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Archive pour le mot-clef ‘loi’

« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant. »

lundi 19 juin 2023

« Si quelqu’un observe toute la Loi mais s’il est en faute sur un seul point, le voilà en infraction par rapport à l’ensemble de la Loi » (Jc 2,10). Quel est cet unique précepte, sinon le vrai amour, la charité parfaite ? C’est d’elle que l’apôtre Paul a dit aussi : « Une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Ga 5,14). (…)

Car la vraie charité est patiente dans l’adversité et modérée dans la prospérité. Elle est forte dans les souffrances pénibles, joyeuse dans les bonnes œuvres, parfaitement en sûreté dans la tentation. Elle est très douce entre vrais frères, très patiente parmi les faux. Elle est innocente au milieu des embûches ; elle gémit au milieu des malfaisances ; elle respire dans la vérité. Elle est chaste en Suzanne mariée, en Anne veuve, en Marie vierge (Dn 13,1s; Lc 2,36). Elle est humble dans l’obéissance de Pierre et libre dans l’argumentation de Paul. Elle est humaine dans le témoignage des chrétiens, divine dans le pardon du Christ. Car la vraie charité, frères très chers, est l’âme de toutes les Écritures, la force de la prophétie, la charpente de la connaissance, le fruit de la foi, la richesse des pauvres, la vie des mourants. Gardez-la donc fidèlement ; chérissez-la de tout votre cœur et de toute la force de votre esprit (cf Mc 12,30).

Saint Césaire d’Arles (470-543)

 

 

 

Le Christ, accomplissement de la Loi et des prophètes

mercredi 14 juin 2023

Quand je lis l’Évangile et que j’y vois des témoignages tirés de la Loi ou des prophètes, je ne considère que le Christ. Je n’ai vu Moïse, je n’ai vu les prophètes, qu’avec l’intention de comprendre ce qu’ils disent du Christ. Car enfin quand j’arrive à la splendeur du Christ et que j’aperçois en quelque sorte la lumière resplendissante du soleil éclatant, je ne peux pas voir la lumière d’une lampe. Si on allume une lampe en plein jour, peut-elle éclairer ? Quand le soleil se lève, la lumière de la lampe est invisible. De même, quand le Christ est présent, la Loi et les prophètes disparaissent totalement. Je ne critique pas la Loi et les prophètes ; au contraire, je les loue car ils annoncent le Christ. Mais quand je lis la Loi et les prophètes, mon but n’est pas de m’en tenir à la Loi et aux prophètes, mais, par la Loi et les prophètes, de parvenir jusqu’au Christ.

Saint Jérôme (347-420)

 

 

 

« Pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout. » (Jn 19,28)

mercredi 15 mars 2023

« Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir » (…) En ce temps-là, en effet, le Seigneur a exercé son pouvoir pour accomplir en sa personne tous les mystères que la Loi annonçait à son sujet. Car dans sa Passion, il a mené à terme toutes les prophéties. Lorsqu’on lui a offert, selon la prophétie du bienheureux David (Ps 68,22), une éponge imbibée de vinaigre pour calmer sa soif, il l’a accepté en disant : « Tout est accompli ». Puis, inclinant la tête, il a remis l’esprit (Jn 19,30).

Il a non seulement réalisé personnellement tout ce qu’il a dit, mais il nous a encore confié ses commandements, afin que nous les mettions en pratique. Alors que les anciens n’avaient pas pu observer les commandements les plus élémentaires de la Loi (Ac 15,10), il nous a prescrit de garder les plus difficiles, par le moyen de la grâce et de la puissance qui viennent de la croix.

Epiphane de Bénévent (5e – 6e siècle)

 

 

 

La Loi enracinée dans nos cœurs

dimanche 12 février 2023

Il y a des préceptes naturels de la Loi qui donnent déjà la justice ; même avant le don de la Loi à Moïse des hommes observaient ces préceptes, et ils étaient justifiés par leur foi et plaisaient à Dieu. Ces préceptes-là, le Seigneur ne les a pas abolis, mais étendus et accomplis. C’est ce que prouvent ces paroles : « Il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. » Et encore : « Il a été dit : Tu ne tueras pas. Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sans motif en répondra au tribunal » (Mt 5,21s). (…) Et ainsi de suite. Tous ces préceptes n’impliquent ni la contradiction ni l’abolition des précédents, mais leur accomplissement et leur extension. Comme le Seigneur le dit lui-même : « Si votre justice ne dépasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20).

