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Archive pour mars 2017

Amour de Dieu, amour du prochain

vendredi 24 mars 2017

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L’apôtre Paul écrit : « Le but de cette injonction, c’est l’amour qui vient d’un cœur pur, d’une conscience droite et d’une foi sincère » (1 Tm 1,5)… Quoi de plus doux, frères très chers, que l’amour, que la charité ? Que ceux qui ne le connaissent pas « goûtent et voient ». Qu’est-ce qu’il faut goûter pour savourer la douceur de la charité ? « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux » (Ps 33,9), car « Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui » (1Jn 4,16)…

Si tu possèdes la charité, tu possèdes Dieu, et si tu possèdes Dieu, que te manque-t-il ? Que possède le riche s’il n’a pas l’amour ? Que manque-t-il au pauvre s’il possède l’amour ? Peut-être penses-tu que celui dont le coffre est plein d’or est riche ?… Tu as tort, car c’est celui en qui Dieu daigne habiter qui est vraiment riche. Que pourras-tu ignorer des Écritures si la charité, c’est-à-dire Dieu, a commencé à te posséder ? Quelle bonne œuvre ne pourras-tu pas accomplir si tu es digne de porter en ton cœur la source de toutes les bonnes œuvres ? Quel adversaire craindras-tu si tu mérites d’avoir Dieu en toi comme roi ?

Gardez donc et conservez, frères bien-aimés, le lien doux et salutaire de la charité (cf Col 3,14). Mais avant tout, gardez le vrai amour -– non pas celui que l’on promet en paroles et que l’on n’observe pas dans son cœur (1Jn 3,18), mais celui qui s’exprime en paroles parce qu’il demeure toujours en notre cœur… Car la racine de tous les biens, c’est la charité, comme aussi « la racine de tous les maux c’est l’amour de l’argent » (1Tm 6,10).

Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermon 22 ; SC 243 (trad. cf SC p. 33)

 

 

 

« Le règne de Dieu est survenu pour vous. »

jeudi 23 mars 2017

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Jésus accompagne ses paroles par de nombreux « miracles, prodiges et signes » (Ac 2,22) qui manifestent que le Royaume est présent en lui. Ils attestent que Jésus est le Messie annoncé. Les signes accomplis par Jésus témoignent que le Père l’a envoyé. Ils invitent à croire en lui. À ceux qui s’adressent à lui avec foi, il accorde ce qu’ils demandent. Alors les miracles fortifient la foi en Celui qui fait les œuvres de son Père : ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu. Mais ils peuvent aussi être « occasion de chute » (Mt 11,6). Ils ne veulent pas satisfaire la curiosité et les désirs magiques. Malgré ses miracles si évidents, Jésus est rejeté par certains ; on l’accuse même d’agir par les démons.

En libérant certains hommes des maux terrestres de la faim, de l’injustice, de la maladie et de la mort, Jésus a posé des signes messianiques ; il n’est cependant pas venu pour abolir tous les maux ici-bas, mais pour libérer les hommes de l’esclavage le plus grave, celui du péché, qui les entrave dans leur vocation de fils de Dieu et cause tous leurs asservissements humains.

La venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan : « Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous » (Mt 12,28). Les exorcismes de Jésus libèrent des hommes de l’emprise des démons. Ils anticipent la grande victoire de Jésus sur « le prince de ce monde » (Jn 12,31). C’est par la croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement établi : « Dieu a régné du haut du bois. »

Catéchisme de l’Église catholique
§ 547 – 550

 

 

 

« Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir. »

mercredi 22 mars 2017

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Dieu, notre Créateur et notre Rédempteur, s’est choisi Israël comme son peuple et lui a révélé sa Loi, préparant ainsi la venue du Christ… La Loi ancienne est le premier état de la loi révélée. Ses prescriptions morales sont résumées dans les dix commandements, qui posent les fondements de la vocation de l’homme, façonné à l’image de Dieu ; ils interdisent ce qui est contraire à l’amour de Dieu et du prochain, et prescrivent ce qui lui est essentiel. Le décalogue est une lumière offerte à la conscience de tout homme pour lui manifester l’appel et les voies de Dieu, et le protéger contre le mal : « Dieu a écrit sur les tables de la Loi ce que les hommes ne lisaient pas dans leurs cœurs » (S. Augustin).

