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Archive pour le mot-clef ‘service’

L’humble service

mardi 8 novembre 2022

Avant la venue du Seigneur Jésus, les hommes tiraient gloire d’eux-mêmes. Il est venu comme un homme pour que diminue la gloire de l’homme et que grandisse la gloire de Dieu. Car il est venu sans le péché et nous a trouvés tous pécheurs. S’il est venu pour remettre les péchés, c’est parce que Dieu est miséricordieux : à l’homme donc de le reconnaître. Car l’humilité de l’homme c’est sa reconnaissance, et la grandeur de Dieu, sa miséricorde.

S’il est venu pardonner à l’homme ses péchés, que l’homme donc prenne conscience de sa petitesse et que Dieu exerce sa miséricorde. « Il faut que lui grandisse et que je diminue » (Jn 3,30). C’est-à-dire : il faut que lui, il donne et que moi, je reçoive. Il faut qu’il ait la gloire et que je la reconnaisse. Que l’homme comprenne où est sa place, qu’il reconnaisse Dieu et entende ce que dit l’apôtre Paul à l’homme superbe et orgueilleux qui prétend s’élever : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Mais si tu as tout reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1Co 4,7) Que l’homme qui voulait dire sien ce qui n’est pas à lui comprenne donc qu’il l’a reçu et qu’il se fasse tout petit, car il lui est bon que Dieu soit glorifié en lui. Qu’il se diminue donc en lui-même, afin qu’en lui Dieu grandisse.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Si vous n’avez pas été digne de confiance avec l’argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? »

samedi 5 novembre 2022

Mes frères et mes amis, ne soyons pas les gérants malhonnêtes des biens qui nous ont été confiés (Lc 16,1s). Ne risquons pas d’entendre saint Pierre nous dire : « Ayez honte, vous qui retenez le bien d’autrui. Imitez l’équité de Dieu, et il n’y aura plus de pauvre ». Ne nous donnons pas tant de peine pour amasser quand d’autres souffrent de la pauvreté ; car autrement nous subirons les remontrances sévères du prophète Amos : « Prenez garde, vous qui dites : Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée pour que nous puissions vendre, et le sabbat, pour que nous puissions ouvrir nos magasins ? » (8,5)…

Pratiquons nous-mêmes cette loi sublime et primordiale de Dieu, qui fait pleuvoir pour les justes et les pécheurs et qui fait lever son soleil également pour tous (Mt 5,45). Il déploie pour tous les immenses étendues de la terre en friche, les sources, les fleuves et les forêts ; aux oiseaux il donne l’air, et l’eau à toutes les bêtes aquatiques. Il donne généreusement les ressources nécessaires à la vie de tous ; celles-ci ne sont pas confisquées par les puissants, limitées par une loi, rationnées. Elles sont communes, abondantes et par conséquent Dieu les offre sans que personne ne soit frustré. Car il veut honorer par cette égalité dans ses dons l’égale dignité de la nature, et montrer toute la générosité de sa bienfaisance.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

« Je ne suis pas digne de te recevoir. »

lundi 12 septembre 2022

Dans l’amour qu’est Dieu, je supplie tous mes frères — ceux qui prêchent, ceux qui prient, ceux qui travaillent manuellement, clercs et laïcs — de s’appliquer à l’humilité en tout : de ne pas se glorifier, trouver sa joie ou s’enorgueillir intérieurement des bonnes paroles et des bonnes actions que Dieu dit ou accomplit parfois en eux ou par eux. Selon la parole du Seigneur : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits mauvais vous sont soumis » (Lc 10,20). Soyons-en fermement convaincus : nous n’avons à nous que les fautes et les péchés. Réjouissons-nous plutôt dans les épreuves lorsque nous avons à supporter, dans notre âme et dans notre corps, toutes sortes d’angoisses et de tribulations en ce monde pour la vie éternelle.

Frères, gardons-nous donc de tout orgueil et de toute vaine gloire ; gardons-nous de la sagesse de ce monde et de la prudence égoïste. Celui qui est esclave de ses tendances égoïstes met beaucoup d’application à tenir des discours, mais beaucoup moins à passer aux actes. Au lieu de rechercher la religion et la sainteté intérieures de l’esprit, il désire une religion et une sainteté extérieures bien visibles aux yeux des hommes. C’est d’eux que le Seigneur dit : « Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense » (Mt 6,2). Celui, au contraire, qui est docile à l’esprit du Seigneur veut mortifier et humilier ce qui est égoïste, vil et abject dans cette chair. Il s’applique à l’humilité et à la patience, à la pure simplicité et à la paix véritable de l’esprit ; ce qu’il désire toujours et par-dessus tout, c’est la crainte filiale de Dieu, la sagesse de Dieu, et l’amour de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit.

