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Archive pour le mot-clef ‘Ecritures’

Le bon pasteur

lundi 12 mai 2014

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« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » Lorsque Jésus prononçait ces paroles, les apôtres ne savaient pas qu’il parlait de lui-même. Même Jean, l’apôtre bien-aimé, ne le savait pas. Il l’a compris au Calvaire, au pied de la croix, en le voyant offrir silencieusement sa vie pour ses brebis. Quand pour lui et pour les autres apôtres le temps est venu d’assumer cette même mission, alors ils se sont souvenus de ses paroles. Ils se sont rendus compte qu’ils seraient en mesure de mener la mission jusqu’à son achèvement seulement parce que Jésus avait assuré que ce serait lui-même qui agirait en eux. Pierre, en particulier, en a été bien conscient, lui le « témoin de la Passion du Christ » qui exhortait en ces termes les anciens de l’Église : « Soyez les bergers du troupeau de Dieu qui vous est confié » (1P 5,1-2).

Au cours des siècles, les successeurs des apôtres, conduits par l’Esprit Saint, ont continué à rassembler le troupeau du Christ et à le mener vers le Royaume des Cieux, conscients qu’ils ne pouvaient assumer une telle responsabilité que « par le Christ, avec le Christ et en le Christ ».

Cette même conscience a été la mienne quand le Seigneur m’a appelé à exercer la mission de Pierre dans cette ville bien-aimée de Rome et au service du monde entier. Dès le début de mon pontificat, mes pensées, mes prières et mes actions ont été animées par un unique désir : témoigner que le Christ, le Bon Pasteur, est présent et à l’œuvre dans l’Église. Il est à la recherche continuelle de la brebis perdue, il la ramène au bercail, il panse ses blessures ; il veille sur la brebis faible et malade, et il protège celle qui est robuste (Ez 34,16). Voilà pourquoi, dès le premier jour, je n’ai jamais cessé d’exhorter : « N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter sa puissance ! » Je le redis aujourd’hui avec force : « Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! Laissez-vous conduire par lui. Ayez confiance en son amour ! »

St Jean-Paul II (1920-2005), pape
Homélie  du 16/10/2003, pour le 25ème anniversaire de son pontificat (trad. DC 2301, p. 953 ; cf Libreria Editrice Vaticana)

 

 

« Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. »

dimanche 11 mai 2014

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« Voici ce que dit le Seigneur : ‘ Je viens moi-même ’ »… C’est ce qu’il a fait sans aucun doute, et c’est ce qu’il fera encore : « Voici que je viens moi-même : je rechercherai mes brebis, je m’en occuperai comme un berger s’occupe de son troupeau. » Les mauvais bergers n’en ont pris aucun soin, car ils n’ont pas racheté leurs brebis de leur sang… « Mes brebis écoutent ma voix. Je rechercherai mes brebis au milieu des brebis dispersées, et je les ferai sortir de tous les lieux où elles avaient été dispersées au jour des nuées et des ténèbres. Quelque difficulté qu’il y ait à les trouver, je les trouverai… Je ferai sortir mes brebis des pays étrangers, je les rassemblerai et je les ramènerai chez elles ; je les mènerai paître sur les montagnes d’Israël. »

Ces « montagnes d’Israël », ce sont les auteurs des saintes Écritures. Voilà les pâturages où il faut vous nourrir, si vous voulez le faire en sécurité. Savourez tout ce que vous apprenez là, rejetez tout ce qui est en dehors. Ne vous égarez pas dans le brouillard, écoutez la voix du berger. Rassemblez-vous sur les montagnes de la sainte Écriture. Vous trouverez là un vrai délice pour votre cœur ; là il n’y a rien de vénéneux, rien de dangereux ; ce sont de riches pâturages… « Je les mènerai le long des rivières, dans les endroits les meilleurs. » De ces montagnes dont nous venons de parler ont découlé les rivières de la prédication de l’Évangile, puisque « la parole [des apôtres] a retenti jusqu’au bout de la terre », et que tous les endroits de la terre offrent aux brebis des pâturages agréables et abondants.

« Je les ferai paître dans un bon pâturage…, et là sera leur bergerie », c’est-à-dire là elles vont se reposer, là elles pourront dire : « Il est bon d’être ici ; c’est vrai, c’est parfaitement clair, nous avons trouvé la vérité. » Elles se reposeront dans la gloire de Dieu, comme dans leur bergerie.

