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Archive pour juillet 2020

« N’est-il pas le fils du charpentier ? »

vendredi 31 juillet 2020

La réponse du Seigneur Jésus : « Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? » (Lc 2,49), n’affirme pas que Dieu est son Père pour signifier que Joseph ne l’est pas. Comment prouver cela ? Par l’Écriture, qui continue (…) : « Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis » (v. 51). À qui était-il soumis ? N’est-ce pas à ses parents ? Tous deux donc étaient ses parents. (…) Ils étaient ses parents dans le temps, et Dieu était son Père de toute éternité. Ils étaient les parents du Fils de l’homme ; le Père, de sa Parole, le Verbe, sa Sagesse (1Co 1,24), cette puissance par laquelle il a créé toute chose. (…)

Ne soyons donc pas surpris que les évangélistes nous donnent la généalogie de Jésus par Joseph plutôt que par Marie (Mt 1,1; Lc 3,23). Si Marie est devenue mère en dehors des désirs de la chair, Joseph est devenu père en dehors de toute union charnelle. Il peut donc être le terme ou le point de départ de la généalogie du Sauveur, tout en n’étant pas son père selon la chair. Sa grande pureté confirme sa paternité. Marie, son épouse, a voulu le nommer en premier : « Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi » (Lc 2,48). (…)

Si Marie a enfanté le Sauveur en dehors des lois de la nature, l’Esprit Saint a été à l’œuvre aussi en Joseph, à l’œuvre donc en eux de façon égale. « Joseph était un homme juste », dit l’évangéliste Matthieu (1,19). Le mari était juste, sa femme était juste : l’Esprit Saint reposait sur ces deux justes et a donné un fils à tous les deux

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Sur le rivage… on ramasse ce qui est bon. »

jeudi 30 juillet 2020

« Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. » (Ps 95,13) Quelle justice et quelle vérité ? Il rassemblera auprès de lui ses élus (Mc 13,27) ; les autres, il les séparera, car il mettra ceux-ci à sa droite, et ceux-là à sa gauche (Mt 25,33). Qu’y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela ? Ils n’attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n’ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde (Lc 6,37). Car il dira à ceux qu’il aura mis à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde ». Et il leur attribue des actes de miséricorde : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire », et toute la suite (Mt 25,31s). (…)

Parce que tu es injuste, le juge ne sera pas juste ? Parce qu’il t’arrive de mentir, la vérité ne sera pas véridique ? Si tu veux rencontrer un juge miséricordieux, sois miséricordieux avant qu’il vienne. Pardonne, si l’on t’a offensé ; donne les biens que tu possèdes en abondance. (…) Donne ce que tu tiens de lui : « Que possèdes-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7) Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu : miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c’est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l’avènement du juge, lui qui « jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité »

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Sainte Marthe, mémoire

mercredi 29 juillet 2020

« Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. » Qu’est-ce que cela veut dire ? « Celui qui croit en moi, même s’il meurt comme Lazare, vivra », parce que Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Déjà au sujet d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les patriarches morts depuis longtemps, Jésus avait fait aux juifs la même réponse : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; non pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent pour lui » (Lc 20,38). Crois donc, et même si tu es mort, tu vivras ! Mais si tu ne crois pas, même si tu es vivant, tu es réellement mort. (…) D’où vient la mort dans l’âme ? De ce que la foi n’y est plus. D’où vient la mort du corps ? De ce que l’âme n’y est plus. L’âme de ton âme, c’est la foi.

