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Archive pour février 2021

« Jésus sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. »

dimanche 7 février 2021

À quoi bon nous disperser de tous côtés et chercher ce que nous devons demander dans la prière ? Disons plutôt avec le psaume : « La seule chose que je demande au Seigneur, celle que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour savourer la douceur du Seigneur et fréquenter son temple » (Ps 26,4). Là, en effet, « tous les jours » ne passent pas en arrivant et en disparaissant, et l’un ne commence pas quand l’autre finit ; ils existent tous ensemble, ils n’ont pas de fin, car la vie elle-même, dont ils sont les jours, n’a pas de fin.

Pour nous faire obtenir cette vie bienheureuse, celui qui est en personne la Vie véritable nous a enseigné à prier. Non pas avec un flot de paroles comme si nous devions être exaucés du fait de notre bavardage ; en effet, comme dit le Seigneur lui-même, nous prions celui qui sait, avant que nous le lui demandions, ce qui nous est nécessaire (Mt 6,8). (…)

Il sait ce qui nous est nécessaire avant que nous le lui demandions ? Alors, pourquoi nous exhorte-t-il à la prière continuelle ? (Lc 18,1) Cela pourrait nous étonner, mais nous devons comprendre que Dieu notre Seigneur ne veut pas être informé de notre désir, qu’il ne peut ignorer. Mais il veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à nous donner. Car cela est très grand, tandis que nous sommes petits et de pauvre capacité ! C’est pourquoi on nous dit : « Ouvrez tout grand votre cœur » (2Co 6,13). (…) Certes, c’est quelque chose de très grand (…). Nous serons d’autant plus capables de le recevoir que nous y croyons avec plus de foi, nous l’espérons avec plus d’assurance, nous le désirons avec plus d’ardeur. C’est donc dans la foi, l’espérance et l’amour, par la continuité du désir, que nous prions toujours.

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Il fut saisi de pitié envers eux. »

samedi 6 février 2021

N’appelle pas Dieu juste. Car ce n’est pas dans ce que tu fais qu’est connue sa justice. Si David le nomme juste et droit (Ps 32,5), son Fils nous a révélé qu’Il est bien plutôt bon et doux : « Il est bon pour les méchants et les impies » (Lc 6,35). (…) Où est la justice de Dieu ? En ce que nous étions pécheurs, et que le Christ est mort pour nous ? (Cf. Rm 5,8) Si Dieu se montre compatissant ici bas, croyons qu’Il ne change pas.

Loin de nous d’avoir jamais cette pensée inique, et de dire que Dieu ne compatit pas. L’être propre de Dieu ne change pas comme changent les êtres qui meurent. (…) Rien ne manque ni ne s’ajoute à ce qu’Il a comme il advient aux créatures. Mais ce que Dieu a depuis le commencement, Il l’aura toujours, pour l’éternité. (…) Comme le dit le bienheureux Cyrille dans son commentaire de la Genèse, vénère Dieu par amour, et non à cause de ce dur nom de justice qu’on a mis sur lui. Aime-le comme on devrait l’aimer : non pour la récompense qu’Il te donnera, mais pour ce que nous avons reçu, pour ce monde qu’Il a créé afin de nous l’offrir. Qui pourrait lui rendre quoi que ce soit en retour de ce qu’Il a fait pour nous ? Parmi nos œuvres, qu’est-ce que nous pourrions lui rendre ? Au commencement, qui l’a persuadé de nous créer ? Et qui le prie pour nous, quand nous manquons de reconnaissance ? Ô l’admirable compassion de Dieu ! Ô la merveille de la grâce de Dieu notre créateur ! (…) Qui peut dire sa gloire ?

Isaac le Syrien (7e siècle)

 

 

Jean Baptiste, témoin de la foi

vendredi 5 février 2021

Je veux proposer de nouveau à tous, afin qu’il ne soit jamais oublié, le grand signe d’espérance constitué par les nombreux témoins de la foi chrétienne qui ont vécu au [vingtième] siècle, à l’Est comme à l’Ouest. Ils ont su vivre l’Évangile dans des situations d’hostilité et de persécution, souvent jusqu’à l’épreuve finale de l’effusion du sang.

Ces témoins, en particulier ceux qui ont affronté l’épreuve du martyre, sont un signe éloquent et grandiose, qu’il nous est demandé de contempler et d’imiter. Ils attestent à nos yeux la vitalité de l’Église ; ils nous apparaissent comme une lumière pour l’Église et pour l’humanité, car ils ont fait resplendir dans les ténèbres la lumière du Christ. Appartenant à diverses confessions chrétiennes, ils resplendissent de ce fait comme un signe d’espérance pour le cheminement œcuménique, dans la certitude que leur sang est aussi une sève d’unité pour l’Église.