(Références bibliques : Ez 34,10-14; Ps 79,2-3; Jn 10,27; Ps 18,5)

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 46, sur les pasteurs ; CCL 41, 529

 

 

 

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang la vraie boisson. »

vendredi 9 mai 2014

Jésus

« Prenez, mangez : ceci est mon corps… Prenez, buvez : ceci est mon sang » (Mt 26,26s). Quand le Christ lui-même a déclaré, au sujet du pain : « Ceci est mon corps », qui osera encore hésiter ? Et quand lui-même affirme catégoriquement : « Ceci est mon sang », qui pourra en douter ?… C’est donc avec une pleine certitude que nous participons au corps et au sang du Christ. Car, sous l’aspect du pain, c’est le corps qui t’est donné ; sous l’aspect du vin, c’est le sang qui t’est donné, afin qu’en participant au corps et au sang du Christ tu deviennes un seul corps et un seul sang avec le Christ… De cette façon, selon saint Pierre, nous devenons « participants de la nature divine » (2P 1,4).

Autrefois le Christ, parlant avec des juifs, disait : « Si vous ne mangez pas ma chair, et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous. » Mais eux, comme ils ne comprenaient pas ses paroles spirituellement, s’en allèrent scandalisés… Il y avait aussi, dans l’ancienne Alliance, les pains de l’offrande ; mais il n’y a plus de raison d’offrir ces pains de l’ancienne Alliance. Dans l’Alliance nouvelle, il y a un « pain venu du ciel » et une « coupe du salut » (Jn 6,41; Ps 115,4). Car, comme le pain est bon pour le corps, le Verbe s’accorde bien avec l’âme.

Le saint David, lui aussi, t’explique la puissance de l’eucharistie quand il dit : « Devant moi tu as préparé une table, face à mes adversaires » (Ps 22,5)… De quoi veut-il parler sinon de la table mystérieuse et mystique que Dieu nous a préparée contre l’ennemi, les démons ?… « Et ta coupe m’enivre comme la meilleure » (v. 5 LXX). Ici il parle de la coupe que Jésus a prise dans ses mains lorsqu’il a rendu grâce et a dit : « Ceci est mon sang, le sang versé pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28)… David chantait aussi à ce sujet : « Le pain fortifie le cœur de l’homme, et l’huile donne la joie à son visage » (Ps 103,15). Fortifie ton cœur en prenant ce pain comme une nourriture spirituelle, et rends joyeux le visage de ton âme.

Catéchèses de l’Église de Jérusalem aux nouveaux baptisés (4e siècle)
N° 4 ; SC 126 (trad. composite)

 

 

 

Livre des Actes des Apôtres 3,11-26.

jeudi 24 avril 2014

jeudi saint

L‘infirme que Pierre et Jean venaient de guérir ne les lâchait plus. Tout le peuple accourut vers eux à l’endroit appelé colonnade de Salomon. Les gens étaient stupéfaits ;
voyant cela, Pierre s’adressa au peuple : « Hommes d’Israël, pourquoi vous étonner ? Pourquoi fixer les yeux sur nous, comme si nous avions fait marcher cet homme par notre puissance ou notre sainteté personnelle ?
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a donné sa gloire à son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré ; devant Pilate, qui était d’avis de le relâcher, vous l’aviez rejeté.
Lui, le saint et le juste, vous l’avez rejeté, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier.
Lui, le Chef des vivants, vous l’avez tué ; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins.
Tout repose sur la foi au nom de Jésus : c’est ce nom qui a donné la force à cet homme, que vous voyez et que vous connaissez ; oui, la foi qui vient de Jésus a rendu à cet homme une parfaite santé en votre présence à tous.
D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
Mais Dieu qui, par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole.
Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés.
Ainsi viendra, de la part du Seigneur, le temps du repos : il enverra Jésus, le Messie choisi d’avance pour vous,
et il faut que Jésus demeure au ciel jusqu’à l’époque où tout sera rétabli, comme Dieu l’avait annoncé autrefois par la voix de ses saints prophètes.
Moïse a déclaré : Le Seigneur votre Dieu fera se lever pour vous, au milieu de vos frères, un prophète comme moi : vous écouterez tout ce qu’il vous dira.
Si quelqu’un n’écoute pas les paroles de ce prophète, il sera éliminé du peuple.
Ensuite, tous les prophètes qui ont parlé depuis Samuel et ses successeurs ont annoncé eux aussi les jours où nous sommes.
C’est vous qui êtes les fils des prophètes, les héritiers de l’Alliance que Dieu a conclue avec vos pères, quand il disait à Abraham : En ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre.
C’est pour vous d’abord que Dieu a fait se lever son Serviteur, et il l’a envoyé vous bénir, en détournant chacun de vous de ses actions mauvaises. »

