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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

« Pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. »

jeudi 22 mai 2014

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L’Évangile, où resplendit la croix glorieuse du Christ, invite avec insistance à la joie. Quelques exemples suffisent : « Réjouis-toi » est le salut de l’ange à Marie. La visite de Marie à Élisabeth fait en sorte que Jean tressaille de joie dans le sein de sa mère. Dans son cantique, Marie proclame : « Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. » Quand Jésus commence son ministère, Jean s’exclame : « Telle est ma joie, et elle est complète. » Jésus lui-même « tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint. » Son message est source de joie : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. » Notre joie chrétienne jaillit de la source de son cœur débordant. Il promet aux disciples : « Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie. » Et il insiste : « Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera. » Par la suite les disciples, le voyant ressuscité, « furent remplis de joie »… Pourquoi ne pas entrer nous aussi dans ce fleuve de joie ?…

Cependant, je reconnais que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout. Je comprends les personnes qui deviennent tristes à cause des graves difficultés qu’elles doivent supporter. Cependant peu à peu, il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis : « Mon âme est exclue de la paix, j’ai oublié le bonheur !… Voici ce que je rappellerai à mon cœur pour reprendre espoir : les bontés du Seigneur ne sont pas finies, ni sa compassion épuisée ; elles se renouvellent chaque matin, sa fidélité est grande… Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur. »

Pape François
Exhortation apostolique « La Joie de l’Evangile / Evangelii Gaudium » § 5-6 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)
(Références bibliques : Lc 1,28 (grec); 1,41; 1,47; Jn 3,29; Lc 10,21; Jn 15,11; 16,20; 16,22; 20,20; Lm 3,17-26)

 

« Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. »

mercredi 21 mai 2014

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Quand l’homme noble sent en lui une inclination à posséder Dieu ou la grâce ou quoi que ce soit, il doit penser très peu au réconfort personnel que cela lui vaudra… Ceux qui rapportent complètement à Dieu ses dons corporels et spirituels, voilà les seuls qui deviennent capables et dignes de recevoir, en tout temps, plus de grâces encore… Mes enfants, il en est de ces hommes comme du bois de la vigne. Extérieurement il est noir, sec et de bien peu de valeur. À celui qui ne le connaîtrait pas, il semblerait n’être bon qu’à être jeté au feu et brûlé. Mais au dedans, au cœur de ce cep, sont cachées les veines pleines de vie et la grande force qui produit le fruit le plus précieux et le plus doux que bois et arbre aient jamais porté.

Ainsi en est-il de ces gens, les plus aimables de tous, qui sont fixés en Dieu. À l’extérieur, en apparence, ils sont comme des gens qui dépérissent, ils ressemblent au bois noir et sec, car ils sont humbles et petits au dehors. Ce ne sont pas des gens à grandes phrases, à grandes œuvres et à grandes pratiques ; ils sont sans apparence et, à leur propre avis, ils ne brillent en rien. Mais celui qui connaîtrait la veine pleine de vie qui est dans leur fond où ils renoncent à ce qu’ils sont par leur nature propre, où Dieu est leur partage et leur soutien, quel bonheur cette connaissance lui procurerait !

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 7, Pour le dimanche de la Septuagésime (trad. Cerf 1991, p. 51 rev.)

 

 

 

 

« C’est ma paix que je vous donne »

mardi 20 mai 2014

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Il revient à tout croyant d’être, dans le monde d’aujourd’hui, une étincelle lumineuse, un foyer d’amour et un ferment pour toute la masse (Mt 5,14; 13,33). Chacun le sera dans la mesure de son union à Dieu. La paix ne pourra pas régner entre les hommes si elle ne règne d’abord en chacun d’eux, si chacun n’observe en lui-même l’ordre voulu par Dieu… Il s’agit, en fait, d’une entreprise trop sublime et trop élevée pour que sa réalisation soit au pouvoir de l’homme laissé à ses seules forces, même s’il était animé de la bonne volonté la plus louable. Pour que la société humaine donne avec la plus parfaite fidélité l’image du Royaume de Dieu, le secours d’en haut est absolument nécessaire…

