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Archive pour août 2021

« Vous êtes tous frères. »

samedi 21 août 2021

« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, dit Jésus, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). (…) Mais qu’est-ce que je vois ? Des chrétiens qui servent sous le même étendard, sous le même chef, se dévorent et se déchirent : les uns pour un peu d’or, d’autres pour la gloire, certains sans aucun motif, d’autres pour le plaisir d’un bon mot ! (…) Parmi nous, le nom de frères est un vain mot. (…)

Respectez cette table sainte où nous sommes tous convoqués ; respectez le Christ immolé pour nous ; respectez le sacrifice qui y est offert. (…) Après avoir eu part à une telle table et avoir communié à un tel aliment, nous prendrions les armes les uns contre les autres alors que nous devrions nous armer tous ensemble contre le démon ! (…) Nous oublions cet adversaire pour tourner nos flèches contre nos frères ? —Quelles flèches, direz-vous ? — Ceux que lancent la langue et les lèvres. Il n’y a pas que les flèches aux pointes de fer qui blessent : certaines paroles causent des blessures bien plus profondes.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Le grand, le premier commandement »

vendredi 20 août 2021

Pour pouvoir beaucoup aimer Dieu dans le ciel, il faut d’abord l’aimer beaucoup sur la terre. Le degré de notre amour pour Dieu à la fin de notre vie sera la mesure de notre amour de Dieu pendant l’éternité. Voulons-nous acquérir la certitude de ne plus nous séparer de ce souverain Bien dans la vie présente ? Étreignons-le de plus en plus par les liens de notre amour, en lui disant avec l’Épouse du Cantique des Cantiques : « J’ai trouvé celui que mon cœur aime : je l’ai saisi et je ne le lâcherai pas » (3,4). Comment l’Épouse sacrée a-t-elle saisi son Bien-Aimé ? « Avec les bras de la charité », répond Guillaume (…) ; « c’est avec les bras de la charité que l’on saisit Dieu », reprend saint Ambroise. Heureux donc qui pourra s’écrier avec saint Paulin : « Que les riches possèdent leurs richesses, que les rois possèdent leurs royaumes : notre gloire, notre richesse et notre royaume à nous, c’est le Christ ! » Et avec saint Ignace : « Donne-moi seulement ton amour et ta grâce, je suis assez riche ». Fais que je t’aime et que je sois aimé de toi ; je ne désire pas et n’ai pas à désirer autre chose.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

« Venez au repas de noce ! »

jeudi 19 août 2021

Les femmes ne sont pas aussi étroitement unies à leurs maris que l’Église au Fils de Dieu. Quel autre époux que notre Seigneur est jamais mort pour son épouse, et quelle épouse a jamais choisi comme époux un crucifié ? Qui a jamais donné son sang en présent à son épouse, sinon celui qui est mort sur la croix et a scellé son union nuptiale par ses blessures ? Qui a-t-on jamais vu mort, gisant au banquet de ses noces, avec, à son côté, son épouse qui l’étreint pour être consolée ? À quelle autre fête, à quel autre banquet, a-t-on distribué aux convives, sous la forme du pain, le corps de l’époux ?

La mort sépare les épouses de leurs maris, mais ici elle unit l’Épouse à son Bien-aimé. Il est mort sur la croix, a laissé son corps à sa glorieuse Épouse, et maintenant, à sa table, chaque jour, elle le prend en nourriture. (…) Elle s’en nourrit sous la forme du pain qu’elle mange et sous la forme du vin qu’elle boit, afin que le monde reconnaisse qu’ils ne sont plus deux, mais un seul.

