ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Jésus’

Désormais

dimanche 20 janvier 2013

Marie se nourrit de la contemplation de son Jésus et aussi Jean qui est au bout de la table et reste suspendu aux lèvres de son Maître. Marie s’aperçoit que les serviteurs parlotent avec le majordome et que celui-ci est gêné et Elle comprend qu’il y a quelque chose de désagréable. “Fils” dit-elle doucement en attirant l’attention de Jésus avec cette parole. “Fils, ils n’ont plus de vin.” “Femme, qu’y a-t-il, désormais entre Moi et Toi?” Jésus en disant cette phrase sourit encore plus doucement et Marie sourit, comme deux qui savent une vérité qui est leur joyeux secret que tous les autres ignorent. Marie ordonne aux serviteurs: “Faites ce que Lui vous dira.” Marie a lu dans les yeux souriants de son Fils l’assentiment, voilé d’un grand enseignement pour tous les “appelés”. Et Jésus ordonne aux serviteurs: “Emplissez d’eau les cruches.” Je vois les serviteurs emplir les jarres de l’eau apportée du puits. (J’entends le grincement de la poulie qui monte et descend le seau qui déborde). Je vois le majordome qui se verse un peu de ce liquide avec un regard de stupeur, qui l’essaie avec une mimique d’un plus grand étonnement et le goûte. Il parle au maître de maison et à l’époux son voisin. Marie regarde encore son Fils et sourit; puis recevant un sourire de Lui, incline la tête en rougissant légèrement. Elle est heureuse. Dans la salle passe un murmure. Les têtes se tournent vers Jésus et Marie. On se lève pour mieux voir. On va vers les jarres. Un silence, puis un chœur de louanges à Jésus. Mais Lui se lève et dit une seule parole: “Remerciez Marie” et puis, il quitte le repas. Sur le seuil il répète: “La paix à cette maison et la bénédiction de Dieu sur vous” et il ajoute: “Mère, je te salue.”