« Celui qui croit en moi, même s’il meurt dans son corps, aura la vie dans son âme, jusqu’à ce que le corps lui-même ressuscite pour ne plus mourir. Et tout homme qui vit dans la chair et croit en moi, bien qu’il doive mourir pour un temps en son corps, il ne mourra pas pour l’éternité, à cause de la vie de l’Esprit et de l’immortalité de la résurrection. »

Voilà ce que veut dire Jésus dans sa réponse à Marthe (…) « Crois-tu cela ? » « Oui, Seigneur, lui répond-elle, je crois que tu es le Christ, le fils de Dieu, qui es venu dans le monde. En croyant cela, j’ai cru que tu es la résurrection, j’ai cru que tu es la vie, j’ai cru que celui qui croit en toi, même s’il meurt, vivra ; j’ai cru que celui qui est vivant et qui croit en toi ne mourra pas pour l’éternité.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Les justes resplendiront comme le soleil. » (Mt 13,43)

mardi 28 juillet 2020

Par la pensée, voyons notre Seigneur Jésus Christ assis sur un trône de gloire ; auprès de lui se tiennent séraphins, chérubins et chaque orde angélique qui le servent avec crainte et tremblement. Alors ils entendront la voix bénie du Maître, ceux qui auront achevé le combat, sans se laisser attirer par aucun des agréments du siècle, ni séduire par le charme de ce vain monde. « Alors, dit-il, les justes resplendiront comme le soleil » (Mt 13,43) lorsqu’ils seront arrivés du levant et du couchant, du nord et de la mer et ils prendront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob (cf. Mt 8,11) dans une joie ineffable (cf. 1 P 1,8) quand notre Roi et Seigneur distribuera ses dons selon ses mérites. Ah ! mes frères et mes enfants, ah ! Combien grande et belle la gloire dont jouirons les trois fois bienheureux et les saints qui auront pratiqué le renoncement ! Oui, très certainement, chacun recevra les biens promis selon le rang dans lequel il aura plu à Dieu. (…)

Désormais donc, courez bien (cf. Ga 5,7) et que le diable ne vous ensorcelle (cf. Ga 3,1), ni ne vous entrave ! (…) Que vienne sur vous (…), miséricorde, paix, charité, absence d’envie, de jalousie et d’ostentation, docilité, langage bienveillant, solidarité, compassion les uns envers les autres, humilité. Vivez ainsi, conduisez-vous ainsi, priant aussi de tout votre cœur pour mon humble personne, afin que je ne sois pas jeté au feu éternel ; puissions-nous tous y échapper, après avoir été jugés dignes du royaume des cieux, dans le Christ lui-même, notre Dieu, à qui conviennent toute gloire, honneur, adoration et magnificence avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen

Saint Théodore le Studite (759-826)

 

 

 

 

La semence de la grâce

lundi 27 juillet 2020

La grâce de Dieu est une semence qu’il ne faut pas étouffer, mais qu’il ne faut pas aussi trop exposer. Il faut la nourrir en son cœur et ne la pas trop faire paraître aux yeux des hommes.

Deux sortes de grâces, petites en apparence, et d’où néanmoins peut dépendre, et notre perfection, et notre salut : I. une lumière qui nous découvre une vérité : il faut la recueillir soigneusement et prendre garde qu’elle ne s’éteigne par notre faute ; il faut s’en servir comme d’une règle dans toutes nos actions, voir à quoi elle nous porte, etc. ; II. un mouvement qui nous porte à faire quelque action de vertu en certaines occasions ; il faut être fidèle à ces mouvements, parce que cette fidélité est quelquefois le nœud de notre bonheur.

Une mortification que Dieu nous inspire en certaines circonstances, si on écoute sa voix, produira peut-être de très grands fruits et la sainteté en nous ; au lieu que le mépris qu’on ferait de cette petite grâce, pourrait avoir de très funestes conséquences, comme il est arrivé que des favoris sont tombés en disgrâce, pour avoir manqué de complaisance en de très petites choses

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

 

« Il va vendre tout ce qu’il possède. »

dimanche 26 juillet 2020

Notre Seigneur Jésus Christ a vivement et souvent insisté : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24). (…) Et ailleurs : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres », après quoi il ajoute : « puis viens et suis-moi » (Mt 19,21).

