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Archive pour la catégorie ‘Saints et Saintes’

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix

samedi 9 août 2025

Toute âme humaine est en elle-même un temple de Dieu : voilà ce qui nous ouvre une perspective vaste et toute nouvelle. La vie de prière de Jésus est la clé pour comprendre la prière de l’Église. Le Christ a participé au service divin de son peuple, accompli [au Temple] de manière publique et suivant les prescriptions de la Loi… Il a établi la plus étroite relation entre cette liturgie et l’offrande de sa propre personne, et il lui a ainsi donné son sens plénier et véritable, celui d’un hommage d’action de grâce de la création envers son Créateur. Par là même, il a mené la liturgie de l’ancienne Alliance à s’accomplir en celle de la nouvelle Alliance.

Mais Jésus n’a pas seulement pris part au service divin public prescrit par la Loi. Les évangiles font des références plus nombreuses encore à sa prière solitaire dans le silence de la nuit, sur les sommets sauvages des montagnes, dans les endroits déserts (Mt 14,23; Mc 1,35). Quarante jours et quarante nuits de prière ont précédé la vie publique de Jésus (Mt 4,1s). Il s’est retiré dans la solitude de la montagne pour prier avant de choisir ses douze apôtres (Lc 6,12) et de les envoyer en mission. À l’heure du mont des Oliviers, il s’est préparé à aller jusqu’au Golgotha. Le cri qu’il a poussé vers le Père en cette heure la plus pénible de sa vie nous est dévoilé en quelques brèves paroles. Là ses paroles…sont comme un éclair qui illumine pour nous un instant la vie la plus intime de l’âme de Jésus, le mystère insondable de son être d’homme-Dieu et de son dialogue avec le Père.

Ce dialogue a certainement duré toute sa vie, sans jamais s’interrompre. Le Christ priait intérieurement non seulement lorsqu’il se retirait à l’écart de la foule mais aussi lorsqu’il demeurait parmi les hommes.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942)

« Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi. » (Mt 11,10; Ml 3,1)

samedi 2 août 2025

« La mémoire du juste est accompagnée d’éloges » (Pr 10,7), mais à toi, le Précurseur, suffit le témoignage du Seigneur. Vraiment, tu t’es montré « le plus grand de tous les prophètes » (Mt 11,9) ; c’est pourquoi tu as été digne de baptiser dans les eaux celui qu’ils avaient annoncé. Et ayant lutté sur la terre pour la vérité, plein de joie, tu as annoncé jusque dans le séjour des morts Dieu manifesté dans la chair, celui qui enlève le péché du monde (1Tm 3,16; Jn 1,29) et qui nous accorde la grâce du salut.

Par la volonté de Dieu, tu es sorti d’une femme stérile, tu as brisé les liens de la langue de ton père (Lc 1,7.64), tu as montré le Soleil, qui t’a éclairé, toi l’astre du matin. Dans le désert, tu as prêché aux peuples le Créateur, l’agneau qui enlève le péché du monde (Jn 1,29). Dans ton zèle tu as réprimandé le roi et ta tête glorieuse a été décapitée, toi le Précurseur illustre, vraiment digne de nos chants.

Intercède auprès du Christ notre Dieu, pour qu’il accorde le pardon de leurs péchés à ceux qui fêtent ta mémoire sacrée de tout cœur.

Liturgie byzantine

« N’est-il pas le fils du charpentier ? »

vendredi 1 août 2025

La communion de vie entre Joseph et Jésus nous amène à considérer le mystère de l’Incarnation sous l’aspect de l’humanité du Christ, instrument efficace de la divinité pour la sanctification des hommes : « En vertu de la divinité, les actions humaines du Christ ont été salutaires pour nous, produisant en nous la grâce tant en raison du mérite que par une certaine efficacité » (S. Thomas d’Aquin).

Parmi ces actions, les évangélistes privilégient celles qui concernent le mystère pascal, mais ils n’omettent pas de souligner l’importance du contact physique avec Jésus… Le témoignage apostolique n’a pas omis de décrire la naissance de Jésus, la circoncision, la présentation au Temple, la fuite en Égypte et la vie cachée à Nazareth, et cela en raison du mystère de grâce contenu dans de tels gestes, tous salvifiques, parce qu’ils participent de la même source d’amour : la divinité du Christ. Si cet amour, par son humanité, rayonnait sur tous les hommes, les premiers bénéficiaires en étaient bien évidemment ceux que la volonté divine avait placés dans son intimité la plus étroite : Marie, sa mère, et Joseph, son père putatif.

