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Archive pour le mot-clef ‘Marthe et Marie’

Stes Marthe, Marie et St Lazare, mémoire

samedi 29 juillet 2023

Étant Dieu véritable, tu connaissais, Seigneur, le sommeil de Lazare et tu l’as prédit à tes disciples. (…) Étant dans la chair, toi qui es pourtant sans limite, tu viens à Béthanie. Vrai homme, tu pleures sur Lazare ; vrai Dieu, par ta volonté tu ressuscites ce mort de quatre jours. Aie pitié de moi, Seigneur ; nombreuses sont mes transgressions. De l’abîme des maux, je t’en supplie, ramène-moi. C’est vers toi que j’ai crié ; écoute-moi, Dieu de mon salut.

Pleurant sur ton ami, dans ta compassion tu as mis fin aux larmes de Marthe, et par ta Passion volontaire tu as essuyé toute larme du visage de ton peuple (Is 25,8). « Dieu de nos Pères, tu es béni. » (Esd 7,27) Gardien de la vie, tu as appelé un mort comme s’il dormait. Par une parole tu as déchiré le ventre des enfers et tu as ressuscité celui qui s’est mis à chanter : « Dieu de nos Pères, tu es béni ». Moi, étranglé par les liens de mes péchés, relève-moi aussi et je chanterai : « Dieu de nos Pères, tu es béni ». (…)

Dans sa reconnaissance Marie t’apporte, Seigneur, un vase de myrrhe comme un dû pour son frère (Jn 12,3), et elle te chante dans tous les siècles. Comme mortel, tu invoques le Père ; comme Dieu, tu réveilles Lazare. C’est pourquoi nous te chantons, ô Christ, pour les siècles des siècles. (…) Tu réveilles Lazare, un mort de quatre jours ; tu le fais surgir du tombeau, le désignant ainsi comme témoin véridique de ta résurrection le troisième jour. Tu marches, tu pleures, tu parles, mon Sauveur, montrant ta nature humaine ; mais en réveillant Lazare tu révèles ta nature divine. De manière indicible, Seigneur mon Sauveur, selon tes deux natures, souverainement, tu as accompli mon salut.

Saint Jean de Damas (v. 675-749)

 

 

 

 

« Marie a choisi la meilleure part. »

mardi 4 octobre 2022

Une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive ; sans doute comme Sainte Madeleine elle se tient aux pieds de Jésus, elle écoute sa parole douce et enflammée. Paraissant ne rien donner, elle donne bien plus que Marthe qui se tourmente de beaucoup de choses et voudrait que sa sœur l’imite. Ce ne sont point les travaux de Marthe que Jésus blâme ; ces travaux, sa divine Mère s’y est humblement soumise toute sa vie puisqu’il lui fallait préparer les repas de la Sainte Famille. C’est l’inquiétude seule de son ardente hôtesse qu’il voulait corriger.

Tous les saints l’ont compris et plus particulièrement peut-être ceux qui remplirent l’univers de l’illumination de la doctrine évangélique. N’est-ce point dans l’oraison que les Sts Paul, Augustin, Jean de la Croix, Thomas d’Aquin, François, Dominique et tant d’autres illustres amis de Dieu ont puisé cette science divine qui ravit les plus grands génies ? Un savant a dit : « Donnez-moi un levier, un point d’appui, et je soulèverai le monde. » Ce qu’Archimède n’a pu obtenir, parce que sa demande ne s’adressait point à Dieu et qu’elle n’était faite qu’au point de vue matériel, les saints l’ont obtenu dans toute sa plénitude. Le Tout-Puissant leur a donné pour points d’appui : Lui-même et Lui seul ; pour levier : l’oraison, qui embrase d’un feu d’amour, et c’est ainsi qu’ils ont soulevé le monde. C’est ainsi que les saints encore militants le soulèvent et que, jusqu’à la fin du monde, les saints à venir le soulèveront aussi.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

 

 

