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Archive pour le mot-clef ‘vin’

Le vin nouveau des noces du Fils

lundi 16 janvier 2023

« Pourquoi jeûnons-nous, et non pas tes disciples ? » Pourquoi ? Parce que pour vous le jeûne est une affaire de loi. Ce n’est pas un don spontané. En lui-même le jeûne n’a pas de valeur ; ce qui compte c’est le désir de celui qui jeûne. Quel profit pensez-vous tirer de votre jeûne si vous jeûnez contraints et forcés par une loi ? Le jeûne est une charrue merveilleuse pour labourer le champ de la sainteté. Mais les disciples du Christ sont placés d’emblée au cœur même du champ déjà mûr de la sainteté ; ils mangent le pain de la récolte nouvelle. Comment seraient-ils obligés de pratiquer des jeûnes désormais périmés ? « Les amis de l’Époux peuvent-ils jeûner pendant que l’Époux est avec eux ? »

Celui qui se marie se livre tout entier à la joie et prend part au banquet ; il se montre tout affable et tout gai pour les invités ; il fait tout ce que lui inspire son affection pour l’épouse. Le Christ célèbre ses noces avec l’Église pendant qu’il vit sur terre. C’est pourquoi il accepte de prendre part aux repas où on l’invite, il ne refuse pas. Plein de bienveillance et d’amour, il se montre humain, abordable et aimable. Ne vient-il pas pour unir l’homme à Dieu et faire de ses compagnons des membres de la famille de Dieu ?

Pareillement, dit Jésus, « personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux vêtement ». Ce drap neuf, c’est le tissu de l’Évangile, celui qu’il est en train de tisser avec la toison de l’Agneau de Dieu : un habit royal que le sang de la Passion va bientôt teindre de pourpre. Comment le Christ accepterait-il d’unir ce drap neuf avec la vétusté du légalisme d’Israël ? (…) Pareillement enfin, « personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres, mais le vin nouveau se met dans des outres toutes neuves ». Ces outres neuves, ce sont les chrétiens. C’est le jeûne du Christ qui va purifier ces outres de toute souillure pour qu’elles gardent intacte la saveur du vin nouveau. Le chrétien devient ainsi l’outre neuve prête à recevoir le vin nouveau, le vin des noces du Fils, foulé au pressoir de la croix.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. »

samedi 7 janvier 2023

Pourquoi, comme premier signe, notre Seigneur a-t-il changé l’eau en vin ? C’est pour montrer que Dieu, qui transforme la nature dans des outres, opère aussi sa transformation dans le sein de la Vierge. De la même manière, pour couronner ses miracles, Jésus a ouvert un tombeau afin de manifester son indépendance vis-à-vis de la mort avide de tout engloutir.

Pour authentifier et pour confirmer le double bouleversement de la nature qu’apportent sa naissance et sa résurrection, Jésus change l’eau en vin, sans modifier en rien les cuves de pierre. C’était là le symbole de son propre corps, miraculeusement conçu et merveilleusement créé dans une vierge, sans l’œuvre d’un homme… Contrairement à leur usage, les cuves…ont mis au monde un vin nouveau, sans jamais renouveler ensuite cette merveille. C’est ainsi que la Vierge a conçu et a mis au monde l’Emmanuel (Is 7,14), pour ne plus concevoir ensuite. Le miracle des cuves de pierre, c’est que la petitesse devient grandeur, la parcimonie se change en surabondance, l’eau de source en vin doux… En Marie, au contraire, la grandeur et la gloire de la divinité changent d’aspect pour prendre une apparence de faiblesse et d’ignominie.

