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Archive pour décembre 2019

Il s’est fait notre Sauveur

mardi 31 décembre 2019

Seigneur, nous avons appris tes œuvres et nous avons été épouvantés ; nous avons contemplé tes merveilles et nous avons défailli.

Ton Verbe une fois descendu, notre cœur a fondu et toutes nos entrailles frémissantes se sont ouvertes à lui. En effet, alors que le silence enveloppait toutes choses et que la nuit avait parcouru la moitié de sa course, ta Parole toute-puissante est venue des palais royaux (cf. Sg 18,14-15). Car tu as répandu sur nous, Père, les entrailles de ta charité et tu n’as pu retenir plus longtemps la multitude de tes miséricordes. Tu as répandu la lumière dans les ténèbres, la rosée sur la sécheresse, et dans le froid perçant tu as allumé le feu le plus violent. C’est pourquoi ton Fils nous est apparu comme une abondance de vivres quand menace une disette extrême, et comme une source d’eau vive pour l’âme qui souffre et qui défaille en pleine chaleur. Ou bien encore, comme se manifeste d’habitude l’auxiliaire puissant et le libérateur aux assiégés qui vont s’élancer au combat avec la mort en perspective, sous la menace du glaive ennemi : ainsi nous est-il apparu et s’est-il fait notre Sauveur.

Il nous est très bon et très salutaire de nous reporter aux origines de celui qui est notre salut et de redire son incarnation, de rappeler d’où il est venu, de quelle manière il est descendu.

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

« Elle parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. »

lundi 30 décembre 2019

Ô rameau de Jessé, toi qui es un signe pour tous les peuples, « combien de rois et de prophètes ont désiré te voir et ne t’ont pas vu !». Heureux celui qui dans sa vieillesse a été comblé du don divin de ta vue ! Il a tremblé du désir de voir le signe ; « il l’a vu et il a été dans la joie ». Ayant reçu le baiser de paix, il a quitté ce monde la paix au cœur, mais non sans avoir proclamé que Jésus était né pour être un signe de contradiction. Et cela s’est accompli : à peine apparu, le signe de paix a été contredit — mais par ceux qui ont la paix en haine. Car il est « la paix pour les hommes de bonne volonté », mais pour les mal intentionnés « une pierre d’achoppement ». Hérode, lui, « se troubla et tout Jérusalem avec lui ». Le Seigneur est venu chez lui, « mais les siens ne l’ont pas reçu ». Heureux les pauvres bergers qui, veillant dans la nuit, ont été jugés dignes de voir ce signe !

En ce temps-là déjà, il se cachait aux prétendus sages et prudents, mais il se révélait aux humbles. Aux bergers l’ange a dit : « Voici pour vous un signe ». Il est pour vous, les humbles et les obéissants, pour vous qui ne vous targuez pas de science orgueilleuse mais qui veillez « jour et nuit, méditant la loi de Dieu ». Voici votre signe ! Celui que promettaient les anges, celui que réclamaient les peuples, celui qu’avaient prédit les prophètes ; maintenant Dieu l’a fait et il vous le montre. (…)

Voici donc votre signe, mais signe de quoi ? De pardon, de grâce, de paix, d’une « paix qui n’aura plus de fin ». « Voici votre signe : un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. » Mais Dieu est en lui, se réconciliant le monde. (…) C’est le baiser de Dieu, le médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus homme et Christ, vivant et régnant pour les siècles.

Saint Bernard (1091-1153)

(Références bibliques : Is 11,10; Lc 10,24; Lc 2,30; Jn 8,56; Lc 2,14; Lc 2,34; Jn 1,11; Mt 11,25; Lc 2,12; Ps 1,2; Is 9,6; 1Tm 2,5)

 

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 29 décembre 2019

Un ange apparut en songe à saint Joseph et l’avertit qu’Hérode recherchait l’Enfant Jésus, pour lui ôter la vie : « Lève-toi, lui dit-il, prends l’enfant et sa mère et fuis en Égypte ». Jésus, à peine né, est donc persécuté à mort. (…) Joseph obéit à la voix de l’ange sans délai ; il avertit sa sainte épouse. Il prend les quelques outils qu’il pouvait porter, afin de pouvoir exercer son métier en Égypte et d’avoir de quoi soutenir sa pauvre famille. Marie, de son côté, réunit en un petit paquet les langes nécessaires à son divin enfant ; puis, s’approchant du berceau où il reposait, elle se jette à genoux, baise les pieds de son fils chéri, et, au milieu de ses larmes de tendresse, lui dit : « Ô mon fils et mon Dieu, tu es venu au monde pour sauver les hommes ; à peine es-tu né que les hommes te cherchent pour te faire mourir ! » Elle le prend alors dans ses bras, et, tandis qu’ils continuent de pleurer, les deux saints époux ferment la porte et se mettent en route durant la nuit. (…)

