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Archive pour le mot-clef ‘St Macaire d’Egypte’

« J’étais aveugle, et je vois. » (Jn 9,25)

dimanche 19 mars 2023

Telle est l’âme pauvre en esprit. Elle reconnaît ses blessures. Elle reconnaît aussi les ténèbres des passions qui l’entourent. Elle recherche continuellement la rédemption qui vient du Seigneur. Elle porte les peines, et ne se réjouit d’aucun des biens qui sont sur la terre. Elle recherche le seul bon médecin et ne se confie qu’à ses soins.

Comment donc cette âme blessée sera-t-elle belle, gracieuse et apte à vivre avec le Christ ? Comment, sinon en retrouvant son ancienne création et en reconnaissant clairement ses propres blessures et sa pauvreté ? Car si l’âme ne se complaît pas dans les blessures et les meurtrissures des passions, si elle ne couvre pas ses propres fautes, le Seigneur ne lui impute pas la cause du mal, mais il vient la soigner, la guérir et rétablir en elle une beauté impassible et incorruptible.

Seulement, qu’elle ne choisisse pas de rester attachée à ce qu’elle fait, comme il a été dit ; qu’elle ne se complaise pas dans les passions suscitées en elle, mais que de toute sa force elle appelle le Seigneur, afin qu’il lui donne par son Esprit bon d’être délivrée de toutes les passions. Donc une telle âme est bienheureuse.

Mais malheur à celle qui ne sent pas ses blessures et qui, portée par un grand vice et un endurcissement sans mesure, ne croit pas qu’il y a du mal en elle. Cette âme-là, le bon médecin ne la visite ni ne la soigne. Car elle ne le cherche pas, ni ne se soucie de ses blessures, tant elle considère qu’elle se porte bien et qu’elle est saine. Car il est dit : « Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais ceux qui vont mal » (Mt 9,12).

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

« Le Fils de l’Homme est maître du sabbat. »

vendredi 15 juillet 2022

Dans la Loi donnée par Moïse…, Dieu ordonnait à tous de se reposer et de ne faire aucun travail le jour du sabbat. Mais celui-ci était « une image et une ombre » (He 8,5) du véritable sabbat, qui est accordé à l’âme par le Seigneur. En effet, l’âme qui a été jugée digne du véritable sabbat cesse de s’adonner à ses préoccupations honteuses et avilies et s’en repose ; elle célèbre le véritable sabbat et jouit du véritable repos, étant délivrée de toutes les œuvres des ténèbres…

Jadis, il était prescrit que même les animaux dénués de raison devaient se reposer le jour du sabbat : le bœuf ne devait pas être soumis au joug, ni l’âne porter de fardeau, car les animaux eux-mêmes se reposaient des travaux pénibles. En venant parmi nous et en nous donnant le sabbat véritable et éternel, le Seigneur a apporté le repos à l’âme qui était chargée et accablée du fardeau du péché, et qui, sous la contrainte, accomplissait des œuvres de l’injustice, assujettie qu’elle était à des maîtres cruels. Il l’a soulagée du poids intolérable des idées vaines et ignobles ; il l’a affranchie du joug amer des œuvres d’injustice, et il lui a donné le repos.

En effet, le Seigneur appelle l’homme au repos en lui disant : « Venez, vous tous qui peinez et êtes accablés, et je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Et toutes les âmes qui lui font confiance et s’approchent de lui…célèbrent un sabbat véritable, délicieux et saint, une fête de l’Esprit, dans une joie et une allégresse inexprimables. Elles rendent à Dieu un culte pur qui lui plaît, procédant d’un cœur pur. C’est là le sabbat véritable et saint.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

Par la prière, veiller dans l’attente de Dieu

jeudi 26 août 2021

Il ne faut pour prier ni gestes, ni cris, ni silence, ni agenouillements. Notre prière, à la fois sage et fervente, doit être attente de Dieu, jusqu’à ce que Dieu vienne et visite notre âme par toutes ses voies d’accès, tous ses sentiers, tous ses sens. Trêve de nos silences, de nos gémissements et de nos sanglots : ne cherchons dans la prière que l’étreinte de Dieu.

