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Archive pour septembre 2019

« Nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas avec nous pour te suivre. »

lundi 30 septembre 2019

Nous ne pouvons pas invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu (Gn 1,27). La relation de l’homme à Dieu le Père et la relation de l’homme à ses frères humains sont si étroitement liées que l’Écriture dit : « Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu » (1Jn 4,8).

Par là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent.

L’Église réprouve donc, en tant que contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur condition économique ou de leur religion. En conséquence, le Concile, suivant les traces des saints apôtres Pierre et Paul, adjure ardemment les fidèles du Christ « d’avoir au milieu des nations une conduite excellente » (1P 2,12), et « s’il est possible, de vivre en paix avec tous les hommes » autant qu’il dépend d’eux (Rm 12,18), de manière à être vraiment « les enfants du Père qui est dans les cieux » (Mt 5,45).

Concile Vatican II

 

 

 

 

 

« Dieu regarde le cœur. » (1S 16,7)

dimanche 29 septembre 2019

Est-ce que ce pauvre a été reçu par les anges à cause du seul mérite de sa pauvreté ? Et le riche a-t-il été livré aux tourments par la seule faute de sa richesse ? Non : comprenons-le bien, c’est l’humilité qui a été honorée dans le pauvre, et l’orgueil condamné dans le riche.

Voici, en bref, la preuve que ce ne sont pas les richesses mais l’orgueil qui a valu au riche son châtiment. Le pauvre a donc été porté dans le sein d’Abraham ; mais l’Écriture dit d’Abraham qu’il avait beaucoup d’or et d’argent et qu’il était riche sur terre (Gn 13,2). Si tout riche est envoyé dans les tourments, comment Abraham a-t-il pu devancer le pauvre pour le recevoir dans son sein ? C’est qu’Abraham, au milieu de ses richesses, était pauvre, humble, respectueux et obéissant à tous les ordres de Dieu. Il tenait ses richesses pour si peu de choses que, lorsque Dieu le lui a demandé, il a accepté d’offrir en sacrifice son fils à qui il destinait ces richesses (Gn 22,4).

Apprenez donc à être pauvres et dans le besoin, soit que vous possédiez quelque chose en ce monde, soit que vous ne possédiez rien. Car on trouve des mendiants remplis d’orgueil et des riches qui confessent leurs péchés. « Dieu résiste aux orgueilleux », qu’ils soient couverts de soie ou de haillons, « mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6), qu’ils possèdent ou non les biens de ce monde. Dieu regarde l’intérieur ; c’est là qu’il pèse, là qu’il examine.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« Ces paroles restaient voilées pour eux. »

samedi 28 septembre 2019

Parmi toutes les grandes choses et les merveilles que l’on peut dire du Christ, il en est une qui dépasse absolument l’admiration dont est capable l’esprit humain ; la fragilité de notre intelligence mortelle ne sait pas comment la comprendre ou l’imaginer. C’est que la toute-puissance de la majesté divine, la Parole même du Père (Jn 1,1), la propre Sagesse de Dieu (1Co 1,24), en laquelle toutes choses ont été créées — ce qui est visible comme ce qui est invisible (Jn 1,3; Col 1,16) — s’est laissé enfermer dans les limites de cet homme qui s’est manifesté en Judée. Tel est l’objet de notre foi. Et il y a plus encore : nous croyons que la Sagesse de Dieu est entrée dans le sein d’une femme, qu’elle est née dans les vagissements et les pleurs communs à tous les nourrissons. Et nous avons appris qu’après cela le Christ a connu le trouble devant la mort au point de s’écrier : « Mon âme est triste à en mourir » (Mt 26,38), et qu’enfin il a été traîné à une mort honteuse entre toutes parmi les hommes, même si nous savons qu’il est ressuscité le troisième jour. (…)

En vérité, faire entendre de telles choses à des oreilles humaines, essayer de les exprimer par des mots, dépasse le langage des hommes (…) et probablement celui des anges.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

 

« Pour vous, qui suis-je ? »

vendredi 27 septembre 2019

Il faut reconnaître que l’un des effets les plus graves de la sécularisation [de la société] consiste dans le fait d’avoir relégué la foi chrétienne aux marges de l’existence, comme si elle était inutile pour ce qui concerne le déroulement concret de la vie des hommes. L’échec de la manière de vivre « comme si Dieu n’existait pas » est maintenant devant les yeux de tous. Aujourd’hui, il est nécessaire de redécouvrir que Jésus Christ n’est pas une simple conviction privée ou une doctrine abstraite, mais une personne réelle, dont l’insertion dans l’histoire est capable de renouveler la vie de tous.