Mon bien-aimé Jésus, tu es le roi du ciel, et je te vois maintenant errer en fugitif sous les traits d’un enfant. Qui cherches-tu ? Dis-le-moi. Je suis ému de compassion à la vue de ta pauvreté et ton abaissement ; mais ce qui m’afflige plus profondément, c’est la noire ingratitude avec laquelle je te vois traité par ceux-là même que tu es venu sauver. Tu pleures, et moi aussi je pleure d’avoir été l’un de ceux qui t’ont méprisé et persécuté ; mais sache que maintenant je préfère ta grâce à tous les royaumes du monde.

Pardonne-moi tous les outrages que je t’ai faits ; dans le voyage de cette vie à l’éternité, permets-moi de te porter dans mon cœur, à l’exemple de Marie qui t’a porté dans ses bras pendant la fuite en Égypte. Mon bien-aimé Rédempteur, je t’ai souvent banni de mon âme, mais j’ai confiance maintenant que tu en as repris possession. Je t’en supplie : attache-la étroitement à toi par les douces chaînes de ton amour.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

samedi 28 décembre 2019

Où mène la jalousie ? (…) Le crime commis aujourd’hui nous le montre : la peur d’un rival pour son royaume terrestre remplit Hérode d’angoisse ; il complote de supprimer « le Roi qui vient de naître » (Mt 2,2), le Roi éternel ; il combat son Créateur et met à mort des innocents. (…) Ces enfants, quelle faute avaient-ils commise ? Leurs langues étaient muettes, leurs yeux n’avaient rien vu, leurs oreilles rien entendu, leurs mains n’avaient rien fait. Ils ont reçu la mort, eux qui ne connaissaient pas la vie. (…) Le Christ lit dans l’avenir et connaît les secrets des cœurs, il juge les pensées et scrute les intentions (Ps 138) : pourquoi les a-t-il abandonnés ? (…) Le Roi du ciel qui venait de naître, pourquoi a-t-il négligé ces compagnons de son innocence, oublié les sentinelles en poste autour de son berceau, au point que l’ennemi qui a voulu atteindre le Roi a ravagé toute son armée ?

Mes frères, le Christ n’a pas abandonné ses soldats, mais il les a comblés d’honneur en leur donnant de triompher avant de vivre, et de remporter la victoire sans avoir à combattre. (…) Il a voulu qu’ils possèdent le ciel de préférence à la terre (…), il les a envoyés devant lui comme des hérauts. Il ne les a pas abandonnés : il a sauvé son avant-garde, il ne l’a pas oubliée. (…)

Bienheureux ceux qui ont échangé les travaux pour le repos, les douleurs pour le soulagement, les souffrances pour la joie. Ils sont vivants, ils sont vivants, ils vivent vraiment, ceux qui ont subi la mort pour le Christ. (…) Heureuses les larmes que leurs mères ont répandues pour ces enfants : elles leur ont valu la grâce du baptême. (…) Que celui qui a daigné reposer dans notre étable veuille nous conduire nous aussi aux pâturages du ciel.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

vendredi 27 décembre 2019

Près de sa crèche, le Sauveur désire également la présence de celui qui lui était particulièrement cher pendant sa vie : Jean, le disciple que Jésus aimait (Jn 13,23). Nous le connaissons bien comme figure de la pureté virginale. Parce qu’il était pur, il a plu au Seigneur. Il a pu reposer sur le Cœur de Jésus et y être initié aux mystères du Cœur divin (Jn 13,25). Comme le Père céleste a rendu témoignage à son Fils en proclamant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Mc 9,7), de même l’Enfant divin semble aussi nous désigner son disciple bien-aimé et nous dire : « Nul encens ne m’est plus agréable qu’un cœur pur qui se donne avec amour. Écoutez celui qui a pu voir Dieu parce qu’il avait un cœur pur » (Mt 5,8).

Nul n’a pu plonger plus profondément que lui dans la contemplation des abîmes cachés de la vie divine. C’est pourquoi il nous annonce le mystère de l’engendrement éternel du Verbe divin. (…) Il a partagé les combats de son Seigneur comme seule peut le faire une âme qui aime d’un amour sponsal. (…) Il nous a fidèlement conservé et transmis les témoignages que le Sauveur rendait lui-même à sa propre divinité devant ses amis et ses ennemis. (…) Par lui nous savons à quelle participation à la vie du Christ et à la vie du Dieu-Trinité nous sommes destinés. (…)