Ces cuves servaient aux purifications des juifs ; notre Seigneur y verse sa doctrine : il manifeste qu’il est venu selon la Loi et les prophètes, mais en vue de tout changer par son enseignement, comme l’eau devenue vin… « La Loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus » (Jn 1,17). L’époux qui habitait Cana a invité l’Époux venu du ciel ; et le Seigneur, prêt pour ces noces, a répondu à son invitation. Ceux qui étaient assis à table ont invité celui qui installe les mondes dans son Royaume, et il leur a envoyé un cadeau de noces qui puisse les réjouir… Ils n’avaient pas assez de vin, même ordinaire ; il leur a versé un peu de sa richesse : en retour de leur invitation, lui-même les a invités à ses noces.

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

 

« L’Époux est avec eux. »

vendredi 6 septembre 2019

Que l’âme s’en souvienne : c’est l’Époux qui, le premier, l’a cherchée et, le premier, l’a aimée ; telle est la source de sa propre recherche et de son propre amour…

« J’ai cherché, dit l’Épouse [du Cantique des Cantiques], celui que mon cœur aime » (3,1). Oui, c’est bien à cette recherche que t’invite la tendresse prévenante de celui qui, le premier, t’a cherchée et aimée. Tu ne le chercherais pas, s’il ne t’avait d’abord cherchée ; tu ne l’aimerais pas, s’il ne t’avait d’abord aimée.

Ce n’est pas une seule bénédiction de l’Époux qui t’a prévenue, mais deux : il t’a aimée, il t’a cherchée. L’amour est la cause de sa recherche ; sa recherche est le fruit de son amour, c’en est aussi le gage assuré. Tu es aimée de lui, en sorte que tu ne peux pas le soupçonner de te chercher pour te punir. Tu es cherchée par lui, en sorte que tu ne peux pas te plaindre de ne pas être aimée réellement. Cette double expérience de sa tendresse t’a remplie d’audace : elle a chassé toute honte, elle t’a persuadée de revenir à lui, elle a soulevé ton élan. De là cette ferveur, de là cette ardeur à « chercher celui que ton cœur aime », car évidemment tu n’aurais pas pu le chercher, s’il ne t’avait d’abord cherchée ; et maintenant qu’il te cherche, tu ne peux pas ne plus le chercher.

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Solennité du Corps et du Sang du Christ

dimanche 7 juin 2015

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Chers frères et sœurs,

La veille de sa Passion, au cours de la Cène pascale, le Seigneur prit le pain entre ses mains, et, ayant prononcé la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps ». Puis, prenant la coupe, il rendit grâces, la leur donna, et ils en burent tous. Et il dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude » (Mc 14, 22-24). Toute l’histoire de Dieu avec les hommes est résumée dans ces paroles. Ce n’est pas seulement le passé qui est réuni et interprété, mais l’avenir également qui est anticipé : la venue du Royaume de Dieu dans le monde. Ce que dit Jésus, ce ne sont pas simplement des paroles. Ce qu’Il dit est un événement, l’événement central de l’histoire du monde et de notre vie personnelle.