Puisque l’amour paternel de Joseph ne pouvait pas ne pas influer sur l’amour filial de Jésus et que, réciproquement, l’amour filial de Jésus ne pouvait pas ne pas influer sur l’amour paternel de Joseph, comment arriver à connaître en profondeur cette relation tout à fait singulière ? Les âmes les plus sensibles aux impulsions de l’amour divin voient à juste titre en Joseph un exemple lumineux de vie intérieure.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

L’ascèse vigilante du juste

jeudi 31 juillet 2025

« Mon souffle s’épuisera. » (Jb 17,1 Vg) Le souffle s’épuise dans la crainte du jugement, parce que, plus l’âme des élus se sent proche du jugement suprême, plus elle tremble d’épouvante dans son examen de conscience et si elle vient à découvrir en elle-même quelques pensées charnelles, elle les consume au feu de la pénitence. (…) L’élu bat sa coulpe avec d’autant plus de pénétration qu’il attend le juge rigoureusement, déjà tout proche.

De là vient que les élus croient leur fin toujours prochaine. Car si l’âme des réprouvés se comporte souvent avec scélératesse, c’est qu’elle juge avoir longtemps à vivre en ce monde. Ainsi le souffle des justes s’étiole et celui de l’injuste s’affermit. Par cela même, en effet, qu’il se gonfle d’orgueil, il ne connaît pas l’étiolement de son souffle. Mais, en considérant la brièveté de sa vie, le juste se détourne des fautes de l’orgueil et de l’impureté. De là cette addition : « Mes jours seront abrégés et seul me reste le tombeau. » Celui qui considère ce qu’il sera dans la mort n’agit jamais qu’avec crainte ; et déjà en n’étant plus vivant, pour ainsi dire, à ses propres yeux, il vit en toute vérité aux yeux de celui qui l’a formé. (…)

C’est dans cette ascèse vigilante que le juste échappe aux pièges du péché. De là cette parole l’Écriture : « Dans chacun de tes actes souviens-toi de ta fin et tu ne pécheras jamais plus. » (Si 7,40 Vg)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

Fête de saint Jacques (le majeur), apôtre

vendredi 25 juillet 2025

« C’est en vain que vous vous levez avant le jour » (Ps 126,2). Qu’est-ce à dire ? … Le Christ, notre Jour, s’est levé ; il est bon de vous lever après le Christ et non avant lui. Quels sont ceux qui se lèvent avant le Christ ? … Ceux qui veulent être élevés ici-bas, où lui a été humble. Qu’ils soient donc humbles en ce monde s’ils veulent être élevés là où le Christ est élevé. En effet, il a dit de ceux qui avaient adhéré à lui par la foi — et précisément nous en sommes : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi » (Jn 17,25). Don magnifique, grande grâce, glorieuse promesse… Voulez-vous être là où lui il est élevé ? Soyez humbles là où il a été humble.

« Le disciple n’est pas au-dessus du maître » (Mt 10,24)… Et pourtant, les fils de Zébédée, avant d’avoir subi l’humiliation en conformité avec la Passion du Seigneur, s’étaient déjà choisi leur place, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Ils voulaient « se lever avant le Jour » ; c’est pourquoi ils marchaient en vain. Le Seigneur les a rappelés à l’humilité en leur demandant : « Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? Je suis venu pour être humble, et vous voulez être élevés avant moi ? Suivez-moi, dit-il, dans le chemin où je vais. Car si vous voulez aller par un chemin où ne vais pas, c’est en vain. »

Saint Augustin (354-430)

Fête de sainte Marie-Madeleine, disciple du Seigneur

mardi 22 juillet 2025

« Supportez de moi un peu de folie » (2 Co 11,1). J’avoue – et je le dis en toute simplicité ‒ que le Verbe m’a visité, et même très souvent. Mais bien qu’il soit entré fréquemment en moi, je n’ai jamais, en aucun temps, ressenti le moment de sa venue. J’ai senti qu’il était présent ; je me souviens qu’il a été avec moi ; j’ai quelquefois même pu pressentir qu’il viendrait ; mais je n’ai jamais senti sa venue ou son départ. Comment est-il venu ou parti ? Je ne sais.