Dans le travail, n’employons-nous pas tout notre corps à l’effort ? Tous nos membres n’y collaborent-ils pas ? Que notre âme elle aussi se consacre tout entière à sa prière et à l’amour du Seigneur ; qu’elle ne se laisse pas distraire ni tirailler par ses pensées ; qu’elle se fasse pleine attente du Christ. Alors le Christ l’illuminera, il lui enseignera la prière véritable, il lui donnera la supplique pure et spirituelle qui est selon Dieu, l’adoration « en esprit et en vérité » (Jn 4,24).

Celui qui exerce un commerce ne cherche pas simplement à réaliser un gain. Il s’efforce aussi par tous les moyens de le grossir et de l’accroître. Il entreprend de nouveaux voyages et renonce à ceux qui lui semblent sans profit ; il ne part qu’avec l’espérance d’une affaire. Comme lui, sachons conduire notre âme sur les voies les plus diverses et les plus opportunes, et nous acquerrons, ô gain suprême et véritable, ce Dieu qui nous apprend à prier dans la vérité.

Le Seigneur se pose dans une âme fervente, il en fait son trône de gloire, il s’y assied et y demeure.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

Je suis venu pour qu’ils aient la vie en abondance

lundi 26 avril 2021

Qu’est-ce que l’économie de la venue du Christ ? Le retour de notre nature à elle-même et sa restauration.

Car le Christ a rendu à la nature humaine la dignité d’Adam le premier homme. Il lui a donné en outre, ô grâce vraiment divine, et vraiment grande, l’héritage céleste de l’Esprit bon, en la faisant sortir de la prison des ténèbres. Il a montré le chemin et la porte de la vie : à qui est passé par cette porte, à qui a frappé à cette porte, il est possible d’entrer dans le Royaume. Il est dit en effet : « Demandez, et il vous sera donné. Frappez, et il vous sera ouvert » (Mt 7,7). Par cette porte peut entrer chacun de ceux qui veulent trouver la liberté de leur âme et désirent que celle-ci recouvre ses propres pensées, s’enrichisse de demeurer avec le Christ et l’ait pour époux dans la communion de l’Esprit bon.

Vois ici l’ineffable amour du Maître pour l’homme créé par lui à son image !

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

samedi 5 septembre 2020

Dans la Loi donnée par Moïse, qui était une ombre des choses à venir (Col 2,17), Dieu ordonnait à tous de se reposer et de ne faire aucun travail le jour du sabbat. Mais celui-ci était un symbole et une ombre du véritable sabbat, qui est accordé à l’âme par le Seigneur. (…) En effet, le Seigneur appelle l’homme au repos, en lui disant : « Venez, vous tous qui peinez et êtes accablés, et je vous donnerai le repos » (Mt 11,28). Et à toutes les âmes qui lui font confiance et s’approchent de lui, il donne le repos en les délivrant des pensées pénibles, accablantes et impures. Elles cessent alors complètement de s’adonner au mal, elles célèbrent un sabbat véritable, délicieux et saint, une fête de l’Esprit, dans une joie et une allégresse inexprimables. Elles rendent à Dieu un culte pur qui lui plaît, procédant d’un cœur pur. C’est là le sabbat véritable et saint.

Supplions donc Dieu, nous aussi, de nous faire entrer dans ce repos, de nous faire chômer des pensées honteuses, mauvaises et vaines, afin que nous puissions servir Dieu d’un cœur pur et célébrer la fête de l’Esprit Saint. Bienheureux ceux qui entrent dans ce repos

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

Nous livrer à lui totalement

mercredi 6 novembre 2019

Comment est-il possible que, malgré de tels encouragements et de telles promesses de la part du Seigneur, nous refusions de nous livrer à lui totalement et sans réserve, de renoncer à toutes choses et même à notre propre vie, conformément à l’Évangile (Lc 14,26), pour n’aimer que lui seul, et rien d’autre avec lui ?

Considère tout ce qui a été fait pour nous : quelle gloire nous a été donnée, que de dispositions en vue de l’histoire du salut faites par le Seigneur depuis les pères et les prophètes, que de promesses, que d’exhortations, quelle compassion de la part du Maître dès les origines ! À la fin, il a manifesté son indicible bienveillance envers nous en venant demeurer lui-même avec nous et en mourant sur la croix pour nous convertir et nous ramener à la vie. Et nous, nous ne laissons pas de côté nos volontés propres, notre amour du monde, nos prédispositions et nos habitudes mauvaises, apparaissant en cela comme des hommes de peu de foi, ou même sans foi aucune.

