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Archive pour le mot-clef ‘disciples’

« Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. »

jeudi 14 mai 2020

Parmi ses disciples, le Christ en a choisi qu’il s’est attaché plus étroitement pour les envoyer prêcher parmi tous les peuples. L’un d’entre eux s’étant retranché de leur nombre, il a commandé aux onze autres, lors de son retour au Père après sa résurrection, d’aller enseigner les nations afin de les baptiser dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Mt 28,19).

Aussitôt, les apôtres – dont le nom signifie « envoyés » – ont choisi par le sort Matthias comme douzième à la place de Judas, selon la prophétie contenue dans un psaume de David (108,8). Ils ont reçu, avec la force promise de l’Esprit Saint, le don des miracles et des langues. D’abord en Judée, ils ont témoigné de la foi en Jésus Christ et y ont institué des églises. De là, ils sont partis à travers le monde pour répandre parmi les nations le même enseignement et la même foi. (…)

Quelle a été la prédication des apôtres ? Quelle révélation le Christ leur a-t-il faite ? Je dirai qu’on ne doit pas chercher à le savoir autrement que par ces mêmes églises que les apôtres ont personnellement fondées en leur prêchant tant de vive voix que par leurs écrits. Si cela est vrai, il est incontestable que toute doctrine qui s’accorde avec ces églises apostoliques, mères et sources de la foi, doit être considérée comme vraie parce qu’elle contient ce que les églises ont reçu des apôtres, les apôtres du Christ, et le Christ de Dieu.

Tertullien (v. 155-v. 220)

 

 

 

« Rompant les pains, il les donna aux disciples, qui les donnèrent aux foules. » (Mt 14,19)

vendredi 24 avril 2020

L’Église « en sortie » est une Église aux portes ouvertes (…); l’Église est appelée à être toujours la maison ouverte du Père. (…) Tous peuvent participer de quelque manière à la vie ecclésiale, tous peuvent faire partie de la communauté, et même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer pour n’importe quelle raison. Ceci vaut surtout pour ce sacrement qui est « la porte », le baptême. L’eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un remède généreux et un aliment pour les faibles. (…) L’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile.

Si l’Église entière assume ce dynamisme missionnaire, elle doit parvenir à tous, sans exception. Mais qui devrait-elle privilégier ? Quand quelqu’un lit l’Évangile, il trouve une orientation très claire ; pas tant « les amis et voisins riches, » mais surtout « les pauvres et les infirmes », ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi te le rendre » (Lc 14,12s). Aucun doute ni aucune explication qui affaibliraient ce message si clair ne doivent subsister ; aujourd’hui et toujours, « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile » (Benoît XVI). (…) Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls.

Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus Christ. (…) Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. (…) Dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt ; « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14,16; Mc 6, 37; Lc 9,13).

Pape François

 

 

 

« Jésus leur dit : “Venez à ma suite” » (Mc 1,17)

lundi 13 janvier 2020

« Suis-moi ! » Jésus dit ces paroles (…) à chaque chrétien. Suis-moi, nu comme je suis nu, libre de tout empêchement comme je le suis moi-même. Jérémie dit : « Vous m’appellerez “Mon Père” et vous ne cesserez de marcher derrière moi » (Jr 3,19). Suis-moi donc et dépose les fardeaux que tu portes. Tu ne peux, en effet, chargé comme tu es, me suivre, moi qui avance en courant. « J’ai couru plein de soif » (Ps 61, 5 LXX), dit le psaume à mon sujet ; la soif de sauver l’humanité. Et où courut-il ? À la croix. Cours, toi aussi après lui. Comme il a porté sa croix pour toi, prends toi aussi la tienne, pour ton bien. D’où ces paroles de l’évangile de Luc : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même », en renonçant à sa propre volonté ; « qu’il prenne sa croix », en mortifiant ses passions, « chaque jour », continuellement ; « et qu’il me suive. » (cf. Lc 9,23) (…)

Jésus s’adresse à nous comme à une mère qui, voulant apprendre à son petit enfant à marcher, lui montre un pain ou une pomme et lui dit : « Viens après moi et je te le donnerai ». Et lorsque l’enfant est si près qu’il peut presque l’attraper, elle s’éloigne un petit peu en lui montrant l’objet et en lui disant toujours : « Suis-moi, si tu veux l’avoir ». Certains oiseaux tirent les petits de leur nid et en volant leur apprennent à voler et à les suivre. Jésus fait de même. Il se montre lui-même en exemple et nous promet sa récompense dans le royaume, pour que nous le suivions.

