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Archive pour le mot-clef ‘mardi saint’

Le mardi saint

mardi 26 mars 2024

Le Verbe du ciel, descendu
Sans abdiquer sa gloire immense,
Accomplit son labeur ardu,
Puis vient au soir de l’existence.

Un disciple va le livrer
A ceux que mord la jalousie ;
Mais lui se livre le premier
A ses disciples, Pain de vie (Jn 6,35).

Pour nourriture et pour boisson,
Son Corps, son Sang il leur présente ;
Il veut apaiser par ce don
La faim, la soif qui les tourmentent.

En naissant, notre compagnon,
Notre nourriture à sa table,
En croix, il est notre rançon,
Dans le ciel, vision délectable.

Ô notre Sauveur immolé,
Qui du ciel nous ouvres les portes,
L’ennemi nous tient accablés :
Que ton aide nous réconforte.

A l’unique et trine Seigneur
Appartient la gloire éternelle ;
Qu’un jour il ouvre dans nos cœurs
Les sources de joie immortelle.

Liturgie latine

 

 

 

« Afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. »

mardi 18 avril 2023

Mon Seigneur et mon Dieu,
tu m’as guidée sur un long chemin obscur, pierreux et dur.

Mes forces semblaient souvent vouloir m’abandonner,
je n’espérais presque plus voir un jour la lumière.
Mon cœur se pétrifiait dans une souffrance profonde
quand la clarté d’une douce étoile se leva à mes yeux.

Fidèle, elle me guida et je la suivis
d’un pas d’abord timide, plus assuré ensuite.
J’arrivai enfin devant la porte de l’Église.
Elle s’ouvrit. Je demandai à entrer.

Ta bénédiction m’accueille par la bouche de ton prêtre.
À l’intérieur des étoiles se succèdent,
des étoiles de fleurs rouges qui me montrent le chemin jusqu’à toi…
Et ta bonté permet qu’elles m’éclairent dans mon chemin vers toi.

Le mystère qu’il me fallait garder caché au profond de mon cœur,
je peux désormais l’annoncer à haute voix :
Je crois, je confesse ma foi !

Le prêtre me conduit aux marches de l’autel,
j’incline le front,
l’eau sainte coule sur ma tête.

Seigneur, est-il possible à quelqu’un de renaître
une fois écoulée la moitié de sa vie ? (Jn 3,4)
Tu l’as dit, et c’est pour moi devenu réalité.

Le poids des fautes et des peines de ma longue vie m’a quittée.
Debout, j’ai reçu le manteau blanc placé sur mes épaules,
symbole lumineux de la pureté !

J’ai porté à la main le cierge dont la flamme annonce
qu’en moi brûle ta vie sainte.
Mon cœur est désormais devenu la crèche qui attend ta présence.
Pour peu de temps !

Marie, ta mère, qui est aussi la mienne, m’a donné son nom.
À minuit elle dépose en mon cœur son enfant nouveau-né.
Oh ! nul cœur humain ne peut concevoir
ce que tu prépares à ceux qui t’aiment (1Co 2,9).

Tu es à moi désormais et jamais plus je ne te quitterai.
Où que puisse aller la route de ma vie, tu es auprès de moi.
Rien jamais ne pourra me séparer de ton amour (Rm 8,39).

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

 

 

 

Le mardi de Pâques

mardi 12 avril 2022

Lorsque le Seigneur, Pain de Vie (Jn 6,35), eut donné du pain à cet homme mort, et désigné, en livrant le pain, celui qui trahissait le pain vivant, il lui dit : « Ce que tu as à faire, fais-le vite ». Il ne commandait pas le crime : il découvrait son mal à Judas, et nous annonçait notre bien. Que le Christ soit livré, n’était-ce pas le pire pour Judas, et pour nous le meilleur ? Judas, donc, qui se nuit à lui-même, agit pour nous sans le savoir.