Et cependant, vois comment, malgré tout cela, Dieu se montre plein d’une douce bonté. Il nous protège et nous soigne invisiblement ; malgré nos fautes, il ne nous livre pas définitivement à la méchanceté et aux illusions du monde ; dans sa grande patience, il nous empêche de périr et guette de loin le moment où nous nous tournerons vers lui.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

 

« Venez au repas de noces ! »

jeudi 22 août 2019

Dans le monde visible, si un très petit peuple se lève contre le roi pour lui faire la guerre, ce dernier ne prend pas la peine de conduire lui-même les opérations, mais il envoie ses soldats avec leurs chefs, et ils engagent le combat. Si, au contraire, le peuple qui se dresse contre lui est très puissant et capable de ravager son royaume, le roi se voit obligé d’entrer lui-même en campagne, avec sa cour et son armée, et de mener le combat. Vois donc quelle dignité est la tienne ! Dieu lui-même s’est mis en campagne avec ses propres armées, je veux dire ses anges et ses saints esprits, venant lui-même te protéger, afin de te délivrer de la mort. Prends donc confiance, et vois la providence dont tu es l’objet.

Empruntons encore un exemple à la vie présente. Imaginons un roi qui rencontre un homme pauvre et malade et qui n’a pas dégoût de lui, mais guérit ses blessures au moyen de remèdes salutaires. Il le prend dans son palais, le revêt de pourpre, le ceint d’un diadème et l’invite à sa table. C’est ainsi que le Christ, le roi céleste, vient auprès de l’homme malade, le guérit et le fait asseoir à sa table royale, et cela sans violer sa liberté, mais en l’amenant par persuasion à accepter un si haut honneur.

Il est d’ailleurs écrit dans l’Évangile que le Seigneur envoya ses serviteurs pour inviter ceux qui voudraient bien venir, et il leur fit annoncer : « Mon repas est prêt ! » Mais ceux qui avaient été appelés s’excusèrent. (…) Tu le vois, celui qui adressait son appel était prêt, mais les appelés se sont dérobés ; ils sont donc responsables de leur sort. Telle est donc la grande dignité des chrétiens. Voici que le Seigneur leur prépare le Royaume, et il les invite à y entrer ; mais eux, ils refusent de venir. Au regard du don qu’ils doivent recevoir, on peut dire que si quelqu’un (…) endurait des tribulations depuis la création d’Adam jusqu’à la fin du monde, il n’aurait rien fait en comparaison de la gloire qu’il aura en héritage, car il doit régner avec le Christ pendant les siècles sans fin. Gloire à celui qui a tellement aimé cette âme qu’il s’est donné et confié lui-même à elle, ainsi que sa grâce ! Gloire à sa majesté !

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

Affamée et assoiffée d’amour pour l’Époux

samedi 6 juillet 2019

L’âme qui aime vraiment Dieu et le Christ, même si elle a accompli des milliers de bonnes œuvres, se considère comme n’ayant rien fait, à cause de sa faim insatiable de Dieu. Même si elle a épuisé son corps par les jeûnes et les veilles, elle croit n’avoir pas encore débuté dans la vertu. Malgré les dons du Saint-Esprit, les révélations et les mystères célestes, elle pense n’avoir encore rien fait, à cause de son amour immense pour le Seigneur. Toujours elle est affamée et assoiffée, dans la foi et dans l’amour.

Persévérant dans la prière, elle désire insatiablement les mystères de la grâce et l’acquisition de toute vertu. Blessée d’amour pour l’Esprit céleste, animée d’un désir ardent envers son Époux céleste, elle aspire à la grâce d’une communion parfaite, mystérieuse, et ineffable avec lui, dans la sanctification de l’Esprit. Elle attend que les voiles tombent devant son visage et que, face à face, elle puisse voir son Époux dans la lumière spirituelle et indicible, qu’elle soit unie à lui en toute certitude, qu’elle soit transformée à l’image de sa mort. Dans son grand désir de mourir pour le Christ, elle attend avec certitude d’être délivrée du péché et de toutes les ténèbres des passions. Ainsi purifiée par l’Esprit, sanctifiée dans son corps et dans son âme (…), elle a été rendue digne d’accueillir le vrai Roi, le Christ lui-même.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

