ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Seigneur’

« Demandez, cherchez, frappez. »

jeudi 26 février 2015

images

Efforce-toi de plaire au Seigneur, attends-le intérieurement sans te lasser, cherche-le au moyen de tes pensées, fais violence à ta volonté et à ses décisions, contrains-les pour qu’elles tendent continuellement vers lui. Et tu verras comment il vient auprès de toi et y établit sa demeure (Jn 14,23)… Il se tient là, observant ton raisonnement, tes pensées, tes réflexions, examinant comment tu le cherches, si c’est de toute ton âme, ou bien avec mollesse et négligence. Et quand il verra que tu le cherches avec ardeur, aussitôt il se manifestera à toi, il t’apparaîtra, t’accordera son secours, te donnera la victoire et te délivrera de tes ennemis. Quand il aura vu, en effet, comment tu le cherches, comment tu places continuellement toute ton espérance en lui, alors il t’instruira, t’apprendra la prière véritable, te donnera cette charité véritable qu’il est lui-même. Il deviendra alors pour toi toutes choses : paradis, arbre de vie, perle précieuse, couronne, architecte, cultivateur, un être soumis à la souffrance mais non atteint par la souffrance, homme, Dieu, vin, eau vive, brebis, époux, combattant, armure, le Christ « tout en tous » (1Co 15,28).

De même qu’un enfant ne peut pas se nourrir lui-même ni prendre soin de lui-même, mais ne peut que regarder vers sa mère en pleurant, jusqu’à ce qu’elle soit touchée de compassion et s’occupe de lui, ainsi les âmes croyantes espèrent toujours dans le Christ et lui attribuent toute justice. Comme le sarment se dessèche s’il est séparé de la vigne (Jn 15,6), ainsi fait celui qui veut être juste sans le Christ. De même que « celui-là est un brigand et un voleur qui n’entre pas par la porte, mais pénètre par une autre voie » (Jn 10,1), ainsi en est-il de celui qui veut se rendre juste sans celui qui justifie.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390), moine
Homélies spirituelles n° 30, 3-4 (trad. coll. SO 40, Bellefontaine, p. 286 rev.)

 

 

 

Le maître de la moisson

lundi 26 janvier 2015

15_Moisson_Luc_10-2

L’évangile qui vient d’être lu nous invite a chercher quelle est cette moisson dont le Seigneur nous dit : « La moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson ». C’est alors qu’il a envoyé, en plus des douze disciples qu’il a appelé apôtres ( « envoyés »), soixante-douze autres personnes. Tous, comme on le voit d’après ses propres paroles, il les a envoyés travailler à une moisson déjà préparée. A quelle moisson ? Ils n’allaient pas moissonner chez les païens, où rien n’avait été semé. Il faut donc penser que la moisson avait lieu au milieu des juifs ; c’est pour moissonner là qu’est venu le maître de la moisson. Aux autres peuples il envoie non des moissonneurs, mais des semeurs. Chez les juifs, donc, la moisson ; ailleurs les semailles. Et c’est bien en moissonnant chez les juifs qu’il a choisi les apôtres ; c’était le temps de la moisson, elle était mûre, car les prophètes avaient semé parmi eux…

Le Seigneur n’a-t-il pas déclaré à ses disciples : « Vous dites que l’été est encore loin. Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson » (Jn 4,35). Il a dit encore : « D’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux » (v. 38). Abraham, Isaac, Jacob, Moïse et les prophètes ont pris de la peine ; ils ont peiné pour semer le grain. A son avènement, le Seigneur a trouvé la moisson mûre, et il a envoyé les moissonneurs avec la faux de l’Evangile.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 101 ; PL 38, 605s (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 73 et Delhougne p. 417)

 

 

 

 

« Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé. »

vendredi 16 janvier 2015

guerison-paralytique-4b8fd6Un homme dont les forces intérieures sont affaiblies pour tout bien, ne pouvons-nous pas le soulever comme le paralytique de l’Evangile, et lui ouvrir le toit de l’Écriture pour le descendre aux pieds du Seigneur ?

