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Archive pour le mot-clef ‘pain’

« Jésus prit les pains, rendit grâce, et les leur donna. »

vendredi 21 avril 2023

La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. L’Eucharistie est née au soir du Jeudi saint, dans le contexte du repas pascal. Elle porte donc, inscrit dans sa structure même, le sens de la convivialité : « Prenez, mangez … Puis, prenant la coupe, … il la leur donna, en disant : Buvez-en tous… » (Mt 26,26.27). Cet aspect exprime bien la relation de communion que Dieu veut établir avec nous et que nous devons nous-mêmes développer les uns avec les autres.

On ne peut toutefois oublier que le repas eucharistique a aussi, et c’est primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel. Le Christ nous y présente à nouveau le sacrifice accompli une fois pour toutes sur le Golgotha. Tout en y étant présent comme Ressuscité, il porte les signes de sa Passion, dont chaque messe est le « mémorial », ainsi que nous le rappelle la liturgie dans l’acclamation après la consécration : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection… ». En même temps, tandis qu’elle rend présent le passé, l’Eucharistie nous tourne vers l’avenir de l’ultime retour du Christ, à la fin des temps. Cet aspect « eschatologique » donne au sacrement eucharistique une dynamique qui met en marche et qui donne au cheminement chrétien le souffle de l’espérance.

Toutes ces dimensions de l’Eucharistie se rejoignent dans un aspect qui, plus que tous les autres, met notre foi à l’épreuve, à savoir celui du mystère de la présence « réelle ». Avec toute la tradition de l’Église, nous croyons que, sous les espèces eucharistiques, Jésus est réellement présent. (…) C’est sa présence même qui donne à toutes les autres dimensions – repas, mémorial de la Pâque, anticipation eschatologique – une signification qui va bien au-delà d’un pur symbolisme. L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20).

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en route. »

samedi 11 février 2023

Seigneur Jésus, je sais bien que tu ne veux pas laisser à jeun ces gens ici avec moi, mais les nourrir des aliments que tu distribues ; ainsi, fortifiés par ta nourriture, ils n’auront pas à redouter de défaillir de faim. Je sais bien que nous aussi tu ne veux pas nous renvoyer à jeun… Tu l’as dit : tu ne veux pas qu’ils défaillent en chemin, c’est-à-dire qu’ils défaillent dans le parcours de cette vie, avant de parvenir au terme de la route, avant de parvenir au Père et de comprendre que tu viens du Père…

Le Seigneur a donc pitié, pour que nul ne défaille en chemin… Comme il fait pleuvoir sur les justes autant que sur les injustes (Mt 5,45), il nourrit aussi bien les justes que les injustes. N’est-ce pas grâce à la force de la nourriture que le saint prophète Élie, défaillant en chemin, a pu marcher quarante jours ? (1R 19,8) Cette nourriture, c’est un ange qui la lui a donnée ; mais vous, c’est le Christ lui-même qui vous nourrit. Si vous conservez la nourriture ainsi reçue, vous marcherez non pas quarante jours et quarante nuits (…), mais pendant quarante ans, depuis votre sortie des confins de l’Égypte jusqu’à votre arrivée dans la terre d’abondance, dans la terre où coulent le lait et le miel (Ex 3,8). (…)

Le Christ partage donc les vivres, et il veut, sans aucun doute, donner à tous. Il ne refuse à personne, car il fournit tous. Cependant, quand il rompt les pains et qu’il les donne aux disciples, si vous ne tendez pas les mains pour recevoir votre nourriture, vous défaillirez en chemin. (…) Ce pain que rompt Jésus, c’est le mystère de la parole de Dieu : lorsqu’elle est distribuée, elle augmente. À partir de quelques paroles seulement, Jésus a fourni à tous les peuples un aliment surabondant. Il nous a donné ses discours comme des pains, et tandis que nous les goûtons, ils se multiplient encore dans notre bouche. (…) Alors que les foules mangent, les morceaux augmentent encore, en se multipliant, si bien que les restes, à la fin, sont encore plus abondants que les quelques pains partagés.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Il prit les pains…, prononça la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples. »

lundi 1 août 2022

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule » (Luc 9, 16).