Jésus m’explique le sens de la phrase. “Ce « désormais », que beaucoup de traducteurs passent sous silence, est la clef de la phrase et l’explique avec son vrai sens. Je fus le Fils soumis à la Mère, jusqu’au moment où la volonté de mon Père m’indiqua que l’heure était venue d’être le Maître. À partir du moment où ma mission commença, je ne fus plus le Fils soumis à sa Mère, mais le Serviteur de Dieu. Les liens qui M’unissaient à Celle qui m’avait engendré étaient rompus. Ils s’étaient transformés en liens de plus haut caractère. Ils s’étaient tous réfugiés dans l’esprit. L’esprit appelait toujours « Maman » Marie, ma Sainte. L’amour ne connut pas d’arrêt, ne s’attiédit pas, au contraire, il ne fut jamais aussi parfait que lorsque, séparé d’Elle pour une seconde naissance, Elle me donna au monde, pour le monde, comme Messie, comme Évangélisateur. Sa troisième, sublime maternité mystique, ce fut quand, dans le déchirement du Golgotha, Elle m’enfanta à la Croix, en faisant de Moi, le Rédempteur du monde.  » Qu’y a-t-il désormais entre Moi et Toi? « . J’étais d’abord tien, uniquement tien. Tu me commandais, Je t’obéissais. Je t’étais soumis « . Maintenant, j’appartiens à ma mission. Ne l’ai-je peut-être pas dit? « Celui qui met la main à la charrue et se retourne pour saluer ceux qui restent, n’est pas apte au Royaume de Dieu ». J’avais mis la main à la charrue pour ouvrir avec le soc, non pas la glèbe mais les cœurs, pour y semer la parole de Dieu. Je ne l’avais enlevée cette main que quand on me l’avait arrachée de là pour la clouer à la Croix et pour ouvrir par la torture de ce clou le Cœur de mon Père en faisant sortir de la plaie le pardon pour l’humanité. Ce « désormais », oublié par plusieurs, voulait dire ceci: « Tu m’as été tout, ô Mère tant que je fus le Jésus de Marie de Nazareth et tu m’es tout en mon esprit mais, depuis que je suis le Messie attendu, j’appartiens à mon Père. Attends encore un peu et ma mission terminée, je serai de nouveau tout à toi. Tu me recevras encore dans tes bras comme quand j’étais petit et personne ne te le disputera plus, ce Fils qui est le tien que l’on regardera comme la honte de l’humanité, dont on te jettera la dépouille pour te couvrir toi aussi de l’opprobre d’être la mère d’un criminel. Et puis tu m’auras de nouveau, triomphant et puis, tu m’auras pour toujours, triomphante toi aussi, au Ciel. Mais maintenant, j’appartiens à tous ces hommes et j’appartiens au Père qui m’a envoyé vers eux ». Voilà ce que veut dire ce petit « désormais », si chargé de signification.” Jésus m’a donné cette instruction: “Quand j’ai dit aux disciples: « Allons faire plaisir à ma Mère » j’avais donné à la phrase un sens plus relevé qu’il ne semblait. Ce n’était pas le plaisir de me voir, mais d’être l’Initiatrice de mon activité miraculeuse et la Première Bienfaitrice de l’humanité. Gardez-en toujours le souvenir. Mon premier miracle est arrivé par Marie. Le premier. Symbole que Marie est la clef du miracle. Je ne refuse rien à ma Mère et, à cause de sa prière, J’avance même le temps de la grâce. Je connais ma Mère, la seconde en Bonté après Dieu. Je sais que vous faire grâce, c’est la faire heureuse puisqu’Elle est la « Toute Amour ». Voilà pourquoi j’ai dit, Moi qui savais: « Allons lui faire plaisir ». En outre, j’ai voulu rendre manifeste au monde sa puissance en même temps que la mienne. Destinée à être unie à Moi dans la chair – car nous fûmes une seule chair: Moi en Elle, et Elle autour de Moi, comme des pétales de lis autour d’un pistil odorant et plein de vie – unie à Moi dans la douleur – car nous fûmes sur la Croix, Moi avec ma chair, Elle avec son esprit, de même que le lis exhale son parfum avec sa corolle et l’essence qu’on en tire – il était juste qu’Elle me fût unie dans la puissance qui se manifeste au monde. Je vous dis à vous ce que Je disais aux invités: « Remerciez Marie. C’est par Elle que vous avez eu le Maître du miracle et que vous avez toutes mes grâces, spécialement celles du pardon ». Repose en paix. Nous sommes avec toi.”

Extrait de la Traduction de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta ©Centro Editoriale Valtortiano, Italie http://www.mariavaltorta.com/

.

.

« Jésus étendit la main et le toucha. »

jeudi 17 janvier 2013

Le geste affectueux de Jésus qui s’approche des lépreux pour les réconforter et les guérir a son expression pleine et mystérieuse dans sa Passion. Supplicié et défiguré par la sueur de sang, par la flagellation, par le couronnement d’épines, par la crucifixion, abandonné par ceux qui ont oublié ses bienfaits, Jésus dans sa Passion s’identifie avec les lépreux. Il devient leur image et leur symbole, comme le prophète Isaïe en avait eu l’intuition en contemplant le mystère du Serviteur du Seigneur : « Il n’avait ni beauté ni éclat, il était méprisé, abandonné des hommes, semblable à quelqu’un devant qui on cache son visage… Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu et humilié » (Is 53,2-4). Mais c’est précisément des plaies du corps supplicié de Jésus et de la puissance de sa résurrection que jaillissent la vie et l’espérance pour tous les hommes frappés du mal et des infirmités.

L’Église a toujours été fidèle à sa mission d’annoncer la parole du Christ, unie aux gestes concrets de miséricorde solidaire à l’égard des plus humbles, des derniers. Au cours des siècles, il y a eu un crescendo de dévouement bouleversant et extraordinaire en faveur de ceux qui étaient frappés par les maladies humainement les plus répugnantes. L’histoire met nettement en lumière le fait que les chrétiens ont été les premiers à se préoccuper du problème des lépreux. L’exemple du Christ avait fait école ; il a porté beaucoup de fruit en gestes de solidarité, de dévouement, de générosité et de charité désintéressée.

