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Archive pour le mot-clef ‘Epoux’

« L’Époux est avec eux. »

samedi 2 juillet 2016

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L’Église, mystère de l’union des hommes avec Dieu : C’est dans l’Église que le Christ accomplit et révèle son propre mystère comme le but du dessein de Dieu : « récapituler tout en lui » (Ep 1,10). Saint Paul appelle « grand mystère » (Ep 5,32) l’union sponsale du Christ et de l’Église. Parce qu’elle est unie au Christ comme à son Époux, l’Église devient elle-même à son tour mystère (Ep 3,9s). Contemplant en elle le mystère, Saint Paul s’écrie : « Le Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col 1,27)… Marie nous précède tous dans la sainteté qui est le mystère de l’Église comme « l’Épouse sans tache ni ride » (Ep 5,27). C’est pourquoi « la dimension mariale de l’Église précède sa dimension pétrinienne » (Jean Paul II)…

L’unité du Christ et de l’Église, de la tête et des membres de son Corps, implique aussi la distinction des deux dans une relation personnelle. Cet aspect est souvent exprimé par l’image de l’époux et de l’épouse. Le thème du Christ Époux de l’Église a été préparé par les prophètes et annoncé par Jean Baptiste (Jn 3,29). Le Seigneur s’est lui-même désigné comme « l’Époux » (Mc 2,19). L’apôtre Paul présente l’Église et chaque fidèle, membre de son Corps, comme une épouse « fiancée » au Christ Seigneur, pour n’être avec lui qu’un seul Esprit. Elle est l’Épouse immaculée de l’agneau immaculé (Ap 22,17) que le Christ a aimée, pour laquelle il s’est livré « afin de la sanctifier » (Ep 5,26), qu’il s’est associée par une alliance éternelle, et dont il ne cesse de prendre soin comme de son propre Corps.

« Voilà le Christ total, Tête et Corps, un seul formé de beaucoup… Le Seigneur lui-même dit dans l’Évangile : ‘Non plus deux, mais une seule chair’ (Mt 19,6). Comme vous l’avez vu, il y a bien en fait deux personnes différentes, et cependant, elles ne font qu’un dans l’union conjugale » (St Augustin).

Catéchisme de l’Église catholique
§ 772-773 ; 796

 

 

« Maris, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Eglise, il s’est livré pour elle. » (Ep 5,25)

vendredi 20 mai 2016

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L’homme et la femme qui, par l’alliance conjugale « ne sont plus deux mais une seule chair », s’aident et se soutiennent mutuellement par l’union intime de leurs personnes et de leurs activités ; ils prennent ainsi conscience de leur unité et l’approfondissent sans cesse davantage. Cette union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le bien des enfants, exigent l’entière fidélité des époux et requièrent leur unité indissoluble.

Le Christ Seigneur a comblé de bénédictions cet amour aux aspects multiples, issu de la source divine de la charité, et constitué à l’image de son union avec l’Église (Ep 5,32). De même en effet que Dieu a pris autrefois l’initiative d’une alliance d’amour et de fidélité avec son peuple, ainsi, maintenant, le Sauveur des hommes, Époux de l’Église, vient à la rencontre des époux chrétiens par le sacrement de mariage. Il continue de demeurer avec eux pour que les époux, par leur don mutuel, puissent s’aimer dans une fidélité perpétuelle, comme lui-même a aimé l’Église et s’est livré pour elle (Ep 5,25).

L’amour conjugal authentique est assumé dans l’amour divin et il est dirigé et enrichi par la puissance rédemptrice du Christ et l’action salvifique de l’Église, afin de conduire efficacement à Dieu les époux, de les aider et de les affermir dans leur mission sublime de père et de mère. C’est pourquoi les époux chrétiens, pour accomplir dignement les devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés par un sacrement spécial ; en accomplissant leur mission conjugale et familiale avec la force de ce sacrement, pénétrés de l’Esprit du Christ qui imprègne toute leur vie de foi, d’espérance et de charité, ils parviennent de plus en plus à leur perfection personnelle et à leur sanctification mutuelle ; c’est ainsi qu’ensemble ils contribuent à la glorification de Dieu.