« Suis-moi » donc, car je connais le bon chemin et je te guiderai. Dans le livre des Proverbes, nous lisons : « Je te montrerai la voie de la sagesse ; je te guiderai dans les sentiers de la justice : quand tu y seras entré, tes pas seront sans contrainte et si tu cours, tu ne rencontreras pas d’obstacle » (cf. Pr 4,11-12 LXX) . (…) Donc, « suis-moi »

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

 

« Jésus se retourna et les interpella vivement. »

mardi 1 octobre 2019

Lorsque quelqu’un a été rendu digne de goûter l’amour de Dieu, il a coutume d’oublier toute chose à cause de sa douceur, car une fois goûté cet amour-là, toutes les choses visibles lui semblent sans intérêt. Son âme s’approche joyeusement du bel amour des hommes, sans distinction. Il n’est jamais troublé par leurs faiblesses, qui ne lui font pas peur, tout comme les bienheureux apôtres qui, au milieu de tous les maux qu’ils avaient à supporter de la part de leurs bourreaux, ont été tout à fait incapables de haïr ces derniers et n’étaient pas las de les aimer. Cela a été manifesté dans les faits lorsque, à la fin, ils ont supporté même la mort pour les retrouver un jour, au ciel.

Et pourtant, c’étaient les mêmes qui, peu de temps auparavant, avaient supplié le Christ de faire descendre le feu du ciel sur les Samaritains qui avaient seulement refusé de les accueillir dans leur village. Mais une fois reçu le don de goûter l’amour de Dieu, ils ont été rendus parfaits jusque dans l’amour pour les méchants.

Isaac le Syrien (7e siècle)

 

 

 

« Ces paroles restaient voilées pour eux. »

samedi 28 septembre 2019

Parmi toutes les grandes choses et les merveilles que l’on peut dire du Christ, il en est une qui dépasse absolument l’admiration dont est capable l’esprit humain ; la fragilité de notre intelligence mortelle ne sait pas comment la comprendre ou l’imaginer. C’est que la toute-puissance de la majesté divine, la Parole même du Père (Jn 1,1), la propre Sagesse de Dieu (1Co 1,24), en laquelle toutes choses ont été créées — ce qui est visible comme ce qui est invisible (Jn 1,3; Col 1,16) — s’est laissé enfermer dans les limites de cet homme qui s’est manifesté en Judée. Tel est l’objet de notre foi. Et il y a plus encore : nous croyons que la Sagesse de Dieu est entrée dans le sein d’une femme, qu’elle est née dans les vagissements et les pleurs communs à tous les nourrissons. Et nous avons appris qu’après cela le Christ a connu le trouble devant la mort au point de s’écrier : « Mon âme est triste à en mourir » (Mt 26,38), et qu’enfin il a été traîné à une mort honteuse entre toutes parmi les hommes, même si nous savons qu’il est ressuscité le troisième jour. (…)

En vérité, faire entendre de telles choses à des oreilles humaines, essayer de les exprimer par des mots, dépasse le langage des hommes (…) et probablement celui des anges.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

 

« Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes. »

vendredi 20 septembre 2019

« Si tu savais le don de Dieu » (Jn 4,10), dit Jésus à la Samaritaine au cours d’un de ces dialogues admirables qui montrent toute son estime pour la dignité de chaque femme et pour la vocation qui permet à chacune de participer à sa mission de Messie. (…) L’Église désire remercier la très sainte Trinité pour le « mystère de la femme » et pour toute femme, pour ce qui constitue la dimension éternelle de sa dignité féminine, pour les « merveilles de Dieu » qui, dans l’histoire des générations humaines, se sont accomplies en elle et par elle. En définitive, n’est-ce pas en elle et par elle que s’est accompli ce qu’il y a de plus grand dans l’histoire de l’homme sur terre, l’événement que Dieu lui-même se soit fait homme ?