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521)

 

 

L’homme de la onzième heure : « Les derniers seront premiers. »

mercredi 18 août 2021

Qu’a donc fait le larron, pour recevoir en partage le paradis après la croix ? (…) Alors que Pierre reniait le Christ, le larron, du haut de la croix lui rendait témoignage. Je ne dis pas cela pour accabler Pierre ; je le dis pour mettre en évidence la grandeur d’âme du larron. (…) Ce larron, alors que toute une populace se tenait autour de lui, grondant, vociférant, les abreuvant de blasphèmes et de sarcasmes, ne tint pas compte d’eux. Il n’a même pas considéré l’état misérable de la crucifixion qui était en évidence devant lui. Il parcourut tout cela d’un regard plein de foi. (…) Il se tourna vers le Maître des cieux et se remettant à lui, il dit : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu iras dans ton Royaume » (Lc 23,42). N’éludons pas avec désinvolture l’exemple du larron, et n’ayons pas honte de le prendre pour maître, lui que notre Seigneur n’a pas rougi d’introduire le premier dans le paradis. (…)

Il ne lui a pas dit, comme à Pierre : « Viens, suis-moi, et je ferai de toi un pêcheur d’hommes » (Mt 4,19). Il ne lui a pas dit non plus comme aux Douze : « Vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Mt 19,28). Il ne l’a gratifié d’aucun titre ; il ne lui a montré aucun miracle. Le larron ne l’a pas vu ressusciter un mort, ni chasser des démons ; il n’a pas vu la mer lui obéir. Le Christ ne lui a rien dit du Royaume, ni de la géhenne. Et pourtant il lui a rendu témoignage devant tous, et il a reçu en héritage le Royaume.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

L’esprit de propriété ou la pauvreté dans l’Esprit ?

mardi 17 août 2021

SAINT-JEAN-DE-LA-CROIXN’ayez pas d’autre désir que celui d’entrer seulement par amour du Christ dans le détachement, le vide et la pauvreté par rapport à tout ce qui existe sur la terre. Vous n’éprouverez pas d’autres besoins que ceux auxquels vous aurez ainsi soumis votre cœur. Le pauvre en esprit (Mt 5,3) n’est jamais plus heureux que lorsqu’il se trouve dans l’indigence ; celui dont le cœur ne désire rien est toujours à l’aise.

Les pauvres dans l’Esprit donnent avec une grande générosité tout ce qu’ils possèdent. Leur plaisir est de savoir s’en passer en l’offrant par amour pour Dieu et pour le prochain (Mt 22,37s)… Non seulement les biens, les joies et les plaisirs de ce monde nous encombrent et nous retardent dans la voie vers Dieu, mais les joies et les consolations spirituelles sont elles-mêmes un obstacle à notre marche en avant si nous les recevons ou les recherchons avec un esprit de propriété.

Saint Jean de la Croix (1542-1591), carme, docteur de l’Église
Avis et maximes, n°355-357, 362, éd. de 1693 (trad. P. Grégoire de saint Joseph, Oeuvres, Seuil 1945, p. 1233 rev.)

 

paysage

 

« Tu auras un trésor dans le ciel. »

lundi 16 août 2021

Après la mort de ses parents, alors qu’Antoine avait entre dix-huit et vingt ans (…), un jour, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Antoine a eu l’impression que cette lecture avait été faite pour lui. Il est sorti aussitôt et a donné aux gens du village ses propriétés familiales. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il a distribué aux pauvres tout l’argent qu’il en avait retiré, en ne mettant de côté qu’une petite part pour sa sœur.

Une autre fois qu’il était entré à l’église, il a entendu le Seigneur dire dans l’Évangile : « Ne vous faites pas de souci pour demain » (Mt 6,34). Ne supportant plus d’avoir gardé quelque chose, il a distribué cela aussi aux plus pauvres. Il a confié sa sœur à des vierges connues et fidèles, qui vivaient ensemble dans une maison, pour y être éduquée. Et il s’est désormais consacré, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère. (…)

Il travaillait de ses mains, car il avait entendu cette parole : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2Th 3,10). Il achetait son pain avec une part de ce qu’il gagnait et il distribuait le reste aux indigents. Il priait sans cesse, parce qu’il avait appris qu’il faut « prier sans relâche » (Lc 21,36) en privé. Il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout ; dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. Tous les habitants du village et les gens de bien qui le fréquentaient habituellement, en le voyant vivre ainsi, l’appelaient ami de Dieu. Les uns l’aimaient comme leur fils, et les autres comme leur frère.