Bienheureux Jean-Paul II
Homélie prononcée devant des jeunes

.

.

Il est présent par la foi

mercredi 16 janvier 2013

Si Jésus pouvait s’approcher de nous et guérir d’un seul mot notre fièvre ! Car chacun de nous a sa fièvre. Quand je me mets en colère, j’ai la fièvre : autant de vices, autant de fièvres. Demandons aux apôtres de prier Jésus de s’approcher de nous, de nous toucher la main. S’il le fait, la fièvre disparaîtra aussitôt, car Jésus est un excellent médecin. C’est lui le vrai, le grand médecin, le premier de tous les médecins… Il sait découvrir le secret de toutes les maladies : il ne touche pas l’oreille, ni le front…, mais la main, c’est à dire les œuvres mauvaises…

Jésus s’approche de la malade, car elle ne pouvait pas se lever et courir au-devant de celui qui venait chez elle. Lui, médecin plein de miséricorde, il vient lui-même jusqu’au lit, lui qui avait porté la brebis malade sur ses épaules (Lc 15,5)…. Il s’approche de son plein gré ; il prend l’initiative de la guérison. Il s’approche de cette femme et que lui dit-il ? « Tu aurais dû courir devant moi. Tu aurais dû venir à la porte et m’accueillir pour que ta guérison ne soit pas le seul effet de ma miséricorde, mais aussi celui de ta volonté. Mais puisque te voilà accablée par la fièvre et que tu ne peux pas te lever, c’est moi qui viens à toi. »

« Jésus s’approche et la fait lever… Il la prend par la main. » Quand on est en danger, comme Pierre en mer, tout près d’être submergé, Jésus prend la main et relève (Mt 14,31). Jésus fait lever cette femme en la prenant par la main : de sa propre main il lui saisit la main. Bienheureuse amitié, splendide baiser !… Jésus saisit cette main comme un médecin : il constate la violence de la fièvre, lui qui est à la fois le médecin et le remède. Il la touche, et la fièvre prend la fuite. Qu’il touche aussi notre main, qu’il guérisse nos œuvres… Levons-nous, restons debout… On me dira peut-être : « Où est Jésus ? » Il est ici devant nous : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Jn 1,26; Lc 17,21).

Saint Jérôme (347-420), prêtre, traducteur de la Bible, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Marc, n°2C (trad. cf En Calcat et SC 494, p. 117)

.

.

« C’est ma joie ; j’en suis comblé. Lui, il faut qu’il grandisse et moi, que je diminue. »

samedi 12 janvier 2013

Jean a affirmé ce que vous avez entendu, quand on lui a rapporté, pour exciter sa jalousie, que Jésus faisait beaucoup de disciples. Ses amis lui disent, comme s’il était envieux : « Voilà qu’il fait plus de disciples que toi ». Mais Jean a reconnu ce qu’il était ; et par là, il a mérité d’être uni au Christ, parce qu’il n’a pas osé s’attribuer ce qui était au Christ. Voici ce qu’il dit : « Un homme ne peut rien s’attribuer sauf ce qu’il a reçu du Ciel »… Il ne tire pas sa joie de lui-même. Celui qui veut trouver en lui-même la cause de sa joie sera toujours triste ; mais celui qui veut trouver sa joie en Dieu sera toujours dans la joie, parce que Dieu est éternel. Veux-tu avoir une joie éternelle ? Attache-toi à Celui qui est éternel. C’est ce qu’a fait Jean.

