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Archive pour janvier 2022

« Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : ‘ Mon fils, tes péchés sont pardonnés ’. »

vendredi 14 janvier 2022

La souffrance nous rappelle que le service rendu par la foi au bien commun est toujours service d’espérance, qui regarde en avant, sachant que c’est seulement de Dieu, de l’avenir qui vient de Jésus ressuscité, que notre société peut trouver ses fondements solides et durables. En ce sens, la foi est reliée à l’espérance parce que, « même si notre demeure terrestre, notre corps, vient à être détruite », nous avons « une demeure éternelle » que Dieu a désormais inaugurée dans le Christ, dans son corps (2Co 4,16s). Le dynamisme de la foi, de l’espérance et de la charité nous fait ainsi embrasser les préoccupations de tous les hommes, dans notre marche vers « cette ville, dont Dieu est l’architecte et le bâtisseur » (He 11,10), parce que « l’espérance ne déçoit pas » ( Rm 5,5).

Dans l’unité avec la foi et la charité, l’espérance nous projette vers un avenir certain, qui se situe dans une perspective différente des propositions illusoires des idoles du monde, mais qui donne un nouvel élan et de nouvelles forces à la vie quotidienne. Ne nous faisons pas voler l’espérance, ne permettons pas qu’elle soit rendue vaine par des solutions et des propositions immédiates qui nous arrêtent sur le chemin, qui « fragmentent » le temps, le transformant en moments ; c’est le temps qui gouverne les moments, qui les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne, d’un processus. L’espace fossilise le cours des choses, le temps projette au contraire vers l’avenir et incite à marcher avec espérance.

Pape François

 

 

« Jésus étendit la main et le toucha. »

jeudi 13 janvier 2022

Le geste affectueux de Jésus qui s’approche des lépreux pour les réconforter et les guérir a son expression pleine et mystérieuse dans sa Passion. Supplicié et défiguré par la sueur de sang, par la flagellation, par le couronnement d’épines, par la crucifixion, abandonné par ceux qui ont oublié ses bienfaits, Jésus dans sa Passion s’identifie avec les lépreux. Il devient leur image et leur symbole, comme le prophète Isaïe en avait eu l’intuition en contemplant le mystère du Serviteur du Seigneur : « Il n’avait ni beauté ni éclat, il était méprisé, abandonné des hommes, semblable à quelqu’un devant qui on cache son visage. (…) Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu et humilié » (Is 53,2-4). Mais c’est précisément des plaies du corps supplicié de Jésus et de la puissance de sa résurrection que jaillissent la vie et l’espérance pour tous les hommes frappés du mal et des infirmités.

L’Église a toujours été fidèle à sa mission d’annoncer la parole du Christ, unie aux gestes concrets de miséricorde solidaire à l’égard des plus humbles, des derniers. Au cours des siècles, il y a eu un crescendo de dévouement bouleversant et extraordinaire en faveur de ceux qui étaient frappés par les maladies humainement les plus répugnantes. L’histoire met nettement en lumière le fait que les chrétiens ont été les premiers à se préoccuper du problème des lépreux. L’exemple du Christ avait fait école ; il a porté beaucoup de fruit en gestes de solidarité, de dévouement, de générosité et de charité désintéressée.

Saint Paul VI

 

 

« Jésus se rendit dans un endroit désert, et là il priait. » (Mc 1, 35)

mercredi 12 janvier 2022

Je tiens pour impossible de distinguer toutes les formes de prières, à moins d’une pureté de cœur tout à fait singulière et de lumières extraordinaires de l’Esprit Saint. Leur nombre est aussi grand qu’il peut se rencontrer dans une âme, ou plutôt dans toutes les âmes, d’états et de disposition différentes. (…)

La prière se modifie à tout instant, selon le degré de pureté où l’âme est parvenue, suivant aussi sa disposition actuelle, que celle-ci soit due à des influences étrangères ou spontanée ; et il est bien certain que pour personne elle ne demeure en tout temps identique à elle-même. On prie différemment suivant que l’on a le cœur léger, ou alourdi de tristesse et de désespérance ; dans l’enivrement de la vie surnaturelle, et la dépression des tentations violentes ; lorsqu’on implore le pardon de ses fautes, ou que l’on demande une grâce, une vertu, la guérison d’un vice ; dans la componction qu’inspirent la pensée de l’enfer et la crainte du jugement, et lorsqu’on brûle du désir et de l’espérance des biens futurs ; parmi l’adversité et le péril, ou dans la paix et la sécurité ; si l’on se sent inondé de lumière à la révélation des mystères du ciel, ou paralysé par la stérilité dans la vertu et la sécheresse dans les pensées. (…)