Selon la tradition chrétienne, la Loi sainte, spirituelle et bonne (Rm 7,12s) est encore imparfaite. Comme un pédagogue (Ga 3,24) elle montre ce qu’il faut faire, mais ne donne pas de soi la force, la grâce de l’Esprit pour l’accomplir. À cause du péché qu’elle ne peut enlever, elle reste une loi de servitude… Elle est une préparation à l’Évangile.

La Loi nouvelle ou Loi évangélique est la perfection ici-bas de la loi divine, naturelle et révélée. Elle est l’œuvre du Christ et s’exprime particulièrement dans le Sermon sur la Montagne. Elle est aussi l’œuvre de l’Esprit Saint et, par lui, elle devient la loi intérieure de la charité : « Je conclurai avec la maison d’Israël une alliance nouvelle… Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les graverai dans leur cœur, et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (He 8,8-10).

La Loi nouvelle est la grâce du Saint-Esprit donnée aux fidèles par la foi au Christ… Elle « accomplit », affine, dépasse et mène à sa perfection la Loi ancienne. Dans les Béatitudes (Mt 5,3s), elle accomplit les promesses divines en les élevant et les ordonnant au « Royaume des cieux ». Elle s’adresse à ceux qui sont disposés à accueillir avec foi cette espérance nouvelle : les pauvres, les humbles, les affligés, les cœurs purs, les persécutés à cause du Christ, traçant ainsi les voies surprenantes du Royaume.

Catéchisme de l’Église catholique
§ 1961-1967

 

 

Jeûne et prières

mardi 21 mars 2017

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Dans l’Évangile de Matthieu chapitre 6, 1-6, Jésus donne des conseils sur l’aumône, la prière et le jeûne. (…) Jésus ne donne pas vraiment de conseils pratiques. (…) Ces questions sont importantes. C’est cependant à chacun d’y répondre, en fonction de sa situation personnelle, de ses possibilités, des différentes circonstances de la vie. Les conseils de Jésus atteignent un niveau plus profond. Ses conseils sont valables pour tout le monde, quelle que soit la manière dont nous faisons l’aumône, prions ou jeûnons.
Dieu regarde avant tout ce qu’il y a dans notre cœur car c’est de là que procède ce que nous faisons, et là se trouve, en quelque sorte, le centre de notre personne. Ainsi les conseils de Jésus se situent à ce niveau-là, au niveau du cœur, c’est-à-dire de l’esprit avec lequel nous pratiquons l’aumône, la prière et le jeûne. En réalité, si nous y prêtons bien attention, ses conseils peuvent se résumer en une seule chose : ce que tu fais, fais-le devant Dieu et pour Dieu.
Le risque est grand, en effet, de transformer l’aumône, la prière et le jeûne en des moyens d’autosatisfaction. Jésus nous invite à aller plus loin, et faire du jeûne une véritable offrande spirituelle, un moyen pour ouvrir plus grand notre cœur à Dieu et aux autres. Au bout du compte, Jésus nous invite à chercher la plus grande récompense. Il nous invite à découvrir la beauté de l’union à Dieu et la joie de la charité désintéressée. À vivre le Carême avant tout à l’intérieur du cœur.

Extrait de la méditation de carême par Père Jean-Marie Fornerod, LC
catholique.org 01/03/2017

 

 

 

Solennité de Saint Joseph, époux de la Vierge Marie, patron de l’Église universelle

lundi 20 mars 2017

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1. Nous célébrons aujourd’hui la solennité de Saint Joseph, époux de Marie (Mt 1, 24; Lc 1, 27). La liturgie nous l’indique comme le « père » de Jésus (Lc 2, 27.33.41.43.48), prêt à réaliser les desseins divins, même lorsque ceux-ci échappent à la compréhension humaine. A travers lui, « fils de David » (Mt 1, 20; Lc 1, 27), les Écritures se sont accomplies et le Verbe Eternel s’est fait homme, par l’œuvre de l’Esprit Saint, dans le sein de la Vierge Marie. Saint Joseph est défini dans l’Évangile comme un « homme juste » (Mt 1, 19), et il est pour tous les croyants un modèle de vie dans la foi.