En quoi consistait-il, ce dépassement ? D’abord, à croire non plus seulement au Père, mais aussi à son Fils dorénavant manifesté, car c’est lui qui mène l’homme à la communion et à l’union avec Dieu. Ensuite, à ne pas dire seulement, mais à faire — car « ils disaient et ne faisaient pas » (Mt 23,3) — et à se garder non seulement des actes mauvais, mais même de leur désir. En enseignant cela, il ne contredisait pas la Loi, mais il accomplissait la Loi et enracinait en nous les prescriptions de la Loi. (…) Prescrire de s’abstenir non seulement des actes défendus par la Loi, mais même de leur désir, n’est pas le fait de quelqu’un qui contredit et abolit la Loi ; c’est le fait de celui qui l’accomplit et l’étend.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

Le trésor caché dans le champ des Écritures

mercredi 28 juillet 2021

C’est le Christ qui était présent à tous ceux à qui, depuis le commencement, Dieu communiquait sa Parole, son Verbe. Et si quelqu’un lit l’Écriture dans cette perspective, il y trouvera une expression concernant le Christ, et une préfiguration de l’appel nouveau. Car c’est lui, « le trésor caché dans le champ », c’est à dire dans le monde (Mt 13,38). Trésor caché dans les Écritures, car il était signifié par des symboles et des paraboles, qui, humainement parlant, ne pouvaient pas être comprises avant l’accomplissement des prophéties, c’est-à-dire avant la venue du Seigneur. C’est pourquoi il a été dit au prophète Daniel : « Cache ces paroles et scelle ce livre jusqu’au temps de l’accomplissement » (12,4)… Jérémie aussi dit : « Aux derniers jours, ils comprendront ces choses » (23,20)…
Lue par les chrétiens, la Loi est un trésor caché autrefois dans un champ, mais que la croix du Christ révèle et explique… : elle manifeste la sagesse de Dieu, elle fait connaître ses desseins en vue du salut de l’homme, elle préfigure le Royaume du Christ, elle annonce par avance la Bonne Nouvelle de l’héritage de la Jérusalem sainte, elle prédit que l’homme qui aime Dieu progressera jusqu’à le voir et entendre sa parole, et qu’il sera glorifié par cette parole…

C’est de cette manière que le Seigneur a expliqué les Écritures à ses disciples après sa résurrection, leur prouvant par elles « qu’il fallait que le Christ souffre et entre dans sa gloire » (Lc 24,26). Si donc quelqu’un lit les Écritures de cette manière, il sera un disciple parfait, « pareil au maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (Mt 13,52).

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les Hérésies, IV, 26 ; SC 100 (trad. SC p. 711s rev.)

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« Je ne suis pas venu abolir mais accomplir la Loi et les Prophètes. »

mercredi 9 juin 2021

Voulez-vous savoir comment, loin de détruire la Loi et les prophètes, Jésus Christ vient plutôt les confirmer et les compléter ? Quant aux prophètes, d’abord c’est en confirmant par ses œuvres ce qu’ils avaient annoncé. De là cette expression qui revient constamment chez St Matthieu : « Afin que cette parole du prophète soit accomplie »…

Pour la Loi, il l’a accomplie de trois manières. Premièrement, en n’omettant aucune des prescriptions légales. Il déclare à Jean Baptiste : « C’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3,15) ; aux juifs, il disait : « Quel est celui d’entre vous qui me convaincra de péché ? » (Jn 8 46)…