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

Jeudi saint : Messe du soir du Jeudi-saint en mémoire de la Cène du Seigneur

jeudi 17 avril 2014

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Chers frères et sœurs,

Les trois jours du  Triduum pascal  sont couramment appelés « saints » car ils nous font revivre l’événement central de notre Rédemption; ils nous renvoient en effet au noyau essentiel de la foi chrétienne: la passion, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Ce sont des jours que nous pourrions considérer comme un jour unique: ils constituent le cœur et le point fondamental de toute l’année liturgique comme de la vie de l’Église. Au terme de l’itinéraire quadragésimal, nous nous apprêtons nous aussi à entrer dans le climat même dans lequel Jésus a vécu à Jérusalem. Nous voulons réveiller en nous la mémoire vivante des souffrances que le Seigneur a endurées pour nous et nous préparer à célébrer avec joie, dimanche prochain « la vraie Pâque, que le Sang du Christ a couverte de gloire, la Pâque lors de laquelle l’Église célèbre la Fête qui est à l’origine de toutes les fêtes », comme dit la préface pour le jour de Pâques dans le rite de saint Ambroise.

Chers frères et sœurs, en ces jours uniques, orientons résolument notre vie vers une adhésion généreuse et convaincue aux desseins du Père céleste; renouvelons notre “oui” à la volonté divine comme l’a fait Jésus avec le sacrifice de la croix. Les rites suggestifs du Jeudi Saint, du Vendredi Saint, le silence riche de prière du Samedi Saint et la Veillée pascale solennelle nous offrent l’opportunité d’approfondir le sens et la valeur de notre vocation chrétienne qui naît du Mystère pascal et de la concrétiser en nous mettant fidèlement à la suite du Christ en toute circonstance, comme Il l’a fait, jusqu’au don généreux de notre vie.

Jeudi Saint : l’Église fait mémoire de la Dernière Cène au cours de laquelle le Seigneur, la veille de sa passion et de sa mort, a institué le sacrement de l’Eucharistie et celui du sacerdoce ministériel. Lors de cette même nuit, Jésus nous a laissé le commandement nouveau, “mandatum novum”, le commandement de l’amour fraternel. Avant d’entrer dans le Saint Triduum, mais déjà en lien étroit avec lui, dans chaque communauté diocésaine aura lieu la messe chrismale, au cours de laquelle l’évêque et les prêtres du presbyterium diocésain renouvellent les promesses de l’ordination. Sont également bénies les huiles pour la célébration des sacrements: l’huile des catéchumènes, l’huile des malades et le saint chrême. C’est un moment particulièrement important pour la vie de chaque communauté diocésaine qui, rassemblée autour de son pasteur, ressoude son unité et sa fidélité au Christ, unique Grand Prêtre Eternel.

Le soir, au cours de la messe in Cena Domini, on fait mémoire de la Dernière Cène, quand le Christ s’est donné à nous tous comme nourriture de salut, comme remède d’immortalité: c’est le mystère de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Dans ce sacrement de salut, le Seigneur a offert et réalisé pour tous ceux qui croient en Lui, l’union la plus profonde possible entre notre vie et la sienne.

Avec le geste humble et combien expressif du lavement des pieds, nous sommes invités à rappeler ce que le Seigneur fit à ses apôtres: en leur lavant les pieds il proclama concrètement la primauté de l’amour, l’amour qui se fait service jusqu’au don de soi, anticipant ainsi également le sacrifice suprême de sa vie qui se consumera le lendemain sur le Calvaire. Selon une belle tradition, les fidèles terminent le Jeudi Saint par une veillée de prière et d’adoration eucharistique pour vivre plus profondément l’agonie de Jésus à Gethsémani. […]

Pour lire la Catéchèse complète de Benoît 16 :

>>> Le Triduum pascal

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

L’évêque, comme tout chrétien, « serviteur de tous »

mardi 21 mai 2013

Celui qui est à la tête du peuple doit d’abord comprendre qu’il est le serviteur de tous. Qu’il ne dédaigne pas ce service…, puisque le Seigneur des seigneurs (1Tm 6,15) n’a pas dédaigné de se mettre à notre service.

C’est l’impureté de la chair qui avait insinué chez les disciples du Christ comme un désir de la grandeur ; la fumée de l’orgueil leur montait aux yeux. Nous lisons en effet : « Une dispute s’éleva entre eux pour savoir qui était le plus grand » (Lc 22,24). Mais le Seigneur médecin était là ; il a réprimé leur enflure… Il leur a montré dans un enfant l’exemple de l’humilité… Car c’est un grand mal que l’orgueil, le premier mal, l’origine de tout péché…

C’est pourquoi l’apôtre Paul recommande, parmi les autres vertus des responsables de l’Église, l’humilité (cf 1Tm 3,6)… Quand le Seigneur parlait à ses apôtres pour les affermir dans l’humilité, il leur dit, en leur proposant l’exemple de l’enfant : « Qui veut être le plus grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » (Mt 20,26)… C’est en évêque que je vous parle et mes avertissements me font craindre moi-même… Le Christ est venu « non pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10,45). Voilà comment il a servi, voilà quels serviteurs il nous ordonne d’être. Il a donné sa vie, il nous a rachetés. Qui de nous peut racheter quelqu’un ? Nous avons été rachetés de la mort par sa mort, par son sang. Nous qui étions étendus à terre, nous avons été relevés par son humilité. Mais nous aussi, nous devons apporter notre petite part pour ses membres, puisque nous avons été faits ses membres. Il est la tête, nous sommes le corps (Ep 1,22). Et l’apôtre Jean nous exhorte à l’imiter : « Le Christ a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères » (1Jn 3,16).

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon pour le sacre d’un évêque, Guelferbytanus n°32 ; PLS 2, 637 (trad. coll. Pères dans la foi, n°46, p. 93 rev.)