Vous le voyez bien, un tel homme est un paralytique spirituel. Et je vois ce toit (de l’Écriture), et je sais que le Christ est caché sous ce toit. Je vais faire donc, autant qu’il me sera possible, ce que le Seigneur a approuvé chez ceux qui découvrirent le toit de la maison et descendirent le paralytique à ses pieds. Celui-ci lui dit en effet : « Mon fils, prends courage ! Tes péchés te sont remis. » Et Jésus guérit cet homme de la paralysie intérieure : il lui remit ses péchés et il affermit sa foi.

Mais il y avait là des gens dont les yeux ne pouvaient pas voir la guérison de la paralysie intérieure. Ils prirent pour un blasphémateur le médecin qui l’avait opérée. « Quel est donc cet homme, disent-ils, qui remet les péchés ? Il blasphème. Quel autre que Dieu peut remettre les péchés ? » Mais comme ce médecin était Dieu, il entendait ces pensées en leur cœur. Ils croyaient que Dieu avait vraiment ce pouvoir mais ils ne voyaient pas Dieu présent devant eux. Alors ce médecin agit aussi sur le corps du paralytique, pour guérir la paralysie intérieure de ceux qui tenaient ce langage. Il opéra quelque chose qu’ils puissent voir pour qu’ils croient eux aussi.

Courage donc, toi aussi dont le cœur est faible, toi qui es malade jusqu’à être incapable de tout bien face à ce qui se passe dans le monde. Courage, toi qui es intérieurement paralysé ! Ensemble, découvrons le toit des Écritures pour descendre aux pieds du Seigneur.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Discours sur les Psaumes, Ps. 36, no. 3, §3

 

 

 

 

« Votre Père ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »

mardi 9 décembre 2014

brebis égaréeLe Seigneur aime le pécheur repentant ; il le serre avec tendresse sur son cœur : « Où étais-tu, mon enfant ? Je t’attends depuis longtemps ». Le Seigneur appelle ainsi à lui tous les hommes par son Évangile ; sa voix retentit dans le monde entier : « Venez à moi, vous tous qui peinez, et je vous donnerai le repos ; venez et buvez l’eau vive (Mt 11,28; Jn 4,10). Venez et apprenez que je vous aime… Je ne peux pas supporter que même une seule de mes brebis se perde. Même pour une seule, le pasteur va dans les montagnes et la cherche partout. Venez donc à moi, mes brebis. Je vous ai créées et je vous aime. Mon amour pour vous m’a fait venir sur la terre, et j’ai tout enduré pour votre salut. Je veux que vous connaissiez mon amour et que vous disiez comme les apôtres sur le Mont Thabor : ‘ Seigneur, il est bon pour nous d’être avec toi ‘ (Mt 17,4) ».

Le Seigneur nous appelle sans cesse vers lui : « Venez à moi, et je vous donnerai le repos ». Il nous nourrit de son Corps très pur et de son Sang. Avec bonté, il nous éduque par sa parole et par le Saint Esprit ; il nous a révélé les mystères. Il vit en nous et dans les sacrements de l’Église, et il nous conduit là où nous verrons sa gloire. Mais chacun verra cette gloire dans la mesure de son amour…

Tu as attiré à toi les âmes des saints, Seigneur, et elles coulent vers toi comme des rivières silencieuses. L’esprit des saints s’est attaché à toi, Seigneur, et il s’élance vers toi, notre lumière et notre joie. Le cœur des saints s’est affermi dans ton amour, Seigneur, et il ne peut pas t’oublier ne serait-ce qu’un instant, même dans le sommeil, car douce est la grâce du Saint Esprit.