 

 

 

« Va trouver mes frères ! »

mardi 22 avril 2014

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L’obscurité régnait au-dehors, il ne faisait pas encore jour, mais ce caveau était plein de la lumière de la résurrection. Marie a vu cette lumière par la grâce de Dieu : son amour pour le Christ a été rendu plus vif, et elle a eu la force de voir des anges… Ils lui ont dit alors : « Femme, pourquoi pleures-tu ? C’est le ciel que tu vois dans ce caveau ou plutôt un temple céleste à la place d’un tombeau creusé pour être une prison… Pourquoi pleures-tu ? »…

Au-dehors, le jour est encore indécis, et le Seigneur ne fait pas paraître cet éclat divin qui l’aurait fait reconnaître au cœur même de la souffrance. Marie ne le reconnaît donc pas… Quand il a parlé et qu’il s’est fait reconnaître…, même alors, tout en le voyant vivant, elle n’a pas eu l’idée de sa grandeur divine mais s’est adressée à lui comme à un simple homme de Dieu… Dans l’élan de son cœur, elle veut alors se jeter à ses genoux, et toucher ses pieds. Mais il lui dit : « Ne me touche pas…, car le corps dont je suis maintenant revêtu est plus léger et plus mobile que le feu ; il peut monter au ciel et même auprès de mon Père, au plus haut des cieux. Je ne suis pas encore monté vers mon Père, parce que je ne me suis pas encore montré à mes disciples. Va les trouver ; ce sont mes frères, car nous sommes tous enfants d’un seul Père » (cf Ga 3,26)…

L’église où nous sommes est le symbole de ce caveau. Elle en est même mieux que le symbole : elle est pour ainsi dire un autre Saint Sépulcre. Là se trouve l’endroit où l’on dépose le corps du Maître…; là se trouve la table sacrée. Celui donc qui court de tout son cœur vers ce divin tombeau, véritable demeure de Dieu…, y apprendra les paroles des livres inspirés qui l’instruiront à la manière des anges sur la divinité et l’humanité du Verbe, la Parole de Dieu incarné. Et il verra ainsi, sans erreur possible, le Seigneur lui-même… Car celui qui regarde avec foi la table mystique et le pain de vie déposé sur elle, y voit dans sa réalité le Verbe de Dieu qui s’est fait chair pour nous et a établi sa demeure parmi nous (Jn 1,14). Et s’il se montre digne de le recevoir, non seulement il le voit mais il participe à son être ; il le reçoit en lui pour qu’il y demeure.

Saint Grégoire Palamas (1296-1359), moine, évêque et théologien
Homélie 20, sur les huit évangiles du matin selon saint Jean ; PG 151, 265 (trad. Année en fêtes, Migne 2000, p. 369 rev.)

 

 

 

Lundi saint

lundi 14 avril 2014

pecheresse

« Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà… Alors Jésus pleura » (Jn 11,17.35). Pourquoi est-ce que notre Seigneur a pleuré devant la tombe de Lazare ?… Il a pleuré par compassion pour le deuil des autres…; il a vu la détresse du monde…

Hélas, d’autres pensées aussi ont provoqué ses larmes. Comment ce bienfait prodigieux en faveur des sœurs endeuillées allait-il être gagné ? À ses propres dépens… Le Christ allait apporter la vie aux morts par sa propre mort. Ses disciples avaient essayé de le dissuader de revenir en Judée, de peur qu’il n’y soit tué (Jn 11,8) ; leur crainte s’est réalisée. Il y est allé pour ressusciter Lazare, et la renommée de ce miracle a été la cause immédiate de son arrestation et de sa crucifixion (Jn 11,53). Il savait tout cela à l’avance… : il a vu la résurrection de Lazare, le repas chez Marthe, Lazare à table, la joie de tous côtés, Marie qui l’honorait pendant ce repas de fête en versant un parfum de grand prix sur ses pieds, les juifs qui venaient nombreux non seulement pour le voir mais pour voir Lazare aussi, son entrée triomphale à Jérusalem, la foule qui criait « Hosanna », les gens qui témoignaient de la résurrection de Lazare, les Grecs venus adorer Dieu pendant la Pâque qui voulaient absolument le voir, les enfants qui participaient à la joie générale — et puis les pharisiens qui complotaient contre lui, Judas qui le trahissait, ses amis qui l’abandonnaient, et la croix qui le recevait…