Saint Athanase (295-373)

 

 

Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

dimanche 15 août 2021

Si sainte Marie-Madeleine — qui a été pécheresse et de qui le Seigneur a expulsé sept démons — a mérité d’être glorifiée par lui au point que sa louange demeure toujours dans l’assemblée des saints, qui pourra mesurer à quel point « les justes jubilent devant la face de Dieu et dansent de joie » au sujet de sainte Marie, qui n’a pas connu d’homme ? (…) Si l’apôtre saint Pierre — qui non seulement n’a pas été capable de veiller une heure avec le Christ, mais qui est même allé jusqu’à le renier — a obtenu par la suite une telle grâce que les clés du Royaume des cieux lui ont été confiées, de quels éloges sainte Marie n’est-elle pas digne, elle qui a porté dans son sein le roi des anges en personne, que les cieux ne peuvent contenir ? Si Saul, qui « ne respirait que menaces et carnages à l’égard des disciples du Seigneur » (…), a été l’objet d’une telle miséricorde (…) qu’il a été ravi « jusqu’au troisième ciel, soit en son corps soit hors de son corps », il n’est pas étonnant que la sainte Mère de Dieu — qui a demeuré avec son fils dans les épreuves qu’il a endurées dès le berceau — ait été enlevée au ciel, même en son corps, et exaltée au-dessus des chœurs angéliques.

S’il y a de la « joie au ciel devant les anges pour un seul pécheur qui fait pénitence », qui dira quelle louange joyeuse et belle s’élève devant Dieu au sujet de sainte Marie, qui n’a jamais péché ? (…) Si vraiment ceux qui « jadis ont été ténèbres » et sont devenus par la suite « lumière dans le Seigneur » « brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père », qui sera en mesure de raconter « le poids éternel de gloire » de sainte Marie, qui est venue en ce monde « comme une aurore qui se lève, belle comme la lune, choisie comme le soleil », et de qui est née « la lumière véritable qui illumine tout homme venant en ce monde » ? Par ailleurs, puisque le Seigneur a dit : « Celui qui me sert, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur », où pensons-nous que soit sa mère, elle qui l’a servi avec tant d’empressement et de constance ? Si elle l’a suivi et lui a obéi jusqu’à la mort, nul ne s’étonnera qu’à présent, plus que quiconque, elle « suive l’Agneau partout où il va ».

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)

(Références bibliques : Lc 8,2; Ps 149,1; Ps 67,4; Lc 1,34; Mt 26,40.70; Mt 16,19; Ac 9,1; 1Co 7,25; 2Co 12,2; Lc 22,28; Lc 15,7; Ep 5,8; Mt 13,43; 2Co 4,17; Ct 6,9; Jn 1,9; Jn 12,26; Ap 14,4)

 

 

 

« Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi. »

samedi 14 août 2021

Dieu est la source et l’origine de tout ; et parce que c’est en lui, comme il est écrit, que « nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28), c’est de lui, assurément, que nous tenons aussi toute l’affection par laquelle nous aimons nos enfants. Tout l’univers et tout le genre humain sont les enfants de leur Créateur, et ainsi, par l’affection qui nous fait aimer nos enfants, il a voulu que nous comprenions combien il aime ses enfants. Puisqu’il est écrit que « les hommes, avec leur intelligence, peuvent voir, à travers les œuvres de Dieu, ce qui est invisible en lui » (Rm 1,20), il a voulu ainsi nous faire comprendre son amour envers nous, par l’amour qu’il nous a donné d’avoir envers nos œuvres. Et comme il est écrit qu’il « a voulu que toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom de lui » (Ep 3,15), ainsi a-t-il voulu que nous reconnaissions en lui l’affection d’un père à notre égard.