Par sa Passion et par sa mort, le Christ a vaincu le péché, source première de toutes les discordes, détresses et inégalités… « C’est lui qui est notre paix… Il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin, et paix pour ceux qui étaient proches » (Ep 2,14s). Et c’est ce même message que nous fait entendre la liturgie de ces saints jours de Pâques : « Jésus, notre Seigneur ressuscité, se tint au milieu de ses disciples et leur dit : La paix soit avec vous, alléluia. Et les disciples, ayant vu le Seigneur, furent remplis de joie » (cf Jn 20,19s). Le Christ nous a apporté la paix, nous a laissé la paix : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. »

C’est cette paix apportée par le Rédempteur que nous lui demandons avec insistance dans nos prières. Qu’il bannisse des âmes ce qui peut mettre la paix en danger, et qu’il transforme tous les hommes en témoins de vérité, de justice et d’amour fraternel. Qu’il éclaire ceux qui président aux destinées des peuples… Que le Christ enflamme le cœur de tous les hommes et leur fasse renverser les barrières qui divisent, resserrer les liens de l’amour mutuel, montrer de la compréhension à l’égard des autres et pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Et qu’ainsi, grâce à lui, tous les peuples de la terre forment entre eux une véritable communauté fraternelle, et que parmi eux ne cesse de fleurir et de régner la paix tant désirée.

Saint Jean XXIII (1881-1963), pape
Encyclique « Pacem in Terris » § 164-171 (trad. © Libreria Editrice Vaticana rev.)

 

 

 

 

 

« L’Esprit Saint, une eau féconde »

lundi 19 mai 2014
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« L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. C’est une eau toute nouvelle, vivante, et jaillissante, jaillissant pour ceux qui en sont dignes. Pour quelle raison le don de l’Esprit est-il appelé une « eau » ? C’est parce que l’eau est à la base de tout ; parce que l’eau produit la végétation et la vie ; parce que l’eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu’en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. […] Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n’a qu’une seule manière d’être, et elle n’est pas différente d’elle-même.
La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là mais, en s’adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.
Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n’a qu’une seule manière d’être, et elle n’est pas différente d’elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là mais, en s’adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.
L’Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé à l’eau, produit des bourgeons, de même l’âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, porte des fruits de justice. Bien que l’Esprit soit simple, c’est lui, sur l’ordre de Dieu et au nom du Christ, qui anime de nombreuses vertus.
Il emploie la langue de celui-ci au service de la sagesse : il éclaire par la prophétie l’âme de celui-là ; il donne à un autre le pouvoir de chasser les démons ; à un autre encore celui d’interpréter les divines Ecritures. Il fortifie la chasteté de l’un, il enseigne à un autre l’art de l’aumône, il enseigne à celui-ci le jeûne et l’ascèse, à un autre il enseigne à mépriser les intérêts du corps, il prépare un autre encore au martyre. Différent chez les différents hommes, il n’est pas différent de lui-même, ainsi qu’il est écrit : Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.
Son entrée en nous se fait avec douceur, on l’accueille avec joie, son joug est facile à porter. Son arrivée est annoncée par des rayons de lumière et de science. Il vient avec la tendresse d’un défenseur véritable, car il vient pour sauver, guérir, enseigner, conseiller, fortifier, réconforter, éclairer l’esprit : chez celui qui le reçoit, tout d’abord ; et ensuite, par celui-ci, chez les autres.
Un homme qui se trouvait d’abord dans l’obscurité, en voyant soudain le soleil, a le regard éclairé et voit clairement ce qu’il ne voyait pas auparavant : ainsi celui qui a l’avantage de recevoir le Saint-Esprit a l’âme illuminée, et il voit de façon surhumaine ce qu’il ne connaissait pas.
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Catéchèse de St Cyrille de Jérusalem sur le Saint-Esprit : Extraits de la Catéchèse 18 sur le Symbole de la Foi, 23-25
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Rosaire

