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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

St Jean-Paul II, « le Géant de Dieu » (1920-2005)

samedi 22 octobre 2016

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« Au vu de la dimension extraordinaire avec laquelle ces Souverains Pontifes ont offert au clergé et aux fidèles un modèle singulier de vertu et ont promu la vie dans le Christ, tenant compte des innombrables requêtes partout dans le monde, le Saint-Père François, faisant siens les désirs unanimes du peuple de Dieu, a disposé que les célébrations de saint Jean XXIII, Pape, et de saint Jean-Paul II, Pape, soient inscrites dans le Calendrier Romain général, la première le 11, la deuxième le 22 octobre, avec le degré de mémoire facultative. […] »
De la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 29 mai 2014, solennité de l’Ascension du Seigneur.

« Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! »

Ces paroles mémorables, prononcées le 22 octobre 1978 dans l’homélie du début du pontificat (>>> Vidéo Extraits du discours du pape) restent, désormais, sculptées dans les cœurs de tous les chrétiens et des hommes de bonne volonté du monde entier.

Ce que le Pape demandait à tous, lui même l’a fait en premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant, avec la force d’un géant qui venait de Dieu, une tendance qui pouvait sembler irréversible.

bienheureux-jean-paul-2-227x300Karol Józef Wojty?a, devenu Jean-Paul II à son élection au Siège apostolique d’octobre 1978, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, petite ville située à 50 km de Cracovie. Il est le plus jeune des trois enfants de Karol Wojty?a et d’Émilie Kaczorowska. Sa mère mourut en 1929. Son frère aîné Edmund, qui fut médecin, est décédé en 1932 ; leur père, ancien sous-officier, en 1941. Leur sœur Olga était décédée avant la naissance de Karol.
Il fut baptisé le 20 juin 1920, dans l’église paroissiale de Wadowice, par le prêtre François ?ak, fit sa Première Communion à neuf ans et reçut la Confirmation à dix-huit ans. Ses études secondaires près l’École Marcin Wadowita de Wadowice achevées, il s’inscrit en 1938 à l’Université Jagellon de Cracovie et à un cours de théâtre. L’Université ayant été fermée en 1939 par l’occupant nazi, le jeune Karol dut travailler sur un chantier de l’usine chimique Solvay afin de gagner sa vie et d’échapper à la déportation en Allemagne.

À compter de 1942, ressentant l’appel au sacerdoce, il suivit les cours de formation du Séminaire clandestin de Cracovie. Il fut à la même époque l’un des promoteurs du Théâtre Rapsodique, lui aussi clandestin.

Après la Seconde Guerre mondiale, il poursuivit ses études au Grand Séminaire de Cracovie à peine rouvert, et également à la Faculté de théologie de l’Université Jagellon, jusqu’à son ordination sacerdotale à Cracovie le Ier novembre 1946 des mains du cardinal Adam Stefan Sapieha. Il fut ensuite envoyé à Rome par le cardinal Sapieha et poursuivit ses études doctorales sous la direction du dominicain français, le P. Garrigou-Lagrange. Il soutint en 1948 sa thèse en théologie consacrée à la Foi dans l’œuvre de saint Jean-de-la-Croix (Doctrina de fide apud Sanctum Ioannem a Cruce). Durant ce séjour romain, il occupa son temps libre pour exercer son ministère pastoral auprès des émigrés polonais de France, de Belgique et des Pays-Bas.

Il rentra en 1948 en Pologne pour être vicaire en diverses paroisses de Cracovie et aumônier des étudiants jusqu’en 1951 où il reprit ses études philosophiques et théologiques.
En 1953, il soutint à l’Université catholique de Lublin une thèse intitulée « Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler ». Il accéda ensuite à l’enseignement professoral de la théologie morale et d’éthique sociale au Grand Séminaire de Cracovie et à la Faculté de théologie de Lublin.

Le 4 juillet 1958, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) le nomma Évêque titulaire d’Ombi et auxiliaire de Cracovie et, le 28 septembre suivant, il reçut la consécration épiscopale des mains de l’Archevêque Eugeniusz Baziak, en la cathédrale du Wawel (Cracovie).