L’Église naît du mystère pascal. C’est précisément pour cela que l’eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l’Église que nous donnent les Actes des Apôtres : « Ils étaient fidèles à écouter l’enseignement des apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (2,42). L’eucharistie est évoquée dans la « fraction du pain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l’Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l’eucharistie, les yeux de l’âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui s’est passé le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Cène et après… L’agonie à Gethsémani a été l’introduction de l’agonie sur la croix le Vendredi saint : l’heure sainte, l’heure de la rédemption du monde…, heure de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure…

« Mysterium fidei — Mystère de la foi ! » Quand le prêtre prononce ou chante ces paroles, les fidèles disent l’acclamation : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Par ces paroles, ou par d’autres semblables, l’Église désigne le Christ dans le mystère de sa Passion, et elle révèle aussi son propre mystère : Ecclesia de Eucharistia — l’Église vit de l’eucharistie. Si c’est par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte que l’Église vient au jour et se met en route sur les chemins du monde, il est certain que l’institution de l’eucharistie au Cénacle est un moment décisif de sa constitution. Son fondement et sa source, c’est tout le Triduum pascal, mais celui-ci est comme contenu, anticipé et concentré pour toujours dans le don de l’eucharistie. Dans ce don, Jésus Christ confiait à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« L’heure était avancée… Tous mangèrent à leur faim. »

mardi 4 janvier 2022

Mon Bien-Aimé est pour moi la nuit tranquille,
Semblable au lever de l’aurore,
La mélodie silencieuse
Et la solitude sonore,
Le souper qui restaure, en enflammant l’amour.

Dans les saintes Écritures, le repos du soir désigne la vision de Dieu. De même donc que le souper couronne les travaux du jour et ouvre le repos de la nuit, ainsi l’âme savoure dans la paisible connaissance dont nous parlons, un avant-goût de la fin de ses maux et l’assurance des biens qu’elle attend. Par là aussi, son amour pour Dieu prend de grands accroissements. C’est donc réellement pour elle « le souper qui recrée », en lui annonçant la fin de ses maux, et qui « enflamme l’amour », en lui assurant la possession de tous les biens.

Pour mieux faire comprendre combien ce souper est délicieux à l’âme, puisque, nous l’avons dit, il n’est autre chose que le Bien-Aimé lui-même, rappelons les paroles de l’Époux dans l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre sa porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20). Par là il nous donne à entendre qu’il apporte avec lui le repas, c’est-à-dire la saveur et les délices dont il se nourrit lui-même et qu’il communique à l’âme lorsqu’il s’unit à elle, afin qu’elle s’en nourrisse elle aussi. Tel est le sens de cette parole : « Je souperai avec lui, et lui avec moi » et tel est l’effet produit par l’union de l’âme avec Dieu : les biens mêmes de Dieu deviennent communs entre lui et l’âme épouse, parce qu’il les lui communique gratuitement et avec une souveraine libéralité. Dieu est donc lui-même ce « souper qui recrée en enflammant l’amour ». Il recrée son épouse par sa libéralité, il l’enflamme d’amour par la bienveillance qu’il lui témoigne.

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

 

 

« Où trouverons-nous dans un désert assez de pain pour qu’une telle foule mange à sa faim ? »

mercredi 1 décembre 2021

D’où vient la multiplication des pains ? La réponse se trouve dans l’invitation de Jésus aux disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9,13) — « donner », partager. Qu’est-ce que les disciples partagent ? Le peu qu’ils ont : cinq pains et deux poissons (ibid.). Mais ce sont précisément ces pains et ces poissons qui, dans les mains du Seigneur, rassasient toute la foule. Et ce sont précisément les disciples, égarés devant l’incapacité de leurs moyens, de la pauvreté de ce qu’ils peuvent mettre à disposition, qui font asseoir les gens et qui — confiants dans la parole de Jésus — distribuent les pains et les poissons qui nourrissent la foule. Ceci nous dit que dans l’Église, mais aussi dans la société, un mot-clé dont nous ne devons pas avoir peur est « solidarité », c’est-à-dire savoir mettre à la disposition de Dieu ce que nous avons, nos humbles capacités ; car c’est seulement dans le partage, dans le don, que notre vie sera féconde, qu’elle portera du fruit. Solidarité : un mot mal vu par l’esprit du monde !

[Dans l’eucharistie de] ce soir, encore une fois, le Seigneur distribue pour nous le pain qui est son Corps : il se fait don. Et nous aussi, nous faisons l’expérience de la solidarité de Dieu avec l’homme, une solidarité qui ne s’épuise jamais, une solidarité qui ne finit pas de nous surprendre : Dieu se fait proche de nous. Dans le sacrifice de la croix, il s’abaisse en entrant dans l’obscurité de la mort pour nous donner sa vie, qui vainc le mal, l’égoïsme, la mort. Ce soir aussi, Jésus se donne à nous dans l’eucharistie, partage notre chemin, se fait même nourriture, la vraie nourriture qui soutient notre vie, y compris dans les moments où la route devient difficile, et où les obstacles ralentissent nos pas. Et dans l’eucharistie, le Seigneur nous fait parcourir sa voie, celle du service, du partage, du don. Ce peu que nous avons, ce peu que nous sommes, s’il est partagé, devient richesse, car la puissance de Dieu, qui est celle de l’amour, descend dans notre pauvreté pour la transformer.