« C’est un ennemi qui a fait cela. »

dimanche 23 juillet 2017

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Je vous écris, frères bien-aimés, pour que vous sachiez que depuis le jour où Adam a été créé jusqu’à la fin du monde, le Malin fera la guerre aux saints sans se donner de repos (Ap 13,7)… Ils sont cependant peu nombreux, ceux qui se rendent compte que le ravageur des âmes cohabite avec eux dans leur corps, tout près de l’âme. Ils sont dans la tribulation, et il n’y a personne sur terre pour les réconforter. C’est pourquoi, ils regardent vers le ciel et y placent leur attente, afin d’en recevoir quelque chose au-dedans d’eux-mêmes. Et par cette force, et grâce à cette armure de l’Esprit (Ep 6,13), ils vaincront. C’est du ciel, en effet, qu’ils reçoivent une force, qui demeure cachée aux yeux de la chair. Tant qu’ils chercheront Dieu de tout leur cœur, la force de Dieu vient secrètement à leur aide à tout moment… C’est précisément parce qu’ils touchent du doigt leur faiblesse, parce qu’ils sont incapables de vaincre, qu’ils sollicitent ardemment l’armure de Dieu, et ainsi revêtus de l’équipement de l’Esprit pour le combat (Ep 6,13), ils deviennent victorieux…

Sachez donc, frères bien-aimés, qu’en tous ceux qui ont préparé leur âme à devenir une bonne terre pour la semence céleste, l’ennemi se hâte de semer son ivraie… Sachez aussi que ceux qui ne cherchent pas le Seigneur de tout leur cœur ne sont pas tentés par Satan de façon aussi évidente ; c’est plutôt en cachette plus par des ruses qu’il essaie…de les écarter loin de Dieu.

Mais maintenant, frères, prenez courage et ne craignez rien. Ne vous laissez pas effrayer par des imaginations suscitées par l’ennemi. Dans la prière, ne vous livrez pas à une agitation confuse, en multipliant des cris déplacés, mais accueillez la grâce du Seigneur dans la contrition et le repentir… Prenez courage, réconfortez-vous, tenez bon, souciez-vous de vos âmes, persévérez avec zèle dans la prière… Car tous ceux qui cherchent Dieu en vérité recevront une force divine en leur âme, et en recevant cette onction céleste, tous ceux-là sentiront en eux-mêmes le goût et la douceur du monde à venir. Que la paix du Seigneur, celle qui a été avec tous les saints pères et les a gardés de toute tentation, demeure aussi avec vous.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390), moine
Homélies spirituelles, n° 51 (trad. Bellefontaine 1984, coll. Spi. Or. 40, p.367 rev.)

 

MMDHjuillet2017

 

 

 

 

« Combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint ? »

jeudi 6 octobre 2016

porte-frappez-et-lon

Pour obtenir le pain du corps, le mendiant n’éprouve aucune gêne à frapper à la porte et à réclamer ; et s’il ne reçoit pas, il entre plus avant et demande avec plus de sans-gêne du pain, un vêtement ou des sandales pour le soulagement de son corps. Tant qu’il n’a rien reçu, il ne s’en va pas, même si on le chasse. Nous qui cherchons à recevoir le pain céleste et véritable pour fortifier notre âme, nous qui désirons revêtir les vêtements célestes de lumière et aspirons à chausser les sandales immatérielles de l’Esprit pour le soulagement de l’âme immortelle, combien plus devons-nous, inlassablement et résolument, avec foi et amour, patienter toujours, frapper à la porte spirituelle de Dieu et demander avec une parfaite constance d’être jugés dignes de la vie éternelle.

C’est ainsi que le Seigneur « prononçait une parabole sur ce qu’il faut toujours prier sans se lasser » (Lc 18,1), puis ajoutait ces mots : Combien plus notre Père céleste « rendra-t-il justice à ceux qui crient vers lui nuit et jour » (v.6). Et encore, au sujet de l’ami : « Même si ce n’est pas en qualité d’ami qu’il lui donne, il se lèvera à cause de son sans-gêne et lui donnera tout ce dont il a besoin ». Il ajoute alors : « Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car celui qui demande reçoit, celui qui cherche trouve, et à celui qui frappe on ouvrira. » Et il poursuit : « Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient ! » C’est pour cela que le Seigneur nous exhorte à demander toujours, inlassablement et avec ténacité, à chercher et à frapper continuellement : car il a promis de donner à ceux qui demandent, cherchent et frappent, non à ceux qui ne demandent pas. C’est en étant prié, supplié et aimé qu’il veut nous donner la vie éternelle.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390), moine
Homélie n° 16, 3ème collection (trad. SC 275, p.205)