« Ce que tu as à faire, fais-le vite. » Parole d’un homme qui est prêt, non d’un homme irrité. Parole où s’annonce moins le châtiment de celui qui trahit que la récompense du rédempteur, de celui qui rachète. Car en disant : « Ce que tu as à faire, fais-le vite », le Christ, plus qu’il ne s’en prend au crime de l’infidèle, cherche à hâter le salut des croyants. « Il a été livré à cause de nos péchés ; il a aimé l’Église et s’est livré pour elle » (Rm 4,25 ; Ep 5,25). C’est ce qui fait dire à l’apôtre Paul : « Il m’a aimé, et il s’est livré pour moi » (Ga 2,20). De fait, personne n’aurait livré le Christ s’il ne s’était livré lui-même. (…) Quand Judas le trahit, c’est le Christ qui se livre ; l’un négocie sa vente, et l’autre, notre rachat. « Ce que tu as à faire, fais le vite » : non que ce soit en ton pouvoir, mais c’est la volonté de celui qui peut tout. (…)

« Aussitôt la bouchée prise, Judas sortit. Il faisait nuit. » Et celui qui sortait était lui-même nuit. Alors, quand la nuit fut sortie, Jésus dit : « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié ! » Alors, le jour transmet au jour la parole (Ps 18,3), c’est-à-dire, le Christ la confie à ses disciples pour qu’ils l’écoutent et le suivent dans l’amour. (…) Quelque chose de semblable arrivera quand ce monde vaincu par le Christ passera. Alors l’ivraie ayant cessé de se mêler au grain, les justes, dans le Royaume de leur Père, resplendiront comme le soleil (Mt 13,43).

Saint Augustin (354-430)

 

 

Le mardi saint

mardi 30 mars 2021

Pierre a renié une première fois et n’a pas pleuré, parce que le Seigneur ne l’avait pas regardé. Il a renié une seconde fois, et il n’a pas pleuré, parce que le Seigneur ne l’avait pas encore regardé. Il a renié une troisième fois, Jésus l’a regardé, et il a pleuré, très amèrement (Lc 22,62). Regarde-nous, Seigneur Jésus, pour que nous sachions pleurer notre péché. Cela montre que même la chute des saints peut être utile. Le reniement de Pierre ne m’a pas fait tort ; au contraire, à son repentir, j’ai gagné : j’ai appris à me garder d’un entourage infidèle (…)

Pierre a donc pleuré, et très amèrement ; il a pleuré pour arriver à laver sa faute par des larmes. Vous aussi, si vous voulez obtenir le pardon, effacez votre faute par les larmes ; au moment même, sur l’heure, le Christ vous regarde. S’il vous survient quelque chute, lui, témoin présent à votre vie secrète, vous regarde pour vous rappeler et vous faire avouer votre erreur. Faites alors comme Pierre, qui dit ailleurs par trois fois : « Seigneur, tu sais que je t’aime » (Jn 21,15). Il a renié trois fois, trois fois aussi il confesse ; mais il a renié dans la nuit, et il confesse au grand jour.

Tout cela est écrit pour nous faire comprendre que personne ne doit se vanter. Si Pierre est tombé pour avoir dit : « Même si d’autres viennent à trébucher, moi je ne tomberai pas » (Mt 26,33), quel autre serait en droit de compter sur soi-même ? (…) D’où est-ce que je te rappellerai, Pierre, pour m’apprendre tes pensées quand tu pleurais ? Du ciel où tu as déjà pris place parmi les chœurs des anges, ou encore du tombeau ? Car la mort, d’où le Seigneur est ressuscité, ne te répugne pas à ton tour. Enseigne-nous à quoi t’ont servi tes larmes. Mais tu l’as enseigné bien vite : car étant tombé avant de pleurer, tes larmes t’ont fait choisir pour conduire les autres, toi qui, d’abord, n’avais pas su te conduire toi-même.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

Dieu relève ceux qui sont renversés

mardi 7 avril 2020

Si l’on est vaincu après avoir vaillamment lutté, qu’on ne se décourage absolument pas, qu’on ne renonce pas, mais qu’on se redresse, qu’on reprenne confiance en écoutant les paroles d’Isaïe, et qu’on les chante :  « Vous qui étiez forts, vous avez été vaincus, ô malins démons. Et si de nouveaux vous revenez en force, de nouveau vous serez vaincus. Si vous avez des projets, le Seigneur les dispersera. Car Dieu est avec nous » (cf. Is 8,10), Dieu qui relève ceux qui sont renversés (cf. Ps 144(145),14 LXX) et qui est toujours prêt à briser nos ennemis dès que nous nous repentons. (…)

Pierre reçoit d’abord les clefs (cf. Mt 16,19). Puis Dieu permet qu’il tombe dans le reniement (cf. Mt 26,70), pour que cette chute lui soit une leçon de prudence. Donc si toi aussi, après avoir reçu les clefs de la connaissance, tu tombes en toutes sortes de pensées, ne soit pas surpris. Mais glorifie le seul sage, notre Seigneur, lequel par ces accidents met un frein à la présomption qui veut s’ajouter à la connaissance divine. Car les tentations sont un frein. Elles peuvent réfréner l’orgueil humain, par la providence de Dieu. (…)