Pour celui qui sait comprendre, la parabole du marchand veut dire la même chose : « Le Royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherche des pierres précieuses ; lorsqu’il en a trouvé une d’un grand prix, il court vendre tout ce qu’il a, afin de pouvoir l’acheter. » La pierre précieuse désigne certainement ici le Royaume des cieux, et le Seigneur nous montre qu’il est impossible de l’obtenir, si nous n’abandonnons pas tout ce que nous possédons : richesse, gloire, noblesse de naissance et tout ce que tant d’autres recherchent avidement.

Le Seigneur a aussi déclaré qu’il est impossible de s’occuper convenablement de ce que l’on fait quand l’esprit est sollicité par diverses choses : « Personne ne peut servir deux maîtres », a-t-il dit (Mt 6,24). C’est pourquoi « le trésor qui est dans le ciel » est le seul que nous puissions choisir pour y attacher notre cœur : « Car où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,20s). (…) Pour tout dire, il s’agit de transporter notre cœur dans la vie du ciel, en sorte qu’on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Surtout c’est commencer à devenir semblable au Christ, « qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous » (2Co 8,9)

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

Fête de saint Jacques (le majeur), apôtre

samedi 25 juillet 2020

« Que rendrai-je au Seigneur ? » (Ps 115,12). Non pas des sacrifices, ni des holocaustes, ni les observances du culte légal, mais ma vie elle-même tout entière. Et c’est pourquoi, dit le psalmiste, « j’élèverai la coupe du salut » (v. 13). Le labeur qu’il a enduré dans les combats de sa dévotion filiale envers Dieu et la constance par laquelle, jusqu’à en mourir, il a résisté au péché, le psalmiste appelle cela sa coupe.

C’est à propos de cette coupe que le Seigneur lui-même s’exprime dans les évangiles : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi » (Mt 26,39). Et encore aux disciples : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Il voulait parler de cette mort qu’il voulait souffrir pour le salut du monde. C’est pourquoi, dit-il, « j’élèverai la coupe du salut », c’est-à-dire, je suis tendu de tout mon être, assoiffé, vers la consommation du martyre, au point que je tiens les tourments endurés dans les combats de l’amour filial pour un repos de l’âme et du corps, et non une souffrance. Moi-même donc, dit-il, je m’offrirai au Seigneur, comme un sacrifice et une oblation (…). Et je suis prêt à témoigner de ces promesses devant tout le peuple, car « je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple ! » (v. 14)

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

vendredi 24 juillet 2020

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Un semeur est sorti semer son grain, et une partie est tombée le long du chemin, une autre sur la bonne terre. Trois parts ont été perdues, une seule a fructifié. Mais le semeur n’a pas cessé de cultiver son champ ; il lui suffit qu’une partie soit conservée pour ne pas abandonner ses travaux. En ce moment, il est impossible que le grain que je lance au milieu d’un auditoire si nombreux ne germe pas. Si tous n’écoutent pas, un tiers écoutera ; si ce n’est pas un tiers, ce sera la dixième partie ; si même la dixième partie n’écoutait pas, pourvu qu’un seul membre de cette nombreuse assemblée écoute, je ne cesserai pas de parler.

Ce n’est pas peu de chose que le salut même d’une seule brebis. Le Bon Pasteur a laissé les quatre-vingt-dix-neuf autres pour courir après la brebis qui s’était égarée (Lc 15,4). Je ne pourrais jamais mépriser qui que ce soit. Même s’il n’y en a qu’un, c’est toujours un homme, cet être si cher à Dieu. Même si c’est un esclave, je ne le dédaignerai pas, car je cherche, non la condition sociale, mais la valeur personnelle, non la puissance ou la servitude, mais un homme. Même s’il n’y en a qu’un, c’est toujours l’homme, celui pour qui le soleil, l’air, les sources et la mer ont été créés, les prophètes envoyés, la Loi donnée. Il est toujours cet être pour qui le Fils unique de Dieu s’est fait homme. Mon Maître a été immolé, son sang a été versé pour l’homme, et j’oserais mépriser qui que ce soit ?…

Non, je ne cesserai pas de semer la parole, même si personne ne m’écoutait. Je suis médecin, j’offre mes remèdes. Je dois enseigner, ordre m’a été donné d’instruire, car il est écrit : « Je t’ai établi comme sentinelle sur la maison d’Israël » (Ez 3,17).

