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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

« Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

dimanche 16 mars 2014

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Jésus Christ a beaucoup parlé à ses disciples de ses souffrances, de sa Passion et de sa mort, et il leur a prédit les maux qu’ils endureraient eux-mêmes et la mort violente qu’on leur ferait souffrir un jour (Mt 16,21-26). C’est pourquoi, après leur avoir dit des choses si dures et si difficiles, il essaie de les consoler en évoquant les récompenses qu’il donnera quand il viendra dans la gloire de son Père (v. 27)… Par avance, autant qu’ils en étaient capables en cette vie, il veut leur montrer cette grande majesté dans laquelle il devait venir et prévenir ainsi le trouble et la douleur que ses apôtres, et particulièrement saint Pierre, pouvaient ressentir devant sa mort…

« Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean. » Pourquoi ne prend-il que ces trois apôtres ? Sans doute parce qu’ils dépassaient les autres. Saint Pierre, à cause de sa ferveur, son amour ; saint Jean, parce qu’il était le disciple que Jésus aimait (Jn 13,23) ; et saint Jacques, parce qu’il avait dit avec son frère : « Nous pouvons boire ton calice » (Mt 20,22), et parce qu’il a tenu sa parole par la suite (Ac 12,2)…

Pourquoi Jésus fait-il apparaître Moïse et Elie ?… On l’accusait sans cesse de violer la Loi et de blasphémer, s’appropriant une gloire qui ne lui appartenait pas, la gloire du Père… Voulant montrer donc qu’il ne violait pas la Loi et qu’il ne s’attribuait pas une gloire qui ne lui appartenait pas, Jésus invoque l’autorité des deux témoins les plus irréprochables : Moïse, qui avait donné la Loi…, et Elie, qui avait brûlé d’un zèle ardent pour la gloire et le service de Dieu (1R 19,10)… Il voulait aussi enseigner qu’il était le maître de la vie et de la mort, en faisant venir un homme qui était mort et un autre qui avait été transporté vivant par un char de feu (2R 2,11). Et il voulait révéler à ses disciples la gloire de sa croix, consoler Pierre et ses compagnons, effrayés par sa Passion, relever leur courage. Car Moïse et Elie parlaient avec lui de la gloire qu’il devait recevoir à Jérusalem (Lc 9,31), c’est-à-dire qu’ils parlaient de sa Passion, de sa croix, que les prophètes ont toujours appelée sa gloire.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n° 56 ; PG 58, 549

 

 

 

 

Livre du Deutéronome 26,16-19.

samedi 15 mars 2014

QUIZ_Livres-en-M_4304oïse disait au peuple d’Israël :  » Aujourd’hui, le Seigneur ton Dieu te commande de mettre en pratique ces commandements et ces décrets. Tu les garderas et observeras de tout ton cœur et de toute ton âme.
Aujourd’hui, tu as obtenu du Seigneur cette déclaration : qu’il sera ton Dieu, et que tu suivras ses chemins, que tu garderas ses commandements, ses ordres et ses décrets, et que tu écouteras sa voix.
Aujourd’hui, le Seigneur a obtenu de toi cette déclaration : que tu seras son peuple particulier, comme il te l’a promis, et que tu devras garder tous ses commandements.
Il te donnera prestige, renommée et gloire, plus qu’à toutes les nations qu’il a faites, et tu seras un peuple consacré au Seigneur ton Dieu, comme il te l’a promis.

 

 

 

 

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère. »

vendredi 14 mars 2014

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Il y a une miséricorde dans le ciel à laquelle on parvient par la miséricorde sur cette terre… Et il y a deux sortes d’aumône : l’une bonne, l’autre meilleure. L’une qui consiste à offrir un morceau de pain aux pauvres ; l’autre à pardonner aussitôt à ton frère qui a péché contre toi. Avec l’aide du Seigneur, empressons-nous de pratiquer ces deux sortes d’aumône pour pouvoir recevoir le pardon éternel et la vraie miséricorde du Christ. Car lui-même, il a dit : « Si vous pardonnez, votre Père vous pardonnera aussi vos péchés ; si vous ne pardonnez pas, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos péchés » (Mt 6,14s). Et l’Esprit Saint s’écrie ailleurs : « L’homme garde sa colère envers l’homme et il cherche auprès de Dieu un remède ? Il n’a pas de miséricorde pour un homme, son semblable, et il demande à Dieu miséricorde ? » (cf Si 28,3s)…

Hâtons-nous, autant que nous le pouvons et tant que nous vivons, d’avoir ces deux sortes d’aumône et de les distribuer aux autres. Ainsi au jour du jugement nous pourrons dire en toute assurance : « Donne, Seigneur, parce que nous avons donné. »

Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermons au peuple, n°25 ; SC 243 (trad. SC p. 77 rev.)