2. Le mot « juste » évoque sa rectitude morale, son attachement sincère à la pratique de la loi et l’attitude de totale ouverture à la volonté du Père céleste. Même dans les moments difficiles et parfois dramatiques, l’humble charpentier de Nazareth ne s’arroge jamais le droit de mettre en discussion le projet de Dieu. Il attend l’appel d’En-Haut et, en silence, il respecte le mystère, se laissant guider par le Seigneur. Une fois sa tâche reçue, il l’exécute avec une responsabilité docile: il écoute l’ange avec attention lorsqu’il s’agit de prendre la Vierge de Nazareth comme épouse (cf. Mt 1, 18-25), lors de la fuite en Égypte (cf. Mt 2, 13-15) et du retour en Israël (cf. Ibid. 2, 19-23). Les évangélistes le décrivent en quelques lignes, mais de façon significative, comme le gardien plein de sollicitude de Jésus, époux attentif et fidèle, qui exerce l’autorité familiale dans une attitude constante de service. Les Écritures Saintes ne nous racontent rien d’autre à son propos, mais dans ce silence est contenu le style même de sa mission: une existence vécue dans la grisaille de la vie quotidienne, mais avec une foi assurée dans la Providence.

3. Chaque jour, saint Joseph dut subvenir aux besoins de sa famille par le dur travail manuel. C’est pourquoi l’Église l’indique à juste titre comme le patron des travailleurs.
La solennité d’aujourd’hui constitue donc une occasion propice pour réfléchir également sur l’importance du travail dans l’existence de l’homme, dans la famille et dans la communauté.
L’homme est le sujet et le protagoniste du travail et, à la lumière de cette vérité, on peut bien percevoir le lien fondamental existant entre personne, travail et société. L’activité humaine – rappelle le Concile Vatican II – dérive de l’homme et a l’homme pour objectif. Selon le dessein et la volonté de Dieu, elle doit servir au bien véritable de l’humanité et permettre « à l’homme en tant qu’individu ou membre de la société de cultiver et de réaliser sa vocation intégrale » (Gaudium et spes; n. 35).
Pour mener à bien cette tâche, il est nécessaire de cultiver une « spiritualité éprouvée du travail humain » ancrée, par de solides racines, à « l’Évangile du travail » et les croyants sont appelés à proclamer et à témoigner la signification chrétienne du travail dans leurs diverses activités professionnelles (cf. Laborem exercens, n. 26).

4. Que saint Joseph, un saint si grand et si humble, soit un exemple auquel les travailleurs chrétiens s’inspirent, en l’invoquant en toute circonstance. Je voudrais aujourd’hui confier au sage gardien de la sainte Famille de Nazareth les jeunes qui se préparent à leur future profession, les chômeurs et ceux qui souffrent du fait des difficultés liées à la crise du chômage, les familles et le monde du travail tout entier avec les attentes et les défis, les problèmes et les perspectives qui le caractérisent.
Que saint Joseph, patron universel de l’Église, veille sur toute la communauté ecclésiale et, en tant qu’homme de paix qu’il était, obtienne pour toute l’humanité, en particulier pour les peuples menacées en ces heures par la guerre, le précieux don de la concorde et de la paix.

 

Audience Générale de saint Jean-Paul II
Mercredi 19 mars 2003

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

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Troisième dimanche de Carême

dimanche 19 mars 2017

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Jésus fatigué par la route s’assit sur la margelle du puits ; c’était environ la sixième heure. Là commencent les mystères ; ce n’est pas sans raison que Jésus est fatigué, lui la Force de Dieu… C’est pour toi que Jésus s’est fatigué en chemin. Nous trouvons Jésus, qui est la force même ; nous trouvons Jésus qui est faible ; Jésus fort et faible. Fort parce que « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu »… Veux-tu voir la force de Dieu ? « Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait » (Jn 1,1-2), et il a tout fait sans peine. Qui de plus fort que celui qui a fait tout l’univers sans effort ? Veux-tu connaître sa faiblesse ? « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1,14).

