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Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

« Nous avons trouvé le Messie. »

jeudi 4 janvier 2024

André, après avoir demeuré auprès de Jésus et avoir beaucoup appris, n’a pas gardé ce trésor pour lui : il se hâte de courir auprès de son frère, pour le faire participer aux biens qu’il a reçus. (…) Remarque combien, dès le début, Pierre a un esprit docile et obéissant (…), car il accourut sans tarder : « André le conduisit à Jésus », dit l’évangéliste. Mais que personne ne l’accuse de légèreté, comme s’il avait accueilli aveuglément l’invitation de son frère. Il est probable que celui-ci lui avait parlé en détail et longuement. Mais les évangélistes suppriment beaucoup de choses par souci de concision. D’ailleurs, on ne dit pas que Pierre a cru aussitôt, mais que son frère « le conduisit à Jésus » pour le lui confier, afin que Pierre soit entièrement instruit par lui.

Lorsque Jean Baptiste a dit : « Voici l’Agneau » et « C’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint », il a confié au Christ le soin d’enseigner lui-même plus clairement cette doctrine. À plus forte raison André a-t-il fait de même, car il ne se jugeait pas capable de tout expliquer. Il a conduit son frère à la source même de la lumière, et avec tant de hâte et de joie qu’il n’a pas hésité un instant de s’y rendre.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Aie pitié de moi, Jésus, par l’intercession du Baptiste !

mardi 2 janvier 2024

Toi, la Voix du Verbe, accueille maintenant nos voix, ô Baptiste, et délivre ton peuple des passions, des dangers, des afflictions sans nombre et du châtiment éternel.

Tu montres toujours du doigt, Bienheureux, l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde : supplie-le d’effacer mes graves, mes longues défaillances, et rends-moi digne de la vie.

Ô mon âme, hâte-toi et crie, en dissipant l‘obscurité des folles passions : « Aie pitié de moi, Jésus, par l’intercession du Baptiste, et retire-moi du bourbier de mes actions ! »

Mère de Dieu, Celui devant qui se tiennent en tremblant les troupes célestes et qui par pure bonté s’est uni aux mortels, c’est toi, Très Pure, qui le mets au monde : supplie-le donc instamment, de prendre en pitié tes serviteurs. (…)

Tu as vu l’Esprit-Saint descendre sous la forme d’une colombe sur le Verbe, au baptême, et tu as été jugé digne, Bienheureux, d’entendre la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils qui partage mon trône » – lui à qui la création tout entière chante : « Célébrez le Seigneur, toutes ses œuvres, et exaltez-le pour les siècles ! »

Mère de Dieu, conserve mon intelligence dans l’humilité, Jeune Fille comblée de la grâce de Dieu qui par ton enfantement as écrasé la révolte des démons ; relève-moi du fumier des passions et rassasie celui qui, affamé de ta grâce, déroule ce chant : « Célébrez le Seigneur, toutes ses œuvres, et exaltez-le pour les siècles ! »

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

lundi 1 janvier 2024

Tout souffle mortel rend honneur à ton enfantement, ô Toute Pure, et la troupe des anges célèbre l’incompréhensible mystère de ton accouchement, comment tu as conçu en ton sein le Créateur de l’univers et l’as mis au monde : redoutables en vérité, étranges, extraordinaires, absolument stupéfiants, ô Souveraine, sont tes prodiges !

Puisque tu as auprès de ton Fils, ô Souveraine, la liberté de parole d’une mère, ne cesse pas de l’implorer par tes divines suppliques : que ceux qui te supplient, Mère de Dieu, soient délivrés de toute affliction, eux qui t’honorent avec amour comme un refuge pour notre salut, comme un divin recours, Toute Pure, comme un rempart inviolable et la joie des affligés.

Tu as fait de moi, ô Mère, un temple de l’Esprit saint, en purifiant par tes divines suppliques la souillure de ma chair et en essuyant, Mère de Dieu, la sanie de mes fautes : car c’est auprès de toi que je me suis réfugié, toi la véritable protection et le rempart infrangible des chrétiens, leur abri, leur divin recours et leur refuge.

Daniel, en esprit, discernait en toi la montagne non touchée du ciseau (cf. Dn 2,34), et Ézéchiel, la porte divine (cf. Ez 44,2), Moïse t’a vue à l’avance, buisson non consumé (cf. Ex 3,2), toi qui a porté en ton sein le feu de la divinité sans être dévorée par la flamme, ô Vierge : et nous, nous t’avons reconnue comme la Mère toute immaculée, pour avoir enfanté dans la chair notre Rédempteur.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 31 décembre 2023

Que puis-je dire de ce mystère ? Je vois un ouvrier, une mangeoire, un enfant, des langes, l’enfantement d’une vierge privée de tout le nécessaire, toutes les marques de l’indigence, tout le fardeau de la pauvreté. Avez-vous jamais vu la richesse dans une telle pénurie ? Comment celui qui était riche s’est-il fait pauvre pour nous (2Co 8,9) au point que, privé de berceau et de couvertures, il est couché dans une dure mangeoire ? (…) Ô richesse immense, sous les apparences de la pauvreté ! Il dort dans une mangeoire et il ébranle l’univers. Lui qui est serré dans ses langes, il brise les chaînes du péché. Alors qu’il ne peut pas prononcer un mot, il a instruit les mages pour qu’ils rentrent par un autre chemin. Le mystère dépasse la parole !

