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La foi du grain et la force du levain

29 octobre 2024

La foi d’un tout petit grain de sénevé,
Figure du Royaume,
Je ne l’ai pas reçues en mon âme,
Afin que les montagnes perverses fussent transportées.

Ni non plus, pareil aux oiseaux du ciel,
Je ne me suis posé sur les branches du précepte,
Où les âmes pures se reposent,
Héritières du saint Tabernacle des cieux. (…)

Je suis devenu un levain sans force et vieilli,
Et non point, suivant la parabole, celui qui fait lever :
le levain que la femme a caché dans la pâte,
Comme l’Église, ton mystère.

Ce levain, en effet, a été pris de Toi d’abord ;
Grâce à lui furent avisés les Chœurs d’en-haut ;
Et lorsqu’à notre masse, issue d’Adam,
Il s’est uni intimement, tout a levé.

Privé je le suis, moi seul, dans les deux cas
Pour ce qui est de la lumière ineffable de la Sagesse ;
Daigne m’en rendre participant de nouveau,
Veuille me redonner ce que j’ai perdu.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

« Il y avait là…une foule de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, de Tyr et de Sidon, qui étaient venus l’entendre. »

28 octobre 2024

Les évêques étant successeurs des Apôtres reçoivent du Seigneur, à qui tout pouvoir a été donné dans le ciel et sur la terre, la mission d’enseigner toutes les nations et de prêcher l’Évangile à toute créature, afin que tous les hommes, par la foi, le baptême et l’accomplissement des commandements, obtiennent le salut . Pour remplir cette mission, le Christ Seigneur a promis aux Apôtres l’Esprit Saint, et, le jour de Pentecôte, l’a envoyé du ciel pour que, grâce à sa vertu, les Apôtres soient ses témoins jusqu’à l’extrémité de la terre devant les nations, les peuples et les rois. Cette charge, confiée par le Seigneur aux pasteurs de son peuple, est un véritable service : dans la Sainte Écriture, il est appelé expressément « diakonia » ou ministère. (…)

Parmi les charges principales des évêques, la prédication de l’Évangile est la première. Les évêques, en effet, proclament la foi et amènent au Christ de nouveaux disciples ; ce sont des enseignants authentiques, revêtus de l’autorité du Christ, qui prêchent au peuple commis à leur soin les vérités de foi à croire et à appliquer dans la pratique de la vie. Ils éclairent ces mêmes vérités à la lumière du Saint-Esprit en tirant du trésor de la révélation du neuf et de l’ancien ; ils les font fructifier et veillent à écarter de leur troupeau les erreurs qui le menacent. Les évêques, quand ils enseignent en communion avec le pontife romain, doivent être respectés par tous comme les témoins de la vérité divine et catholique. Les fidèles doivent accepter l’instruction donnée par leur évêque au nom de Jésus Christ en matière de foi et de morale et y adhérer avec un respect religieux.

Concile Vatican II

(Références bibliques : Mt 28,18-20; Mc 16,15-16; Ac 1,8; 2,1s; 9,15; 1,17.25; Mt 13,52)

 

 

 

« Maître, que je voie ! »

27 octobre 2024

En toi, Dieu vivant, mon cœur et ma chair ont tressailli, et mon âme s’est réjouie en toi, mon vrai salut. Quand mes yeux te verront-ils, Dieu des dieux, mon Dieu ? Dieu de mon cœur, quand me réjouiras-tu de la vue de la douceur de ton visage ? Quand combleras-tu le désir de mon âme par la manifestation de ta gloire ?

Mon Dieu, tu es mon héritage choisi entre tous, ma force et ma gloire ! Quand entrerai-je en ta puissance pour voir ta force et ta gloire ? Quand donc au lieu de l’esprit de tristesse me revêtiras-tu du manteau de la louange, pour qu’unie aux anges, tous mes membres t’offrent un sacrifice d’acclamation ? Dieu de ma vie, quand entrerai-je dans le tabernacle de ta gloire, afin de te chanter en présence de tous les saints, et de proclamer d’âme et de cœur que tes miséricordes pour moi ont été magnifiques ? Quand est-ce que le filet de cette mort se brisera, pour que mon âme puisse te voir sans intermédiaire ? (…)

Qui se rassasiera à la vue de ta clarté ? Comment l’œil pourra-t-il suffire à voir et l’oreille à entendre, dans l’admiration de la gloire de ton visage ?

