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Archive pour le mot-clef ‘commandement’

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. » (Mc 12, 30)

vendredi 8 mars 2024

Je ne doute pas, je suis sûr dans ma conscience, Seigneur, que je t’aime.
Tu as frappé mon cœur de ton verbe et je t’ai aimé.

Or, qu’est-ce que j’aime quand je t’aime ?
Ce n’est pas la beauté du corps, ni le charme d’un temps,
ni l’éclat de la lumière, amical à mes yeux d’ici-bas,
ni les douces mélodies des cantilènes de tout mode,
ni la suave odeur des fleurs, des parfums, des aromates,
ni la manne ou le ciel,
ni les membres accueillants aux étreintes de la chair :
ce n’est pas cela que j’aime quand j’aime mon Dieu.

Et pourtant, j’aime certaine lumière et certaines voix,
certain parfum et certain aliment et certaine étreinte
quand j’aime mon Dieu :
lumière, voix, parfum, aliment, étreinte
de l’homme intérieur qui est en moi,
où brille pour mon âme ce que l’espace ne saisit pas,
où résonne ce que le temps ne prend pas,
où s’exhale un parfum que le vent ne disperse pas,
où s’exhale un parfum que le vent ne disperse pas,
où se savoure un mets que la voracité ne réduit pas,
où se noue une étreinte que la satiété ne desserre pas.
C’est cela que j’aime quand j’aime mon Dieu.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Aimer de tout son cœur dans le cœur de Jésus

jeudi 8 juin 2023

« Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même pour l’amour de Dieu » (cf. Mc 12,31 ; Mt 22,37 ; Lc 10,27). Pour tout homme, tout amour est une affaire de cœur, sans le cœur de l’homme, il n’y a pas d’amour humain. Sans Jésus nous n’aurions pas été capables d’aimer Dieu avec un amour qui soit l’amour de sa créature humaine, parce que notre cœur était perverti, parce que nous ignorions ce qu’est un cœur converti, retourné vers Dieu, tourné vers Dieu, offert à Dieu. Jésus a révélé, en nous l’expliquant et en nous le montrant, comment doit vivre, comment doit agir, l’homme dont le cœur est converti.

Parce que nous avons vu et touché Jésus Dieu fait homme, nous pouvons rencontrer Dieu au niveau de notre cœur. L’amour personnel de Jésus pour nous et de nous pour lui, le cœur à cœur avec lui est notre accès à l’amour de Dieu, aussi sommes-nous incapables et ignorants de pouvoir et de savoir « aimer le Seigneur de tout notre cœur » sans la contemplation et sans l’imitation du cœur même de Jésus-Christ. (…)

Pour savoir ce qu’est un cœur pur et ce qu’est un cœur bon, il faut regarder Jésus. Lui seul le sait, lui seul l’apprend, lui seul le donne. C’est grâce à lui que nous apprenons de quel amour nous pouvons aimer Dieu, que nous connaissons de quel amour Dieu aime les hommes. C’est par un cœur à cœur avec ses compagnons de vie que Jésus leur a révélé l’accès à l’amour de Dieu, et c’est toujours, à travers ce même cœur à cœur que Jésus nous a révélé et nous fait vivre le mystère de l’amour de Dieu. Dans ce cœur, Jésus nous montre son cœur pur et son bon cœur, le cœur qui deviendrait notre cœur converti.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

Aimer Dieu et son prochain

vendredi 20 mai 2022

Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c’est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu.

Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu.

Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l’extérieur et que nous n’aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l’éloignement à l’égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.

Dorothée de Gaza (v. 500-?)

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. »

vendredi 12 mars 2021

Les grands de la terre se font gloire de posséder des royaumes et des richesses. Jésus Christ trouve tout son bonheur à régner sur nos cœurs ; c’est là la souveraineté qu’il convoite et qu’il a décidé de conquérir par sa mort sur la croix : « Il a reçu le pouvoir sur ses épaules » (Is 9,5). Par ces paroles, plusieurs interprètes (…) comprennent la croix que notre divin Rédempteur a portée sur ses épaules. « Ce Roi du ciel, remarque Cornelius à Lapide, est un maître bien différent du démon : celui-ci charge de lourds fardeaux les épaules de ses esclaves. Jésus, au contraire, prend sur lui-même tout le poids de sa souveraineté ; il embrasse la croix et veut y mourir pour régner sur nos cœurs ». Et Tertullien dit que tandis que les monarques de la terre « portent le sceptre à la main et la couronne sur la tête comme emblèmes de leur puissance, Jésus Christ a porté la croix sur ses épaules. Et la croix a été le trône où il est monté pour fonder son règne d’amour .» (…)

Hâtons-nous donc de consacrer tout l’amour de notre cœur à ce Dieu qui, pour l’obtenir, a sacrifié son sang, sa vie, tout lui-même. « Si tu savais le don de Dieu, disait Jésus à la Samaritaine, et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’ » (Jn 4,10). C’est-à-dire : si tu savais la grandeur de la grâce que tu reçois de Dieu ! (…) Oh, si l’âme comprenait quelle grâce extraordinaire Dieu lui fait quand il réclame son amour en ces termes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ». Un sujet qui entendrait son prince lui dire : « Aime-moi », ne serait-il pas captivé par cette invitation ? Et Dieu ne réussirait pas à gagner notre cœur, alors qu’il nous le demande avec tant de bonté : « Mon fils, donne-moi ton cœur » ? (Pr 23,26) Mais ce cœur, Dieu ne le veut pas à moitié ; il le veut tout entier, sans réserve ; c’est son précepte : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ».