C’est pourquoi l’eucharistie, comme source et sommet de la vie et de la mission de l’Église, doit se traduire en spiritualité, en vie « selon l’Esprit » (Rm 8,4 ;Ga 5,16.25). Il est significatif que saint Paul, dans le passage de la lettre aux Romains où il invite à vivre le nouveau culte spirituel, rappelle en même temps la nécessité du changement dans la manière de vivre et de penser : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (12,2). De cette façon, l’apôtre des nations souligne le lien entre le vrai culte spirituel (Rm 12,1) et la nécessité d’une nouvelle manière de percevoir l’existence et de conduire sa vie. Renouveler sa façon de penser fait partie intégrante de la forme eucharistique de la vie chrétienne, « alors nous ne serons plus comme des enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par tous les courants d’idées » (Ep 4,14).

Benoît XVI

 

 

 

Hérode cherche à voir le Christ

jeudi 26 septembre 2019

« Personne n’a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui est dans le sein du Père l’a révélé » (Jn 1,18). Le divin est inexprimable et incompréhensible : « Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, ni le Fils si ce n’est le Père » (Mt 11,27), et le Saint Esprit semblablement connaît ce qui est de Dieu. (…) Mais après cette première et bienheureuse connaissance divine, personne n’a jamais connu Dieu si ce n’est celui auquel Dieu lui-même s’est révélé. (…)

Pourtant, Dieu ne nous a pas laissé dans une ignorance complète, car chacun a, semée par lui, la connaissance qu’il y a un Dieu. La création elle-même, par sa cohésion et par sa direction, proclame la magnificence de la nature divine (cf Rm 1,20). Ensuite la Loi et les prophètes, puis son Fils unique, le Seigneur, « notre Dieu et Sauveur Jésus Christ » (2P 1,1), ont manifesté la connaissance de Dieu, selon ce que nous pouvons atteindre. C’est pourquoi tout ce qui nous a été transmis par la Loi et les prophètes, par les apôtres et les évangélistes, nous l’acceptons, nous le connaissons, nous y appliquons notre dévotion et nous ne cherchons pas au-delà.

Dieu est bon ; il pourvoit à tout bien. (…) Comme il sait tout et pourvoit à ce qui convient à chacun, il nous a révélé ce qu’il nous est utile de connaître et nous a tu ce que nous ne pouvons pas porter. Contentons-nous donc de cela et demeurons-y.

Saint Jean de Damas (v. 675-749)

 

 

 

 

« Ils allaient de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle. »

mercredi 25 septembre 2019

Le mandat [du Christ] est : « Allez dans le monde entier ; proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16,15), parce que « la création aspire de toutes ses forces à la révélation des enfants de Dieu » (Rm 8,19). Toute la création signifie aussi tous les aspects de la nature humaine… Les enseignements de l’Église sur les situations contingentes sont sujets à des développements importants ou nouveaux et peuvent être l’objet de discussion, mais nous ne pouvons pas éviter d’être concrets… Les pasteurs, en accueillant les apports des différentes sciences, ont le droit d’émettre des opinions sur tout ce qui concerne la vie des personnes, du moment que la tâche de l’évangélisation implique et exige une promotion intégrale de chaque être humain.

On ne peut plus affirmer que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel. Nous savons que Dieu désire le bonheur de ses enfants, sur cette terre aussi, bien que ceux-ci soient appelés à la plénitude éternelle, puisqu’il a créé toutes choses « afin que nous en jouissions » (1Tm 6,17), pour que tous puissent en jouir. Il en découle que la conversion chrétienne exige de reconsidérer « spécialement tout ce qui concerne l’ordre social et la réalisation du bien commun » (S. Jean-Paul II).

En conséquence, personne ne peut exiger de nous que nous reléguions la religion dans la secrète intimité des personnes, sans aucune influence sur la vie sociale et nationale, sans se préoccuper de la santé des institutions de la société civile, sans s’exprimer sur les événements qui intéressent les citoyens. Qui oserait enfermer dans un temple et faire taire le message de saint François d’Assise et de la bienheureuse Teresa de Calcutta ? Ils ne pourraient pas l’accepter. Une foi authentique — qui n’est jamais confortable et individualiste — implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur la terre.

Pape François

 

 

 

 

Elle vivait de foi comme nous

mardi 24 septembre 2019

Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet.

J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents… Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait » (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : « Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui » (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?

On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela… Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : « Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin. »

Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c’est une telle douceur de plus pour nous.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

 

 

 

 

« Une lampe pour mes pas, ta parole, une lumière sur ma route. » (Ps 118,105)

lundi 23 septembre 2019

La lampe sur le lampadaire, c’est notre Seigneur Jésus Christ, la vraie lumière du Père « qui éclaire tout homme venant au monde » (Jn 1,9). Autrement dit, c’est la Sagesse et la Parole du Père ; ayant accepté notre chair, il est réellement devenu et il a été appelé la « lampe » du monde. Il est célébré et exalté dans l’Église par notre foi et notre piété. Il se rend ainsi visible à toutes les nations et il brille pour « tous les gens de la maison », c’est-à-dire pour le monde entier, selon sa parole : « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, où elle brille pour tous dans la maison » (Mt 5,15).