Le 13 janvier 1964, il fut nommé Archevêque de Cracovie par le Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) qui, le 26 juin 1967, l’éleva au cardinalat, du titre de S. Cesareo in Palatio, une diaconie élevée au rang presbytéral pro illa vice (pour l’occasion). Après avoir participé au Concile Vatican II (1962-1965), où il offrit notamment une importante contribution à l’élaboration de la constitution Gaudium et Spes, le Cardinal Wojty?a prit part à toutes les assemblées du Synode des Évêques.

Au cours du second Conclave de 1978, il fut élu Pape par les Cardinaux le 16 octobre et prit le nom de Jean-Paul II. Le 22 octobre, Jour du Seigneur, il entamait solennellement son ministère de 263e successeur de l’Apôtre Pierre. Son pontificat de près de 27 années allait être l’un des plus longs de l’histoire de l’Église.

Jean-Paul II a exercé son ministère pétrinien avec un inlassable esprit missionnaire, prodiguant toutes ses énergies, poussé par la sollicitude pastorale envers toutes les Églises et par la charité ouverte à l’humanité tout entière. En vingt-six années de pontificat, le Pape Jean-Paul II a accompli 104 voyages apostoliques hors d’Italie et 146 visites dans ce pays. Comme Évêque de Rome, il a visité 317 des 333 paroisses de son diocèse.

Jean Paul 2Plus qu’aucun de ses prédécesseurs, il a rencontré le Peuple de Dieu et les Responsables des nations : aux 1166 audiences générales du mercredi ont participé plus de 17.600.000 pèlerins, sans compter toutes les autres audiences spéciales et les cérémonies religieuses [plus de 8 millions de pèlerins seulement au cours du Grand Jubilé de l’An 2000] ; outre les millions de fidèles qu’il a rencontrés au cours de ses visites pastorales en Italie et dans le monde. Nombreuses sont les personnalités gouvernementales reçues en audience : il suffit de rappeler les 38 visites officielles et les 738 audiences ou rencontres de chefs d’État, ainsi que les 246 audiences et rencontres de premiers ministres.

Son amour pour les jeunes l’a poussé à lancer en 1985 les Journées mondiales de la Jeunesse, et les 19 JMJ de son pontificat ont rassemblé des millions de jeunes dans diverses parties du monde. D’autre part, son attention à la famille s’est exprimée par la tenue de Rencontres mondiales des Familles entreprises à son initiative en 1994.

Il a promu avec succès le dialogue avec les juifs et avec les représentants des autres religions, les invitant parfois à des rencontres de prière pour la paix, en particulier à Assise.

Sous sa direction l’Église s’est approchée du troisième millénaire et a célébré le grand Jubilé de l’An 2000, selon les orientations indiquées dans la Lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente. Celle-ci s’est ensuite ouverte à la nouvelle époque, en recevant ses indications dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, dans laquelle il montrait aux fidèles le chemin de l’avenir.

Avec l’Année de la Rédemption, l’Année mariale et l’Année de l’Eucharistie il a promu le renouveau spirituel de l’Église.

Il a donné une impulsion extraordinaire aux canonisations et aux béatifications, pour montrer d’innombrables exemples de la sainteté d’aujourd’hui, qui soient un encouragement pour les hommes de notre temps. Jean-Paul II a procédé à 147 cérémonies de béatification (1338 bienheureux) et à 51 de canonisation (482 saints). Il a proclamé Docteur de l’Église sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Il a considérablement élargi le Collège des Cardinaux, en en créant 231 en neuf Consistoires, plus un in pectore, dont le nom n’a jamais été révélé. Il a également présidé six réunions plénières du Sacré Collège.

Jean-Paul II a présidé quinze Synodes des Évêques : six Assemblées ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), une générale extraordinaire (1985), huit spéciales (1980, 1991, 1994, 1995, 1997, 1998 [2] et 1999).