Silouane (1866-1938), moine russe, saint des Églises orthodoxes
Ecrits (trad. Sophrony, Starets, Eds. Présence 1975, p. 389)

 

 

 

 

« On mangeait, on buvait, on achetait, on vendait. »

vendredi 14 novembre 2014

;

passeur-lumiere-oeil-inverse

.Le Seigneur a fait à ses disciples de grandes recommandations pour que leur esprit secoue comme une poussière tout ce qui est terrestre dans la nature et s’élève au désir des réalités surnaturelles. C’est qu’il faut, quand on se tourne vers la vie d’en haut, être plus forts que le sommeil et garder toujours l’esprit vigilant… Je parle de cet assoupissement de ceux qui sont enfoncés dans le mensonge de la vie par ces rêves illusoires que sont les honneurs, les richesses, le pouvoir, le faste, la fascination des plaisirs, l’ambition, la soif de jouissance, la vanité et tout ce que l’imagination entraîne les hommes superficiels à poursuivre follement. Toutes ces choses s’écoulent avec la nature éphémère du temps ; elles sont du domaine du paraître…; à peine ont-elles paru exister, elles disparaissent comme les vagues sur la mer…

C’est pour que notre esprit soit dégagé de ces illusions que le Verbe, la Parole de Dieu, nous invite à secouer des yeux de l’âme ce sommeil profond, afin que nous ne glissions pas loin des réalités véritables en nous attachant à ce qui n’a pas de consistance. C’est pourquoi il nous propose la vigilance, en nous disant : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées » (Lc 12,35). Car la lumière, en brillant devant les yeux, chasse le sommeil, et les reins serrés par la ceinture empêchent le corps d’y succomber… Celui qui est ceint par la tempérance vit dans la lumière d’une conscience pure ; la confiance filiale illumine sa vie comme une lampe… Si nous vivons comme cela, nous entrerons dans une vie semblable à celle des anges.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395), moine et évêque
Sermons sur le Cantique des Cantiques, n°11, 1 (trad. Canevet, Cerf 1992, p.141 rev.)

 

 

 

« Dites-vous : ‘ Nous sommes des serviteurs quelconques ’ »

mardi 11 novembre 2014

pissenli

Les yeux du Seigneur regardent les humbles, pour qu’ils se réjouissent. Mais la face du Seigneur se détourne des orgueilleux, pour les humilier. L’humble reçoit toujours de Dieu la compassion… Fais-toi petit en tout devant tous les hommes, et tu seras élevé plus haut que les princes de ce monde. Devance tous les êtres, embrasse-les, abaisse-toi devant eux, et tu seras honoré plus que ceux qui offrent de l’or. Descends plus bas que toi-même, et tu verras la gloire de Dieu en toi. Car là où germe l’humilité, là se répand la gloire de Dieu… Si tu as l’humilité dans ton cœur, Dieu t’y révélera sa gloire…

N’aime pas l’honneur, et tu ne seras pas déshonoré. L’honneur fuit devant celui qui court après lui. Mais l’honneur poursuit celui qui le fuit, et il proclame à tous les hommes son humilité. Si tu te méprises toi-même, afin de ne pas être honoré, c’est Dieu qui te manifestera. Si tu te blâmes toi-même par amour de la vérité, Dieu permettra que tu sois loué devant toutes ses créatures. Elles ouvriront devant toi la porte de la gloire de ton Créateur, et elles te loueront. Car tu es en vérité à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26).

Isaac le Syrien (7ème siècle), moine près de Mossoul
Discours, 1ère série, n°5 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 87 rev.)

 

 

 

Un cœur vraiment tout à Dieu

mardi 14 octobre 2014

jesus-knock-door[3]

Comprenons-le bien, notre cœur appartiendra tout entier à Dieu à partir du jour où nous lui remettrons toute notre volonté, où nous ne voudrons plus que ce qu’il veut. Ce Dieu, du reste, ne veut que notre bien et notre bonheur. « Le Christ est mort, dit l’apôtre Paul, afin d’être le Seigneur et des morts et des vivants. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,8-9). Jésus a voulu mourir pour nous ; que pouvait-il faire de plus pour conquérir notre amour et devenir l’unique Maître de notre cœur ? À nous donc de montrer désormais au ciel et à la terre, par notre vie et par notre mort, que nous ne nous appartenons plus, mais que nous sommes tout entiers possédés par notre Dieu et par lui seul.