Désespérer est plus funeste que pécher. Ainsi Judas le traître était faible et n’avait pas l’expérience du combat. L’ennemi se jeta sur lui qui désespérait, et lui passa la corde au cou (cf. Mt 27,5). Mais Pierre, cette pierre solide, renversé après une terrible chute, ne se laissa pas aller ni ne s’abandonna au désespoir, car il avait l’expérience du combat. Il se reprit. D’un cœur affligé et humilié, il versa des larmes fort amères (cf. Mt 26,75). Voyant cela, notre ennemi, les yeux brûlés comme des flammes très vives, recula aussitôt et s’enfuit au loin en poussant de grands cris.

Jean Carpathios (VIIe s.)

 

 

Mardi Saint

mardi 16 avril 2019

Bon pasteur qui as donné ta vie pour tes brebis (Jn 10,11), hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau…

Après le repas, le Christ a dit : « Mes enfants, mes chers disciples, cette nuit vous me renierez tous et vous me fuirez » (cf Jn 16,32). Et comme tous étaient saisis d’une même stupeur, Pierre s’est exclamé : « Quand bien même tous renieraient, moi je ne renie pas. Je serai avec toi ; avec toi je mourrai en te criant : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau.

« Que dis-tu, Maître ? Moi, te renier ? Moi, t’abandonner et m’enfuir ? Et ton appel, et l’honneur que tu m’as fait, je ne m’en souviendrais plus ? Je me rappelle encore comment tu m’as lavé les pieds, et tu dis : ‘Tu me renieras’ ? Je te revois t’approcher en portant un bassin, toi qui soutiens la terre et portes le ciel. De ces mains dont j’ai été façonné, mes pieds viennent d’être lavés, et tu déclares que je tomberai et que je ne te crierai plus : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau » ? …

Sur ces mots, le créateur de l’homme a répondu à Pierre : « Que me dis-tu, Pierre, mon ami ? Tu ne me renieras pas ? Tu ne me fuiras pas ? Tu ne me rejetteras pas ? Je le veux bien, moi aussi, mais ta foi est chancelante, et tu ne résistes pas aux tentations. Te rappelles-tu comment tu as failli te noyer si je ne t’avais pas tendu la main ? Car tu as bien marché sur la mer, comme moi-même, mais aussitôt tu as hésité et bien vite tu as succombé (Mt 14,28s). Alors j’ai accouru vers toi qui criais : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau.

« Voici, dès maintenant je te le dis : avant que chante le coq, trois fois tu me trahiras, et, laissant battre de toutes parts et submerger ton esprit comme par les vagues de la mer, trois fois tu me renieras. Toi qui alors avais crié et qui maintenant pleureras, tu ne me trouveras plus pour te donner la main comme la première fois : c’est que je m’en servirai pour écrire une lettre de rémission en faveur de tous les descendants d’Adam. De ma chair que tu vois je ferai un papier, et de mon sang de l’encre pour y inscrire le don que je distribue sans relâche à ceux qui crient : Hâte-toi, toi le saint, sauve ton troupeau ! »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

 

 

 

mardi 11 avril 2017

mardi saint

Satan entra en lui

Je le retrouve encore aujourd’hui ce Judas dont l’évangile parlait hier. Et à côté de lui se trouvent les autres apôtres. Ils ne comprennent pas le sens de la parole de Jésus. Ils se regardent les uns les autres espérant trouver une explication auprès de l’un ou de l’autre. Judas comprend très bien : »L’un de vous me livrera. » C’est chose faite pour trente deniers.

Durant le repas pascal juif, recevoir la première bouchée de l’agneau était significatif. On le donne en premier à une personne que l’on veut honorer. C’est ce morceau qui a été donné à Judas, preuve que Judas pouvait être pardonné.

Jésus accomplit le rite de l’Ancienne Alliance. Judas, par son péché, préfère ne pas être pardonné. Satan entre en lui.

Tu me suivras plus tard

A l’inverse, Pierre veut rester fidèle à Jésus. Le Seigneur le rappelle au réalisme de sa faiblesse avec netteté :  » Tu me renieras… »

Le lendemain, à la même heure en effet, il aura renié son Maître. Le coq chante. Pierre ne s’enfonce pas dans son reniement pourtant répété avec insistance. Il regrette et son regard croisant celui de Jésus, il se sait pardonné. Satan ne peut entrer, Pierre n’a pas cessé d’aimer Jésus.