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

(Références bibliques : Ps 83,3 ; Ps 70,16 ; Lc 1,47 ; Is 61,10 ; Ps 26,6 ; Gn 19,19)

 

 

 

« Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » Lc 13,9

26 octobre 2024

Rendons grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, de nous avoir rendus dignes de recevoir de lui un peu de joie dans l’abondance de nos peines. Il a en effet apaisé notre cœur abattu, en augmentant notre humilité et en fortifiant notre foi. Prions-le donc bien fort et avec les larmes de nous accorder sa pitié et son pardon. Qu’il nous rende dignes de dire : « Il a déchiré mon sac, il m’a ceint d’allégresse » (Ps 29,12). (…)

Ce que Dieu cherche en nous, ce sont les fruits du Saint-Esprit ; il ne faut pas que nous y soyons négligents, car c’est sur eux que nous serons interrogés. Songeons à nous stimuler mutuellement, pour que nous produisions tous nos fruits en ce qui plaît à Dieu. Sachons que Dieu s’occupe de nous ; travaillons à ce qui est nécessaire au corps et efforçons-nous de devenir un temple pur pour Dieu. Eh bien, mes frères, veillez à ce qu’aucun d’entre vous ne soit exclu de l’assurance, au jour où la gloire du Seigneur se manifestera : « encore un peu, en effet, et vraiment celui qui viendra arrive et ne tardera pas ; mon juste vit de la foi » (He 10,37-38).

Saint Théodore de Tabennèse (?-368)

 

 

 

Interroge les mystères invisibles de Dieu !

25 octobre 2024

Ciel et terre et tout ce qui est en eux, les voici de partout qui me disent de t’aimer, et ils ne cessent de le dire à tous les hommes, « pour qu’ils soient sans excuse » (Rm 1,20). Mais plus profondément, toi « tu auras pitié de qui tu voudras avoir pitié, et tu accorderas miséricorde à qui tu voudras faire miséricorde » (cf. Rm 9,15), sans quoi c’est à des sourds que le ciel et la terre disent tes louanges. (…)

J’ai dit à tous les êtres qui entourent les portes de ma chair : « Dites-moi sur mon Dieu, puisque vous vous ne l’êtes pas, dites-moi sur lui quelque chose. » Ils se sont écriés d’une voix puissante : « C’est lui-même qui nous a faits » (Ps 99,3). Mon interrogation c’était mon attention ; et leur réponse, leur beauté.

Est-ce qu’à tous ceux qui ont l’intégrité de leurs sens n’apparaît pas cette beauté ? Pourquoi donc ne tient-elle pas à tous le même langage ? Les animaux petits et grands la voient, mais ils ne peuvent interroger ; car il n’y a pas en eux ce juge préposé aux messages des sens qu’est la raison. Les hommes, eux, peuvent interroger afin que « les mystères invisibles » de Dieu « deviennent, par les êtres créés, intelligibles à leurs regards (cf. Rm 1,20).

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Ayons des cœurs embrasés !

24 octobre 2024

Hélas, quelle n’est pas notre misère ! Nous restons loin de Dieu et nous en souffrons si peu que nous ne le sentons même pas ! Je crois que la cause de notre tiédeur réside dans le fait que tant que l‘on n’a pas goûté à Dieu, l’on ne peut pas savoir ce que c’est que d’avoir faim, ni ce que c’est que d’être rassasié. C’est pour cela que nous n’avons pas faim de lui et que nous n’avons jamais assez des créatures. Notre cœur reste froid, il se partage entre Dieu et les choses créées, il est paresseux, sans force et sans goût pour les choses de Dieu.

Or le Seigneur veut à son service, non pas des âmes tièdes, mais des cœurs embrasés au feu qu’il apporta sur terre et qu’il veut voir brûler (cf. Lc 12,49). Pour que ce feu brûle, il s’est laissé consumé sur la Croix. Il voulait que nous ramassions du bois de la Croix, afin de nous réchauffer à sa flamme et de répondre par l’amour à son immense amour ; car il est juste que nous soyons navrés d’une douce plaie d’amour quand nous voyons qu’il est non seulement blessé, mais mis à mort pour notre amour. Oui, il est juste que nous soyons la proie de l’amour de celui qui s’est livré par amour à des mains cruelles
(…)

Si le feu commence à prendre en nous, ayons soin de le couvrir de peur que le vent ne l’éteigne. Cachons-le sous la cendre de l’humilité et du silence, et il ne mourra pas. Mais surtout approchons du feu qui flambe et qui embrase, je veux dire de Jésus Christ notre Seigneur au Saint-Sacrement. Ouvrons notre âme, la bouche de notre désir et courons étancher notre soif à la source d’eau vive.

Saint Jean d’Avila (1499-1569)

 

 

 

 

Heureux l’intendant fidèle qui distribue la mesure de blé

23 octobre 2024

Si nous nous demandons quelle est cette mesure de blé, saint Paul nous l’indique : « C’est la mesure de foi que Dieu vous a départie » (Rm 12,3). Ce que le Christ appelle mesure de blé, Paul le nomme mesure de foi pour nous apprendre qu’il n’y a pas d’autre blé spirituel que le vénérable mystère de la foi chrétienne. Cette mesure de blé, nous vous la donnons au nom du Seigneur chaque fois que, éclairés par le dons spirituel de la grâce, nous vous parlons selon la règle de la vraie foi. Cette mesure, vous la recevez par les intendants du Seigneur chaque jour où vous entendez de la bouche des serviteurs de Dieu la parole de vérité.

