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« C’est à cause de son grand amour. »

« Qu’il me donne un baiser de sa bouche. » (Ct 1,2) Qui parle ainsi ? L’épouse [du Cantique des cantiques]. Et qui est cette épouse ? L’âme assoiffée de Dieu. Et à qui parle-t-elle ? À son Dieu… On ne saurait trouver de noms plus tendres, pour exprimer la tendresse réciproque de Dieu et de l’âme, que ceux d’Époux et d’épouse. Tout leur est commun, ils ne possèdent rien en propre ni à part. Unique est leur héritage, unique leur table, unique leur maison, unique même la chair qu’ensemble ils constituent (Gn 2,24)… Si donc le mot aimer convient spécialement et en premier lieu aux époux, ce n’est pas sans de bonnes raisons qu’on donne le nom d’épouse à l’âme qui aime Dieu. La preuve qu’elle aime, c’est qu’elle demande à Dieu un baiser. Elle ne souhaite ni la liberté, ni une récompense, ni un héritage, ni même un enseignement, mais un baiser, à la manière d’une chaste épouse, soulevée par un saint amour et incapable de cacher la flamme dont elle brûle… Oui, son amour est chaste puisqu’elle désire seulement celui qu’elle aime, et non quelque chose qui serait à lui. Son amour est saint, puisqu’elle aime non pas dans un désir lourd de la chair mais dans la pureté de l’esprit. Son amour est ardent, puisqu’enivrée de cet amour même, elle en oublie la grandeur de Celui qu’elle aime. N’est-ce pas lui, en effet, qui d’un regard fait trembler la terre ? (Ps 103,32) Et c’est à lui qu’elle demande un baiser ? N’est-elle pas ivre ? Oui, elle est ivre d’amour pour son Dieu… Quelle force dans l’amour ! Quelle confiance et quelle liberté dans l’Esprit ! Comment manifester plus clairement que « l’amour parfait bannit la crainte » ? (1Jn 4,18)

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église

 

 

 

 

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