Marthe lui dit : « Oui, Seigneur, je le crois. »

vendredi 29 juillet 2022

Le Christ est venu pour ressusciter Lazare, mais l’éclat de ce miracle sera la cause immédiate de son arrestation et de sa crucifixion (Jn 11,46s). (…) Il sentait bien que Lazare revenait à la vie au prix de son propre sacrifice ; il se sentait lui-même descendre au tombeau d’où il allait faire sortir son ami ; il sentait que Lazare devait vivre et que lui-même devait mourir. Les apparences allaient se renverser : il y aurait un festin chez Marthe (Jn 12,1s), mais la dernière pâque de tristesse lui revenait à lui. Et Jésus savait qu’il acceptait totalement ce renversement : il était venu du sein de son Père pour racheter par son sang tout le péché des hommes et ainsi faire remonter tout croyant de sa tombe comme son ami Lazare — les ramener à la vie, non pour un temps, mais pour toujours. (…)

Face à l’ampleur de ce qu’il envisageait de faire dans cet unique acte de miséricorde, Jésus a dit à Marthe : « Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». Faisons nôtre cette parole de réconfort, à la fois face à notre propre mort et à celle de nos amis : là où il y a foi en Christ, le Christ est là en personne. « Le crois-tu ? » demande-t-il à Marthe. Là où un cœur peut répondre comme Marthe : « Oui, je le crois », là le Christ se rend miséricordieusement présent. Bien qu’invisible, il se tient là, même devant un lit de mort ou une tombe, que ce soit nous-mêmes qui dépérissons ou ceux que nous aimons. Que son nom soit béni ! Rien ne peut nous enlever cette consolation. Par sa grâce, nous sommes aussi sûrs qu’il est là avec tout son amour que si nous le voyions. Après notre expérience de ce qui est arrivé à Lazare, nous ne douterons pas un instant qu’il est plein d’égards pour nous et qu’il se tient à nos côtés. (…)

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

Marthe et Marie

dimanche 17 juillet 2022

Sainte Marthe était sainte, bien qu’on ne dise pas qu’elle était contemplative. Et que pouvez-vous désirer de plus que de ressembler à cette femme bienheureuse, qui a mérité de recevoir tant de fois Jésus Christ notre Seigneur dans sa maison, de lui préparer sa nourriture, de le servir, de manger à sa table ? Si elle était demeurée absorbée comme sa sœur, il n’y aurait eu personne pour préparer le repas de cet Hôte divin. Eh bien ! imaginez que notre monastère est la maison de sainte Marthe et qu’il doit y avoir différentes façons de servir. Celles que Dieu conduit par la vie active ne doivent pas murmurer contre celles qu’elles verront très absorbées dans la contemplation. (…) Qu’elles s’estiment heureuses de servir avec Marthe. Qu’elles songent également que la véritable humilité consiste, en grande partie, dans l’acceptation empressée de ce qu’il plaît au Seigneur d’ordonner de nous, et dans la conviction qu’on est indigne de porter le nom de ses serviteurs.

Donc, si contempler, faire oraison mentale ou vocale, soigner les malades, servir dans les emplois de la maison, assurer les travaux, même les plus vils, n’est autre chose que rendre ses devoirs à l’hôte divin qui vient loger, manger et se reposer chez nous, que nous importe de le servir d’une manière ou d’une autre ? Je suis loin de dire que vous ne devez pas vous efforcer d’arriver à la contemplation, je dis simplement que vous devez vous exercer à des fonctions diverses. La contemplation, en effet, n’est pas laissée à votre choix, mais à celui du Seigneur. (…) Laissez faire le Maître de la maison.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

« Marthe le reçut dans sa maison…; Marie…écoutait sa parole. »

mardi 5 octobre 2021

Ayant reçu notre Seigneur dans l’eucharistie, l’ayant présent dans notre corps, n’allons pas le laisser tout seul pour nous occuper d’autre chose sans plus faire aucun cas de lui (…) : qu’il soit notre unique occupation. Adressons-nous à lui par une prière fervente ; entretenons-nous avec lui par de ferventes méditations. Disons avec le prophète : « J’écouterai les paroles que le Seigneur me dit à l’intime de mon cœur » (Ps 84,9). Car, si nous (…) lui réservons toute notre attention, il ne manquera pas de prononcer au-dedans de nous, sous forme d’inspirations, telle ou telle parole destinée à nous apporter un grand réconfort spirituel et à être profitable à notre âme.