C’est la voix de l’époux qui réjouit l’ami de l’époux, et non sa propre voix ; il se tient debout et il écoute… « C’est ma joie, et j’en suis comblé. J’ai ma propre grâce, je ne souhaite rien de plus, de peur de perdre ce que j’ai reçu. » Quelle est cette joie ? « Il est ravi de joie en entendant la voix de l’époux. » Que les hommes comprennent donc qu’ils ne doivent pas se réjouir de leur propre sagesse, mais de celle qu’ils ont reçue de Dieu. Que l’on ne cherche pas autre chose, et on ne perdra pas ce que l’on a trouvé… Jean a reconnu qu’il a tout reçu ; il a dit qu’il était joyeux à cause de la voix de l’époux, et il a ajouté : « Ma joie est maintenant parfaite ».

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°14, 1-3

.

.

« Jésus étendit la main et la toucha. »

vendredi 11 janvier 2013

« Le Christ dit en entrant dans le monde : ‘ Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation, mais tu m’as formé un corps. Alors j’ai dit : Voici que je viens pour faire ta volonté ‘ » (He 10,5-7; Ps 40,7-9 LXX). Est-il bien vrai que pour nous sauver dans notre misère…et pour conquérir notre amour, Dieu a voulu se faire homme ? Tellement vrai que c’est un article de foi : « Pour nous les hommes et pour notre salut il descendit du ciel…et s’est fait homme » (Credo)… Oui, voilà ce que Dieu a fait pour se faire aimer de nous… C’est ainsi qu’il a voulu nous manifester la grandeur de son amour pour nous : « La grâce de Dieu notre Sauveur s’est manifestée à tous les hommes » (Tt 2,11). « L’homme ne m’aime pas, semble avoir dit le Seigneur, parce qu’il ne me voit pas. Je vais me rendre visible, converser avec lui, je m’en ferai sûrement aimer » : « il est apparu sur la terre, et il a conversé avec les hommes » (Ba 3,38).

L’amour de Dieu pour l’homme est immense, immense de toute éternité : « Je t’ai aimé d’un amour éternel ; c’est pourquoi je t’ai attiré dans ma miséricorde » (Jr 31,3). Mais on n’avait pas encore vu combien il est grand, incompréhensible ; quand le Fils de Dieu s’est fait contempler sous la forme d’un enfant couché sur la paille dans une étable, il s’est vraiment manifesté : « Dieu notre Sauveur a fait paraître sa bonté et son amour pour les hommes » (Tt 3,4). « La création du monde, observe saint Bernard, a fait resplendir la puissance de Dieu, le gouvernement du monde, sa sagesse ; mais l’incarnation du Verbe a fait éclater sa miséricorde à tous les yeux »…

« En méprisant Dieu, dit saint Fulgence, l’homme s’était séparé de lui pour toujours ; et comme l’homme ne pouvait plus retourner à Dieu, Dieu a daigné venir le trouver sur la terre. » Saint Augustin avait déjà dit : « Nous ne pouvions pas aller au médecin ; c’est pourquoi le médecin a eu la bonté de venir jusqu’à nous ».

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787), évêque et docteur de l’Église
1er Discours pour la neuvaine de Noël (trad. Éds Saint-Paul 1993, p. 27 rev.)

.

.

La Nativité selon sainte Brigitte de Suède

mercredi 9 janvier 2013

Lorsque moi, Brigitte, étais à Bethléem, je vis une Vierge enceinte, affublée d’un blanc manteau et d’une subtile et fine tunique, au travers de laquelle je voyais la chair virginale, le ventre de laquelle était grandement plein, d’autant qu’elle était prête à enfanter. Il y avait avec elle un honnête vieillard, et tous deux avaient un bœuf et un âne; et étant, entrées dans une caverne, le vieillard, ayant lié le bœuf et l’âne à la crèche, porta une lampe allumée à la Sainte Vierge, et la ficha en la muraille, s’écartant un peu de la Sainte Vierge pendant qu’elle enfanterait.