Ce n’est pas par les yeux qu’il entre, car il n’a ni forme ni couleur que nous puissions discerner ; ce n’est pas par les oreilles, car sa venue ne produit aucun son ; sa présence ne peut-être reconnue non plus par le toucher, car il est insaisissable. Par où est-il donc venu ? Faut-il croire qu’il n’est pas entré du tout puisqu’il ne vient pas du dehors ? Il n’est pas, en effet, du nombre des choses extérieures. Mais d’autre part il ne saurait venir du dedans de moi, puisqu’il est bon et qu’en moi, je le sais, il n’y a rien de bon.

Je suis monté jusqu’à la cime de moi-même, et j’ai vu que le Verbe résidait plus haut encore. Explorant curieux, je suis descendu au plus bas de mon être, et il se trouvait encore plus bas. Lorsque j’ai tourné mes regards vers le dehors ; j’ai découvert qu’il était au-delà de tout ce qui m’est extérieur ; puis je me suis retourné vers le dedans, et il était encore plus à l’intérieur. J’ai reconnu enfin la vérité de ces mots que j’avais lu dans l’Écriture : « En lui nous vivons, en lui nous avons le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Heureux celui en qui est le Verbe, qui vit pour lui et qui est mû par lui !

Saint Bernard (1091-1153)

Le signe de Jonas

lundi 21 juillet 2025

Voilà que la fuite du prophète Jonas loin de Dieu (Jon 1,3) se change en image prophétique, et ce qui est présenté comme un naufrage tragique devient le signe de la résurrection du Seigneur. Le texte même de l’histoire de Jonas nous montre bien comment celui-ci réalise pleinement l’image du Sauveur. Il est écrit que Jonas « s’enfuit loin de la face de Dieu ». Pour prendre la condition et le visage de l’homme, le Seigneur n’a-t-il pas lui-même fui la condition et l’aspect de la divinité ? Ainsi le dit l’apôtre Paul : « Lui, qui était de condition divine, n’a pas revendiqué son droit d’être l’égal de Dieu, mais il se dépouilla lui-même, prenant la condition de serviteur » (Ph 2,6-7). Celui qui est Seigneur a revêtu la condition de serviteur ; pour passer inaperçu dans le monde, pour être victorieux du démon, il s’est fui lui-même dans l’homme… Dieu est partout : il est impossible de le fuir ; pour « s’enfuir loin de la face de Dieu », non dans un lieu mais en quelque sorte par l’aspect, le Christ s’est réfugié dans le visage de notre servitude totalement assumée.

Le texte poursuit : « Jonas descendit à Joppé pour s’enfuir à Tarsis. » Celui qui descend, le voici : « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel » (Jn 3,13). Le Seigneur est descendu du ciel vers la terre, Dieu est descendu vers l’homme, la toute-puissance est descendue vers notre servitude. Mais Jonas qui descendait vers le navire a dû y monter pour voyager ; ainsi le Christ, descendu dans ce monde, est monté, par ses vertus et ses miracles, dans le navire de son Église.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

Fête de saint Benoît, abbé, patron de l’Europe

vendredi 11 juillet 2025

Saint Benoît a su interpréter avec perspicacité et de manière certaine les signes des temps de son époque, quand il a écrit sa règle dans laquelle l’union de la prière et du travail devenait pour ceux qui l’acceptaient le principe de l’aspiration à l’éternité : « Ora et labora, prie et travaille » (…) En lisant les signes des temps, Benoît a vu qu’il était nécessaire de réaliser le programme radical de la sainteté évangélique dans une forme ordinaire, dans les dimensions de la vie quotidienne de tous les hommes. Il était nécessaire que « l’héroïque » devienne normal, quotidien, et que le normal et le quotidien deviennent héroïques. De cette manière, père des moines, législateur de la vie monastique en Occident, il est devenu également le pionnier d’une nouvelle civilisation. Partout où le travail humain conditionnait le développement de la culture, de l’économie, de la vie sociale, il lui ajoutait le programme bénédictin de l’évangélisation qui unissait le travail à la prière et la prière au travail. (…)

En notre époque saint Benoît est le patron de l’Europe. Il l’est non seulement en considération de ses mérites particuliers envers ce continent, envers son histoire et sa civilisation. Il l’est aussi en considération de la nouvelle actualité de sa figure à l’égard de l’Europe contemporaine. On peut détacher le travail de la prière et en faire l’unique dimension de l’existence humaine. L’époque d’aujourd’hui porte en elle cette tendance. (…) On a l’impression d’une priorité de l’économie sur la morale, d’une priorité du matériel sur le spirituel. D’une part, l’orientation presque exclusive vers la consommation des biens matériels enlève à la vie humaine son sens le plus profond. D’autre part, dans de nombreux cas, le travail est devenu une contrainte aliénante pour l’homme (…) et presque malgré lui, il se détache de la prière, enlevant à la vie humaine sa dimension transcendante. (…)

