vu ramasser à terre un morceau de bois, le poser sur son bras gauche et le racler d’une baguette tendue comme s’il promenait un archet sur la viole ; il mimait ainsi l’accompagnement des louanges qu’il chantait au Seigneur en français.

Thomas de Celano (v. 1190-v. 1260)

 

 

 

Tout donner parce que le Christ a tout donné

dimanche 8 novembre 2015

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François, petit pauvre et père des pauvres, voulait vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non pas par vanité mais à cause de la tendre compassion qu’il leur portait. Il ne voulait qu’une tunique de tissu rêche et très commun ; encore lui arrivait-il bien souvent de la partager avec un malheureux. Mais il était, lui, un pauvre très riche, car poussé par sa grande charité à secourir les pauvres comme il le pouvait, il s’en allait chez les riches de ce monde au temps des plus grands froids et leur demandait de lui prêter un manteau ou une pelisse. On les lui apportait avec plus d’empressement encore qu’il n’en avait mis à les demander. « J’accepte, disait-il alors, à condition que vous ne vous attendiez plus à les revoir. » Au premier pauvre rencontré, François, le cœur en fête, offrait ce qu’il venait de recevoir.

Rien ne lui causait plus de peine que de voir insulter un pauvre ou maudire une créature quelconque. Un frère s’était un jour laissé aller à des paroles blessantes contre un pauvre qui demandait l’aumône : « Est-ce que, par hasard, lui avait-il dit, tu ne serais pas riche tout en faisant semblant d’être pauvre ? » Ces paroles ont fait très mal à François, le père des pauvres ; il a infligé au délinquant une terrible semonce, puis lui a ordonné de se dépouiller de ses vêtements en présence du pauvre et de lui baiser les pieds en lui demandant pardon. « Celui qui parle mal à un pauvre, disait-il, injurie le Christ, dont le pauvre présente au monde le noble symbole, puisque le Christ, pour nous, s’est fait pauvre en ce monde » (2Co 8,9).

Thomas de Celano (v. 1190-v. 1260), biographe de saint François et de sainte Claire
« Vita prima » de Saint François, §76 (trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 257)