Cette Vierge donc se déchaussa, quitta son manteau blanc, ôta le voile de sa tête et le mit auprès d’elle; et je vis ses cheveux beaux à merveille, comme des fleurs éparpillées sur sa tunique, sur ses épaules. Elle tira lors de son sein deux draps de fin lin et deux de laine, très-blancs et très-purs, pour envelopper l’enfant; et elle portait encore deux autres petits draps de lin pour le couvrir et lui lier la tête; et elle les mit auprès d’elle, afin d’en user à temps et saison.

Or, toutes choses étant ainsi prêtes, la Sainte Vierge, ayant fléchi le genou, se mit avec une grande révérence en oraison; et elle tenait le dos contre la crèche, et la face levée vers le ciel vers l’orient; et ayant levé les mains et ayant les yeux fixés au ciel, elle était en extase, suspendue en une haute et sublime contemplation, enivrée des torrents de la divine douceur; et étant de la sorte en oraison, je vis le petit enfant se mouvoir dans son ventre et naître en un moment, duquel il sortait un si grand et ineffable éclat de lumière que le soleil ne lui était en rien comparable, ni l’éclat de la lumière que le bon vieillard avait mise en la muraille, car la splendeur divine de cet enfant avait anéanti la clarté de la lampe; et la manière de l’enfantement fut si subtile et si prompte que je ne peux connaître et discerner comment et en quelle partie elle se faisait.

Je vis incontinent ce glorieux enfant, gisant à terre, nu et pur, la chair duquel était très-pure. Je vis aussi la peau secondine auprès de lui enveloppée et grandement pure. J’ouïs lors les chants mélodieux des anges, et soudain le ventre de la Vierge, qui était enflammé, se remit en sa naturelle consistance, et je vis son corps d’une beauté admirable, tendre et délicat.

Or, la Vierge, sentant qu’elle avait enfanté, ayant baissé la tête et joint les mains, adora l’enfant avec grande révérence et lui dit : O mon Dieu et mon Seigneur, soyez le très-bien venu ! Et lors l’enfant, pleurant et comme tremblotant de froid et de la dureté du pavé où il gisait, s’émouvait un peu, et étendait ses bras, cherchant quelque soulagement et la faveur de la Mère. La mère le prit lors en ses bras, le serra sur son sein, et l’échauffa sur sa poitrine avec des joies indicibles et avec une tendre et maternelle compassion. Et lors s’asseyant à terre, elle le mit en son giron et prit de ses doigts son nombril, qui soudain fut coupé, d’où il ne sortit ni sang ni aucune autre chose; et après elle l’enveloppa de petits drapeaux de lin et de laine, et avec des langes et des liens, elle serra son petit corps avec un bandeau qui était cousu en quatre lieux à la partie du drap de linge, et après, elle lui lia la tête.

Ces choses étant accomplies, le vieillard entra, et se prosternant à deux genoux, adorant l’enfant, il pleurait de joie.

La Sainte Vierge ne changea point de couleur en cet enfantement; elle ne fut point infirme, ni aussi les forces corporelles ne lui diminuèrent point comme les autres femmes ont accoutumé. Il n’y parut autre chose, sinon que les flancs se retirèrent à la première consistance en laquelle ils étaient avant qu’elle conçût. Après elle se leva, ayant son cher enfant entre les bras, et saint Joseph et elle le mirent en la crèche, et l’adorèrent à genoux avec des joies indicibles.

.

« Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée. »

lundi 7 janvier 2013

 

       Aujourd’hui, Seigneur, tu t’es manifesté à l’univers, et ta lumière nous est apparue. C’est pourquoi, devant cette révélation, nous te chantons : Tu es venu, tu t’es manifesté, toi la lumière inaccessible ! (1Tm 6,16)…

Dans la Galilée des nations, dans le pays de Zabulon, dans la terre de Nephtali, comme dit le prophète, le Christ, grande lumière, a resplendi (Is 8,23-9,1) ; pour ceux qui étaient dans les ténèbres une grande clarté a brillé, jaillissant de Bethléem. Le Seigneur né de Marie, le Soleil de justice, répand ses rayons sur l’univers entier (Ml 3,20). Nous, les fils d’Adam qui sommes nus, venons, revêtons-le pour nous réchauffer. C’est pour vêtir ceux qui sont nus, illuminer ceux qui sont dans les ténèbres, que tu t’es manifesté, toi la lumière inaccessible.

