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Archive pour le mot-clef ‘orgueil’

« Le principe de tout péché, c’est l’orgueil. » (Si 10,15)

dimanche 5 novembre 2023

« Que la mort aînée dévore la beauté de sa peau et qu’elle consume ses bras. » (Jb 18,13 Vg) La beauté de la peau désigne la gloire temporelle, qui est désirée extérieurement et qui est retenue comme une brillante apparence sur la peau. Quand au mot de bras, il s’applique avec justesse à nos œuvres, le travail corporel étant accompli par les bras. Et que peut être la mort, sinon le péché, qui sépare l’âme de la vie intérieure et la tue ? (…) Si donc le péché est la mort, on peut entendre avec justesse par mort aînée l’orgueil, puisqu’il est écrit : « Le principe de tout péché, c’est l’orgueil. » (Si 10,15 Vg)

La beauté de sa peau et ses bras sont donc dévorés par la mort aînée, car gloire et activité de l’injuste sont jetés à terre par l’orgueil. Il aurait pu, en cette vie même, se maintenir dans sa gloire sans péché s’il n’avait pas été orgueilleux ; il aurait pu se recommander au jugement de son créateur par certaines de ses œuvres si sous les yeux de son juge ces œuvres mêmes n’étaient pas jetées à terre par sa fierté. Souvent, nous voyons des riches qui auraient pu garder puissance et gloire sans péché, s’ils avaient voulu les garder avec humilité.

Mais ils se rengorgent au milieu de leurs biens, ils plastronnent dans les honneurs, ils ne sont que dédain pour le reste du monde et ils mettent toute la confiance de leur vie dans l’abondance des biens. C’est ainsi que parlait un riche : « Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années, repose-toi, mange, bois, fais bonne chère. » (Lc 12,19) Mais quand le juge d’en-haut voit ainsi leurs pensées, il arrache ces hommes à leur confiance même.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Les écueils de toute vie humaine

mercredi 30 août 2023

« Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens. » (Mc 13, 15) Gardons-nous du levain des Pharisiens, de l’attachement exagéré à des observances extérieures d’institution humaine, à de vaines cérémonies, à un bel ordre extérieur qui prend tous nos soins, attachement qui produit peu à peu l’oubli de l’intérieur, qui finit par faire négliger le dedans de la coupe pour nettoyer le dehors, par faire en nous des hypocrites, des sépulcres blanchis et en même temps des esprits petits, mesquins, rétrécis, incapables d’aucune haute conception et attachés avec une force extrême à des riens, des minuties, des puérilités…

Et gardons-nous du levain d’Hérode, du levain des Saducéens comme il est dit dans un autre Évangile, c’et-à-dire du relâchement, de la sensualité, de la mollesse, de l’amour du bien-être, de la recherche de ses aises, et, conséquence forcée, de l’amour de l’argent, des richesses, des honneurs, des grandeurs ; les Pharisiens disent adieu à la vérité, à la simplicité, à la bonté, à la miséricorde, à l’humilité, à toute grandeur d’âme… Les Sadducéens ont l’horreur de la pauvreté, de l’abjection de la pénitence, de la croix, de l’humilité, et pas plus que les Pharisiens ils ne connaissent la bonté ni la miséricorde…

Les uns et les autres remplacent, et l’amour de Dieu et l’amour du prochain par le seul amour de soi-même… Les Pharisiens c’est plutôt l’égarement de l’esprit par l’orgueil, les Sadducéens, c’est plutôt l’égarement du cœur par la sensualité… Ces deux sectes représentent les deux écueils principaux de toute vie humaine et particulièrement de la vie religieuse : gardons-nous avec grand soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Le piège de l’orgueil

samedi 3 juin 2023

« Je vais t’éclairer, écoute-moi : je vais te raconter ce que j’ai vu. » (Jb 15,17 Vg) Le propre de l’arrogant, c’est de ne jamais avoir, si faible soit-il, le sentiment de la droiture sans l’infléchir au service de l’orgueil ; c’est de ne s’élever par sa propre intelligence au-dessus de lui-même que pour tomber, bouffi de vanité, dans le piège de l’orgueil ; c’est de se croire plus savant que les savants ; c’est de revendiquer le respect de qui vaut mieux que soi ; c’est, devant plus saint que soi, de prétendre enseigner avec un air d’autorité. De là cette parole : « Je vais t’éclairer, écoute-moi. » (…)

Après cette parole : « L’impie est orgueilleux en chacune de ses journées » (Jb 15,20 Vg), Job ajoute : « Et le nombre des jours de sa tyrannie est incertain. » Autrement dit : Pourquoi s’enorgueillir de je ne sais quelle certitude, quand la peine de l’incertitude est le lot de la condition humaine ? Mais aux hommes d’une vie dépravée, Dieu tout-puissant ne réserve pas seulement les supplices de la vie futur ; ici-bas déjà, à l’heure de leurs défaillances, il enserre leur cœur dans les châtiments : en péchant, ils se frappent eux-mêmes, toujours tremblants, toujours défiants, dans la crainte de souffrir des autres ce qu’ils se souviennent d’avoir fait aux autres.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

La vraie richesse et la vraie pauvreté

jeudi 16 mars 2017

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Quand je dis que Dieu n’incline pas son oreille vers le riche, n’allez pas en déduire, mes frères, que Dieu n’exauce pas ceux qui possèdent or et argent, domestiques et domaines. S’ils sont nés dans cet état et occupent ce rang dans la société, qu’ils se souviennent de cette parole de l’apôtre Paul : « Recommande aux riches de ce monde de ne pas céder à l’orgueil » (1Tm 6,17). Ceux qui ne cèdent pas à l’orgueil sont pauvres devant Dieu, qui incline son oreille vers les pauvres et les nécessiteux (Ps 85,1). Ils savent, en effet, que leur espérance n’est pas dans l’or ou l’argent ni dans ces choses dont on les voit regorger pour un temps. Il suffit que les richesses ne causent pas leur perte et que, si elles ne peuvent rien pour leur salut, elles n’y soient du moins pas un obstacle… Quand donc un homme méprise tout ce qui sert d’aliment à son orgueil, il est un pauvre de Dieu ; et Dieu incline vers lui son oreille, car il sait le tourment de son cœur.

Sans doute, frères, ce pauvre Lazare couvert d’ulcères, qui gisait à la porte du riche, a été porté par les anges dans le sein d’Abraham ; voilà ce que nous lisons et croyons. Quant au riche qui était vêtu de pourpre et de lin fin et festoyait splendidement chaque jour, il a été précipité dans les tourments de l’enfer. Est-ce vraiment le mérite de son indigence qui a valu au pauvre d’être emporté par les anges ? Et le riche a-t-il été livré aux tourments par la faute de son opulence ? Il faut le reconnaître : en ce pauvre c’est l’humilité qui a été honorée, et ce qui a été puni dans le riche, c’est l’orgueil.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Les Discours sur les psaumes, Ps 85, 3 ; CCL 39, 1178 (trad. Orval)