 

 

 

 

 

« Quel est le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes ? » (Is 58,6)

mercredi 12 mars 2014

jonasLes Ninivites ont jeûné d’un jeûne pur lorsque Jonas leur a prêché la conversion… Voici ce qui est écrit : « Dieu vit qu’ils se détournaient de leurs mauvais chemins ; alors il détourna d’eux l’ardeur de sa colère » (Jon 3,10). On ne dit pas : « Il vit une abstinence de pain et d’eau, avec sac et cendre », mais : « qu’ils revenaient de leurs mauvais chemins et de la méchanceté de leurs œuvres. » Car le roi de Ninive avait parlé et dit : « Que chacun se détourne de sa mauvaise conduite et de la rapacité de ses mains » (v. 8). C’était un jeûne pur, et il a été accepté…

Car, mon ami, quand on jeûne, c’est toujours l’abstinence de méchanceté qui est la meilleure. Elle est meilleure que l’abstinence de pain et d’eau, meilleure que « s’humilier soi-même, courber le cou comme un crochet et se couvrir de sac et de cendre », comme le dit  Isaïe (58,5). En effet, quand l’homme s’abstient de pain, d’eau ou de quelque nourriture que ce soit, quand il se couvre de sac et de cendre et qu’il s’afflige, il est aimé, beau aux yeux de Dieu et accueilli. Mais ce que Dieu agrée le plus, c’est de « …délier les chaînes injustes et de couper les liens de la tromperie » (v. 6). Pour cet homme alors « sa lumière se diffusera comme le soleil, et sa justice marchera devant lui. Il sera comme un verger surabondant, comme une source dont les eaux ne tarissent pas » (v. 8-11). Il ne ressemble pas aux hypocrites « qui se composent un visage défait et prennent un air sombre » pour faire connaître leur jeûne (Mt 6,16).

Aphraate (?-v. 345), moine et évêque près de Mossoul
Les Exposés, n°3 « Du jeûne » ;  SC 349 (trad. SC p. 277 rev.)

 

 

 

« Que ton nom soit sanctifié. »

mardi 11 mars 2014

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Nous devons nous rappeler, frères bien-aimés, lorsque nous appelons Dieu notre Père, que nous devons nous comporter en enfants de Dieu… Nous devons être comme les temples de Dieu (1Co 3,16), pour que les hommes puissent voir que Dieu habite en nous ; nos actes ne doivent pas être indignes de l’Esprit… L’apôtre Paul a déclaré dans sa lettre : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps » (1Co 6,19).

Nous prions : « Que ton nom soit sanctifié. » Ce n’est pas parce que nous souhaitons que Dieu soit sanctifié par nos prières, mais parce que nous demandons au Seigneur que son nom soit sanctifié en nous. Par qui Dieu pourrait-il être sanctifié, puisque c’est lui qui sanctifie ? Il a dit lui-même : « Soyez saints parce que je suis saint » (Lv 20,26). C’est pourquoi nous demandons instamment, puisque nous avons été sanctifiés par le baptême, de persévérer dans ce que nous avons commencé d’être. Et nous prions pour cela chaque jour.

Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
La Prière du Seigneur, 11-12 (trad. cf bréviaire 11e mar. rev.)

 

 

 

 

« De même que tous sont devenus pécheurs parce qu’un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu’un seul homme a obéi. » (Rm 5,19)

dimanche 9 mars 2014

En examinant le déroulement de la tentation du Seigneur, nous pourrons comprendre avec quelle ampleur nous avons été délivrés de la tentation. L’ennemi des origines s’est dressé contre le premier homme, notre ancêtre, par trois tentations : il l’a tenté par la gourmandise, la vaine gloire et l’avarice… C’est par la gourmandise qu’il lui a montré le fruit défendu de l’arbre et l’a persuadé de le manger. Il l’a tenté par la vaine gloire en disant : « Vous serez comme des dieux » (Gn 3,5). Et c’est en y ajoutant l’avarice qu’il l’a tenté en disant : « Vous connaîtrez le bien et le mal. » En effet, l’avarice n’a pas seulement pour objet l’argent, mais aussi les honneurs…

Mais quand il a tenté le second Adam (1Co 15,47), les mêmes moyens qui lui avaient servi à terrasser le premier homme ont vaincu le diable. Il le tente par la gourmandise en lui demandant : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » ; il le tente par la vaine gloire en lui disant : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » ; il le tente par le désir avide des honneurs lorsqu’il lui montre tous les royaumes du monde en déclarant : « Tout cela, je te le donnerai si, tombant à mes pieds, tu m’adores »… Ayant ainsi fait prisonnier le diable, le second Adam l’expulse de nos cœurs par le même accès qui lui avait permis d’y entrer et de les tenir en son pouvoir.