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

Les deux commandements de l’amour

jeudi 4 juin 2020

C’est Dieu que nous aimons, c’est l’amour de Dieu le premier commandement ; mais le second lui est semblable, c’est-à-dire que c’est seulement à travers les autres que nous pouvons rendre amour pour amour à Dieu.

Le danger, c’est que le deuxième commandement devienne le premier. Mais nous avons une preuve de contrôle, c’est d’aimer chaque homme, c’est d’aimer le Christ, c’est d’aimer Dieu dans chaque homme, sans préférence, sans catégories, sans exception.

Le deuxième danger c’est que nous ne le puissions pas, et nous ne le pourrons pas si nous séparons la charité de la foi et de l’espérance. La foi et l’espérance, c’est la prière qui les donne. Sans prier, nous ne pourrons pas aimer. (…) C’est la foi et c’est l’espérance, dilatées par la prière, qui débarrasseront le chemin de notre amour de son obstacle le plus encombrant : le souci de nous-mêmes.

Le troisième danger sera d’aimer non « comme Jésus nous a aimés », mais à la mode humaine. Et c’est peut-être le plus grand des dangers. (…) Ce n’est pas notre amour que nous avons à donner : c’est l’amour de Dieu. L’amour de Dieu qui est une personne divine, qui est le don de Dieu à nous, mais qui reste un don, qui doit pour ainsi dire nous traverser, nous transpercer pour aller ailleurs, pour aller dans les autres.

Vénérable Madeleine Delbrêl

 

 

 

« Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. »

jeudi 14 mai 2020

Parmi ses disciples, le Christ en a choisi qu’il s’est attaché plus étroitement pour les envoyer prêcher parmi tous les peuples. L’un d’entre eux s’étant retranché de leur nombre, il a commandé aux onze autres, lors de son retour au Père après sa résurrection, d’aller enseigner les nations afin de les baptiser dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Mt 28,19).

Aussitôt, les apôtres – dont le nom signifie « envoyés » – ont choisi par le sort Matthias comme douzième à la place de Judas, selon la prophétie contenue dans un psaume de David (108,8). Ils ont reçu, avec la force promise de l’Esprit Saint, le don des miracles et des langues. D’abord en Judée, ils ont témoigné de la foi en Jésus Christ et y ont institué des églises. De là, ils sont partis à travers le monde pour répandre parmi les nations le même enseignement et la même foi. (…)

Quelle a été la prédication des apôtres ? Quelle révélation le Christ leur a-t-il faite ? Je dirai qu’on ne doit pas chercher à le savoir autrement que par ces mêmes églises que les apôtres ont personnellement fondées en leur prêchant tant de vive voix que par leurs écrits. Si cela est vrai, il est incontestable que toute doctrine qui s’accorde avec ces églises apostoliques, mères et sources de la foi, doit être considérée comme vraie parce qu’elle contient ce que les églises ont reçu des apôtres, les apôtres du Christ, et le Christ de Dieu.

Tertullien (v. 155-v. 220)

 

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. »

vendredi 23 août 2019

Nous avons reçu de Dieu la tendance naturelle à faire ce qu’il commande et nous ne pouvons donc pas nous insurger comme s’il nous demandait une chose tout à fait extraordinaire, ni nous enorgueillir comme si nous apportions plus que ce qui nous est donné. (…) En recevant de Dieu le commandement de l’amour, nous avons aussitôt, dès notre origine, possédé la faculté naturelle d’aimer. Ce n’est pas du dehors que nous en sommes informés ; chacun peut s’en rendre compte par lui-même car nous cherchons naturellement ce qui est beau ; sans qu’on nous l’apprenne, nous aimons ceux qui nous sont apparentés par le sang ou par l’alliance ; nous manifestons enfin volontiers notre bienveillance à nos bienfaiteurs.

Or, quoi de plus admirable que la beauté de Dieu ? Quel désir est ardent comme la soif provoquée par Dieu dans l’âme purifiée, s’écriant dans une émotion sincère : « L’amour m’a blessée » ? (Ct 2,5) Cette beauté est invisible aux yeux du corps ; l’âme seule et l’intelligence peuvent la saisir. Chaque fois qu’elle a illuminé les saints, elle a laissé en eux l’aiguillon d’un grand désir, au point qu’ils se sont écriés : « Malheur à moi, parce que mon exil s’est prolongé » (Ps 119,5), « Quand irai-je contempler la face du Seigneur ? » (Ps 41,3) et « Je voudrais m’en aller et être avec le Christ » (Ph 1,23). « Mon âme a soif du Seigneur vivant » (Ps 41,3)… C’est ainsi que les hommes aspirent naturellement vers le beau. Mais ce qui est bon est aussi souverainement aimable ; or Dieu est bon ; donc tout recherche le bon ; donc tout recherche Dieu.