Pape François

 

 

 

La multiplication des pains

dimanche 25 juillet 2021

Au désert, notre Seigneur a multiplié le pain, et à Cana il a changé l’eau en vin. Il a habitué ainsi la bouche de ses disciples à son pain et à son vin, jusqu’au temps où il leur donnerait son corps et son sang. Il leur a fait goûter un pain et un vin transitoires pour exciter en eux le désir de son corps et de son sang vivifiants. Il leur a donné ces petites choses généreusement, pour qu’ils sachent que son don suprême serait gratuit. Il les leur a données gratuitement, bien qu’ils auraient pu les lui acheter, afin qu’ils sachent qu’on ne leur demanderait pas de payer une chose inestimable : car, s’ils pouvaient payer le prix du pain et du vin, ils ne pourraient pas payer son corps et son sang.

Non seulement il nous a comblés gratuitement de ses dons, mais encore il nous a traités avec affection. Car il nous a donné ces petites choses gratuitement pour nous attirer, afin que nous venions à lui et recevions gratuitement ce bien si grand qu’est l’eucharistie. Ces petites portions de pain et de vin qu’il a données étaient douces à la bouche, mais le don de son corps et de son sang est utile à l’esprit. Il nous a attirés par ces aliments agréables au palais afin de nous entraîner vers ce qui donne la vie à nos âmes. (…)

L’œuvre du Seigneur atteint tout : en un clin d’œil, il a multiplié un peu de pain. Ce que les hommes font et transforment en dix mois de travail, ses dix doigts l’ont fait en un instant. (…) D’une petite quantité de pain est née une multitude de pains ; il en a été comme lors de la première bénédiction : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (Gn 1,28).

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

« Ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. »

jeudi 22 avril 2021

Le bon Jésus, voyant combien son secours nous était nécessaire, a cherché un moyen admirable où paraît bien l’excès de son amour pour nous. Voilà pourquoi il a fait en son nom et au nom de tous ses frères cette prière : « Donne-nous aujourd’hui, Seigneur, notre pain de ce jour » (Mt 6,11). (…) Il a senti qu’il devait réveiller notre amour en nous mettant le sien sous les yeux, et non pas un jour seulement, mais tous les jours. Voilà pourquoi il a dû prendre le parti de demeurer au milieu de nous. (…)

Je ne peux pas m’empêcher d’admirer comment cette demande est la seule où il répète les mêmes paroles. Car tout d’abord il prie pour qu’on nous donne ce pain chaque jour ; puis il ajoute : « Donne-le nous aujourd’hui ». C’est comme s’il disait à son Père que, ayant été une fois livré à mort pour nous, et étant désormais notre bien, il ne nous l’enlève pas, mais le laisse nous servir tous les jours, jusqu’à la fin du monde. (…) S’il dit « notre pain de chaque jour », c’est, à mon avis, parce que non seulement nous le possédons sur la terre, mais parce que nous le possèderons aussi au ciel, si nous savons profiter de sa compagnie. (…) Quand il dit « aujourd’hui », c’est, ce me semble, pour signifier un jour, c’est-à-dire la durée du monde ; car le monde ne dure vraiment qu’un jour. (…)

Le Fils, en effet, a dit au Père éternel : « Puisqu’il ne s’agit que d’un jour, permettez-moi de le passer dans la servitude ». Dieu le Père nous l’a donné et l’a envoyé en ce monde par sa seule volonté. Le Fils à son tour, par sa volonté propre, ne veut pas nous abandonner, mais s’établir au milieu de nous pour la plus grande gloire de ses amis et la confusion de ses ennemis. Il ne fait cette nouvelle demande que pour aujourd’hui ; le Père éternel nous a donné ce pain sacré, et c’est pour toujours, je le répète, qu’il nous a donné cet aliment de l’humanité du Sauveur, notre soutien, notre vraie manne. Dans ce très saint sacrement, notre âme trouvera tous les goûts et toutes les consolations qu’elle pourra souhaiter (cf Sg 16,20). Et s’il n’y a pas de faute de notre part, nous sommes assurés de ne pas mourir de faim.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