Il pressentait que Lazare revenait à la vie à cause de son propre sacrifice, qu’il descendait dans la tombe que Lazare quittait, que Lazare allait vivre et lui-même mourir. Les apparences allaient être renversées : on célébrerait la fête chez Marthe mais la dernière pâque de l’amertume serait uniquement la sienne. Et il savait qu’il acceptait ce renversement de son plein gré ; il était descendu du sein de son Père pour expier dans son sang les péchés de tous les hommes et ressusciter ainsi du tombeau tous les croyants.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « The Tears of Christ at the Grave of Lazarus », PPS, t. 3, n° 10

 

 

 

 

Dimanche des Rameaux

dimanche 13 avril 2014

Evangile de Jésus Christ selon St Jean 12, 12-19.

Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu’il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d’un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit: Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres? Il disait cela, non qu’il se mît en peine des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu’on y mettait. Mais Jésus dit: Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours. Une grande multitude de Juifs apprirent que Jésus était à Béthanie; et ils y vinrent, non pas seulement à cause de lui, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité des morts. Les principaux sacrificateurs délibérèrent de faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus. Le lendemain, une foule nombreuse de gens venus à la fête ayant entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem, prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël! Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, selon ce qui est écrit:

Ne crains point, fille de Sion;

Voici, ton roi vient,

Assis sur le petit d’une ânesse.

Ses disciples ne comprirent pas d’abord ces choses; mais, lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent qu’elles étaient écrites de lui, et qu’ils les avaient accomplies à son égard.

Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, lui rendaient témoignage; et la foule vint au-devant de lui, parce qu’elle avait appris qu’il avait fait ce miracle.

 

Vers le site de Maria Valtorta

 

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« Tout le jour j’ai tendu les mains vers un peuple qui refuse et s’oppose. » (Is 65,2; Rm 10,21)

vendredi 11 avril 2014

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« Je vous supplie par la miséricorde de Dieu » (Rm 12,1) : Paul fait une demande, ou plutôt à travers Paul, Dieu fait une demande, lui qui veut davantage être aimé que craint. Dieu fait une demande, parce qu’il veut moins être Seigneur que Père… Écoute le Seigneur demander [par son Fils] : « Tout le jour, dit-il, j’ai tendu les mains. » N’est-ce pas en tendant les mains que d’habitude on demande ? « J’ai tendu les mains. » Vers qui ? « Vers le peuple. » Vers quel peuple ? Un peuple non seulement incroyant, mais « rebelle ». « J’ai tendu les mains » : il ouvre ses bras, dilate son cœur, présente sa poitrine, offre son sein, fait de tout son corps un refuge, pour montrer par cette supplication à quel point il est père. Écoute Dieu demander ailleurs : « Mon peuple, que t’ai-je fait ou en quoi t’ai-je attristé ? » (Mi 6,3) Ne dit-il pas : « Si ma divinité vous est inconnue, ne reconnaîtrez-vous pas ma chair ? Voyez, voyez en moi votre corps, vos membres, vos entrailles, vos os, votre sang ! Et si vous craignez ce qui est à Dieu, pourquoi n’aimez-vous pas ce qui est à vous ? Si vous fuyez le Seigneur, pourquoi ne courez-vous pas vers le Père ?

« Mais la grandeur de la Passion de mon Fils, dont vous êtes la cause, vous couvre peut-être de confusion. Ne craignez pas ! Cette croix n’est pas mon gibet, mais celui de la mort. Ces clous ne fixent pas la douleur en moi, mais ils enfoncent plus profondément en moi l’amour que j’ai pour vous. Ces blessures ne m’arrachent pas des cris, elles vous introduisent davantage au fond de mon cœur. L’écartèlement de mon corps vous donne une plus large place en mon sein, il n’accroît pas mon supplice. Je ne perds pas mon sang, je le déverse pour payer le vôtre.