Ces paroles sont inépuisables. Je voudrais méditer avec vous uniquement un seul aspect. Jésus, comme signe de sa présence, a choisi le pain et le vin. À travers chacun de ces deux signes, il se donne entièrement, et non pas uniquement une partie de lui. Le Ressuscité n’est pas divisé. Il est une personne qui, à travers les signes, s’approche de nous et s’unit à nous. Mais les signes représentent, à leur façon, chacun un aspect particulier de Son mystère, et, à travers leur manifestation particulière, ils veulent nous parler, afin que nous apprenions à comprendre un peu plus le mystère de Jésus Christ. Au cours de la procession et dans l’adoration, nous regardons l’Hostie consacrée, – le type le plus simple de pain et de nourriture, composé uniquement d’un peu de farine et d’eau. Il apparaît ainsi comme la nourriture des pauvres, auxquels le Seigneur a accordé en premier lieu sa préférence. La prière à travers laquelle l’Église, au cours de la liturgie de la Messe, remet ce pain au Seigneur, le définit comme le fruit de la terre et du travail de l’homme. Celui-ci contient les peines de l’homme, le travail quotidien de ceux qui cultivent la terre, sèment et récoltent, et enfin, préparent le pain. Toutefois, le pain n’est pas seulement notre produit, quelque chose que nous fabriquons ; c’est le fruit de la terre et donc également un don. Car le fait que la terre porte des fruits n’est pas seulement l’un de nos mérites ; seul le Créateur pouvait lui conférer la fertilité. Et à présent, nous pouvons également étendre encore un peu cette prière de l’Église, en disant : le pain est fruit à la fois de la terre et du ciel. Il suppose la synergie des forces de la terre et des dons d’en haut, c’est-à-dire du soleil et de la pluie. Et l’eau aussi, dont nous avons besoin pour préparer le pain, nous ne pouvons pas la produire seuls. À une période où l’on parle de désertification et où nous entendons toujours plus de mises en garde contre le danger qu’hommes et bêtes meurent de soif dans les imagesrégions privées d’eau – en cette période, nous nous rendons à nouveau compte de la grandeur du don de l’eau également, et combien nous sommes incapables de nous la procurer seuls. Alors, en y regardant de plus près, ce petit morceau d’hostie blanche, ce pain des pauvres, nous apparaît comme une synthèse de la création. Ciel et terre, mais également activité et esprit de l’homme coopèrent. La synergie des forces qui rend possible, sur notre pauvre planète, le mystère de la vie et l’existence de l’homme, nous est présentée dans toute sa merveilleuse grandeur. Ainsi, nous commençons à comprendre pourquoi le Seigneur choisit ce morceau de pain comme son signe. […]

Le signe du vin nous parle également de façon très semblable. Mais tandis que le pain renvoie à l’aspect quotidien, à la simplicité et au pèlerinage, le vin exprime le caractère exquis de la création : la fête de joie que Dieu veut nous offrir à la fin des temps et que, déjà à présent, il anticipe toujours à nouveau en l’évoquant à travers ce signe. Mais le vin parle également de la Passion : la vigne doit être taillée continuellement pour être ainsi purifiée ; le raisin doit mûrir sous le soleil et la pluie et doit être pressé : ce n’est qu’à travers cette passion que mûrit un vin précieux.

En la fête du Corpus Domini, nous regardons surtout le signe du pain. Celui-ci nous rappelle également le pèlerinage d’Israël au cours des quarante années passées dans le désert. L’Hostie est notre manne à travers laquelle le Seigneur nous nourrit – c’est véritablement le pain du ciel à travers lequel Il se donne lui-même.

Au cours de la procession, nous suivons ce signe, et ainsi, nous le suivons Lui-même. Et nous le prions : Guide-nous sur les routes de notre histoire ! Montre toujours à nouveau le droit chemin à l’Église et à ses pasteurs ! Regarde l’humanité qui souffre, qui erre dans l’incertitude parmi tant d’interrogations ; vois la faim physique et psychologique qui la tourmente ! Donne aux hommes du pain pour le corps et pour l’âme ! Donne-leur du travail ! Donne-leur la lumière ! Donne-toi à eux ! Purifie-nous et sanctifie-nous tous ! Fais-nous comprendre que ce n’est qu’à travers la participation à ta Passion, à travers le « oui » à la croix, au renoncement, aux purifications que tu nous imposes, que notre vie peut mûrir et atteindre sa pleine réalisation. Rassemble-nous de toutes les extrémités de la terre. Unis ton Église, unis l’humanité déchirée ! Donne-nous ton salut ! Amen !

Pour lire l’homélie complète :

>>>Solennité du Corps et du Sang du Christ
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

Unknown

SÉQUENCE

Sion, célèbre ton Sauveur,
Chante ton chef et ton pasteur
Par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser,
Car il dépasse tes louanges,
Tu ne peux trop le louer.

Le Pain vivant, le Pain de vie,
Il est aujourd’hui proposé
Comme objet de tes louanges.

Au repas sacré de la Cène,
Il est bien vrai qu’il fut donné
Au groupe des douze frères.