Il a prononcé 20.351 discours pendant son seul pontificat dont 3.438 hors d’Italie. Au nombre de ses documents majeurs, on compte quatorze encycliques, quinze exhortations apostoliques, onze constitutions apostoliques et quarante-cinq lettres apostoliques.

À titre privé, en tant que Docteur, a également publié cinq livres : Entrer dans l’espérance (octobre 1994) ; Don et Mystère : en ce 50ème anniversaire de mon ordination sacerdotale (novembre 1996) ; Triptyque romain – Méditations poétiques (mars 2003) ; Levez-vous et allons ! (mai 2004) et Mémoire et Identité (février 2005).

Les seuls écrits officiels représentent plus de 80.000 pages ; à cela il faut ajouter des publications à titre personnel et sans doute des milliers de lettres et documents privés divers.

Il a promulgué le Catéchisme de l’Église catholique, à la lumière de la Tradition, interprétée avec autorité par le Concile Vatican II. Il a également réformé les Codes de droit canonique latin et oriental, a créé de nouvelles institutions et réorganisé la Curie romaine.

Jean-Paul II est décédé au Vatican le 2 avril 2005 à 21 h 37, tandis qu’on entrait déjà dans le Jour du Seigneur, Octave de Pâques et Dimanche de la Divine Miséricorde.

Les funérailles se sont déroulées le >>> 08/04/05 alors que, depuis son décès, plus de trois millions de fidèles étaient venus à Rome saluer sa dépouille, attendant jusqu’à 24 heures avant d’entrer dans la basilique Saint Pierre.

Le 28 avril, le nouveau pape Benoît XVI a accordé la dispense des 5 années après la mort pour l’ouverture de la Cause en béatification-canonisation de Jean-Paul II. La procédure canonique a été ouverte le 28 juin suivant par le card. Camillo Ruini, Vicaire général pour le diocèse de Rome.

Jean-Paul II (Karol Józef Wojty?a) a été officiellement élevé aux honneurs des autels le dimanche Ier mai 2011, au cours de la messe de béatification, sur la place Saint-Pierre de Rome, présidée par le pape Benoît XVI (>>> Homélie).

Le 27 avril 2014 sa Sainteté le pape Francesco a proclamé Saints ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean-Paul II. Un moment de joie et de prière pour les 800.000 et plus fidèles qui du monde entier ont conflué dans la place Saint-Pierre, mais aussi le début d’un voyage eternel dans la gloire de l’Église Catholique.

Pour un approfondissement :
>>> Canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II
Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

Savoir juger les signes des temps

vendredi 21 octobre 2016

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Dans un contexte de pluralisme culturel et religieux plus marqué, tel qu’il est prévisible dans la société du nouveau millénaire, le dialogue interreligieux est important pour assurer les conditions de la paix et éloigner le spectre épouvantable des guerres de religion qui ont ensanglanté tant de périodes de l’histoire humaine. Le nom du Dieu unique doit devenir toujours plus ce qu’il est, un nom de paix et un impératif de paix.

Mais ce dialogue ne peut pas être fondé sur l’indifférentisme religieux, et nous avons le devoir, nous chrétiens, de le développer en offrant le témoignage plénier de l’espérance qui est en nous (1P 3,15)… Mais notre devoir missionnaire d’annoncer le Christ ne nous empêche pas d’entrer dans le dialogue avec un cœur profondément ouvert à l’écoute. Nous savons en effet que, face au mystère de la grâce infiniment riche de dimensions et d’implications pour la vie et l’histoire de l’homme, l’Église elle-même ne finira jamais d’approfondir sa recherche, en s’appuyant sur l’assistance du Paraclet, l’Esprit de vérité (Jn 14,17), qui doit précisément la conduire à la « plénitude de la vérité » (Jn 16,13).