Qu’elle soit notre nourriture, cette mesure de blé que Dieu nous donne en partage. Tirons-en l’aliment de notre bonne conduite afin de parvenir à la récompense de la vie éternelle. Croyons en celui qui se donne lui-même à nous comme nourriture pour que nous ne défaillons pas en chemin, et qui se réserve comme notre récompense pour que nous trouvions la joie dans la patrie. Croyons et espérons en lui ; aimons-le par-dessus tout et en tout. Car le Christ est notre aliment et il sera notre récompense. Le Christ est la nourriture et le réconfort des voyageurs en marche ; il est l’assouvissement et l’exultation des bienheureux en leur repos.

Saint Fulgence de Ruspe (467-532)

 

 

 

Que je sache t’attendre au milieu de la nuit !

22 octobre 2024

Celui que les armées célestes glorifient, devant qui tremblent les Chérubins et les Séraphins. vous tous célébrez-le, tout souffle et toute créature, bénissez-le et exaltez-le dans tous les siècles.

Allume la lampe de mon âme, fais briller le flambeau de mon esprit, Sauveur, afin qu’avec mes compagnons de service je sois là à t’attendre au milieu de la nuit, les reins étroitement ceins.

Radieux vraiment et bienheureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, a trouvés veillant et persévérant dans la crainte au milieu de la nuit : aussi, je t’en supplie, juge-moi digne moi aussi d’être des leurs.

Ô ma lumière redoutable, ma Lumière incompréhensible, Fils Unique Engendré qui as resplendi hors du Père, accorde-moi un flambeau de ta lumière, accorde-moi ta miséricorde divine, que je ne gémisse pas moi aussi avec les vierges folles. Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit.

Mère de Dieu, comme un enfant nouveau-né tu as mis au monde, pour nous, l’Ancien des jours, qui nous montre sur terre les chemins nouveaux et renouvelle notre nature vieillie, ô Toute Bénie, Inépousée.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Cette nuit même, on peut te redemander ta vie !

21 octobre 2024

« L’impie est orgueilleux tous les jours de sa vie. » (Jb 15,20 Vg) Les élus eux-mêmes ne sont pas à l’abri de l’orgueil en certaines de leurs pensées et même de leurs actions. Mais comme ils sont les élus, ils ne sauraient faire les superbes chaque jour puisque, avant de terminer leur vie, ils transforment leur cœur, qui de la démesure passe à la crainte dans l’humilité.

L’impie, lui, ne passe pas un seul de ses jours sans superbe, puisqu’il termine sa vie sans se retirer un instant de sa démesure. De tous côtés son regard cherche ce qui fleurit dans le temps et il dédaigne de considérer où il est conduit pour l’éternité. C’est dans la vie de la chair qu’il met sa confiance et il attribue longue durée à ce qu’il tient dans l’instant. Son cœur s’affermit dans la démesure et tout son prochain est plongé dans le mépris. La soudaineté de la mort qui sourdement chemine, jamais il ne l’envisage ; l’incertitude de la félicité, jamais il n’y réfléchit. Un regard sur l’incertitude d’une vie fugitive, et il ne confondrait guère certain et incertain. De là encore cette sage parole : « Et le nombre des années de sa tyrannie est incertain. » (Jb 15,20 Vg) (…)

Puisque la vie présente est toujours incertaine, la mort qui sourdement chemine doit être crainte sans cesse, elle qui ne peut jamais être prévue. (…) D’autre part, si notre créateur a voulu que le jour de notre fin nous soit caché, c’est pour que, dans l’incertitude du moment de notre mort, nous nous trouvions toujours préparés à mourir.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie. »

20 octobre 2024

En convoitant les premières places, les plus hautes charges et les honneurs les plus élevés, les deux frères Jacques et Jean voulaient, à mon avis, avoir autorité sur les autres. C’est pourquoi Jésus s’oppose à leur prétention. Il met à nu leurs pensées secrètes en leur disant : « Celui qui veut être le premier sera le serviteur de tous ». Autrement dit : « Si vous ambitionnez le premier rang et les plus grands honneurs, recherchez le dernier rang, appliquez-vous à devenir les plus simples, les plus humbles et les plus petits de tous. Mettez-vous après les autres. Telle est la vertu qui vous procurera l’honneur auquel vous aspirez. Vous en avez près de vous un exemple éclatant, ‘puisque le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude’ (Mc 10,45). Voilà comment vous obtiendrez gloire et célébrité. Voyez ce qui m’arrive : je ne recherche ni honneur ni gloire, et pourtant le bien que je réalise ainsi est infini ».

Nous le savons : avant l’incarnation du Christ et son abaissement, tout était perdu, tout était corrompu ; mais, après qu’il se soit humilié, il a tout relevé. Il a aboli la malédiction, détruit la mort, ouvert le paradis, mis à mort le péché, déverrouillé les portes du ciel pour y ramener les prémices de notre humanité. Il a propagé la foi partout dans le monde. Il a chassé l’erreur et rétabli la vérité. Il a fait monter sur un trône royal les prémices de notre nature. Le Christ est l’auteur de biens infiniment nombreux, que ni ma parole, ni aucune parole humaine ne saurait décrire. Avant son abaissement, il n’était connu que des anges, mais, depuis qu’il s’est humilié, la race humaine tout entière l’a reconnu.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)