C’est pourquoi l’Église rend grâce pour toutes les femmes et pour chacune d’elles : pour les mères, pour les sœurs, pour les épouses ; pour les femmes consacrées à Dieu dans la virginité ; pour les femmes dévouées à tant d’êtres humains qui attendent l’amour gratuit d’une autre personne ; pour les femmes qui veillent sur l’être humain dans la famille, ce signe fondamental de la communauté humaine ; pour les femmes qui exercent une profession, celles sur qui pèse parfois une grande responsabilité sociale. (…)

L’Église rend grâce pour toutes les manifestations du génie féminin apparues au cours de l’histoire, dans tous les peuples et dans toutes les nations ; elle rend grâce pour tous les charismes dont l’Esprit Saint a doté les femmes dans l’histoire du Peuple de Dieu. (…) L’Église demande en même temps que ces « manifestations de l’Esprit » inestimables (1Co 12,4s) (…) soient attentivement reconnues, mises en valeur, afin qu’elles concourent au bien commun de l’Église et de l’humanité.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

 

Pierre tire le filet jusqu’au rivage

vendredi 26 avril 2019

Après la prise de tant de gros poissons, « Simon-Pierre monta dans la barque et tira à terre le filet. » Je suppose que vous avez saisi pourquoi c’était Pierre qui a tiré le filet à terre. C’est à lui, en effet, que la sainte Église a été confiée, c’est à lui qu’il a été dit personnellement : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pais mes brebis. » Ainsi, ce qui dans un deuxième temps a été clairement énoncé en paroles est d’abord signifié par une action.

C’est le prédicateur de l’Église qui nous sépare des flots de ce monde ; il est donc nécessaire que Pierre mène à terre le filet plein de poissons. Et il a tiré en personne les poissons sur la terre ferme du rivage, puisqu’il a fait connaître aux fidèles, par sa sainte prédication, l’immutabilité de la patrie éternelle. Il l’a fait par ses paroles comme par ses épîtres ; il le fait encore chaque jour par ses miracles. Toutes les fois qu’il nous porte à l’amour du repos éternel, toutes les fois qu’il nous détache du tumulte des choses de ce monde, ne sommes-nous pas des poissons pris dans les filets de la foi, qu’il tire au rivage ?

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

Jeudi Saint

jeudi 18 avril 2019

Dieu est charité (1 Jn 4, 8). Et celui qui entreprendrait de le définir serait un aveugle voulant compter les grains de sable de la mer.

La charité quant à sa nature, est une ressemblance avec Dieu, pour autant qu’il est possible aux mortels de lui ressembler ; quant à son activité, c’est une ivresse de l’âme ; quant à sa vertu propre, c’est la source de la foi, un abîme de patience, un océan d’humilité.

La charité est avant tout le rejet de toute pensée d’inimitié, car la charité ne pense pas le mal. La charité, l’impassibilité et l’adoption filiale ne se distinguent que par le nom. Comme la lumière, le feu et la flamme concourent à un seul effet, il en est de même pour ces trois réalités.

Celui qui a parfaitement uni à Dieu sa sensibilité profonde est initié par lui au mystère de ses paroles ; mais sans cette union, il est difficile de parler de Dieu.

Si le visage d’un être aimé produit dans tout notre être un changement manifeste et nous rend joyeux, gais et insouciants, que ne fera pas la face du Seigneur dans une âme pure quand il viendra y demeurer.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650)

 

 

 

 

 

Mardi Saint

mardi 16 avril 2019

Bon pasteur qui as donné ta vie pour tes brebis (Jn 10,11), hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau…

Après le repas, le Christ a dit : « Mes enfants, mes chers disciples, cette nuit vous me renierez tous et vous me fuirez » (cf Jn 16,32). Et comme tous étaient saisis d’une même stupeur, Pierre s’est exclamé : « Quand bien même tous renieraient, moi je ne renie pas. Je serai avec toi ; avec toi je mourrai en te criant : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau.