Dieu n’a pas méprisé celui qui, par ruse, a été dépouillé de ses vêtements dans le Paradis et a perdu la robe tissée des mains de Dieu. Il revient vers lui et de sa voix sainte appelle celui qui lui a désobéi : « Adam, où es-tu ? (Gn 3,9) Cesse de te cacher de moi. Si nu, si pauvre que tu sois, je veux te voir. N’aie pas peur, je me suis fait semblable à toi. Tu désirais devenir dieu (Gn 3,5) et tu n’as pas pu. Maintenant, parce que je l’ai voulu, je me suis fait chair. Avance donc, reconnais-moi et dis : Tu es venu, tu t’es manifesté, toi la lumière inaccessible »…

Chante, chante, Adam ; adore celui qui vient à toi. Alors que tu t’éloignais, il s’est manifesté à toi pour se faire voir, toucher, accueillir. Celui que tu avais craint quand tu as été trompé par le démon, pour toi s’est fait semblable à toi. Il est descendu sur la terre pour te prendre aux cieux ; il est devenu mortel pour que toi tu deviennes Dieu et que tu recouvres ta première beauté. Voulant t’ouvrir les portes de l’Éden, il a habité Nazareth. Pour tout cela, chante, homme, chante et loue celui qui s’est manifesté et qui a illuminé tout univers.

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymnes pour l’Épiphanie, I, 1-2 ; II, 3 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 98 ; cf. SC 110, p. 237, 275)
.
.

Suivons les mages

dimanche 6 janvier 2013

Levons-nous, à l’exemple des mages. Laissons tout le monde se troubler ; mais nous, courons avec joie à la demeure de l’enfant. Si les rois ou les peuples s’efforcent de nous barrer le chemin, peu importe, ne ralentissons pas notre ferveur, repoussons tous les maux qui nous menacent. S’ils n’avaient pas vu l’enfant, les mages n’auraient pas échappé au danger qu’ils couraient de la part du roi Hérode. Avant d’avoir eu le bonheur de le contempler, ils étaient assiégés par la crainte, entourés de périls, plongés dans le trouble ; après qu’ils l’ont adoré, le calme et la sécurité se sont établis dans leur cœur…

Laissons donc là, nous aussi, une ville en désordre, un despote assoiffé de sang, toutes les richesses de ce monde, et venons à Bethléem, la « maison du pain » spirituel. Si tu es berger, viens seulement, et tu verras l’enfant dans l’étable. Si tu es roi, tes vêtements fastueux, tout l’éclat de ta dignité, ne te serviront de rien si tu ne viens pas. Si tu es homme de science comme les mages, toutes tes connaissances ne te sauveront pas si tu ne viens pas montrer ton respect. Si tu es un étranger ou même un barbare, tu seras admis à la cour de ce roi… Il suffit de venir avec frayeur et avec joie, ces deux sentiments qui habitent un cœur vraiment chrétien…

Avant d’adorer cet enfant, décharge-toi de tout ce qui t’encombre. Si tu es riche, dépose ton or à ses pieds, c’est-à-dire, donne-le aux pauvres. Ces étrangers sont venus de si loin pour contempler ce nouveau-né ; comment pourrais-tu…refuser de faire quelques pas pour visiter un malade ou un prisonnier ?… Les mages ont offert leurs trésors à Jésus, et toi, tu n’as même pas un morceau de pain à lui donner ? (Mt 25,35s) Quand ils ont vu l’étoile, leur cœur a été rempli de joie ; tu vois le Christ dans les pauvres, manquant de tout, et tu passes outre, tu n’es pas ému ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°7, 5

.

.