Concile Vatican II
Constitution dogmatique sur l’Eglise dans le monde de ce temps « Gaudium et spes », § 48

 

 

 

« Tous ceux qui touchèrent la frange de son manteau étaient sauvés. »

lundi 8 février 2016

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Ô vrai Dieu et mon Seigneur ! Pour l’âme affligée de la solitude où elle vit en ton absence, c’est une grande consolation que de savoir que tu es partout. Mais à quoi bon, Seigneur, quand la force de l’amour et l’impétuosité de cette peine augmentent, et le cœur se trouble, si bien que nous ne pouvons plus comprendre ni connaître cette vérité ? L’âme sait seulement qu’elle est séparée de toi, et elle n’admet aucun remède. En effet, le cœur qui aime beaucoup ne supporte pas d’autres conseils ni consolations que Celui-là même qui l’a blessé ; c’est de lui seul qu’il attend la guérison de sa peine.

Quand tu le veux, Seigneur, tu guéris à l’instant la blessure que tu as faite. Ô Bien-Aimé véritable, avec quelle compassion, quelle douceur, quelles bonté et tendresse, avec quelles marques d’amour, tu guéris les plaies des flèches de ton amour ! Ô mon Dieu, tu es le repos de toute peine. Quelle folie que de chercher des moyens humains pour guérir ceux qui sont malades du feu divin ? Qui peut savoir jusqu’où va cette blessure, d’où elle vient, et comment apaiser un tel tourment ? Comme l’épouse du Cantique des cantiques a raison de dire : « Mon Bien-Aimé est à moi, et je suis à lui ! » (11,6) En effet, l’amour que je ressens ne peut pas avoir son origine dans la bassesse de mon amour. Et pourtant, ô mon Époux, si bas que soit mon amour, comment se fait-il qu’il dépasse toute chose créée pour atteindre son créateur ?

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Exclamation 16 (trad. cf Auclair,Œuvres 1964, p. 534 et OC, Cerf 1995, p. 892)

 

 

 

« L’Époux est avec eux. »

lundi 18 janvier 2016

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« J’exulte de joie dans le Seigneur et mon âme jubile en mon Dieu » (Is 61,10)… L’avènement, la présence du Seigneur, dont parle le prophète dans ce verset, est ce baiser que désire l’épouse du Cantique des cantiques lorsqu’elle dit : « Qu’il me baise du baiser de sa bouche » (Ct 1,1). Et cette épouse fidèle c’est l’Église : elle est née dans les patriarches, elle s’est fiancée en Moïse et dans les prophètes ; du désir ardent de son cœur, elle soupirait pour que vienne le Bien-Aimé… Pleine de joie maintenant qu’elle a reçu ce baiser, elle s’écrie dans son bonheur : « J’exulte de joie dans le Seigneur ! »

Participant à cette joie, Jean Baptiste, l’illustre « ami de l’Époux », le confident des secrets de l’Époux et de l’épouse, le témoin de leur amour mutuel, déclarait : « L’époux est celui à qui l’épouse appartient ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux et il en est tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé » (Jn 3,29). Sans aucun doute, celui qui a été le précurseur de l’Époux en sa naissance, le précurseur aussi de sa Passion lorsqu’il est descendu aux enfers, a annoncé la Bonne Nouvelle à l’Église qui se trouvait là, dans l’attente…

Ce verset convient donc tout à fait à l’Église jubilante, quand, au séjour des morts, elle se hâte déjà à la rencontre de l’Époux : « J’exulte de joie dans le Seigneur, et mon esprit jubile en mon Dieu. Quelle est donc la cause de ma joie ? Quel est le motif de mon exultation ? C’est qu’il ‘m’a revêtue des vêtements du salut et drapée dans le manteau de la joie’ (v. 11). En Adam, j’avais été dénudée, j’avais dû assembler des feuilles de figuier pour cacher ma nudité ; misérablement couverte de tuniques de peau, j’avais été chassée du paradis (Gn 3,7.21). Mais aujourd’hui, mon Seigneur et mon Dieu a remplacé les feuilles par le vêtement du salut. À cause de sa Passion dans notre chair, il m’a vêtue d’une première robe, celle du baptême et de la rémission des péchés ; et au lieu de la tunique de peau de la mortalité, il m’a enveloppée d’une deuxième robe, celle de la résurrection et de l’immortalité. »