Ce principe est à la base non seulement de l’inépuisable approfondissement théologique de la vérité chrétienne, mais aussi du dialogue chrétien avec les philosophies, les cultures, les religions. Souvent, l’Esprit de Dieu, qui « souffle où il veut » (Jn 3,8), suscite dans l’expérience humaine universelle, en dépit des nombreuses contradictions de cette dernière, des signes de sa présence, qui aident les disciples mêmes du Christ à comprendre plus profondément le message dont ils sont porteurs. N’est-ce pas dans cette attitude d’ouverture humble et confiante que le Concile Vatican II s’est attaché à « lire les signes des temps » ? (Gaudium et spes, §4) Tout en se livrant soigneusement à un discernement attentif pour recueillir les « signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu » (§11), l’Église reconnaît que, non seulement elle a donné, mais qu’elle a aussi « reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain » (§44). Le Concile a aussi invité à adopter à l’égard des autres religions cette attitude d’ouverture et en même temps de discernement attentif.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Lettre apostolique Novo millenio ineunte, 6/01/2001, § 55-56 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

« Tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère…recevra beaucoup plus. » (Mt 19,29)

jeudi 20 octobre 2016

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« Vous croyez que je suis venu apporter la paix sur terre ? Non, vous dis-je, mais la séparation. Car désormais dans la même maison cinq personnes seront divisées, trois prenant parti contre deux, et deux contre trois… » Dans presque tous les passages de l’Évangile le sens spirituel joue un rôle important ; mais dans ce passage surtout, pour ne pas être rebuté par la dureté d’une explication simpliste, il faut chercher dans la trame du sens la profondeur spirituelle… Comment dit-il lui-même : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix » (Jn 14,27) s’il est venu séparer les pères de leurs fils, les fils de leurs pères, en rompant leurs liens ? Comment peut-on être appelé « maudit si l’on n’honore pas son père » (Dt 27,16), et fervent si on le délaisse ?

Si nous comprenons que la religion vient en premier lieu et la piété filiale en second, nous comprendrons que cette question s’éclaire ; il faut en effet faire passer l’humain après le divin. Car si on doit rendre des devoirs aux parents, combien plus au Père des parents, à qui on doit être reconnaissant pour nos parents ? … Il ne dit donc pas qu’il faut renoncer à ceux que nous aimons, mais préférer Dieu à tous. D’ailleurs on trouve dans un autre livre : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37). Il t’est interdit non d’aimer tes parents, mais de les préférer à Dieu. Car les relations naturelles sont des bienfaits du Seigneur, et personne ne doit aimer les bienfaits reçus plus que Dieu, qui préserve les bienfaits qu’il donne.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 7, 134 (trad. cf. SC 52, p. 55s)

 

 

 

« Serviteurs du Christ et intendants des mystères de Dieu » (1Co 4,1)

mercredi 19 octobre 2016

 

Pour préciser le rôle des serviteurs qu’il a placés à la tête de son peuple, le Seigneur dit cette parole que rapporte l’Évangile : « Quel est l’intendant sage et fidèle que le maître établira sur les gens de sa maison pour leur donner en temps voulu leur mesure de blé ? Heureux ce serviteur que le maître, à son retour, trouvera occupé de la sorte ». Qui est ce maître, mes frères ? C’est sans aucun doute le Christ, qui a dit à ses disciples : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis » (Jn 13,13). Et quelle est la maisonnée de ce maître ? C’est évidemment celle que le Seigneur a lui-même rachetée des mains de l’ennemi et qu’il s’est appropriée. Cette maisonnée, c’est l’Église sainte et universelle qui se répand avec une merveilleuse fécondité de par le monde et se glorifie d’être rachetée au prix du sang du Seigneur…

Mais qui est l’intendant fidèle et sage ? L’apôtre Paul nous le montre lorsqu’il dit, parlant de lui-même et de ses compagnons : « Qu’on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or, ce qu’on exige des intendants c’est de se montrer fidèles » (1Co 4,1-2). Et pour que nul d’entre nous ne pense que seuls les apôtres sont devenus des intendants ou qu’un serviteur paresseux et infidèle n’abandonne le combat spirituel et ne se mette à dormir, le saint apôtre montre bien que les évêques sont eux aussi des intendants : « Comme intendant de Dieu, dit-il, l’évêque doit être irréprochable » (Tt 1,7). Nous sommes donc les serviteurs du Père de famille, les intendants du Seigneur, et nous avons reçu la mesure de blé à vous distribuer.