La multiplication des pains

mardi 5 janvier 2021

Remarquons l’abandon confiant des disciples à la providence de Dieu dans les plus grandes nécessités de la vie et leur mépris pour une existence luxueuse : ils étaient douze et n’avaient que cinq pains et deux poissons. Ils ne se préoccupaient pas des choses du corps ; ils consacrent tout leur zèle aux choses de l’âme. En plus ils n’ont pas gardé pour eux ces provisions : ils les ont données aussitôt au Sauveur quand il les leur a demandées. Apprenons par cet exemple à partager ce que nous avons avec ceux qui sont dans le besoin, même si nous avons peu. Lorsque Jésus leur demande d’apporter les cinq pains, ils ne disent pas : « Que nous restera-t-il pour plus tard ? Où trouverons-nous ce qu’il faut pour nos besoins personnels ? » Ils obéissent tout de suite. (…)

Prenant donc les pains, le Seigneur les a rompus et a confié aux disciples l’honneur de les distribuer. Il ne voulait pas seulement les honorer par ce saint service, mais il voulait qu’ils participent au miracle pour en être les témoins bien convaincus et qu’ils n’oublient pas ce qui s’était passé sous leurs yeux. (…) C’est par eux qu’il fait asseoir les gens et qu’il distribue le pain, afin que chacun d’entre eux puissent rendre témoignage du miracle qui s’est accompli entre leurs mains. (…)

Tout dans cet événement – le lieu désert, la terre nue, le peu de pain et de poisson, la distribution des mêmes choses à tous sans préférence, chacun ayant autant que son voisin – tout cela nous enseigne l’humilité, la frugalité, et la charité fraternelle. Nous aimer les uns les autres également, mettre tout en commun parmi ceux qui servent le même Dieu, voilà ce que nous enseigne notre Sauveur ici.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Moi, je suis le pain de la vie. »

mardi 28 avril 2020

Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser
car il dépasse tes louanges ;
tu ne peux trop le louer.

Le pain vivant, le pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.

Au repas sacré de la Cène
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.

Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs ! (…)

À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.

L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre
et la lumière la nuit.

Ce qui le Christ fit à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.

Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut. (…)

Sa chair nourrit, son sang abreuve, (cf. Jn 6,55),
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.

On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.

Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître. (…)

Le voici le pain des anges (Cf. Ps 78,25),
il est le pain de l’homme en route, ;
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens. (Cf. Mt 15,26).

D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice (Cf. Gn 22),
par l’agneau pascal immolé
par la manne de nos pères.

Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants (Cf. Ps 26,13).

Toi qui sais tout et qui peux tout
Toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel,
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

 

« Reste avec nous ! »

dimanche 26 avril 2020

Frères, quand est-ce que le Seigneur s’est fait reconnaître ? Quand il a rompu le pain. Nous en sommes donc assurés nous-mêmes : quand nous rompons le pain, nous reconnaissons le Seigneur. S’il n’a voulu être reconnu qu’à cet instant, c’est pour nous, nous qui ne devions pas le voir dans la chair, et qui pourtant devions manger sa chair. Toi donc qui crois en lui, qui que tu sois, toi qui ne portes pas en vain le nom de chrétien, toi qui n’entres pas par hasard dans l’église, toi qui écoutes la parole de Dieu dans la crainte et l’espérance, le pain rompu sera pour toi une consolation. L’absence du Seigneur n’est pas une vraie absence. Aie confiance, garde la foi, et il est avec toi, même si tu ne le vois pas.

Quand le Seigneur les a abordés, les disciples n’avaient pas la foi. Ils ne croyaient pas en sa résurrection ; ils n’espéraient même pas qu’il puisse ressusciter. Ils avaient perdu la foi ; ils avaient perdu l’espérance. C’étaient des morts qui marchaient avec un vivant ; ils marchaient, morts, avec la vie. La vie marchait avec eux, mais en leur cœur, la vie n’était pas encore renouvelée.

Et toi, désires-tu la vie ? Imite les disciples, et tu reconnaîtras le Seigneur. Ils ont offert l’hospitalité ; le Seigneur semblait résolu à poursuivre sa route, mais ils l’ont retenu. (…) Toi aussi, retiens l’étranger si tu veux reconnaître ton Sauveur. (…) Apprends où chercher le Seigneur, où le posséder, où le reconnaître : en partageant le pain avec lui.

Saint Augustin (354-430)