Rupert de Deutz (v. 1075-1130), moine bénédictin
La Trinité et ses œuvres, livre 42, Sur Isaïe, 2, 26 (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, Mediaspaul, t. 6, p. 156)

 

 

 

« Chaque arbre se reconnaît à son fruit. »

samedi 12 septembre 2015

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Si vous croyez au Christ, faites les oeuvres du Christ, afin que vive votre foi ; l’amour animera cette foi, l’action en fera la preuve. Vous qui prétendez demeurer en Jésus Christ, il faut marcher comme lui. Si vous recherchez la gloire, si vous enviez les heureux de ce monde, si vous dites du mal des absents et si vous rendez le mal pour le mal, ce sont là des choses que le Christ n’a pas faites. Vous dites que vous connaissez Dieu, mais vos actes le nient…: « Cet homme m’honore des lèvres, dit l’Écriture, mais son cœur est loin de moi » (Is 29,13; Mt 15,8)…

Or la foi, même droite, ne suffit pas à faire un saint, un homme droit, si elle n’opère pas dans l’amour. Celui qui est sans amour est incapable d’aimer l’Épouse, l’Église du Christ. Et les oeuvres, même accomplies dans la droiture, ne parviennent pas sans foi à rendre le cœur droit. On ne peut attribuer la droiture à un homme qui ne plaît pas à Dieu ; or, « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (He 11,6). Celui qui ne plaît pas à Dieu, Dieu ne saurait lui plaire. Mais celui à qui Dieu plaît ne saurait déplaire à Dieu. Et celui à qui Dieu ne plaît pas, l’Église-Épouse non plus ne lui plaît pas. Comment donc pourrait-il être droit, celui qui n’aime ni Dieu ni son Église, à laquelle il est dit : « Les justes savent t’aimer » (Ct 1,3 Vulg).

Au saint, la foi ne suffit pas sans les oeuvres, ni les oeuvres sans la foi, pour faire la rectitude de l’âme. Frères, nous qui croyons au Christ, il nous faut tenter de suivre une voie droite. Élevons à Dieu nos cœurs et nos mains ensemble, afin d’être trouvés entièrement droits, confirmant par des actes de droiture la rectitude de notre foi, aimant l’Église-Épouse et aimés de l’Époux, notre Seigneur Jésus Christ, béni par Dieu dans les siècles des siècles.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
24ème sermon sur le Cantique (trad. Béguin, Seuil 1953, p. 296 rev.)

 

 

 

« Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. »

mercredi 12 août 2015
Abbaye N.D. de Venière

Abbaye N.D. de Venière

Tout est commun entre l’Époux et son épouse, c’est-à dire entre le Christ et l’Église : l’honneur de recevoir la confession et le pouvoir de la rémission des péchés. C’est la raison de cette parole : « Va te montrer au prêtre » (Mt 8,4)… L’Église ne peut rien remettre sans le Christ ; et le Christ ne veut rien remettre sans l’Église. L’Église ne peut rien remettre sinon au pénitent, c’est-à-dire à celui que le Christ a d’abord touché ; et le Christ ne veut pas donner la rémission à ceux qui méprisent l’Église.

Le Christ, qui est tout-puissant, peut tout par lui-même : baptiser, consacrer l’eucharistie, ordonner, remettre les péchés, et le reste ; mais, puisqu’il est un Époux humble et fidèle, il ne veut rien faire sans son épouse. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (Mt 19,6) ; « Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église » (Ep 5,32)… Garde-toi donc de séparer la Tête du corps (Col 1,18), ce qui empêcherait le Christ d’exister tout entier. Car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, tout comme l’Église n’existe nulle part tout entier sans le Christ. En effet, le Christ total, intégral, c’est la Tête et le corps.

Isaac de l’Étoile (?-v. 1171), moine cistercien
Sermon 11, §11-14 ; PL 194, 1729 ; SC 130 (trad SC p. 243s rev.)