Plus radicalement encore, ils nous disent que le martyre est l’incarnation suprême de l’Évangile de l’espérance. En effet, les martyrs annoncent cet Évangile et en témoignent par leur vie jusqu’à l’effusion du sang, car ils sont certains de ne pas pouvoir vivre sans le Christ et ils sont prêts à mourir pour lui, dans la conviction que Jésus est le Seigneur et le Sauveur des hommes et qu’en lui seulement l’homme peut donc trouver la véritable plénitude de la vie. De cette façon, selon l’avertissement de l’apôtre Pierre, ils se montrent « prêts à rendre compte de l’espérance qui est en eux » (1P 3,15). En outre, les martyrs célèbrent l’Évangile de l’espérance car l’offrande de leur vie est la manifestation la plus grande et la plus radicale de ce « sacrifice vivant, saint et accepté par Dieu, qui constitue le véritable culte spirituel » (Rm 12,1), origine, âme et sommet de toute célébration chrétienne. Enfin, ils servent l’Évangile de l’espérance parce que, par leur martyre, ils expriment au plus haut degré l’amour et le service de l’homme, en ce qu’ils démontrent que l’obéissance à la loi évangélique engendre une vie morale et une convivialité qui honorent et promeuvent la dignité et la liberté de chaque personne.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« Je crois en l’Église (…) apostolique. »

jeudi 4 février 2021

Par qui nous vient la foi qui découle des Écritures ? Par qui, par quel intermédiaire, quand et à qui la doctrine qui nous fait chrétiens nous est-elle parvenue ? (…) Le Christ Jésus notre Seigneur (…) a déclaré lui-même pendant son séjour sur la terre qui il était, ce qu’il avait été, quelles étaient les volontés de son Père dont il était chargé, quels devoirs il prescrivait aux hommes. Jésus a déclaré tout cela en public, devant le peuple, ou bien dans des entretiens privés avec ses disciples, parmi lesquels il en avait choisi douze pour vivre avec lui et ensuite pour enseigner les nations (Mc 3,14). L’un d’eux ayant été destitué, il a ordonné aux onze autres, au moment de retourner vers son Père, d’aller enseigner les nations et de les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Mt 28,19). Les apôtres — ce terme signifie « envoyés » — (…) ont tous reçu la force promise de l’Esprit Saint qui leur a donné le don des miracles et des langues.

Ils ont établi la foi en Jésus Christ d’abord en Judée et ils y ont institué des églises, puis ils sont partis à travers le monde et ont annoncé aux nations la même doctrine et la même foi. Dans chaque ville ils ont fondé des églises, et dès ce moment, toutes les autres églises ont pris d’elles la bouture de la foi et la semence de la doctrine et continuent jour après jour à s’en alimenter pour devenir elles-mêmes des églises. C’est pourquoi elles sont regardées comme apostoliques, en tant que rejetons des églises fondées par les apôtres. (…) Si nombreuses et si grandes qu’elles soient à présent, ces églises ne sont que cette primitive Église des apôtres dont toutes procèdent. Elles sont toutes primitives, toutes apostoliques, puisque toutes sont une.

Tertullien (v. 155-v. 220)

 

 

« Il s’étonna de leur manque de foi. »

mercredi 3 février 2021

Le Père a envoyé le Verbe pour le manifester au monde. Ce Verbe fut méprisé par ses proches, mais à la prédication des apôtres, les nations païennes ont cru en lui. Il était dès le commencement (Jn 1,1), mais il s’est manifesté dans la nouveauté et ses disciples ont reconnu en lui l’ancienneté. Il renaît toujours nouveau dans le cœur des saints ; il est proclamé Fils dans un éternel aujourd’hui (Ps 2,7).

Par lui, l’Église s’enrichit d’une grâce qui s’épanouit et s’accroît dans les saints : elle leur confère l’intelligence spirituelle, leur dévoile les mystères sacrés et leur fait comprendre les signes des temps. L’Église est dans la joie à cause des croyants ; elle s’offre à tous ceux qui la recherchent en respectant les engagements de la foi et les jalons posés par les Pères. Désormais, la crainte de la Loi inspire des chants de louange, la grâce annoncée par les prophètes est reconnue, la foi dans l’Évangile est affermie, la tradition des apôtres demeure intacte et la grâce de l’Église la fait danser de joie.