Saint Fulgence de Ruspe (467-532), évêque en Afrique du Nord
Sermon 1 ; CCL 91A, 889 (trad. Orval)

 

 

 

« Etre riche en vue de Dieu »

lundi 17 octobre 2016

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Frères, examinez avec soin vos demeures intérieures, ouvrez les yeux et considérez votre capital d’amour, et puis augmentez la somme que vous aurez découvert en vous-mêmes. Veillez sur ce trésor afin d’être riches intérieurement. On dit chers les biens qui ont un grand prix et avec raison… Mais quoi de plus cher que l’amour, mes frères ? À votre avis, quel en est le prix ? Et comment le payer ? Le prix d’une terre, celui du blé, c’est ton argent ; le prix d’une perle, c’est ton or ; mais le prix de ton amour, c’est toi-même. Si tu veux acheter un champ, un bijou, une bête, tu cherches les fonds nécessaires, tu regardes autour de toi. Mais si tu désires posséder l’amour, ne cherche que toi-même, c’est toi-même qu’il faut trouver.

Que crains-tu en te donnant ? De te perdre ? Au contraire c’est en refusant de te donner que tu te perds. L’Amour lui-même s’exprime par la bouche de la Sagesse et apaise d’un mot le désarroi où te jetait cette parole : « Donne-toi toi-même ! » Si quelqu’un voulait te vendre un terrain, il te dirait : « Donne-moi ton argent » ou pour autre chose : « Donne-moi ta monnaie ». Écoute ce que te dit l’Amour, par la bouche de la Sagesse : « Mon enfant, donne-moi ton cœur » (Pr 23,26). Ton cœur était mal quand il était à toi, quand il était en toi ; tu étais la proie de futilités, voire de passions mauvaises. Ôte-le de là ! Où le porter ? Où l’offrir ? « Mon fils, donne-moi ton cœur ! » dit la Sagesse. Qu’il soit à moi, et tu ne le perdras pas…

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)… Celui qui t’a créé te veut tout entier.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 34 : sur le Ps 149

 

 

 

 

« Toujours prier sans se décourager »

dimanche 16 octobre 2016

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Aime prier. Ressens souvent le besoin de prier tout au long de la journée. La prière dilate le cœur jusqu’à ce que celui-ci puisse recevoir le don de Dieu qui est lui-même. Demande, cherche, et ton cœur grandira au point de le recevoir, de le garder comme ton bien.

Nous désirons tellement bien prier, et puis nous échouons. Alors nous nous décourageons et renonçons. Si tu veux prier mieux, tu dois prier plus. Dieu accepte l’échec, mais il ne veut pas du découragement. Toujours plus, il nous veut tels des enfants, toujours plus humbles, toujours plus remplis de gratitude dans l’oraison. Il veut que nous nous souvenions de notre appartenance à tous au corps mystique du Christ, qui est prière perpétuelle.

Nous devons nous aider l’un l’autre dans nos prières. Libérons nos esprits. Ne prions pas longuement, que nos prières ne s’étirent pas sans fin, mais qu’elles soient brèves, pleines d’amour. Prions pour ceux qui ne prient pas. Souvenons-nous que celui qui veut pouvoir aimer, doit pouvoir prier.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love (trad. Il n’y a pas de plus grand amour, Lattès 1997, p. 20)

 

 

 

« Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde. »

vendredi 14 octobre 2016

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Il ne faut pas sans nécessité désirer ou chercher des signes visibles, alors que le Seigneur est toujours prêt à secourir ses saints. Il ne manifeste pas sans nécessité sa puissance dans une œuvre ou un signe sensible, afin de ne pas émousser l’aide que nous recevons de lui et de ne pas nous nuire. C’est ainsi qu’il pourvoit ses saints. Il veut leur montrer que l’attention secrète qu’il leur porte ne les quitte pas un instant, mais qu’en toute chose il les laisse mener le combat à la mesure de leurs forces et se donner la peine de prier.