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur Lazare, 2 (trad. En Calcat rev.)

 

 

 

Demeurer uni à Jésus en toutes choses

jeudi 23 juillet 2020

Plaire à notre Père des cieux pour qu’il soit glorifié, pour que son règne s’établisse en nous et que toute sa volonté soit accomplie, et cela d’une façon stable et totale, c’est là la perfection. (…) Le résultat d’une telle attitude est que « nous produisons sans cesse ces fruits des bonnes œuvres » dont parle S. Paul (Col 4,10). Et notre Seigneur ne déclare-t-il pas lui-même que cette perfection est glorieuse pour Dieu : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez de nombreux fruits » (Jn 15,8).

Or, où irons-nous puiser la sève qui doit féconder toutes nos actions et nous faire rapporter au Père cette riche moisson de bonnes œuvres par laquelle nous le glorifions ? Cette sève féconde qui est la grâce ne nous vient que par Jésus. Ce n’est qu’en demeurant unis à lui, que nous pourrons être divinement féconds : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte de nombreux fruits » (Jn 15,5). Si sans lui « nous ne pouvons rien accomplir qui soit digne de son Père », avec lui, en lui, nous portons de nombreux fruits : il est la vigne, nous sommes les branches. Vous me demanderez comment nous « demeurons » en Jésus ? Par la foi d’abord. S. Paul nous dit que « la foi fait habiter le Christ dans nos cœurs » (Ep 3,17). Par l’amour ensuite : « Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9), l’amour qui, joint à la grâce, nous livre tout entier au service du Christ et à l’observation de ses préceptes. (…)

Aussi bien tout revient-il à demeurer uni à Jésus en toutes choses, à le contempler sans cesse pour l’imiter, et à accomplir toujours comme lui, « par amour », « tout ce qui plaît au Père » (Jn 14,31) : « je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jn 8,29). C’est le secret de la perfection, c’est le moyen infaillible d’avoir part à ces complaisances que « le Père prend en son propre Fils bien-aimé »

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

 

Dieu de mon cœur et mon partage pour l’éternité !

mercredi 22 juillet 2020

Dites souvent à Dieu : « Mon Seigneur, pourquoi m’aimez-vous à ce point ? Que voyez-vous de bon en moi ? Avez-vous oublié quelles offenses je vous ai faites ? Ah ! dès lors que vous m’avez traité avec tant d’amour, au lieu de m’envoyer en enfer, vous m’avez comblé de grâces, à qui donc voudrais-je désormais porter mon amour, sinon à vous, ô Bien qui êtes mon bien et tout mon bien ?

Mon Dieu, Dieu tout aimable, dans mes péchés passés, ce qui m’afflige le plus, ce ne sont pas les châtiments que je vous ai causés, à vous qui êtes digne d’un amour infini, vous qui ne savez pas mépriser un cœur qui se repent et s’humilie (cf. Ps 50,19). Ah ! désormais, pour cette vie et pour l’autre, mon cœur n’aspire plus qu’à vous posséder, vous. « Qu’y a-t-il pour moi au ciel et hormis vous, qu’est-ce que je désire sur la terre ? Vous êtes le Dieu de mon cœur, le Dieu qui est mon partage pour l’éternité » (cf. Ps 72,25-26). Oui, vous êtes, et à jamais vous serez, l’unique Maître de mon cœur, de ma volonté et mon unique trésor, mon paradis, le terme de mes espérances et de mes affections, mon tout, en un mot, vous le Dieu de mon cœur et mon partage pour toujours. »

Il faut affermir toujours davantage votre confiance en Dieu. Pour cela, rappelez-vous fréquemment la conduite, toute la tendresse qu’il a tenue à votre égard, les doux moyens qu’a employés sa miséricorde pour vous ramener des chemins où vous vous égariez, vous dégager des attaches de la terre et vous attirer à son saint amour

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)