Et que dis-je, d’un père ? Son amour est bien plus grand que celui d’un père. C’est ce que prouvent ces paroles du Sauveur dans l’Évangile : « Dieu a tellement aimé ce monde qu’il a donné son Fils unique pour la vie du monde » (Jn 3,16). Et l’apôtre Paul dit aussi : « Dieu n’a pas épargné son Fils mais l’a livré pour nous tous. Comment ne nous a-t-il pas donné, avec lui, toutes choses ? » (Rm 8,32)

Salvien de Marseille (v. 400-v. 480)

Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme

vendredi 13 août 2021

« Dans le Seigneur, la femme ne va pas sans l’homme, ni l’homme sans la femme », dit l’apôtre Paul (1Co 11,11). (…) L’homme et la femme s’acheminent ensemble vers le Royaume. Sans les séparer, le Christ appelle en même temps l’homme et la femme, que Dieu unit et que la nature lie ensemble, en leur donnant de partager les mêmes gestes et les mêmes tâches dans un accord admirable. Par le lien du mariage, Dieu fait que deux êtres n’en soient qu’un et qu’un seul être soit deux, en sorte que l’on y découvre un autre soi-même, sans perdre sa singularité ou se confondre dans le couple.

Mais pourquoi, dans les images qu’il nous donne de son Royaume, Dieu fait-il intervenir ainsi l’homme et la femme ? (cf Lc 13,18-21) Pourquoi suggère-t-il tant de grandeur à l’aide d’exemples qui peuvent paraître faibles et disproportionnés ? Frères, un mystère précieux se cache sous cette pauvreté. Selon le mot de l’apôtre Paul : « Ce mystère est grand : (…) il s’applique au Christ et à son Église » (Ep 5,32).

Ces paraboles évoquent le plus grand projet de l’humanité : l’homme et la femme ont mis fin au procès du monde, un procès qui traînait depuis des siècles. Adam, le premier homme, et Ève, la première femme, sont conduits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal au feu (…) de l’Évangile. (…) Ces bouches rendues malades par le fruit de l’arbre empoisonné seront guéries par la saveur chaleureuse de l’arbre du salut, de cet arbre au goût de feu qui embrase la conscience que l’autre arbre avait glacée. La nudité n’a plus d’effet ici, elle n’inspire plus de honte : l’homme et la femme sont habillés entièrement de pardon.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

« Ne devais-tu pas avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’ai eu pitié de toi ? »

jeudi 12 août 2021

Je désire me transformer tout entière en ta miséricorde et être ainsi un vivant reflet de toi, ô Seigneur ; que le plus grand des attributs divins, ton insondable miséricorde, passe par mon âme et mon cœur sur le prochain.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d’après les apparences extérieures, mais que je discerne la beauté dans l’âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.

Aide-moi, Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.

Aide-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j’aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses et remplies de bonnes actions, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude. Mon véritable repos est de rendre service à mon prochain.

Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain. Je ne refuserai mon cœur à personne. Je fréquenterai sincèrement même ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté, et moi, je m’enfermerai dans le Cœur très miséricordieux de Jésus. Je tairai mes propres souffrances. Que ta miséricorde repose en moi, ô mon Seigneur.

C’est toi qui m’ordonnes de m’exercer aux trois degrés de la miséricorde ; le premier : l’acte miséricordieux — quel qu’il soit ; le second : la parole miséricordieuse — si je ne peux pas aider par l’action, j’aiderai par la parole ; le troisième — c’est la prière. Si je ne peux pas témoigner la miséricorde ni par l’action, ni par la parole, je le pourrai toujours par la prière. J’envoie ma prière même là où je ne puis aller physiquement.

Ô mon Jésus, transforme-moi en toi, car tu peux tout.

Sainte Faustine Kowalska (1905-1938)