On ne peut pas vivre pour l’avenir sans comprendre que le sens de la vie est plus grand que ce qui n’est que matériel et passager, que ce sens est au-dessus de ce monde-ci. Si la société et les hommes de notre continent ont perdu l’intérêt pour ce sens, ils doivent le retrouver. (…) Si mon prédécesseur Paul VI a appelé saint Benoît de Nursie le patron de l’Europe, c’est parce qu’il pouvait aider à ce sujet l’Église et les nations d’Europe.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

« Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. »

jeudi 10 juillet 2025

[Le jeune] François assistait dévotement à la messe en l’honneur des apôtres ; l’évangile était celui où le Christ envoie ses disciples prêcher et leur enseigne la façon évangélique de vivre : « ni or ni argent, pas de monnaie dans la ceinture, pas de sac de voyage, pas de tunique de réserve, pas de chaussures, pas de bâton ». Dès qu’il eut compris et retenu ce texte, le voilà amoureux de cette pauvreté des apôtres et il s’écrie, transporté de joie : « Voilà ce que je veux ! Voilà ce que toute mon âme désire ! » Et sans attendre il ôte ses chaussures, laisse tomber son bâton de marche, abandonne besace et argent comme objets d’horreur, ne garde qu’une tunique, jette sa ceinture qu’il remplace par une corde : il met tout son cœur à réaliser ce qu’il vient d’entendre et à se conformer en tout à ce code de perfection donné aux apôtres.

Un élan communiqué par Dieu le pousse dès lors à la conquête de la perfection évangélique et à une campagne de pénitence. Quand il parlait (…), ses paroles étaient tout imprégnées de la force de l’Esprit Saint : elles pénétraient jusqu’au plus profond des cœurs et plongeaient ses auditeurs dans la stupéfaction. Toute sa prédication était une annonce de paix, et il commençait chacun de ses sermons par cette salutation au peuple : « Que le Seigneur vous donne la paix ! » C’est une révélation du Seigneur, déclara-t-il plus tard, qui lui avait appris cette formule. (…)

On parlait de plus en plus de l’homme de Dieu, de son enseignement si simple, de sa vie, et quelques-uns, à son exemple, étaient saisis par cet esprit de pénitence puis se sont joints à lui, quittant tout, et habillés comme lui, ont commencé à partager sa vie.

Saint Bonaventure (1221-1274)

Fête de saint Thomas, apôtre

jeudi 3 juillet 2025

« Mets ton doigt dans la marque des clous », dit Jésus à Thomas. « Tu me cherchais quand je n’étais pas là, profites-en maintenant. Je connais ton désir malgré ton silence. Avant que tu ne me le dises, je sais ce que tu penses. Je t’ai entendu parler, et quoique invisible, j’étais auprès de toi, auprès de tes doutes, et sans me faire voir, je t’ai fait attendre, pour mieux regarder ton impatience. Mets ton doigt dans la marque des clous. Mets ta main dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais crois. »

Alors Thomas le touche : toute sa défiance tombe et rempli d’une foi sincère et de tout l’amour que l’on doit à son Dieu, il s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Et le Seigneur lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! Thomas, porte la nouvelle de ma résurrection à ceux qui ne m’ont pas vu. Entraîne toute la terre à croire non à ses yeux, mais à ta parole. Parcours les peuples et les cités païennes. Apprends-leur à porter la croix sur les épaules au lieu des armes… Dis-leur qu’ils sont appelés par la grâce, et toi, contemple leur foi : heureux, en vérité, ceux qui n’ont pas vu et ont cru ! »

Telle est l’armée que lève le Seigneur ; tels sont les enfants de la piscine baptismale, les œuvres de la grâce, la moisson de l’Esprit. Ils ont suivi le Christ sans l’avoir vu, ils l’ont cherché et ils ont cru. Ils ont reconnu avec les yeux de la foi, non du corps. Ils n’ont pas mis leurs doigts dans les marques des clous, mais ils se sont attachés à sa croix et ont embrassé ses souffrances. Ils n’ont pas vu le côté du Seigneur, mais par la grâce ils se sont unis à ses membres et ils ont fait leur cette parole du Seigneur : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! »

Basile de Séleucie (?-v. 468)