Soyons donc à la fois Marthe et Marie. Avec Marthe, faisons en sorte que toute notre activité extérieure se rapporte à lui, consiste à lui faire bon accueil, à lui d’abord, et aussi par amour pour lui, à tous ceux qui l’accompagnent, c’est-à-dire aux pauvres dont il tient chacun non seulement pour son disciple, mais pour lui-même : « Ce que vous faites à l’un des plus petits parmi mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait » (Mt 25,40). (…) Efforçons-nous de retenir notre hôte. Disons-lui avec ses deux disciples se rendant au village d’Emmaüs : « Reste avec nous, Seigneur » (Lc 24,29). Et alors, soyons-en sûrs, il ne s’éloignera pas de nous, à moins que nous ne l’écartions nous-mêmes par notre ingratitude.

Saint Thomas More (1478-1535)

 

 

 

« Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi. »

jeudi 30 avril 2020

Ma Mère, je crois qu’il est nécessaire que je vous donne encore quelques explications sur le passage du Cantique des Cantiques : « Attirez-moi, nous courrons » (Ct 1,4 LXX). (…) « Personne, a dit Jésus, ne peut venir après moi, si mon Père qui m’a envoyé ne l’attire. » Ensuite (…) il nous enseigne qu’il suffit de frapper pour qu’on ouvre, de chercher pour trouver et de tendre humblement la main pour recevoir ce que l’on demande (Lc 11,9s)… Il dit encore que tout ce que l’on demande à son Père en son nom il l’accorde (Jn 16,23). (…)

Qu’est-ce donc de demander d’être attiré, sinon de s’unir d’une manière intime à l’objet qui captive le cœur ? Si le feu et le fer avaient la raison et que ce dernier disait à l’autre : « Attire-moi », ne prouverait-il pas qu’il désire s’identifier au feu de manière qu’il le pénètre et l’imbibe de sa brûlante substance et semble ne faire qu’un avec lui ? Mère bien-aimée, voici ma prière, je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à lui, qu’il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : « Attirez-moi », plus aussi les âmes qui s’approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin), plus ces âmes courront avec vitesse à l’odeur des parfums de leur Bien-Aimé, car une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive. Sans doute comme sainte Madeleine, elle se tient aux pieds de Jésus, elle écoute sa parole douce et enflammée ; paraissant ne rien donner, elle donne bien plus que Marthe (Lc 10,39s).

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

 

 

 

Tendre vers Dieu

mardi 8 octobre 2019

S’inquiétant, une fois, intérieurement de ne pouvoir éprouver un désir aussi grand qu’il conviendrait à la gloire de Dieu, Gertrude reçut cette explication divine que Dieu est pleinement satisfait quand l’homme, sans pouvoir réaliser davantage, est dans la volonté d’avoir, si possible, de grands désirs ; aussi grands qu’il les souhaite avoir, tels sont-ils devant Dieu. Dans un cœur rempli de ce désir de souhaiter avoir le désir, Dieu trouve plus de délices à demeurer que l’homme dans la floraison des plus frais printemps.

Une autre fois, par la faute de la maladie, elle avait été pendant quelques jours moins attentive à Dieu, puis, reprenant conscience de cette culpabilité, elle s’appliqua à confesser au Seigneur cette négligence avec une pieuse humilité. Et, comme elle craignait d’avoir à supporter un long délai avant de retrouver les anciennes douceurs de la présence divine, soudain, en un instant, elle sentit que la bonté de Dieu s’inclinait vers elle pour un embrassement plein d’amour, avec ces paroles : « Ma fille, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » Elle comprit, par cette réponse, que, bien que l’homme par fragilité de nature omette parfois de tendre son attention vers Dieu, celui-ci pourtant, dans sa bonté miséricordieuse ne néglige pas de se tenir toutes nos œuvres pour dignes d’une récompense éternelle, pourvu seulement que nous ne nous détournions pas délibérément de lui et que nous nous repentions souvent de tout ce que notre conscience nous reproche.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

 

L’unique nécessaire

dimanche 21 juillet 2019

Il faut prendre conscience que Dieu est au plus intime de nous et aller à tout avec Lui ; alors on n’est jamais banal, même en faisant les actions les plus ordinaires, car on ne vit pas en ces choses, on les dépasse ! Une âme surnaturelle ne traite jamais avec les causes secondes mais avec Dieu seulement. Oh ! comme sa vie est simplifiée, comme elle se rapproche de la vie des esprits bienheureux, comme elle est affranchie d’elle-même et de toutes choses ! Tout pour elle se réduit à l’unité, cet « unique nécessaire » dont le Maître parlait à Madeleine. Alors elle est vraiment grande, vraiment libre, parce qu’elle a « enclos sa volonté en celle de Dieu ».

Sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906)

 

 

 

« Marie, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. »

mardi 9 octobre 2018

Pour que rien ne me sorte du beau silence du dedans, [je garderai] toujours la même condition, le même isolement, la même séparation, le même dépouillement. Si mes désirs, mes craintes, mes joies ou mes douleurs… ne sont pas parfaitement ordonnés à Dieu, je ne serai pas solitaire, il y aura du bruit en moi ; il faut donc l’apaisement, le « sommeil des puissances », l’unité de l’être. « Écoute, ma fille, prête l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, et le Roi sera épris de ta beauté » (Ps 44,11-12)… « Oublier son peuple » c’est difficile, il me semble ; car ce peuple c’est tout ce monde qui fait pour ainsi dire partie de nous-mêmes : c’est la sensibilité, les souvenirs, les impressions, etc. … Quand l’âme a fait cette rupture, quand elle est libre de tout cela, le Roi est épris de sa beauté… Le Créateur, en voyant le beau silence qui règne en sa créature, en la considérant toute recueillie…, la fait passer en cette solitude immense, infinie, en ce « lieu spacieux » chanté par le prophète (Ps 17,20) et qui n’est autre que lui-même… « Je la conduirai dans la solitude et je lui parlerai au cœur. » (Os 2,16) La voici, cette âme entrée en cette vaste solitude où Dieu va se faire entendre ! « Sa parole, dit saint Paul, est vivante et efficace, et plus pénétrante qu’aucun glaive à deux tranchants : elle atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, jusque dans les jointures et dans les mœlles. » (He 4,12) C’est donc elle directement qui achèvera le travail du dépouillement dans l’âme… Mais ce n’est pas tout de l’entendre, cette parole, il faut la garder ! (Jn 14,23) Et c’est en la gardant que l’âme sera « sanctifiée dans la vérité » (Jn 17,17) ; c’est là le désir du Maître… À celui qui garde sa parole, n’a-t-il pas fait cette promesse : « Mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure » ? (Jn 14,23) C’est toute la Trinité qui habite dans l’âme qui l’aime en vérité, c’est-à-dire en gardant sa parole.

Sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906), carmélite

 

 

 

 

Deux femmes, deux images de notre vie

mardi 10 octobre 2017

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Vous comprenez, je crois, que ces deux femmes, toutes deux chères au Seigneur, toutes deux dignes de son amour, et toutes deux ses disciples…, ces deux femmes donc, sont l’image de deux formes de vie : la vie de ce monde et la vie du monde à venir, la vie de travail et la vie de repos, la vie dans les soucis et la vie dans la béatitude, la vie dans le temps et la vie éternelle.

Deux vies : méditons sur elles plus longuement. Considérez de quoi est faite cette vie-ci : je ne dis pas une vie répréhensible…, une vie de débauches, d’impiétés ; non, je parle d’une vie de travail, chargée d’épreuves, d’angoisses, de tentations, de cette vie qui n’a rien de coupable, de cette vie qui était bien celle de Marthe… Le mal était absent de cette maison, avec Marthe comme avec Marie ; s’il y avait été, l’arrivée du Seigneur l’aurait dissipé. Deux femmes, donc, y ont vécu, les deux ont reçu le Seigneur, deux vies estimables, toutes deux droites, l’une faite de travail, l’autre de repos… L’une de travail, mais exempte de compromissions, écueil d’une vie donnée à l’action ; l’autre exempte d’oisiveté, écueil d’une vie de loisir. Il y avait là deux vies, et la source même de la vie…

La vie de Marthe, c’est notre monde ; la vie de Marie, le monde que nous attendons. Vivons celle-ci avec rectitude, pour obtenir l’autre en plénitude. Que possédons-nous déjà de cette vie-là ? … En ce moment, justement, nous menons un peu cette vie-là : loin des affaires, à l’écart des soucis familiaux, vous vous êtes rassemblés, vous êtes là à écouter. Vous comportant ainsi, vous ressemblez à Marie. Et cela vous est plus facile qu’à moi, qui dois prendre la parole. Ce que je dis, cependant, c’est du Christ que je le tiens, et cette nourriture est celle du Christ. Car il est le pain commun à tous, et c’est pour cela que je vis en communion avec vous.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 104 ; PL 38, 616 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 92 rev.)