Combien Dieu désire voir un cœur vraiment tout à lui ! De quel ardent amour ne l’aime-t-il pas ? Quelles marques de sa tendresse ne lui prodigue-t-il pas, dès ici-bas ! Quels biens, quel bonheur, quelle gloire ne lui prépare-t-il pas dans le ciel !…

Âmes fidèles ! Marchons à la rencontre de Jésus : s’il a le bonheur de nous posséder, nous avons, nous, celui de le posséder, lui : l’échange est beaucoup plus avantageux pour nous que pour lui. « Thérèse, dit un jour le Seigneur à cette sainte [d’Avila], jusqu’ici tu ne fus pas entièrement à moi ; maintenant que tu es tout à moi, sache que je suis tout à toi »… Dieu brûle d’un désir extrême de s’unir à nous ; mais il faut que nous aussi nous prenions soin de nous unir à Dieu.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787), évêque et docteur de l’Église
6ème Discours pour la neuvaine de Noël (trad. Éds Saint-Paul 1993, p. 92 rev.)

 

 

 

« Une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante »

jeudi 11 septembre 2014

croix

Notre Seigneur mentionne quatre sortes de mesures qui seront données à l’homme : une bonne mesure, une mesure comble, une mesure pressée et une mesure débordante… Comprenez d’abord ce qu’est la bonne mesure. Elle consiste en ce que l’homme tourne sa volonté vers Dieu, vive selon les commandements de Dieu et de la sainte Église…, dans la pratique des sacrements et le regret des péchés…, qu’il aime Dieu et son prochain… Voilà une vie vraiment chrétienne…; on peut l’appeler le strict nécessaire… Quand l’homme débute dans la vie spirituelle, il se propose de bonnes pratiques extérieures, telles que prières, prostrations, jeûnes et autres formes particulières de dévotion. Puis, c’est la mesure comble qui lui est donnée, à savoir un exercice intérieur, intime, par lequel l’homme met tout son zèle à chercher Dieu dans son tréfonds, car c’est là qu’est le Royaume de Dieu (Lc 17,21). Mes enfants, cette vie est aussi différente de la première, que courir est différent d’être assis…

Vient ensuite la mesure tassée et pressée : c’est l’amour ruisselant. Cet amour tire tout à lui, toutes les bonnes œuvres, toute vie, toute souffrance. Il amène en son vase tout ce qui se fait de bien dans le monde, de la part de tous les hommes, bons ou mauvais…; tout est dans la charité… L’amour absorbe tout le bien qui se trouve au ciel dans les anges et dans les saints, les souffrances des martyrs. Il attire en soi tout ce qu’ont de bon en elles toutes les créatures du ciel et de la terre, dont une si grande part se perd ou du moins semble perdue ; la charité ne le laisse pas perdre…

Vient ensuite la mesure débordante. Cette mesure est si pleine, si abondante, si généreuse qu’elle déborde de toute part. Notre Seigneur touche d’un doigt le vase, aussitôt la plénitude de dons monte rapidement au-dessus de tout ce que le vase avait recueilli en lui-même et au-dessus de lui-même… Tout est répandu et tout est perdu en Dieu et devenu un avec lui. Dieu s’aime dans de tels hommes, il opère toutes leurs œuvres en eux… C’est ainsi que la mesure des cœurs débordants se répand sur toute l’Église.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 39, pour le 4ème dimanche après la Trinité (trad. Cerf 1991, p. 308s)

 

 

 

« Tenez-vous donc prêts, vous aussi. »

jeudi 28 août 2014

0

« Veillez, parce que vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra. » Ces paroles me font penser au dernier appel qui viendra au moment que le Seigneur voudra. Je désire y répondre, et je désire que tout ce qui fait ma vie sur terre me prépare à ce moment. Je ne sais pas quand il arrivera, mais comme toute chose, ce moment-là également je le remets entre les mains de la Mère de mon Maître : Totus Tuus. Dans ces mêmes mains maternelles je laisse toute chose et tous ceux à qui m’ont associé ma vie et ma vocation. En ses mains je laisse par-dessus tout l’Église, et aussi ma nation et toute l’humanité. Je remercie chacun. À chacun je demande pardon. Je demande aussi de prier pour que la miséricorde de Dieu se montre plus grande que ma faiblesse et que mon indignité (06/03/1979)…