« Venez donc, revenez, reconnaissez en moi un père que vous voyez rendre le bien pour le mal, l’amour pour l’injustice, une telle tendresse pour de telles blessures. »

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église
Sermon 108 ; PL 52, 499 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 220; cf coll. Pères dans la foi, n°46, p. 118)

 

 

 

 

« Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. »

mardi 8 avril 2014

Bandeau accueil vertical etroitÀ cause du péché, toi l’innocent,
Tu t’es tenu devant le tribunal pour le condamné ;
Lorsque tu reviendras avec la gloire du Père,
Ne me juge pas avec lui.

Tu as été bafoué par le crachat du sacrilège
À cause de la honte du premier homme créé ;
Efface la honte des péchés de l’impudent,
Avec laquelle je me suis couvert le visage…

Tu as revêtu la pourpre,
Tu as mis sur toi le manteau rouge
Comme un déshonneur et un affront,
Comme le pensaient les soldats de Ponce Pilate (Mt 27,28).

Ôte de moi le cilice du péché,
La pourpre rouge, couleur de sang,
Et revêts-moi du vêtement joyeux
Dont tu avais revêtu le premier homme.

Fléchissant le genou, ils se moquaient,
En s’amusant, ils se gaussaient ;
Contemplant cela, les armées célestes
Adoraient avec crainte.

Tu as subi tout cela afin que de notre nature d’Adam
Tu enlèves la honte de l’ami du péché,
Et que de mon âme, de ma conscience,
Tu supprimes la honte, pleine de tristesse…

À travers ton corps entier
Et sur toutes les parties de tes membres
Tu as reçu les coups terribles de la flagellation
Après le verdict du juge ;

Moi qui des pieds jusqu’à la tête
Souffre des douleurs intolérables,
Veuille me guérir de nouveau, une deuxième fois,
Comme par la grâce de la fontaine du baptême.

En échange des épines du péché,
Que pour nous la malédiction a fait pousser (Gn 3,18),
Sur ta tête une couronne d’épines a été placée
Par les ouvriers de la vigne de Jérusalem (Mt 21,33s).

Arrache de moi les épines du péché
Que mon ennemi a plantées en moi,
Et guéris en moi la morsure de la plaie
Pour que les stigmates du péché soient supprimés.

Saint Nersès Snorhali (1102-1173), patriarche arménien
Jésus, Fils unique du Père, § 708-724 ; SC 203 (trad. SC p. 177 rev.)

 

 

 

« Jamais un homme n’a parlé comme cet homme. »

samedi 5 avril 2014

jesus110Dieu pourrait nous dire : « Mon Fils est toute ma parole, toute ma réponse ; il est toute vision et toute révélation. Je vous ai tout répondu, tout dit et tout manifesté, tout révélé en vous le donnant pour frère, compagnon, maître, héritage et récompense… : ‘ Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le ’ (Mt 17,5)…

« Si donc tu désires entendre de ma bouche une parole de consolation, regarde mon Fils qui m’a obéi et qui, par amour, s’est livré à l’humiliation et à l’affliction, et tu verras tout ce qu’il te répondra. Si tu souhaites que je t’explique des choses cachées ou des événements mystérieux, fixe seulement les yeux sur lui et tu trouveras renfermés en lui les mystères les plus profonds, la sagesse et des merveilles de Dieu, comme le dit mon apôtre : ‘ En lui, qui est le Fils de Dieu, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance de Dieu ’ (Col 2,3). Ces trésors de sagesse seront pour toi plus sublimes, plus doux et plus utiles que tout ce que tu pourrais apprendre par ailleurs. Voilà pourquoi le même apôtre se glorifiait ‘ de ne pas savoir autre chose que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié ’ (1Co 2,2). Si tu cherches des visions ou des révélations, soit divines, soit corporelles, regarde-le aussi en tant qu’homme, et tu trouveras en cela plus que tu ne penses, car l’apôtre Paul dit encore : ‘ Dans le Christ habite corporellement toute la plénitude de la divinité ’ (Col 2,9). »

Il ne convient donc plus d’interroger Dieu comme autrefois, et il n’est plus nécessaire qu’il parle… : il n’y a plus de foi à révéler et il n’y en aura jamais.

Saint Jean de la Croix (1542-1591), carme, docteur de l’Église
La Montée du Carmel, II, ch. 22 (trad. OC, Cerf 1990, p. 736 rev.)