Si tu ne contristes pas cette grâce, tu connaîtras les secrets que le Verbe communique par qui il veut et quand il lui plaît. (…) Si vous vous approchez et prêtez une oreille attentive, vous saurez tout ce que Dieu accorde à ceux qui l’aiment véritablement. Ils deviennent un jardin de délices ; en eux va grandir un arbre fécond, à la sève vigoureuse, ils seront comblés des fruits les plus riches. C’est là le terrain véritable où ont été plantés l’arbre de la connaissance et l’arbre de la vie (Gn 2,9). (…) Que ton cœur donc soit tout entier connaissance, et que le Verbe de vérité devienne ta vie. Si cet arbre pousse en toi et si tu désires ardemment son fruit, tu récolteras toujours les meilleurs dons de Dieu.

La Lettre à Diognète (v. 200)

 

 

Présentation du Seigneur au Temple, fête

mardi 2 février 2021

« Une femme toucha la frange du vêtement de Jésus et elle fut guérie. » (Mt 9,20) Si cette femme, à toucher l’extrémité de son vêtement, en retira tant d’avantages, que penser de Syméon qui « reçut l’enfant dans ses bras », et, le tenant dans ses bras, s’abandonnait à la joie, voyant qu’il portait l’enfant venu pour libérer les captifs (Lc 4,18), et que lui-même allait être délivré des liens du corps ? Il savait que personne ne pouvait faire sortir quelqu’un de la prison du corps avec l’espoir de la vie future sinon celui qu’il tenait dans ses bras. Et c’est à lui qu’il s’adresse : « C’est maintenant, Seigneur, que tu laisses ton serviteur s’en aller en paix. Car aussi longtemps que je ne tenais pas le Christ, aussi longtemps que je ne le pressais pas dans mes bras, j’étais emprisonné et ne pouvais pas sortir de mes liens ».

Ces mots, d’ailleurs, ce n’est pas seulement de Syméon, mais de tout le genre humain qu’il faut les entendre. Si quelqu’un quitte le monde, si quelqu’un est libéré de la prison et de la demeure des captifs pour obtenir la royauté, qu’il prenne Jésus dans ses mains et l’entoure de ses bras, qu’il le tienne tout entier sur son cœur, et alors, bondissant de joie, il pourra se rendre où il désire.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« Esprit mauvais, sors de cet homme ! »

lundi 1 février 2021

Le fait du pouvoir du mal dans le cœur humain et dans l’histoire humaine est indéniable. La question est : comment ce mal s’explique-t-il ? (…) La foi nous dit : il existe deux mystères de lumière et un mystère de nuit, lequel est toutefois enveloppé par les mystères de lumière. Le premier mystère de lumière est celui-ci : la foi nous dit qu’il n’y a pas deux principes, un bon et un mauvais, mais un seul principe, le Dieu créateur, et ce principe est bon, seulement bon, sans ombre de mal. C’est pourquoi l’être non plus n’est pas un mélange de bien et de mal : l’être comme tel est bon, et donc il est bon d’être, il est bon de vivre. Telle est l’heureuse annonce de la foi : il n’y a qu’une source, bonne, le Créateur. (…)

S’ensuit un mystère d’obscurité, de nuit. Le mal ne vient pas de la source de l’être lui-même, il n’est pas également originel. Le mal vient d’une liberté créée, d’une liberté dont on a abusé. Comment cela a-t-il été possible ? Comment est-ce arrivé ? Cela demeure obscur. Le mal n’est pas logique. Seul Dieu et le bien sont logiques, sont lumière. Le mal demeure mystérieux. (…) Nous pouvons deviner, pas expliquer ; nous ne pouvons pas même le raconter comme un fait détaché d’un autre, parce qu’il s’agit d’une réalité plus profonde. Cela demeure un mystère d’obscurité, de nuit.

Mais un mystère de lumière vient immédiatement s’y ajouter. Le mal vient d’une source subordonnée. Dieu avec sa lumière est plus fort. Et c’est pourquoi le mal peut-être surmonté. C’est pourquoi, la créature, l’homme, peut être guéri. (…) Et enfin, dernier point, l’homme non seulement peut être guéri, mais il est guéri de fait. Dieu a introduit la guérison. Il est entré en personne dans l’histoire. À la source constante du mal il a opposé une source de bien pur. Le Christ crucifié et ressuscité, nouvel Adam, oppose au fleuve sale du mal un fleuve de lumière. Et ce fleuve est présent dans l’histoire : nous voyons les saints, les grands saints mais aussi les humbles saints, les simples fidèles. Nous voyons que le fleuve de lumière qui vient du Christ est présent, il est fort.

Benoît XVI