Comme on le voit, le Christ se nomme lui-même une lampe. Dieu par nature, il est devenu chair dans le plan du salut, une lumière contenue dans la chair comme dans un vase… C’est à cela que David pensait lorsqu’il disait : « Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (Ps 118,105). Comme il fait disparaître les ténèbres de l’ignorance et du mal des hommes, mon Sauveur et Dieu est appelé une lampe dans l’Écriture. Comme il est le seul à pouvoir anéantir les ténèbres de l’ignorance et à dissiper l’obscurité du péché, il est devenu pour tous la voie du salut. Il conduit auprès du Père ceux qui, par la connaissance et la vertu, marchent avec lui sur le chemin des commandements comme sur une voie de justice.

Le lampadaire, c’est la sainte Église parce que le Verbe de Dieu brille par sa prédication. C’est ainsi que les rayons de sa vérité peuvent éclairer le monde entier… Mais à une condition : ne pas la cacher sous la lettre de la Loi. Quiconque s’attache à la seule lettre de l’Écriture vit selon la chair : il met la lampe sous le boisseau. Placée au contraire sur le lampadaire, l’Église, elle éclaire tous les hommes.

Saint Maxime le Confesseur (v. 580-662)

 

 

 

 

 

« Vous n’avez qu’un seul Maître…, le Christ. » (Mt 23,8)

dimanche 22 septembre 2019

« Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres. » Non pas qu’il y en ait deux : il n’y a qu’un seul Maître. Car même s’il y a des gens qui servent l’argent, en soi il ne possède aucun droit à être maître ; ce sont eux-mêmes qui se chargent du joug de cet esclavage. En effet, l’argent n’a aucun pouvoir juste, mais constitue un esclavage injuste. C’est pourquoi Jésus dit : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur », pour que, par notre générosité envers les pauvres, nous obtenions la faveur des anges et des saints.

Le gérant n’est pas critiqué : nous apprenons par là que nous ne sommes pas des maîtres, mais plutôt les gérants des richesses d’autrui. Bien qu’il ait fait une faute, il est loué, parce que, en remettant aux autres au nom de son maître, il s’est ménagé des appuis. Et Jésus a très bien parlé de « l’argent trompeur », parce que l’amour de l’argent tente nos penchants par ses séductions variées au point que nous acceptions d’en être les esclaves. C’est pourquoi il dit : « Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? » Les richesses nous sont étrangères parce qu’elles sont en dehors de notre nature ; elles ne naissent pas avec nous, elles ne nous suivent pas dans la mort. Le Christ, au contraire, est à nous parce qu’il est la vie… Ne soyons donc pas les esclaves des biens extérieurs, parce que nous ne devons reconnaître comme Seigneur que le Christ.

Saint Ambroise

 

 

 

 

Fête de saint Matthieu, apôtre et évangéliste

samedi 21 septembre 2019

« Jésus vit un homme assis au bureau de la douane ; son nom était Matthieu. Il lui dit : ‘ Suis-moi. ‘ » Il l’a vu non pas tant avec les yeux du corps qu’avec le regard intérieur de sa miséricorde… Il a vu le publicain, et parce qu’il l’a vu d’un regard qui prend pitié et qui choisit, « il lui dit : ‘ Suis-moi ‘ », c’est-à-dire imite-moi. En lui demandant de le suivre, il l’invitait moins à marcher derrière lui qu’à vivre comme lui ; car « celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher dans la voie où lui, Jésus, a marché » (1Jn 2,6)…

Matthieu « se leva et le suivit ». Rien d’étonnant que le publicain, au premier appel du Seigneur, si empreint d’autorité, ait abandonné sa recherche de profits terrestres et que, délaissant les biens de ce monde, il ait choisi celui qu’il voyait dépourvu de toute richesse. C’est que le Seigneur qui l’appelait extérieurement par sa parole le touchait au plus intime de son âme, en y répandant la lumière de la grâce spirituelle. Cette lumière devait faire comprendre à Matthieu que celui qui l’appelait à quitter les biens matériels sur la terre était en mesure de lui donner un trésor impérissable dans le ciel (cf Mt 6,20)…

« Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples » : la conversion d’un seul publicain a ouvert la voie de la pénitence et du pardon à beaucoup de publicains et de pécheurs… Quel beau présage ! Au moment de sa conversion, celui qui devait être plus tard apôtre et enseignant parmi les païens entraîne à sa suite tout un groupe de pécheurs sur le chemin du salut !

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)