Voilà qui me donne à réfléchir quand j’ai peur d’aller me réconcilier par la grâce du sacrement. Car ce n’est pas chose facile que de se mettre à genoux pour reconnaître ses fautes et en obtenir le pardon…même de Toi.

Seigneur, Tu as aidé Judas. Il a refusé cette aide. Tu as aidé Pierre, il accueilli ton regard dans la cour de Caïphe. Il se sait pardonné.

Aide-moi, Seigneur, à recevoir aussi cette grâce de la réconciliation.

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© Jacques Fournier cef.fr

 

 

 

 

 

 

Mardi saint

mardi 31 mars 2015

Quand vient l’heure du Mardi Saint

Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs…
Le Seigneur a fait de ma bouche une épée tranchante,
il m’a protégé par l’ombre de sa main…
Il m’a dit : Tu es mon serviteur, en toi je me glorifierai.

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Depuis des siècles déjà, l’Écriture annonçait la venue mystérieuse de ce Serviteur, à la fois souffrant et rédempteur. Malgré son sentiment de s’être fatigué pour rien, et d’avoir en pure perte usé ses forces, le Seigneur maintenait une immense promesse : Je vais faire de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux confins de la terre. Et les siècles passaient sans que le peuple de Dieu puisse voir se lever l’aube de ce salut tant attendu.
Mais un jour Jésus est enfin apparu. Je suis la lumière du monde ; qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (Jean 8,12) on sait qu’alors, pour tout une part, les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. (…)
Nous voilà donc au cœur de ce grand combat entre les ténèbres et la lumière qui veut nous révéler un prodigieux mystère : le Mystère de notre salut (Colossiens 1, 24-27) ! Nous voilà enfin arrivés à l’heure tant attendue.

Voici donc Jésus seul sur une route où nul n’est capable de le suivre. Pour marquer cette solitude absolue du creux de laquelle jaillira la suprême communion, cette noire solitude en face de l’incompréhension et de l’hostilité, deux figures se dressent au seuil de la nuit. Celle de deux apôtres dont il a voulu faire des amis et qui vont devenir tous deux, l’un Judas, un traître et l’autre, Simon-Pierre, un renégat. Tel est, dans son réalisme abrupt, la dure réalité de ce que le Christ est venu souffrir non seulement pour nous, mais encore par nous. Trahi par l’un, renié par l’autre, abandonné de tous, Jésus s’enfonce aujourd’hui dans la nuit la plus noire et la plus longue de notre propre histoire.
Voici venue l’heure – et elle est venue – où vous serez dispersés, chacun de son côté, et me laisserez seuls (Jean 13, 32). Mais cette heure le Christ l’a voulue. Il l’a choisie. Il l’a préparée. Et il proclame même que c’est celle de sa glorification. (…) Que nous reste-t-il à faire en ce Mardi Saint, nous qui sommes un peu, à nos heures, renégats comme Pierre ou traîtres comme Judas ? Il nous reste à contempler la route où Jésus s’enfonce tout seul vers cet endroit où nous ne pouvons pas aller, tant est profond l’abîme de sa kénose (anéantissement) où nul d’entre nous n’est à même de l’accompagner.
Il nous reste à contempler cette route avec la certitude que ce Jésus qui s’en va, ce soir, vers la croix, c’est aussi le Christ vainqueur de la mort qui en reviendra afin de nous prendre un jour tout entiers, avec lui, dans son Royaume, sachant bien que Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et nous placera près de lui avec vous (2 Corinthiens 5, 14).
Ne soyons pas plus présomptueux que Simon-Pierre ou plus désespérés que Judas. La nuit va nous envelopper à nouveau tout à l’heure. Nous ferons glisser une fois encore nos pas dans le dédale des trottoirs et des rues. Nous nous retrouverons dans la solitude de nos appartements ; et le grand silence du soir viendra envelopper nos âmes. Mais nous savons que nous ne sommes plus seuls. Jésus Christ a lavé nos reniements et racheté nos trahisons. Nos pires solitudes sont habitées par la présence de son amour. Comment donc ne pas espérer, au soir de ce Mardi Saint où nous avons vu le Fils du Dieu vivant partir mourir d’amour pour nous, afin que notre mort ne soit plus qu’une pâque vers lui !

Sources Vives n° 91