La présence de Jean à la crèche du Seigneur nous dit : voyez ce qui est préparé pour ceux qui s’offrent à Dieu d’un cœur pur. Toute la plénitude inépuisable de la vie à la fois humaine et divine de Jésus leur est royalement accordée en échange. Venez et buvez aux sources de l’eau de la vie, que le Seigneur fait couler pour les assoiffés et qui jaillissent en vie éternelle (Jn 7,37; 4,14). Le Verbe est devenu chair et il est couché devant nous sous l’aspect d’un enfant nouveau-né.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

 

 

 

Fête de saint Étienne, premier martyr

jeudi 26 décembre 2019

Tout près du Sauveur nouveau-né, nous voyons saint Étienne. Qu’est-ce qui a valu cette place d’honneur à celui qui le premier a rendu au Crucifié le témoignage du sang ? Il a accompli dans son ardeur juvénile ce que le Seigneur a déclaré en entrant dans le monde : « Tu m’as donné un corps. Me voici, je viens faire ta volonté » (He 10,5-7). Il a pratiqué l’obéissance parfaite, qui plonge ses racines dans l’amour et s’extériorise dans l’amour.

Il a marché sur les traces du Seigneur en ce qui, selon la nature, est peut-être pour le cœur humain le plus difficile, qui semble même impossible : comme le Sauveur lui-même, il a accompli le commandement de l’amour des ennemis. L’Enfant dans la crèche, qui est venu pour accomplir la volonté de son Père jusqu’à la mort sur la croix, voit en esprit devant lui tous ceux qui le suivront sur cette voie. Il aime ce jeune homme qu’il attendra un jour pour le placer le premier près du trône du Père, une palme à la main. Sa petite main nous le désigne comme modèle, comme s’il nous disait : Voyez l’or que j’attends de vous.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

 

 

 

Solennité de la Nativité du Seigneur

mercredi 25 décembre 2019

Le Christ est venu du Père, il est venu du Verbe, il est venu de l’Esprit Saint, puisque toute la Trinité a opéré sa conception et son incarnation. Car venir du sommet de la Trinité, ce ne fut rien d’autre qu’être conçu et incarné sous l’action de cette même Trinité. C’est pourquoi il est dit : « Du sommet du ciel il prend son départ. » (cf. Ps 18,7)

Le Fils unique, (…) engendré du Père dans l’éternité, est sorti de sa mère engendré dans le temps ; demeurant invisible auprès du Père, il a vécu visible parmi les hommes. Pour lui, sortir du Père, ce fut entrer dans notre histoire, apparaître visiblement, et devenir ce qu’il n’était pas naturellement du fait de sa relation avec le Père. Mais chose admirable ! il est venu de celui dont il ne s’éloignait pas, sortant de celui en qui il demeurait, de sorte qu’il demeurait également aussi entier dans l’éternité qu’entier dans le temps. On le trouvait entier dans le Père en même temps qu’entier dans la Vierge, entier dans sa majesté et dans celle de son Père en même temps qu’entier dans notre humanité.

Si tu recherches comment, une comparaison te fera comprendre la vérité. La parole d’abord engendrée par le cœur passe toute entière dans la voix, de telle sorte qu’elle arrive parfaitement aux autres et qu’elle demeure néanmoins entière dans le cœur. De même, le Verbe de bonté, jailli du cœur du Père, est sorti au-dehors sans quitter le Père.

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

 

 

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. »

mardi 24 décembre 2019

Frères, avertis du miracle, comme Moïse allons voir cette chose extraordinaire (Ex 3,3) : en Marie, le buisson embrasé ne se consume pas ; la Vierge enfante la Lumière sans subir d’atteinte. (…) Courons donc à Bethléem, le bourg de la Bonne Nouvelle ! Si nous sommes de vrais bergers, si nous demeurons éveillés en notre garde, c’est à nous que s’adresse la voix des anges qui annoncent une grande joie (…) : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, car la paix descend sur la terre ! » Là où, hier, il n’y avait plus que malédiction, théâtres de guerre et exil, voici que la terre reçoit la paix, car aujourd’hui « la vérité sort de la terre et la justice vient du ciel » (Ps 85,12). Voilà le fruit que la terre donne aux hommes, en récompense de la bonne volonté qui règne chez les hommes (Lc 2,14). Dieu s’unit à l’homme pour élever l’homme jusqu’à la hauteur de Dieu.

À cette nouvelle, frères, partons pour Bethléem afin de contempler (…) le mystère de la crèche : un petit enfant enveloppé de langes repose dans une mangeoire. Vierge après son enfantement, la Mère incorruptible embrasse son fils. Avec les bergers répétons la parole du prophète : « Ce qu’on nous avait annoncé, nous l’avons vu dans la cité de notre Dieu » (Ps 47,9).