La force du Christ t’a créé ; la faiblesse du Christ t’a recréé. La force du Christ a donné l’existence à ce qui n’était pas ; la faiblesse du Christ a fait que ce qui était ne périsse pas. Il nous a créés par sa force, il nous a recherchés par sa faiblesse. C’est par sa faiblesse qu’il nourrit ceux qui sont faibles, comme la poule nourrit ses petits : « Combien de fois, dit-il à Jérusalem, ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu ? » (Lc 13,34)…

Telle est l’image de la faiblesse de Jésus fatigué de la route. Sa route c’est la chair qu’il a prise pour nous. Quel autre chemin prendrait-il, celui qui est partout, qui est partout présent ? Où va-t-il et d’où vient-il, sinon habiter parmi nous et pour cela il a pris chair ? En effet, il a daigné venir à nous pour se manifester dans la forme de serviteur, et le chemin qu’il a choisi, c’est de prendre notre chair. C’est pourquoi « la fatigue du chemin » n’est rien d’autre que la faiblesse de la chair. Jésus est faible dans sa chair, mais toi, ne te laisse pas aller à la faiblesse. Toi, sois fort dans sa faiblesse à lui. Parce que « ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1Co 1,25). La faiblesse du Christ est notre force.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°15, 6-7 (trad. AELF rev.)

 

 

 

« Ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père. »

samedi 18 mars 2017

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Par où commencer à pleurer les œuvres de ma vie ?
Quels seront les premiers accents de ce chant de deuil ?
Accorde-moi, ô Christ, dans ta miséricorde, le pardon de mes péchés…

Tel le potier pétrissant l’argile,
tu m’as donné, mon Créateur, chair et os, souffle et vie.
Seigneur qui m’as créé, mon juge et mon Sauveur,
aujourd’hui ramène-moi vers toi.

Ô mon Sauveur, devant toi je confesse mes fautes.
Je suis tombé sous les coups de l’Ennemi,
Voici les plaies dont mes pensées meurtrières,
comme des brigands, ont meurtri mon âme et mon corps (Lc 10,30s).

J’ai péché, Sauveur, mais je sais que tu aimes l’homme.
C’est ta tendresse qui nous châtie
et ta miséricorde est ardente.
Tu me vois pleurer et tu viens à moi
comme le Père accueille le fils prodigue.

Dès ma jeunesse, ô mon Sauveur, j’ai méprisé tes commandements.
J’ai passé ma vie dans les passions et l’inconscience.
Je crie vers toi : avant que vienne la mort,
sauve-moi…

Dans le vide j’ai dissipé le patrimoine de mon âme.
Je n’ai pas les fruits de la ferveur, et j’ai faim.
Je crie : Père, plein de tendresse, viens à moi,
prends moi dans ta miséricorde.

Celui que les voleurs ont assailli (Lc 10,30s),
c’est moi au milieu de l’égarement de mes pensées.
Elles me frappent, elles me blessent.
Mais penche-toi sur moi, Christ Sauveur, et guéris-moi.

Le prêtre me vit et se détourna.
Le lévite me vit, nu et souffrant, mais passa outre.
Mais toi, Jésus né de Marie,
Tu t’arrêtes et tu me secours…

Je me jette à tes pieds, Jésus,
j’ai péché contre ton amour.
Décharge-moi de ce fardeau trop lourd
et dans ta miséricorde, accueille-moi.

N’entre pas eu jugement avec moi,
ne dévoile pas mes actions,
ne scrute pas motifs et désirs.
Mais dans ta compassion, ô Tout Puissant,
ferme les yeux sur mes fautes et sauve-moi.

Voici le temps du repentir. Je viens à toi.
Décharge-moi du lourd fardeau de mes péchés
et, dans ta tendresse, donne-moi les larmes du repentir.