Il l’accomplit en second lieu, parce qu’il a voulu s’y soumettre pour notre salut. Ô prodige ! En s’y soumettant, il nous a communiqué la grâce de l’accomplir à notre tour. St Paul nous l’enseigne en ces termes : « La fin de la Loi, c’est le Christ pour la justice de tous ceux qui croient » (Rm 10,4). Il dit aussi que le Sauveur a condamné le péché dans la chair « pour que la justification de la Loi se réalise en nous qui ne marchons pas selon la chair » (Rm 8,4). Il dit aussi : « Est-ce que nous détruisons la Loi par la foi ? A Dieu ne plaise ! Nous confirmons plutôt la Loi » (Rm 3,31). En effet, la Loi tendait à rendre l’homme juste, mais elle n’en avait pas la force ; le Christ est venu alors, lui la fin de la Loi, et il nous a montré le chemin qui conduit à la justice, c’est à dire la foi. Ainsi, il a rempli les intentions de la Loi. La lettre de la Loi ne pouvait pas justifier le pécheur ; la foi en Jésus Christ le justifiera. Voilà pourquoi il peut dire : « Je ne suis pas venu détruire la Loi ».

En y regardant de plus près, on aperçoit un troisième mode d’accomplissement. Quel est ce mode ? Il consiste dans les préceptes même que le Christ devait donner ; loin de renverser ceux de Moïse, ils en sont la juste conséquence et le complément naturel.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Moi, je vous dis ! » : l’accomplissement de la Loi

samedi 13 juin 2020

La grâce restait voilée dans l’Ancien Testament, mais elle a été révélée dans l’Évangile du Christ quand les temps prévus par Dieu pour la révélation de sa bonté sont arrivés. (…) En rapprochant ces deux époques, nous remarquons une différence profonde. Au pied du Sinaï, le peuple, saisi de frayeur, n’osait pas s’approcher du lieu où le Seigneur donnait sa Loi ; tandis que dans la chambre haute, le Saint-Esprit est descendu sur ceux qui se tenaient assemblés en attendant l’accomplissement de la promesse. Là, le doigt de Dieu a travaillé sur des tables de pierre ; ici, dans le cœur des hommes. (…)

« L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour. » Cet amour de charité n’a pas été écrit sur des tables de pierre, mais « il a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » Donc, la loi de Dieu, c’est la charité. « Le désir de la chair ne se soumet pas à la loi de Dieu ; elle n’en est même pas capable » ; pour réprimer ce désir de la chair, les œuvres de la charité ont été écrites sur des tables de pierre, c’était la loi des œuvres, « la lettre qui tue » ceux qui font le mal. Mais lorsque la charité est répandue dans le cœur des croyants, voilà la loi de la foi et « l’Esprit qui donne la vie » à ceux qui aiment.

Voyez comme la différence entre ces deux lois s’accorde parfaitement avec ces paroles de l’apôtre Paul : « De toute évidence, vous êtes une lettre du Christ, remise à nos soins, écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas sur des tables de pierre, mais dans des cœurs de chair ». (…) Et tout cela se trouve confirmé admirablement par le prophète Jérémie : « Voici venir des jours où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une Alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères (…). Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai dans leur cœur. »

Saint Augustin

(Références bibliques : Mt 5,17; Ex 19; Ac 2; Lc 11,20; Ex 31,18; Rm 13,10; 5,5; 8,17; 2Co 3,6.5; Jr 31,31)

 

 

 

 

« Je suis venu non pas abolir mais accomplir la Loi. »

mercredi 10 juin 2020

Le sacrifice de l’agneau pascal, les rites de la Pâque (Ex 12) et la lettre de la Loi ont abouti au Christ Jésus, en vue de qui tout est arrivé dans la Loi ancienne, et encore davantage dans l’ordre nouveau. Car la Loi est devenue le Verbe : d’ancienne, elle est devenue nouvelle (…), les commandements ont été transformés en grâce, la préfiguration en vérité, l’agneau est devenu fils, la brebis est devenue homme et l’homme est devenu Dieu. (…)

Le Seigneur, qui était Dieu, a revêtu notre humanité, a souffert pour celui qui souffrait, a été enchaîné pour celui qui était captif, a été jugé pour le coupable, a été enseveli pour celui qui était enseveli. Il est ressuscité des morts et a déclaré à haute voix : « Qui disputera contre moi ? Qu’il se présente en face de moi » (Is 50,8). C’est moi qui ai délivré le condamné ; c’est moi qui ai rendu la vie au mort ; c’est moi qui ai ressuscité l’enseveli. « Qui ose me contredire ? » C’est moi le Christ, dit-il ; moi qui ai détruit la mort, qui ai triomphé de l’adversaire, qui ai lié l’ennemi puissant et qui ai emporté l’homme vers les hauteurs des cieux. C’est moi le Christ.