Mais pourquoi est-ce que le Seigneur cherche refuge dans cette grotte de Bethléem ? Pourquoi dormir dans une mangeoire ? Pourquoi se mêler au recensement d’Israël ? Frères, celui qui apporte au monde la libération vient naître dans notre esclavage à la mort. Il naît dans cette grotte pour se montrer aux hommes plongés dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Il est couché dans une mangeoire parce que il est Celui qui fait croître l’herbe pour le bétail (Ps 103,14), c’est lui le Pain de Vie qui nourrit l’homme d’un aliment spirituel pour qu’il vive lui aussi dans l’Esprit. (…) Quelle fête plus heureuse que celle d’aujourd’hui ? Christ, Soleil de justice (Ml 3,20), vient éclairer notre nuit. Ce qui était tombé se relève, ce qui était vaincu est libéré (…), ce qui était mort revient à la vie. (…) Aujourd’hui, chantons tous d’une seule voix, sur toute la terre : « Par un homme, Adam, était venu la mort ; par l’homme, aujourd’hui vient le salut » (cf Rm 5,17).

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

« Sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. »

lundi 23 décembre 2019

À propos de Jean le Baptiste, nous lisons chez Luc : « Il sera grand devant le Seigneur, et il ramènera beaucoup des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu, et lui-même marchera devant lui dans l’esprit et la puissance d’Élie, afin de préparer pour le Seigneur un peuple bien disposé » (1,15-17). Pour qui donc a-t-il préparé un peuple, et devant quel Seigneur a-t-il été grand ? Sans aucun doute devant Celui qui a dit que Jean avait quelque chose de « plus qu’un prophète » et que « personne d’entre les enfants des femmes n’était plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,9.11). Car il préparait un peuple en annonçant d’avance à ses compagnons de servitude la venue du Seigneur et en leur prêchant la pénitence, afin que, lorsque le Seigneur serait présent, ils soient tous en état de recevoir son pardon, pour être revenus à Celui auquel ils s’étaient rendus étrangers par leurs péchés (…).

Oui, « dans sa miséricorde », Dieu « nous a visités, Soleil levant venu d’en haut ; il a brillé pour ceux qui étaient assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et il a dirigé nos pas sur le chemin de la paix » (Lc 1,78-79). C’est en ces termes que Zacharie, délivré du mutisme qu’il s’était attiré par son incrédulité et rempli d’un Esprit nouveau, bénissait Dieu d’une manière nouvelle. Car tout était dorénavant nouveau, du fait que le Verbe, par un processus nouveau, venait d’accomplir le dessein de sa venue dans la chair, afin que l’homme, qui s’en était allé hors de Dieu, soit réintégré par lui dans l’amitié de Dieu. Et c’est pourquoi cet homme apprenait à honorer Dieu d’une manière nouvelle (…)

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

 

« Tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : ‘le Seigneur sauve’) »

dimanche 22 décembre 2019

« Voici, dit le prophète Isaïe, la Vierge portera et enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, nom qui se traduit : Dieu avec nous » (7,14). Le nom de Sauveur « Dieu-avec-nous », donné par le prophète, signifie les deux natures de son unique personne. En effet, celui qui est Dieu, né du Père avant tous les siècles, c’est lui-même qui est Emmanuel à la fin des temps, c’est-à-dire Dieu avec nous. Il l’est devenu dans le sein de sa mère, parce qu’il a daigné accepter la fragilité de notre nature dans l’unité de sa personne, quand « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1,14). C’est-à-dire qu’il a commencé d’une manière admirable à être ce que nous sommes, sans cesser d’être ce qu’il était, en assumant notre nature, de façon à ne pas perdre ce qu’il était en lui-même. (…)

« Marie mit donc au monde son fils premier-né (…) et elle lui donna le nom de Jésus » (Lc 2,7.21). Donc, le nom de Jésus est celui du fils né de la Vierge, et signifie selon l’explication de l’ange qu’il sauvera son peuple de ses péchés. (…) C’est évidemment lui aussi qui sauvera de la destruction de l’âme et du corps, les suites du péchés.

Quant au nom de Christ, c’est le titre d’une dignité sacerdotale et royale. Car les prêtres et les rois, sous la Loi ancienne, étaient appelés christs à cause de la chrismation. Cette onction d’huile sainte préfigurait celui qui, en venant dans le monde comme vrai roi et prêtre, « a été consacré d’une onction de joie, comme aucun de ses semblables » (Ps 44,8). À cause de cette onction ou chrismation, le Christ en personne et ceux qui participent à la même onction, c’est-à-dire à la grâce spirituelle, sont appelés ‘chrétiens’. Du fait qu’il est Sauveur, le Christ peut nous sauver de nos péchés ; du fait qu’il est prêtre, il peut nous réconcilier avec Dieu le Père ; du fait qu’il est roi, qu’il daigne nous donner le Royaume éternel de son Père.

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)