Le Seigneur [dit à Gertrude] : « Si tu as envie de m’offrir aussi le parfum que d’après l’Écriture, cette femme a répandu dévotement sur ma tête, après avoir brisé son vase (Mt 26,7), en sorte que « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jn 12,3), sache que tu le feras excellemment en aimant la vérité. Oui, celui qui aime la vérité et qui, pour la défendre, perd ses amis ou s’expose à d’autres peines, ou encore assume volontairement des fatigues, celui-là vraiment brise le vase et répand abondamment sur ma tête un parfum précieux, si bien que la maison est remplie de sa bonne odeur. Il devient en effet l’occasion d’un bon exemple. (…)
Elle reprit : « Ô Seigneur, il est dit que Marie avait acheté ce parfum précieux ; comment pourrai-je à mon tour vous rendre un hommage aussi grand que si j’avais fait pour vous pareil achat ? » Le Seigneur répondit : « Quiconque m’offre son bon vouloir en une affaire qu’il décide de mener à terme, pour mon amour, si grande que puisse être, par ailleurs, la peine qu’il lui faudra se donner, pourvu qu’il procure ma gloire, celui-là m’achète un parfum extrêmement précieux, et qui m’est on ne peut plus agréable, puisqu’en préférant mon honneur à son avantage, il s’expose volontairement à mille désagréments. Oui, vraiment, il l’achète pour moi, quand bien même il se trouverait toujours empêché d’exécuter son dessein. »
Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)