Voici le bébé enveloppé de langes, couché dans une mangeoire ; il y a là aussi Marie, à la fois vierge et mère ; il y a encore Joseph qu’on appelle son père. Celui-ci a épousé Marie, mais le Saint-Esprit a couvert Marie de son ombre. C’est pourquoi Joseph était angoissé, ne sachant comment appeler l’enfant. (…) Dans cette anxiété, un message lui a été apporté par un ange : « Ne crains pas, Joseph, l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1,20). (…) Pourquoi le Sauveur est-il né d’une vierge ? Jadis Ève, qui était vierge, s’est laissé séduire et a enfanté la cause de notre mort ; Marie, ayant reçu de l’ange la Bonne Nouvelle, a enfanté le Verbe fait chair qui nous apporte la vie éternelle.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

jeudi 28 décembre 2023

Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans… Mais tu n’as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l’avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n’en est pas ainsi. Le Christ n’était pas venu pour usurper la gloire d’autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n’était pas venu pour s’emparer d’un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n’était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n’était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d’épines. Il n’était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié.

À la naissance du Seigneur, « Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3). Quoi d’étonnant, si l’impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu’un homme en armes s’effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l’humble, celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes… Il feignait de vouloir adorer celui qu’il cherchait à faire périr (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge… La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n’est pas par la cruauté mais par la foi que l’on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

Eusèbe le Gallican (5e siècle)

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

mercredi 27 décembre 2023

Le Seigneur est venu lui-même, docteur de la charité, rempli de charité. (…) Réfléchissez avec moi, frères, à la nature de ces deux préceptes. Ils doivent vous être très connus, et non seulement vous venir à l’esprit, quand nous les rappelons, mais ne jamais s’effacer de nos cœurs : tel est notre devoir.

Pensez sans cesse qu’il faut aimer Dieu et son prochain. Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même. (…) L’amour de Dieu est le premier dans l’ordre du précepte, mais l’amour du prochain est le premier dans l’ordre de l’exécution. Et en effet, celui qui te commandait cet amour en deux préceptes, ne pouvait te commander d’aimer d’abord ton prochain et Dieu ensuite ; mais Dieu et le prochain.

Seulement, parce que tu ne vois pas encore Dieu, c’est en aimant le prochain que tu mérites de le voir ; en aimant le prochain, tu purifies ton œil pour voir Dieu. C’est pour Jean une évidence : « Si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment pourra-tu aimer Dieu que tu ne vois pas ? » (1Jn 4,20) On te dit : Aime Dieu. Si tu me dis : Montre-moi celui que je dois aimer ; que répondrai-je, sinon ce que Jean dit lui-même : « Dieu, personne ne l’a jamais vu » (Jn1,18). Et pourtant ne te crois pas tout à fait étranger à la vision de Dieu : « Dieu, dit Jean, est Amour » ; et « quiconque demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jn 4,16).

Aime donc le prochain ; et considère en toi la source de cet amour du prochain ; là, autant, qu’il est possible, tu verras Dieu. (…) « Alors ta lumière poindra, comme la lumière du matin » (Is 58,8). Ta lumière, c’est ton Dieu, pour toi, lumière du matin, car elle succédera à la nuit de ce siècle : lui, en effet, il ne se lève ni ne se couche, car il demeure éternellement.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Fête de saint Étienne, premier martyr

mardi 26 décembre 2023

Hier nous fêtions la naissance dans le temps de notre roi éternel ; aujourd’hui nous fêtons le combat victorieux de son soldat… Notre roi, lui qui est le Très-Haut, est venu à nous dans l’humilité, mais il ne pouvait pas venir les mains vides : il a apporté à ses soldats la plus grande des grâces. Il ne s’est pas contenté de les couvrir de richesses, il leur a aussi donné une force invincible au combat : il leur a fait le don de la charité, qui conduit les hommes à partager la vie de Dieu…

La charité, cet amour qui a fait descendre le Christ sur la terre, a élevé Étienne de la terre au ciel… Pour obtenir la couronne signifiée par son nom, Étienne avait donc pour armes la charité. Grâce à elle, il était entièrement vainqueur. C’est par amour de Dieu qu’il n’a pas reculé devant ses ennemis et par amour du prochain qu’il a intercédé pour ses bourreaux. Par cette charité, il incitait les égarés à se corriger ; par elle, il priait pour éviter le châtiment à ses meurtriers. Soutenu par cet amour, il a vaincu Saul, qui était rempli de fureur, et celui qu’il avait eu pour persécuteur sur la terre, il a obtenu de l’avoir comme compagnon dans le ciel. Son amour saint et indéfectible désirait gagner à lui par sa prière ceux qu’il n’avait pas pu convertir par ses avertissements… Et c’est pourquoi maintenant Paul partage le bonheur d’Étienne. Avec Étienne il jouit de la gloire du Christ, avec Étienne il exulte, avec Étienne il règne. Là où Étienne est monté le premier, lapidé sous les yeux de Paul, là aussi Paul est monté avec l’aide des prières d’Étienne.