 

 

 

 

« L’Epoux est avec eux. »

samedi 4 juillet 2015

Église peuple de Dieu

Le péché d’Adam s’était communiqué à tout le genre humain, à tous ses enfants… Donc, il est nécessaire que la justice du Christ soit communiquée à tout le genre humain ; de même qu’Adam, par le péché, a fait perdre la vie à sa descendance, de même le Christ, par sa justice, donnera la vie à ses enfants (cf Rm 5,19s)…

À la fin des temps, le Christ a reçu de Marie une âme et notre chair. Cette chair, il est venu la sauver, il ne l’a pas abandonnée au séjour des morts (Ps 15,10), il l’a unie à son esprit et il l’a faite sienne. Ce sont là les noces du Seigneur, son union à une seule chair, afin que, selon « ce grand mystère », ils soient « deux en une seule chair : le Christ et l’Église » (Ep 5,31). Le peuple chrétien est né de ces noces, sur lesquelles est descendu l’Esprit du Seigneur. Ces semailles venues du ciel se sont aussitôt répandues dans la substance de nos âmes et s’y sont mélangées. Nous nous développons alors dans les entrailles de notre Mère et, en grandissant dans son sein, nous recevons la vie dans le Christ. C’est ce qui a fait dire à l’apôtre Paul : « Le premier Adam avait reçu la vie ; le dernier Adam est un être spirituel qui donne la vie » (1Co 15,45).

C’est ainsi que le Christ engendre des enfants dans l’Église par ses prêtres, comme le dit le même apôtre : « Dans le Christ, je vous ai engendrés » (1Co 4,15). Et c’est ainsi par l’Esprit de Dieu, le Christ fait naître l’homme nouveau formé dans le sein de sa Mère et mis au monde dans la fontaine baptismale, par les mains du prêtre, avec la foi pour témoin… Il faut donc croire que nous pouvons naître… et que c’est le Christ qui nous donne la vie. L’apôtre Jean le dit : « Tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12).

Saint Pacien de Barcelone (?-v. 390), évêque
Homélie sur le baptême ; PL 13, 1092 (trad. bréviaire rev. ; cf SC 410, p.159)

 

 

 

Donner du fruit en Celui qui en a donné à la plénitude du temps

vendredi 6 mars 2015

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« Mon bien-aimé est une grappe de raisin de Chypre, dans la vigne d’En-Gaddi » (Ct 1,14)… Cette grappe divine se couvre de fleurs avant la Passion et verse son vin dans la Passion… Sur la vigne, la grappe ne montre pas toujours la même forme, elle change avec le temps : elle fleurit, elle gonfle, elle est achevée, puis, parfaitement mûre, elle va se transformer en vin. La vigne promet donc par son fruit : il n’est pas encore mûr et à point pour donner du vin, mais il attend la plénitude des temps. Toutefois, il n’est pas absolument incapable de nous réjouir. En effet, avant le goût, il charme l’odorat, dans l’attente des biens futurs, et il séduit les sens de l’âme par les parfums de l’espérance. Car l’assurance ferme de la grâce espérée devient jouissance déjà pour ceux qui attendent avec constance. Il en est ainsi du raisin de Chypre qui promet du vin avant de le devenir : par sa fleur — sa fleur c’est l’espérance — il nous donne l’assurance de la grâce future…

Celui dont la volonté est en harmonie avec celle du Seigneur, parce qu’ « il la médite jour et nuit », devient « un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt » (Ps 1,1-3). C’est pourquoi la vigne de l’Époux, qui a pris racine dans la terre fertile de Gaddi, c’est-à-dire dans le fond de l’âme, qui est arrosée et enrichie par les enseignements divins, produit cette grappe fleurissante et épanouie dans laquelle elle peut contempler son propre jardinier et son vigneron. Bienheureuse cette terre cultivée dont la fleur reproduit la beauté de l’Epoux ! Puisque celui-ci est la lumière véritable, la vraie vie et la vraie justice…et bien d’autres vertus encore, si quelqu’un, par ses œuvres, devient pareil à l’Époux, lorsqu’il regarde la grappe de sa propre conscience, il y voit l’Epoux lui-même, car il reflète la lumière de la vérité dans une vie lumineuse et sans tache. C’est pourquoi cette vigne féconde dit : « Ma grappe fleurit et bourgeonne » (cf Ct 7,13). L’Epoux est en personne cette vraie grappe qui se montre attachée au bois, dont le sang devient une boisson de salut pour ceux qui exultent dans leur salut.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395), moine et évêque
3ème homélie sur le Cantique des Cantiques (trad. cf. Delhougne, p. 176 et Canevet, Cerf 1992, p. 33)