Mais si une difficulté les renverse quand ils sont malades ou découragés parce que leur nature est faible, lui-même fait, comme il le faut et comme il le sait, tout ce qui est en son pouvoir pour qu’ils soient aidés. Il les affermit secrètement autant qu’il le peut, pour qu’ils aient la force de supporter leurs difficultés. Car dans la confiance qu’il leur donne, il déjoue leur peine, et par la vision de cette foi, il les éveille à le glorifier… Cependant s’il est besoin que soit explicitée cette aide secrète, il le fait, mais par nécessité. Ses voies sont d’une grande sagesse ; elles se prolongent dans le besoin et la nécessité, mais pas n’importe comment.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours spirituels, 1ère série, n° 36 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 221)

 

 

 

Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 1,1-10.

jeudi 13 octobre 2016

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Paul, Apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, à ceux qui sont sanctifiés et habitent Éphèse, eux qui croient au Christ Jésus.
À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté,
à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.
En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce
que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence.
Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :
pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre.

 

 

 

« Malheureux êtes-vous, docteurs de la Loi, parce que vous chargez les autres de fardeaux impossibles. »

mercredi 12 octobre 2016

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La sobriété vigilante aide l’homme plus que les œuvres extérieures… Comment est-ce que quelqu’un pourrait vraiment dominer les désirs corporels –- le relâchement, la colère, la gourmandise –- et ne pas acquérir la douceur ? S’il s’exerce avec discernement, le détachement de tout, le refus du confort corporel et de l’opinion des autres suivent ; si, pour l’amour de Dieu, quelqu’un accueille avec diligence et joie le mal qu’on lui fait, il est pur en son cœur (Mt 5,8). Et s’il ne méprise personne, il est vraiment libre…

Ne nourris pas de haine pour le pécheur, car nous sommes tous coupables. Si, pour l’amour de Dieu, tu le blâmes, pleure sur lui. Pourquoi le haïrais-tu ? Ce sont ses péchés qu’il convient de haïr, tout en priant pour lui, si tu veux ressembler au Christ : loin de s’indigner contre les pécheurs, il priait pour eux (Lc 23,34)… Toi qui n’es qu’un homme, pourquoi mépriser le pécheur ? Est-ce parce qu’il lui manque ta vertu ? Mais où donc est ta vertu si tu manques de charité ?

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n°60

 

 

 » Vous purifiez l’extérieur… Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? »

mardi 11 octobre 2016

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Le Seigneur connaît les pensées et les intentions de notre cœur. Nul doute que lui, en effet, les connaisse toutes, mais nous, nous connaissons seulement celles qu’il nous rend manifestes par la grâce du discernement. Car l’esprit de l’homme ne sait pas toujours ce qui est en lui, et même lorsqu’il s’agit de ses pensées, qu’elles soient voulues ou non, il s’en fait une idée qui ne correspond pas toujours à la réalité. Même celles qui se présentent avec évidence au regard de son esprit, il ne les discerne pas avec précision, tant son regard est obscurci.

Il arrive souvent, en effet, pour une raison humaine ou qui relève du Tentateur, qu’on soit lancé par sa propre pensée dans ce qui n’est que l’apparence de la piété, et qui, aux yeux de Dieu, ne mérite nullement la récompense promise à la vertu. C’est qu’en effet certaines choses peuvent prendre l’aspect de vertus véritables, comme d’ailleurs de vices, et tromper les yeux du cœur. Par leurs séductions, elles peuvent troubler la vue de notre intelligence au point de lui faire prendre souvent pour du bien des réalités mauvaises en fait, et inversement de lui faire discerner du mal là où, en fait, il n’y en a pas. C’est là un aspect de notre misère et de notre ignorance, qu’il nous faut beaucoup déplorer et grandement redouter…

Qui peut vérifier si les esprits viennent de Dieu, à moins d’avoir reçu de Dieu le discernement des esprits ? … Ce discernement est à la source de toutes les vertus.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Homélie 6, sur la lettre aux Hébreux, 4,12 ; PL 204, 466 (trad. bréviaire)