Louons-le à voix pleine et forte,
Que soit joyeuse et rayonnante
L’allégresse de nos coeurs !

C’est en effet la journée solennelle
Où nous fêtons de ce banquet divin
La première institution.

À ce banquet du nouveau Roi,
La Pâque de la Loi nouvelle
Met fin à la Pâque ancienne.

L’ordre ancien le cède au nouveau,
La réalité chasse l’ombre,
Et la lumière, la nuit.

Ce que fit le Christ à la Cène,
Il ordonna qu’en sa mémoire
Nous le fassions après lui.

Instruits par son précepte saint,
Nous consacrons le pain, le vin,
En victime de salut.

C’est un dogme pour les chrétiens
Que le pain se change en son corps,
Que le vin devient son sang.

Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
Notre foi ose l’affirmer,
Hors des lois de la nature.

L’une et l’autre de ces espèces,
Qui ne sont que de purs signes,
Voilent un réel divin.

Sa chair nourrit, son sang abreuve,
Mais le Christ tout entier demeure
Sous chacune des espèces.

On le reçoit sans le briser,
Le rompre ni le diviser ;
Il est reçu tout entier.

Qu’un seul ou mille communient,
Il se donne à l’un comme aux autres,
Il nourrit sans disparaître.

Bons ou mauvais le consomment,
Mais pour un sort bien différent,
Pour la vie ou pour la mort.

Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
Vois : ils prennent pareillement ;
Quel résultat différent !

Si l’on divise les espèces,
N’hésite pas, mais souviens-toi
Qu’il est présent dans un fragment
Aussi bien que dans le tout.

Le signe seul est partagé,
Le Christ n’est en rien divisé,
Ni sa taille ni son état
N’ont en rien diminué.

Le voici, le pain des anges,
Il est le pain de l’homme en route,
Le vrai pain des enfants de Dieu,
Qu’on ne peut jeter aux chiens.

D’avance il fut annoncé
Par Isaac en sacrifice,
Par l’agneau pascal immolé,
Par la manne de nos pères.

Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
Ô Jésus, aie pitié de nous,
Nourris-nous et protège-nous,
Fais-nous voir les biens éternels
Dans la terre des vivants.

Toi qui sais tout et qui peux tout,
Toi qui sur terre nous nourris,
Conduis-nous au banquet du ciel
Et donne-nous ton héritage,
En compagnie de tes saints. Amen.

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

Jeudi Saint

jeudi 1 avril 2010

Arcabas - La Sainte Cène

 » La nuit même où Il était livré, le Seigneur prit du pain . » 1 Corinthiens, 11-23

Le Jeudi Saint annonce la fin du Carême et l’entrée dans le mystère de Pâques. La messe du soir, à laquelle tous les chrétiens sont invités, commémore le dernier repas, ou Cène, que Jésus a pris avec Ses disciples au seuil de la nuit où il devait être livré.

Jésus institue, ce soir là, l’eucharistie. Il annonce que Sa Présence demeure vivante dans le Sacrement de Son Corps et de Son Sang.
Ce soir là, au cours de ce même repas, Jésus lave les pieds de Ses disciples. Il s’agenouille devant chacun des douze, leur témoignant ainsi la tendresse qu’Il a pour eux. Ce geste du lavement des pieds est repris durant la messe du Jeudi Saint. Il signifie que nous devons tous être serviteurs des autres.

« Alors n’hésitez pas et ouvrez la porte de la Maison de mon Fils, venez vous agenouiller, venez prier, venez vous réconcilier avec Lui et venez recevoir Son corps, ce corps que je vous demande de ne pas toucher avec les mains ; c’est le corps de mon Fils, seuls les élus de mon Fils en Son Eglise peuvent toucher Son Corps. N’oubliez pas, venez vous réconcilier auprès de mon Fils et prendre Son Corps ; Il réchauffera vos entrailles et vous permettra d’aller toujours au-delà de vos espérances. »

Marie Mère des hommes – décembre 1996