 

 

 

« L’Époux est avec eux. »

lundi 19 janvier 2015

Adam et Eve

« Regardez, voici l’Époux qui vient ; sortez à sa rencontre » (Mt 25,6)… Cet Époux, c’est le Christ, et l’épouse c’est la nature humaine, créée par Dieu « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,26). Au commencement Dieu l’avait placée dans le lieu le plus digne, le plus beau, le plus riche et le plus fertile de la terre, c’est-à-dire le Paradis. Dieu lui avait soumis toutes les créatures, il l’avait parée de grâce, et lui avait donné un commandement de sorte que, en l’observant, elle soit assurée à jamais de l’union stable et fidèle avec son Époux, libre de toute peine, de toute souffrance et de toute faute.

Mais alors le malin est venu, l’ennemi infernal, rempli de jalousie envers l’épouse ; il  a pris l’apparence d’un serpent rusé et a trompé la femme, et ensemble ils ont trompé l’homme et ainsi toute la nature humaine. De cette manière, par ses faux conseils, l’ennemi a ravi la nature humaine, l’épouse de Dieu, et elle a été exilée en une terre étrangère, pauvre et misérable, captive et opprimée…

Mais, lorsque Dieu a vu que le temps était venu et quand les souffrances de sa bien-aimée l’avaient rempli de pitié, il a envoyé son Fils unique sur la terre…, dans le sein de la Vierge Marie. Là le Fils a épousé sa fiancée, notre nature, en l’unissant à sa personne.

Bienheureux Jan van Ruusbroec (1293-1381), chanoine régulier
Les Noces spirituelles, prologue (trad. cf Orval et Louf, Bellefontaine 1993, p. 30)

 

 

« Venez au repas de noce ! »

jeudi 21 août 2014

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« Appelez ceux qui sont invités à la noce, tout est prêt. » Mais les invités s’excusent : « l’un s’en alla à son champ, l’autre à son commerce »… Cet affairement étonnant et cette agitation continuelle qui remuent le monde, on ne les voit malheureusement que trop dans le monde entier. Ce qu’on a de vêtements, de nourriture, de constructions et de beaucoup de choses est tellement prodigieux que la tête vous en tourne : la moitié suffirait amplement. Cette vie ne devrait être qu’un passage vers l’éternité… De toutes nos forces nous devons nous arracher à cette exubérance d’activité et de multiplicité, à tout ce qui n’est pas besoin absolu, et nous recueillir en nous-mêmes, nous attacher à notre vocation, considérer où, comment, et de quelle manière le Seigneur nous a appelés, l’un à la contemplation intérieure, l’autre à l’action, et un troisième…au repos intérieur, dans le calme silence des ténèbres divines, dans l’unité de l’esprit.

Même ces derniers, Dieu les appelle parfois à l’action extérieure, parfois à l’intérieure, selon son bon plaisir, mais l’homme n’est pas attentif à son appel… Si l’homme appelé intérieurement au silence noble et calme voulait à cause de cela s’abstenir continuellement de toute œuvre de charité, ce ne serait pas bien ; et malheureusement, aujourd’hui très rares sont ceux qui veulent faire des œuvres de charité extraordinaires… L’Évangile raconte que le maître a trouvé un de ses hôtes assis au festin sans le vêtement de noce… Le vêtement qui manquait à ce convive, c’est la pure, vraie, et divine charité, cette intention véritable de chercher Dieu qui exclut tout amour de soi et tout ce qui est étranger à Dieu, qui ne veut que Dieu… À ceux qui se cherchent eux-mêmes notre Seigneur dit : « Ami, comment es-tu venu ici sans l’habit de la vraie charité ? » Ils ont recherché les dons de Dieu plutôt que Dieu lui-même.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 74, en l’honneur de sainte Cordula (trad. Cerf 1991, p. 603 rev.)