« Vous verrez les cieux ouverts. »

samedi 5 janvier 2013

S’il suffit de voir deux ou trois réunis en ton nom ici-bas pour te voir, toi, au milieu d’eux (Mt 18,20)…, que dire de ce lieu où tu as réuni tous les saints qui ont « scellé ton Alliance par leurs sacrifices » et qui sont devenus comme « les cieux qui annoncent ta justice » ? (Ps 49,5-6)

Ton disciple bien-aimé n’a pas été le seul à trouver le chemin qui monte aux cieux ; ce n’est pas à lui seul qu’on a montré une porte ouverte dans le ciel (Ap 4,1). En effet, tu l’as déclaré à tous de ta propre bouche : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10,9). C’est donc toi la porte, et, d’après ce que tu ajoutes, tu ouvres à tous ceux qui veulent entrer.

Mais à quoi nous sert de voir une porte ouverte dans le ciel, nous qui sommes sur la terre, si nous n’avons pas le moyen d’y monter ? Saint Paul nous donne la réponse : « Celui qui monte, c’est celui-là même qui est descendu » (Ep 4,9). Qui est-il ? L’Amour. En effet, Seigneur, c’est l’amour qui, de nos cœurs, monte vers toi parce que c’est l’amour qui, de toi, est descendu jusqu’à nous. Parce que tu nous as aimés, tu es descendu vers nous ; en t’aimant, nous pourrons monter jusqu’à toi. Toi qui as dit : « Je suis la porte », en ton nom, je t’en prie, ouvre-toi devant nous ! Nous verrons alors plus clairement de quelle demeure tu es la porte, et quand et à qui tu ouvres.

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148), moine bénédictin puis cistercien
Oraisons méditatives, VI, 5-7 ; SC 324 (trad. cf SC p. 109s)

.

.

St Jean, apôtre et évangéliste († v. 103)

jeudi 27 décembre 2012
J

ean occupe une place de choix et dans l’Évangile et au sein du collège apostolique.

Représentant l’Amour, il marche à côté de Pierre, qui symbolise la Doctrine. Jésus semble avoir réservé à cet Apôtre les plus tendres effusions de son Cœur. Plus que tout autre, en effet, Jean pouvait rendre amour pour amour au divin Maître.

Le Sauveur prit plaisir à multiplier les occasions de témoigner envers son cher disciple une prédilection singulière : il le fit témoin de la résurrection de la fille de Jaïre ; il lui montra sa gloire sur le Thabor, au jour de sa transfiguration. Mais surtout, la veille de sa Passion, à la dernière cène, il lui permit de reposer doucement la tête sur son Cœur divin, où il puisa cette charité et cette science des choses de Dieu, qu’il répandit dans ses écrits et au sein des peuples auxquels il porta le flambeau de l’Évangile.

Une des gloires de St Jean fut d’être le seul, parmi les Apôtres, fidèle à Jésus dans ses souffrances ; il Le suivit dans l’agonie du calvaire ; il accompagna, dans ces douloureux instants, la Mère du Sauveur.

« Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils.” Puis il dit au disciple : “Voici ta mère.” Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn 19,26-27)

L’Apôtre, en cette circonstance, nous disent les Sts Docteurs, représentait l’humanité tout entière ; en ce moment solennel Marie devenait la Mère de tous les hommes, et les hommes recevaient le droit de s’appeler les enfants de Marie.

Il était juste que St Jean, ayant participé aux souffrances de la Passion, goûtât, l’un des premiers, les joies pures de la résurrection. Le jour où le Sauveur apparut sur le rivage du lac de Génésareth, pendant que les disciples étaient à la pêche, St Jean fut le seul à Le reconnaître. C’est le Seigneur, dit-il à Pierre. Jean était donc bien, comme tout l’Évangile le prouve, le disciple que Jésus aimait.

.

Pour approfondir, lire les Catéchèses du Pape Benoît XVI :

 >>> 1) Jean, apôtre 
>>> 2) Jean, le théologien

>>> 3) Jean, le Voyant de Patmos

 

©Evangelizo.org