Saint André de Crète (660-740), moine et évêque
Grand canon de la liturgie orthodoxe pour le carême, 1ère ode (trad. Clément, DDB 1982, p. 111s)

 

 

 

 

Le mystère de la vigne de Dieu

vendredi 17 mars 2017

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Frères, si dans la vigne du Seigneur nous voyons l’Église, ce n’est pas une mince prérogative de l’Église que d’avoir étendu ses limites sur toute la terre…

J’entends par là cette foule des premiers croyants dont il est dit « qu’ils n’étaient tous ensemble qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4,32)… Car la persécution ne l’a pas si brutalement déracinée quelle n’ait pu être replantée ailleurs et louée à d’autres vignerons, qui, la saison venue, lui ont fait porter des fruits. Elle n’a pas péri, elle a changé de sol ; mieux, elle y a gagné en force ainsi qu’en étendue, comme la vigne bénie du Seigneur. Frères, levez donc les yeux, et vous verrez « que son ombre a couvert les collines, que ses pampres sont des cèdres de Dieu, qu’elle a étendu ses sarments jusqu’à la mer et ses rejetons jusqu’au fleuve » (Ps 79,11-12).

Ce n’est pas surprenant : elle est l’édifice de Dieu, le champ de Dieu (1Co 3,9). C’est lui qui la féconde, qui la propage, la taille et l’émonde, afin qu’elle produise davantage. Il ne va pas laisser sans soins une vigne que sa main droite a plantée (Ps 79,16) ; il ne va pas abandonner une vigne dont les pampres sont les apôtres, dont le cep est Jésus Christ, et dont lui, le Père, est le vigneron (Jn 15,1-5). Plantée dans la foi, elle plonge ses racines dans la charité ; labourée par l’obéissance, fertilisée des larmes du repentir, arrosée par la parole des prédicateurs, elle regorge d’un vin qui inspire la joie et non l’inconduite, vin de toute douceur, qui réjouit vraiment le cœur de l’homme (Ps 103,15)… Fille de Sion, console-toi en contemplant ce grand mystère ; ne pleure pas ! Ouvre ton cœur pour accueillir toutes les nations de la terre !

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 30 sur le Cantique des Cantiques (trad. Beguin, Seuil 1953, p. 362 rev.)

 

 

 

Lecture du jour

jeudi 16 mars 2017

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Livre de Jérémie 17,5-10.

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Ainsi parle le Seigneur : Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur.
Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable.
Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance.
Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit.
Rien n’est plus faux que le cœur de l’homme, il est incurable. Qui peut le connaître ?
Moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses actes.

 

 

 

La vraie richesse et la vraie pauvreté

jeudi 16 mars 2017

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Quand je dis que Dieu n’incline pas son oreille vers le riche, n’allez pas en déduire, mes frères, que Dieu n’exauce pas ceux qui possèdent or et argent, domestiques et domaines. S’ils sont nés dans cet état et occupent ce rang dans la société, qu’ils se souviennent de cette parole de l’apôtre Paul : « Recommande aux riches de ce monde de ne pas céder à l’orgueil » (1Tm 6,17). Ceux qui ne cèdent pas à l’orgueil sont pauvres devant Dieu, qui incline son oreille vers les pauvres et les nécessiteux (Ps 85,1). Ils savent, en effet, que leur espérance n’est pas dans l’or ou l’argent ni dans ces choses dont on les voit regorger pour un temps. Il suffit que les richesses ne causent pas leur perte et que, si elles ne peuvent rien pour leur salut, elles n’y soient du moins pas un obstacle… Quand donc un homme méprise tout ce qui sert d’aliment à son orgueil, il est un pauvre de Dieu ; et Dieu incline vers lui son oreille, car il sait le tourment de son cœur.

Sans doute, frères, ce pauvre Lazare couvert d’ulcères, qui gisait à la porte du riche, a été porté par les anges dans le sein d’Abraham ; voilà ce que nous lisons et croyons. Quant au riche qui était vêtu de pourpre et de lin fin et festoyait splendidement chaque jour, il a été précipité dans les tourments de l’enfer. Est-ce vraiment le mérite de son indigence qui a valu au pauvre d’être emporté par les anges ? Et le riche a-t-il été livré aux tourments par la faute de son opulence ? Il faut le reconnaître : en ce pauvre c’est l’humilité qui a été honorée, et ce qui a été puni dans le riche, c’est l’orgueil.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Les Discours sur les psaumes, Ps 85, 3 ; CCL 39, 1178 (trad. Orval)