« Que dis-tu, Maître ? Moi, te renier ? Moi, t’abandonner et m’enfuir ? Et ton appel, et l’honneur que tu m’as fait, je ne m’en souviendrais plus ? Je me rappelle encore comment tu m’as lavé les pieds, et tu dis : ‘Tu me renieras’ ? Je te revois t’approcher en portant un bassin, toi qui soutiens la terre et portes le ciel. De ces mains dont j’ai été façonné, mes pieds viennent d’être lavés, et tu déclares que je tomberai et que je ne te crierai plus : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau » ? …

Sur ces mots, le créateur de l’homme a répondu à Pierre : « Que me dis-tu, Pierre, mon ami ? Tu ne me renieras pas ? Tu ne me fuiras pas ? Tu ne me rejetteras pas ? Je le veux bien, moi aussi, mais ta foi est chancelante, et tu ne résistes pas aux tentations. Te rappelles-tu comment tu as failli te noyer si je ne t’avais pas tendu la main ? Car tu as bien marché sur la mer, comme moi-même, mais aussitôt tu as hésité et bien vite tu as succombé (Mt 14,28s). Alors j’ai accouru vers toi qui criais : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau.

« Voici, dès maintenant je te le dis : avant que chante le coq, trois fois tu me trahiras, et, laissant battre de toutes parts et submerger ton esprit comme par les vagues de la mer, trois fois tu me renieras. Toi qui alors avais crié et qui maintenant pleureras, tu ne me trouveras plus pour te donner la main comme la première fois : c’est que je m’en servirai pour écrire une lettre de rémission en faveur de tous les descendants d’Adam. De ma chair que tu vois je ferai un papier, et de mon sang de l’encre pour y inscrire le don que je distribue sans relâche à ceux qui crient : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau ! »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

 

 

 

« Le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres qu’on écrirait. »

samedi 19 mai 2018

Dès l’origine du monde, Jésus Christ vit en nous ; il opère en nous tout le temps de notre vie…; il a commencé en soi-même et il continue dans ses saints une vie qui ne finira jamais… Si « le monde entier n’est pas capable de contenir tout ce que l’on pourrait écrire de Jésus », de ce qu’il a fait, ou dit, et de sa vie en lui-même, si l’Évangile ne nous en crayonne que quelques petits traits, si la première heure est si inconnue et si féconde, combien faudrait-il écrire d’évangiles pour faire l’histoire de tous les moments de cette vie mystique de Jésus Christ, qui multiplie les merveilles à l’infini et les multipliera éternellement, puisque tous les temps, à proprement parler, ne sont que l’histoire de l’action divine ? Le Saint-Esprit a fait marquer en caractères infaillibles et incontestables quelques moments de cette vaste durée ; il a ramassé dans les Écritures quelques gouttes de cette mer ; il a fait voir par quelles manières secrètes et inconnues il a fait paraître Jésus Christ au monde…

Le reste de l’histoire de cette divine action qui consiste dans toute la vie mystique que Jésus mène dans les âmes saintes, jusqu’à la fin des siècles, n’est que l’objet de notre foi… Le Saint-Esprit n’écrit plus d’évangile que dans les cœurs ; toutes les actions, tous les moments des saints sont l’évangile du Saint-Esprit ; les âmes saintes sont le papier, leurs souffrances et leurs actions sont l’encre. Le Saint-Esprit, par la plume de son action, écrit un évangile vivant. Et on ne pourra le lire qu’au jour de la gloire où, après être sorti de la presse de cette vie, on le publiera.

Ô la belle histoire ! le beau livre que l’Esprit Saint écrit présentement ! Il est sous la presse, âmes saintes, il n’y a point de jour qu’on n’en arrange les lettres, que l’on n’y applique l’encre, que l’on n’en imprime les feuilles. Mais nous sommes dans la nuit de la foi : le papier est plus noir que l’encre…; c’est une langue de l’autre monde, on n’y comprend rien ; vous ne pouvez lire cet évangile que dans le ciel.

Jean-Pierre de Caussade (1675-1751), jésuite
L’Abandon à la Providence divine, ch. 11, § 191s