Saint Fulgence de Ruspe (467-532)

 

 

 

Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour)

lundi 25 décembre 2023

Il faut que je sois enseveli avec le Christ, que je ressuscite avec lui, que j’hérite avec lui du ciel, que je devienne fils de Dieu. Voilà ce qu’est pour nous le grand mystère, voilà ce qu’est pour nous le Dieu incarné, devenu pauvre pour nous.

Il est venu relever la chair, sauver son image, réparer l’homme. Il est venu nous faire parfaitement un dans le Christ, dans le Christ qui est venu parfaitement et complètement en nous, pour mettre en nous tout ce qu’il est. Il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave n homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, caractéristiques de la chair : il n’y a plus que la divine image que nous portons tous en nous, selon laquelle nous avons été créés, qu’il faut former et imprimer en nous, si fort qu’elle suffise à nous faire connaître.

Que de fêtes pour moi, en chacun des mystères du Christ ! Leur résumé à tous, c’est ma perfection, ma restauration, mon retour à l’innocence du premier Adam. Célèbre donc la nativité, qui a délié les liens de ta nativité ; honore la petite Bethléem, qui t’a conduit au ciel ; adore la crèche, par laquelle, privé de raison que tu étais, tu as été nourri par le Verbe. Cours avec l’étoile ; avec les mages, offre tes présents : l’or, l’encens, la myrrhe, au roi, au Dieu et à l’homme qui est mort pour toi. Glorifie Dieu avec les pasteurs ; avec les anges, chante des hymnes, et mêle-toi au chœur des archanges.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

Marie, femme de foi, d’espérance et d’amour

dimanche 24 décembre 2023

Les saints sont les vrais porteurs de lumière dans l’histoire, parce qu’ils sont des hommes et des femmes de foi, d’espérance et d’amour. Parmi les saints, il y a par excellence Marie, Mère du Seigneur et miroir de toute sainteté. Dans l’évangile de Luc, nous la trouvons engagée dans un service de charité envers sa cousine Élisabeth, auprès de laquelle elle demeure « environ trois mois » (1,56), pour l’assister dans la phase finale de sa grossesse. « Magnificat anima mea Dominum », dit-elle à l’occasion de cette visite : « Mon âme exalte le Seigneur » (1,46).

Elle exprime ainsi tout le programme de sa vie : ne pas se mettre elle-même au centre, mais faire place à Dieu, rencontré tant dans la prière que dans le service du prochain –- alors seulement le monde devient bon. Marie est grande précisément parce qu’elle ne veut pas se rendre elle-même grande, mais elle veut rendre Dieu grand. Elle est humble : elle ne veut être rien d’autre que la servante du Seigneur (Lc 1,38.48). Elle sait qu’elle contribue au salut du monde, non pas en accomplissant son œuvre, mais seulement en se mettant pleinement à la disposition des initiatives de Dieu. Elle est une femme d’espérance : uniquement parce qu’elle croit aux promesses de Dieu et qu’elle attend le salut d’Israël ; l’ange peut venir chez elle et l’appeler au service décisif de ces promesses. C’est une femme de foi : « Heureuse celle qui a cru », lui dit Élisabeth.

Benoît XVI

 

 

 

« Que sera donc cet enfant ? »

samedi 23 décembre 2023

Quelle merveille ! Le messager naît avant celui qui le fait venir au monde. Jean est bien la voix, et Jésus le Verbe, la Parole de Dieu (Mt 3,3 ; Jn 1,1). (…) La parole naît d’abord dans l’esprit, puis elle suscite la voix qui l’énonce ; la voix s’exprime par les lèvres et fait connaître la parole à ceux qui l’écoutent. Ainsi le Christ est resté en son Père, par qui Jean a été créé comme toute chose, mais Jean est sorti d’une mère et a donné à tous les hommes de connaître le Christ. Celui-ci était le Verbe, dès le commencement, avant que le monde existe ; Jean a été, à la fin, la voix qui a précédé la venue du Verbe. La parole naît de la pensée ; la voix sort du silence.

Ainsi en enfantant le Christ, Marie croit, tandis qu’avant d’engendrer Jean, Zacharie est frappé de mutisme. L’un sort d’une jeunesse en fleur, l’autre naît d’une vieille femme affaiblie. La Parole habite le cœur de celui qui pense ; la voix expire dans l’oreille de celui qui écoute. Peut-être même est-ce le sens de ce mot de Jean : « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » (Jn 3,30). Car les prédictions de la Loi et des prophètes, parues avant le Christ comme une voix avant le Verbe, ont continué jusqu’à Jean, en qui cessent les dernières préfigurations. Ensuite, la grâce de l’Évangile et l’annonce du Royaume des cieux qui ne connaîtra pas de fin portent du fruit et croissent sur la terre entière.

Saint Augustin (354-430)