Ces divers modes de prière seront suivis d’un état plus sublime encore et d’une plus transcendante élévation. C’est un regard sur Dieu seul, un grand feu d’amour. L’âme s’y fond et s’abîme en la sainte dilection, et s’entretient avec Dieu comme avec son propre Père, très familièrement, dans une tendresse de piété toute particulière.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

« Le jour du sabbat…, il enseignait en homme qui a autorité. »

mardi 11 janvier 2022

C’est un jour du sabbat que le Seigneur Jésus commence à accomplir des guérisons, pour signifier que la nouvelle création commence au point où l’ancienne s’était arrêtée, et aussi pour marquer dès le début que le Fils de Dieu n’est pas soumis à la Loi mais supérieur à la Loi, qu’il ne détruit pas la Loi mais l’accomplit (Mt 5,17). Ce n’est pas par la Loi mais par le Verbe que le monde a été fait, comme nous le lisons : « Par la Parole du Seigneur les cieux ont été faits » (Ps 32,6). La Loi n’est donc pas détruite mais accomplie, afin de renouveler l’homme déchu. Voilà pourquoi l’apôtre Paul dit : « Débarrassez-vous de l’homme ancien ; revêtez l’homme nouveau, qui a été créé selon le Christ » (Col 3,9s).

Il est donc juste que le Seigneur commence le jour du sabbat, pour montrer qu’il est le Créateur (…), continuant l’ouvrage qu’il avait commencé jadis lui-même. Comme l’ouvrier qui s’apprête à réparer une maison, il commence, non par les fondations, mais par les toits ; il commence à démolir ce qui est délabré. (…) En délivrant le possédé, il commence par le moindre pour en venir au plus grand : même des hommes peuvent délivrer du démon — par la parole de Dieu, il est vrai — mais commander aux morts de ressusciter n’appartient qu’à la puissance de Dieu.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Non seulement une nouvelle, mais une bonne nouvelle !

lundi 10 janvier 2022

Dans la mesure où notre monde veut être en rupture de Dieu, où on entend se passer de Dieu, s’organiser en deçà de Dieu, Dieu devient pour lui une nouveauté et le Dieu de l’Évangile redevient une nouvelle.

Le chrétien en face de la déchristianisation, lutte souvent contre des faits, des évènements nouveaux, pour que dure la foi là où il est ; il apparaît comme l’homme du passé. Au contraire, en face de l’athéisme, le chrétien croyant, parce qu’il est croyant, pose par sa vie une hypothèse de Dieu, là même où il n’y a plus d’hypothèse de Dieu. Sa foi en Dieu est pour ce nouveau monde un phénomène encore plus nouveau.

Le chrétien est pour ses frères un homme qui aime les choses du monde à leur valeur et dans leur réalité, mais il est aussi, un homme qui préfère à toutes ces choses le Dieu dont il est le croyant. Sa préférence l’amène à certains choix. On le voit ainsi choisir Dieu invisible. Ces choix sont, interrogation à neuf pour le monde, sur ce qui dépasse le monde.

Quand des hommes ignorent que Dieu est leur bien, nous n’avons pas à nous aligner sur leur ignorance, leur misère. Nous ne devons pas seulement croire, mais comprendre que le Dieu vivant de l’Évangile peut être non seulement pour eux une nouvelle, mais une bonne nouvelle.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

Fête du Baptême de Notre Seigneur

dimanche 9 janvier 2022

Le Christ est illuminé par le baptême, resplendissons avec lui ; il est plongé dans l’eau, descendons avec lui pour remonter avec lui. (…) Jean est en train de baptiser et Jésus s’approche : peut-être pour sanctifier celui qui va le baptiser ; certainement pour ensevelir tout entier le vieil Adam au fond de l’eau. Mais avant cela et en vue de cela, il sanctifie le Jourdain. Et comme il est esprit et chair, il veut pouvoir initier par l’eau et par l’Esprit. (…) Voici Jésus qui remonte hors de l’eau. En effet, il porte le monde ; il le fait monter avec lui. « Il voit les cieux se déchirer et s’ouvrir » (Mc 1,10), alors qu’Adam les avait fermés pour lui et sa descendance, quand il a été expulsé du paradis que défendait l’épée de feu.