Venez donc, toutes les familles des hommes, pétries de péchés, et recevez le pardon des péchés. Car c’est moi qui suis votre pardon, moi la Pâque du salut, moi l’agneau immolé pour vous, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. C’est moi qui vous emmène vers les hauteurs des cieux, c’est moi qui vous ressusciterai, c’est moi qui vous ferai voir le Père qui existe de toute éternité, c’est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante

Méliton de Sardes (?-v. 195)

 

 

 

« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. »

dimanche 16 février 2020

De tout temps et en toute nation, Dieu tient pour agréable quiconque le craint et pratique la justice (Ac 10,35).Cependant il a plu à Dieu de sanctifier et de sauver les hommes non pas individuellement, hors de tout lien mutuel, mais de les constituer en un peuple qui le connaîtrait dans la vérité et le servirait dans la sainteté. Il a donc choisi le peuple d’Israël pour être son peuple, avec qui il a fait une alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant lui-même et manifestant son dessein dans l’histoire de ce peuple et en le sanctifiant pour qu’il soit à lui.

Tout cela cependant est arrivé pour préparer et préfigurer l’Alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et la révélation plus complète qui serait apportée par le Verbe de Dieu lui-même fait chair. « Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle… Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus grand, dit le Seigneur » (Jr 31,31s). Le Christ a institué ce pacte nouveau, la Nouvelle Alliance dans son sang (1Co 11,25), appelant la multitude des hommes parmi les juifs et parmi les païens pour former un tout, non selon la chair mais dans l’Esprit, et constituer le nouveau peuple de Dieu (…) : « race choisie, sacerdoce royal, nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu » (1P 2,9). (…)

De même que l’Israël selon la chair cheminant dans le désert reçoit déjà le nom d’Église de Dieu (2Esd 13,1; Nb 20,4; Dt 23,1s), de même le nouvel Israël qui s’avance dans l’ère présente en quête de la cité future, celle qui est permanente (He 13,14), est aussi appelé l’Église du Christ (Mt 16,18). C’est le Christ, en effet, qui l’a acquise par son sang (Ac 20,28), l’a remplie de son Esprit et l’a pourvue des moyens appropriés pour son unité visible et sociale.

Concile Vatican II

 

 

 

 

« Tous les prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu’à Jean. »

samedi 14 décembre 2019

arbre

Jusqu’à Jean Baptiste la Loi et les prophètes comportaient des préfigurations qui avaient pour but d’annoncer l’avenir. Mais les sacrements de la nouvelle Loi, ceux de notre temps, attestent la venue de ce que les anciens proclamaient à venir. Et Jean a été, de tous les précurseurs du Christ, le messager qui l’annonce de plus près.

Car tous les justes et tous les prophètes des siècles antérieurs avaient désiré voir l’accomplissement de ce qu’ils discernaient déjà dans cet avenir dont l’Esprit Saint leur soulevait le voile. Le Seigneur Jésus le dit en personne : « Bien des justes et bien des prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu » (Mt 13,17). C’est pourquoi il a été dit de Jean Baptiste qu’il était « plus que prophète » et qu’« aucun des enfants des femmes ne l’a surpassé » (Mt 11,9-11).

En effet, les justes des premiers temps avaient eu seulement la faveur d’annoncer le Christ ; Jean Baptiste, lui, a eu la grâce de l’annoncer encore absent et de le voir enfin présent. Il a vu à découvert celui que les autres ont désiré voir. C’est pourquoi le signe de son baptême appartient encore à l’annonce du Christ qui vient, mais à l’extrême limite de l’attente. Jusqu’à lui, il y avait eu des prédictions du premier avènement du Seigneur ; maintenant, après Jean, cet avènement du Christ, on ne le prédit plus, on le proclame.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Traité anti-donatiste « Contre les lettres de Petilianus » livre 2, §87 (trad. Bibliothèque augustinienne,  DDB 1986, vol. 30, p. 341)