Il y a autre chose que nous devons considérer dans la tentation du Seigneur… : il pouvait précipiter son tentateur dans l’abîme, mais il n’a pas manifesté son pouvoir personnel ; il s’est limité à répondre au diable par des préceptes de la Sainte Écriture. Il l’a fait pour nous donner l’exemple de sa patience, et nous inviter ainsi à recourir à l’enseignement plutôt qu’à la vengeance… Voyez quelle est la patience de Dieu, et quelle est notre impatience ! Nous sommes emportés de fureur dès que l’injustice ou l’offense nous atteignent… ; le Seigneur, lui, a endure l’hostilité du diable, et il ne lui a répondu qu’avec des paroles de douceur.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur l’Evangile, n°16 (trad. Le Barroux rev.)

 

 

« Je suis venu appeler…les pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

samedi 8 mars 2014

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Dieu m’a montré un seigneur assis solennellement dans la paix et le repos ; avec douceur il a envoyé son serviteur accomplir sa volonté. Le serviteur a couru en grande hâte, par amour ; mais voilà qu’il est tombé dans un ravin et s’est blessé gravement… Dans ce serviteur, Dieu m’a montré le mal et l’aveuglement provoqués par la chute d’Adam ; et dans ce même serviteur la sagesse et la bonté du Fils de Dieu. Dans le seigneur, Dieu m’a montré sa compassion et sa pitié pour le malheur d’Adam, et dans ce même seigneur la haute noblesse et la gloire infinie à laquelle l’humanité est élevée par la Passion et la mort du Fils de Dieu. C’est pourquoi notre Seigneur se réjouit beaucoup de sa propre chute [dans ce monde et dans sa Passion], à cause de l’exaltation et de la plénitude de bonheur auxquelles parvient le genre humain, surpassant certainement celui que nous aurions eu si Adam n’était pas tombé…

Ainsi nous avons une raison de nous affliger, car notre péché est la cause des souffrances du Christ, et nous avons constamment une raison de nous réjouir, car c’est son amour infini qui l’a fait souffrir… S’il arrive que par aveuglement et faiblesse nous tombions, alors relevons-nous promptement, sous le doux toucher de la grâce. De toute notre volonté corrigeons-nous en suivant l’enseignement de la sainte Église, selon la gravité du péché. Avançons vers Dieu dans l’amour ; ne nous laissons jamais aller au désespoir, mais ne soyons pas trop téméraires, comme si cela n’avait pas d’importance. Reconnaissons franchement notre faiblesse, sachant que, à moins que la grâce ne nous garde, nous ne tiendrons pas le temps d’un clin d’œil…

Il est légitime que notre Seigneur désire que nous nous accusions et que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, notre chute et tout le mal qui s’ensuit, conscients que nous ne pourrons jamais les réparer. Il veut en même temps que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, l’amour éternel qu’il a pour nous et l’abondance de sa miséricorde. Voir et connaître l’un et l’autre ensemble par sa grâce, voilà l’humble confession que notre Seigneur attend de nous et qui est son œuvre dans notre âme.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 51-52

 

 

 

 

« Alors ils jeûneront. »

vendredi 7 mars 2014

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« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur avait répondu : « Les invités à la noce peuvent-ils être en deuil tant que l’époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’époux leur aura été enlevé : c’est alors qu’ils jeûneront. » Le temps du carême, en effet, nous rappelle que l’époux nous a été enlevé. Il a été enlevé, arrêté, emprisonné, souffleté, flagellé, couronné d’épines, crucifié. Le jeûne du carême est l’expression de notre solidarité avec le Christ… « Mon amour a été crucifié, et la flamme du désir pour les choses matérielles est éteinte en moi », écrivait saint Ignace, évêque d’Antioche [au tournant des 1er et 2e siècles]…

La nourriture et la boisson sont indispensables à l’homme pour vivre. Il s’en sert et il doit s’en servir, mais il ne lui est pas permis d’en abuser d’une façon ou d’une autre. L’abstention traditionnelle de nourriture et de boisson a non seulement pour but de donner à la vie de l’homme l’équilibre qui lui est nécessaire, mais aussi de le détacher de ce que l’on pourrait appeler « la mentalité de consommation ». Cette mentalité est devenue aujourd’hui une des caractéristiques de la civilisation et, en particulier, de la civilisation occidentale… L’homme orienté vers les biens matériels…en abuse bien souvent.