Si l’affection des enfants pour leurs parents est un sentiment naturel qui se manifeste dans l’instinct des animaux et dans la disposition des hommes à aimer leur mère dès leur jeune âge, ne soyons pas moins intelligents que des enfants, ni plus stupides que des bêtes sauvages : ne restons pas devant Dieu qui nous a créés comme des étrangers sans amour. Même si nous n’avons pas appris par sa bonté ce qu’il est, nous devrions encore, pour le seul motif que nous avons été créés par lui, l’aimer par-dessus tout, et rester attachés à son souvenir comme des enfants à celui de leur mère.

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

« Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. »

dimanche 19 mai 2019

« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres »… Celui qui écoute ce commandement, ou plutôt qui y obéit, est renouvelé non par n’importe quel amour mais par celui que le Seigneur a précisé en ajoutant, afin de le distinguer de l’affection purement naturelle : « Comme je vous ai aimés »… « Tous les membres du corps ont souci les uns des autres. Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est à l’honneur, tous les membres se réjouissent avec lui » (1Co 12,25-26). Ils entendent, en effet, et ils observent cette parole : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres », non pas comme font les débauchés, ni ceux qui s’aiment simplement parce qu’ils ont une même nature, mais comme s’aiment ceux qui sont tous « des dieux » (Jn 10,35) et « les fils du Très-Haut » (Lc 6,35), pour devenir ainsi les frères de son Fils unique. Ceux-là s’aiment les uns les autres parce que lui-même les a aimés, pour les conduire à la fin qui les comblera, là où leur désir pourra se rassasier de tous les biens. En effet, tous les désirs seront comblés lorsque Dieu sera « tout en tous » (1Co 15,28)…

Celui qui aime son prochain d’un amour pur et spirituel, qu’aimera-t-il en lui si ce n’est Dieu ? C’est cet amour que le Seigneur veut séparer de l’affection purement naturelle lorsqu’il ajoute : « Comme je vous ai aimés ». Qu’est-ce qu’il a aimé en nous, si ce n’est Dieu ? Non pas Dieu tel que nous le possédons déjà mais tel qu’il veut que nous le possédions là où « Dieu sera tout en tous ». Le médecin aime ses malades à cause de la santé qu’il veut leur donner, non à cause de la maladie. « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » C’est pour cela qu’il nous a aimés : afin qu’à notre tour nous nous aimions les uns les autres.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Aimer Dieu et aimer son prochain

vendredi 29 mars 2019

L’histoire d’amour entre Dieu et l’homme consiste dans le fait que cette communion de volonté grandit dans la communion de pensée et de sentiment, et ainsi notre vouloir et la volonté de Dieu coïncident toujours plus : la volonté de Dieu n’est plus pour moi une volonté étrangère, que les commandements m’imposent de l’extérieur, mais elle est ma propre volonté, sur la base de l’expérience que, de fait, Dieu est plus intime à moi-même que je ne le suis à moi-même (Saint Augustin). C’est alors que grandit l’abandon en Dieu et que Dieu devient notre joie (cf Ps 72,23-28).

L’amour du prochain se révèle ainsi possible au sens défini par la Bible, par Jésus. Il consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus-Christ. Son ami est mon ami… Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires : je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin.

Benoît XVI

 

 

 

Aimez-vous les uns les autres

dimanche 6 mai 2018

Le moyen d’observer votre règlement, c’est de vivre en grande cordialité et charité les unes envers les autres. Les personnes qui sont choisies pour un même exercice doivent aussi être unies en toutes choses. Ces filles sont choisies pour l’accomplissement d’un dessein ; mais le bâtiment ne durera pas si vous ne vous entr’aimez pas les unes les autres, et ce lien empêchera qu’il ne se rompe. Notre Seigneur a dit à ses apôtres : « Vous, mes apôtres, si vous voulez le dessein que j’ai eu de toute éternité, soyez en grande charité. »

Mes filles, vous êtes infirmes, il est vrai, mais supportez les imperfections les unes des autres. Si vous ne le faites, le bâtiment se rompra, et d’autres seront mises en vos places. Et parce qu’il peut y avoir des antipathies, il sera bon que vous changiez, avec la permission des supérieurs, et le bon plaisir des dames supérieures. Saint Pierre et saint Paul et saint Barnabé ont bien eu des différends. C’est pourquoi il ne se faut pas s’étonner si de pauvres filles infirmes en peuvent avoir. Il faut avoir la disposition d’aller partout où on vous ordonnera, et même le demander et dire : « Je ne suis point d’ici ni de là, mais de partout où il plaira à Dieu que je sois. »

Saint Vincent de Paul (1581-1660), prêtre, fondateur de communautés religieuses
Entretien aux Filles de la Charité, 31/7/1934 (Tome IX, Éd. Gabalda, 1923. Conférence du 31 juillet 1634, pp.10-11 ; rev.)