Alors l’Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature. Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l’apparence d’une colombe, elle honore le corps, puisque Dieu, en se montrant sous une apparence corporelle, divinise aussi le corps. C’est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11). (…)

Pour nous, honorons aujourd’hui le baptême du Christ, et célébrons cette fête de façon irréprochable. (…) Soyez entièrement purifiés, et purifiez-vous encore. Car rien ne donne à Dieu autant de joie que le redressement et le salut de l’homme : c’est à cela que tend tout ce discours et tout ce mystère. Soyez « comme des sources de lumière dans le monde » (Ph 2,15), une force vitale pour les autres hommes. Comme des lumières parfaites secondant la grande Lumière, soyez initiés à la vie de lumière qui est au ciel ; soyez illuminés avec plus de clarté et d’éclat par la sainte Trinité.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

« Il faut qu’il grandisse, et moi, que je diminue. »

samedi 8 janvier 2022

« Jean n’était pas la Lumière, mais il a été envoyé pour rendre témoignage à la Lumière. » (Jn 1,8) Le précurseur de la Lumière n’était pas la Lumière. Pourquoi alors l’appelle-t-on couramment « lampe qui brûle » (Jn 5,35) et « étoile du matin » ? Il était une lampe qui brûle et qui éclaire mais le feu dont il brûlait n’était pas le sien, la lumière dont il brillait n’était pas la sienne. Il était l’étoile du matin, mais il ne tirait pas de lui-même sa propre lumière : la grâce de celui dont il était le précurseur brûlait et resplendissait en lui. Il n’était pas la lumière, mais il participait à la lumière ; ce qui brillait en lui et par lui n’était pas de lui. (…)

En effet, aucune créature, qu’elle soit douée de raison ou douée d’intelligence, n’est pas lumière par elle-même en sa propre substance ; elle participe à la Lumière unique et véritable, la Lumière substantielle qui est partout et en toutes choses que notre intelligence voit briller.

Jean Scot Érigène (?-v. 870)

 

 

 

« Je le veux, sois purifié ! »

vendredi 7 janvier 2022

Dieu, dans le peuple hébreu, en donna le symbole :
Quiconque dans le camp était atteint de lèpre
En était expulsé et banni au-dehors.
Mais si, guérie sa lèpre, il avait trouvé grâce,
Alors, avec l’hysope, avec le sang et l’eau purifié par le prêtre,
Il retournait chez lui, rentrant en héritage (Lv 14,1s).

Adam était tout pur dans le Jardin splendide,
Mais il eut lèpre affreuse au souffle du Serpent.
Le Jardin pur le rejeta, le chassa de son sein,
Mais le Grand Prêtre alors (He 9,11) de là-haut le voyant
Jeté dehors, daigna descendre jusqu’à lui,
Le purifia par son hysope (cf Jn 19,29) et le fit rentrer en Paradis.

Adam nu était beau : mais sa femme diligente
Peina à lui tisser un habit de souillures.
Le Jardin le voyant, et le trouvant hideux, dehors le repoussa.
Mais pour lui par Marie fut faite une tunique neuve.
Vêtu de cette parure et selon la promesse, le Larron resplendit :
Et le Jardin, revoyant en son image Adam, l’embrassa (Lc 23,43).

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

« Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. »

jeudi 6 janvier 2022

Lorsque tu lis que Jésus « enseignait dans leurs synagogues et que tous célébraient ses louanges », prends garde d’estimer heureux ceux qui ont entendu le Christ alors et de te considérer comme privé d’enseignement. Car si l’Écriture est véridique, le Seigneur n’a pas seulement parlé autrefois dans les assemblées des juifs mais aujourd’hui aussi dans notre assemblée, et non seulement ici maintenant, mais dans les assemblées du monde entier. (…) Aujourd’hui Jésus est davantage « célébré par tous » qu’au temps où il n’était connu que dans une seule région. (…)

« Le Seigneur m’a envoyé, dit-il, porter la bonne nouvelle aux pauvres. » Les pauvres signifient les païens ; en effet, ils étaient pauvres, ne possédant rien : ni Dieu, ni Loi, ni prophètes, ni justice, ni aucune force. Pourquoi Dieu l’a-t-il envoyé comme messager aux pauvres ? Pour « annoncer aux captifs la délivrance » — captifs, nous l’étions : prisonniers enchaînés si longtemps, assujettis au pouvoir de Satan. Et pour « annoncer aux aveugles qu’ils verront la lumière », car sa parole rend la vue aux aveugles. (…)

« Jésus replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. » Maintenant encore, si vous le voulez, ici dans notre assemblée, vous pouvez fixer les yeux sur le Sauveur. Lorsque tu diriges le regard le plus profond de ton cœur à contempler la Sagesse et la Vérité, le Fils unique de Dieu, tu as les yeux fixés sur Jésus. Bienheureuse cette assemblée dont l’Écriture dit que « tous avaient les yeux fixés sur lui » ! Comme je voudrais que notre assemblée mérite ce même témoignage, et que les yeux de tous, catéchumènes et fidèles, femmes, hommes et enfants, voient Jésus avec les yeux de l’âme ! Car lorsque vous l’aurez contemplé, votre visage et votre regard seront illuminés de sa lumière et vous pourrez dire : « La lumière de ton visage a mis sa marque sur nous, Seigneur » (Ps 4,7 LXX).

Origène (v. 185-253)

 

 

Bulletin n°131 (1er trimestre 2022)

mercredi 5 janvier 2022

bulletin 131

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