Il ne s’agit pas ici que de nourriture et de boisson. Lorsque l’homme est orienté exclusivement vers la possession et l’usage des biens matériels, c’est-à-dire vers les choses, c’est alors toute la civilisation qui est mesurée selon la quantité et la qualité des choses qu’elle peut fournir à l’homme, et non selon l’homme, à la mesure de l’homme. Cette civilisation, en effet, fournit les biens matériels non seulement pour qu’ils servent à l’homme, à ses activités créatrices et utiles mais, et toujours plus, pour satisfaire et exciter ses sens, pour le plaisir d’un instant, pour des sensations de plus en plus multiples, [par exemple, par] les médias audiovisuels… L’homme d’aujourd’hui doit donc jeûner c’est-à-dire s’abstenir non seulement de nourriture et de boisson, mais de beaucoup d’autres moyens de consommation, de stimulations et de satisfactions des sens.

Bienheureux Jean-Paul II (1920-2005), pape
Audience générale du 21/03/1979 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

Marcher à sa suite

jeudi 6 mars 2014

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Le « moment favorable » (2Co 6,2) et de grâce du carême nous montre sa signification spirituelle à travers l’antique formule : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière », que le prêtre prononce lorsqu’il impose un peu de cendres sur notre tête. Nous sommes ainsi renvoyés aux débuts de l’histoire humaine, quand le Seigneur a dit à Adam, après la faute des origines : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (Gn 3,19 ; 2,7)…

L’homme est poussière et il retournera à la poussière, mais il est une poussière précieuse aux yeux de Dieu, parce que Dieu a créé l’homme en le destinant à l’immortalité. Ainsi, cette formule liturgique…trouve la plénitude de son sens en référence au nouvel Adam, le Christ (1Co 15,45). Le Seigneur Jésus lui aussi a librement voulu partager avec chaque homme le sort de la fragilité, en particulier à travers sa mort sur la croix ; mais cette mort précisément, pleine de son amour pour le Père et pour l’humanité, a été le chemin de la résurrection glorieuse, à travers laquelle le Christ est devenu la source d’une grâce donnée à tous ceux qui croient en lui et participent à la vie divine elle-même.

Cette vie qui n’aura pas de fin est déjà en acte dans la phase terrestre de notre existence, mais elle sera portée à son accomplissement après la résurrection de la chair. Le petit geste de l’imposition des cendres nous révèle donc la richesse de sa signification : c’est une invitation à parcourir le temps du carême comme une immersion plus consciente et plus intense dans le mystère pascal du Christ, dans sa mort et sa résurrection, à travers la participation à l’eucharistie et à la vie de charité. Nous renouvelons notre engagement à suivre Jésus, à nous laisser transformer par son mystère pascal, pour l’emporter sur le mal et faire le bien, pour faire mourir notre « vieil homme » lié au péché et faire naître l’« homme nouveau » (Ep 4,22s) transformé par la grâce de Dieu.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 17/02/2010 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

 

Tout quitter pour le suivre

mardi 4 mars 2014

pauvresLes richesses, qu’elles soient matérielles ou spirituelles, peuvent nous asphyxier si on n’en a pas un juste usage. Car Dieu lui-même ne peut rien placer dans un cœur déjà plein à craquer. Un jour ou l’autre, inévitablement, il en ressort un appétit d’argent et une avidité de tout ce que l’argent peut procurer — la recherche du superflu, du luxe pour ce qui est de se nourrir, se vêtir ou s’amuser. Les besoins vont alors croissant, une chose appelant l’autre. Mais au terme on trouve un sentiment incontrôlable d’insatisfaction. Demeurons aussi vides que possible afin que Dieu puisse nous remplir.

Notre Seigneur en est un vivant exemple : dès le premier jour de son existence humaine, il a connu une pauvreté dont aucun être humain ne fera jamais l’expérience car, « étant riche, il se rendit lui-même pauvre » (2Co 8,9). Le Christ s’est vidé lui-même de toute sa richesse. C’est là que surgit la contradiction : si je veux être pauvre comme le Christ qui est devenu pauvre alors qu’il était riche, que dois-je faire ? Ce serait une honte pour nous d’être plus riches que Jésus qui à cause de nous a enduré la pauvreté.

Sur la croix, le Christ a été privé de tout. La croix elle-même lui avait été donnée par Pilate ; les clous et la couronne, par les soldats. Il était nu. Quand il est mort, on l’a dépouillé de la croix, on lui a retiré les clous et la couronne. Il a été enveloppé dans un morceau de toile, donné par une âme charitable, et il a été enterré dans un tombeau qui ne lui appartenait pas. Et cela, alors que Jésus aurait pu mourir comme un roi ou même s’épargner la mort. Mais il a choisi la pauvreté car il savait que c’est le vrai moyen de posséder Dieu et d’apporter son amour sur la terre.

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love, p. 95 (trad. Il n’y a pas de plus grand amour, Lattès 1997, p. 102 rev.)