Chacun doit toujours compter avec la possibilité de la mort. Et il doit être prêt à se présenter devant le Seigneur et Juge, qui est en même temps Rédempteur et Père. Alors moi aussi je prends cela continuellement en considération, confiant ce moment décisif à la Mère du Christ et de l’Église, à la Mère de mon espérance…

Je désire encore une fois me confier totalement à la volonté du Seigneur. C’est lui qui décidera quand et comment doit se terminer ma vie terrestre et mon ministère pastoral. Dans ma vie et dans ma mort, Totus Tuus, par l’Immaculée. Acceptant dès aujourd’hui cette mort, j’espère que le Christ me donnera la grâce pour l’ultime passage, c’est-à-dire ma Pâque. J’espère aussi qu’il la rendra utile à cette cause suprême que j’essaie de servir : le salut des hommes, la sauvegarde de la famille humaine, et, en elle, de toutes les nations et de tous les peuples (parmi ceux-ci, je me tourne de façon particulière vers ma patrie terrestre) ; utile aux personnes qu’il m’a spécialement confiées, à la vie de l’Église, à la gloire de Dieu même (01/03/1980).

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Testament (trad. DC 2336  © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

« Un endroit désert, à l’écart »

dimanche 3 août 2014

Une-lumiere-pour-nous-guider-Sa-Parole

Chacun des saints a dû fuir « la voie large et spacieuse » (Mt 7,13), pour demeurer seul, à part, et là, vivre dans la vertu : Élie, Élisée…, Jacob… Le désert et l’abandon des tumultes de la vie procurent à l’homme l’amitié de Dieu ; ainsi Abraham, quand il est sorti du pays des Chaldéens, a été appelé « ami de Dieu » (Jc 2,23). Le grand Moïse aussi, lors de son départ du pays d’Égypte…a parlé avec Dieu face à face, a été sauvé des mains de ses ennemis et a traversé le désert. Tous ceux-là sont l’image de la sortie des ténèbres vers la lumière admirable, et de la montée vers la ville qui est au ciel (He 11,16), la préfiguration du vrai bonheur et de la fête éternelle.

Quant à nous, nous avons auprès de nous la réalité que des ombres et des symboles annonçaient, je veux dire l’image du Père, notre Seigneur Jésus Christ (Col 2,17; 1,15). Si nous le recevons comme nourriture en tout temps, et si nous marquons de son sang les portes de nos âmes, nous serons libérés des travaux de Pharaon et de ses inspecteurs (Ex 12,7; 5,6s)… Maintenant nous avons trouvé le chemin pour passer de la terre au ciel… Autrefois, par l’intermédiaire de Moïse, le Seigneur précédait les fils d’Israël dans une colonne de feu et de nuée ; maintenant, il nous appelle lui-même en disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ; de celui qui croit en moi, sortiront des fleuves d’eau vive jaillissant jusqu’à la vie éternelle » (Jn 7,37s).

Que chacun se prépare donc avec un ardent désir à se rendre à cette fête ; qu’il écoute le Sauveur l’appeler, car c’est lui qui nous console tous et chacun en particulier. Que celui qui a faim vienne à lui : il est le vrai pain (Jn 6,32). Que celui qui a soif vienne à lui : il est la source d’eau vive (Jn 4,10). Que le malade vienne à lui : il est le Verbe, la Parole de Dieu, qui guérit les malades. Si quelqu’un est accablé par les fardeaux du péché et s’en repent, qu’il se réfugie à ses pieds : il est le repos et le port du salut. Que le pécheur ait confiance, car il a dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28).

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
24ème lettre festale pour Pâques (trad. Sr. Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 2, p. 31 rev.)