dimanche 18 mai 2014
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 » Refuge des pécheurs « , priez pour ceux qui, perdus dans la nuit et la forêt, aperçoivent soudain votre lampe qui rend comme des roses les carreaux de votre chaumière placée sur la bonne route. Ouvrez-leur. Que leurs pieds, fatigués par la course vaine, se purifient dans le chaudron plein d’eau de source ; que leur tête soit lavée aussi et que leurs mains, blessées par tant de ronces qu’elles étreignirent, soient adoucies par le suc des olives du Gethsémani ; que leur corps rompu s’étende entre les draps de l’apaisement et que, la porte fermée à la tempête des tentations, ils ne voient plus, ô Reine ! se dresser devant eux que votre ombre couronnée de lumière !
 » Consolatrice des affligés « , priez, non seulement pour les infirmes de corps, mais pour ces infirmes qui sont comme les pauvres honteux du monde des âmes, qui cachent une humiliation, une tristesse, une sollicitude, un remords. Soutenez-les, vous qui avez reçu entre vos bras, sans trébucher, le lourd corps de Jésus-Christ…
 » Reine des apôtres « , priez pour nous, vous qui avez voyagé plus que tous les missionnaires ensemble et que l’on retrouve aux quatre coins du monde, et jusqu’en cette humble et verte vallée où les eaux vives mêlent leurs murmures… Vierge de Lourdes, couronnée par les neiges de mon pays !
 » Reine des martyrs « , priez pour nous, vous qui avez reçu les rubis de la croix sur le front et qui, davantage que le voile de Véronique, vous êtes imprégnée du supplice de Jésus.
[…]
 » Reine des confesseurs « , priez pour nous, vous qui n’avez qu’à vous taire au pied de la croix pour que nous croyions à votre témoignage.
[…]
 » Reine du très saint rosaire « , priez pour nous, pour que Dieu introduise dans ce rosaire qu’achève son médiocre serviteur ce qu’il y manque. (…) Mon rosaire est dit. J’en tiens la croix grossière en écrivant ces lignes. Je sais quelle force j’ai puisée là depuis ce jour où je me suis cru mort, jusqu’à celui où, plein de vie éternelle, j’écoute, sûr de moi, le vent. J’ai vu les miens se relever de leurs couches funèbres. Je louerai mon Dieu et j’appuierai devant lui mon cœur contre la terre. Cette poignée de grains, ô Vierge ! voici la pauvre gerbe qu’elle a produite. Mais il y avait, au milieu, ce coquelicot qui riait.
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Francis Jammes, 1868-1938,écrivain
Le Rosaire du Soleil (extrait)
spiritualite-chretienne.com
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« Comment peux-tu dire : ‘ Montre-nous le Père ? ’ »

samedi 17 mai 2014

 

trinite_aaLe Seigneur Jésus dit à ses disciples : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ; personne ne va au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; dorénavant vous le connaîtrez, et d’ailleurs vous l’avez déjà vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui répondit : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas encore ? Philippe, qui me voit voit aussi mon Père. » Le Père « habite une lumière inaccessible », « Dieu est esprit », « personne n’a jamais vu Dieu » : puisque Dieu est esprit, on ne peut donc le voir que par l’Esprit, car « c’est l’esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien » (1Tm 6,16; Jn 4,24; Jn 1,18; 6,63).  Il en va de même pour le Fils : en tant qu’il est égal au Père, on ne peut le voir autrement que par le Père, autrement que par l’Esprit…

« Fils d’hommes, combien de temps encore aurez-vous le cœur si dur ? » (Ps 4,3 Vulg). Pourquoi ne pas reconnaître la vérité ? Pourquoi ne pas croire au Fils de Dieu ? Regardez : chaque jour il s’abaisse, exactement comme à l’heure où, quittant son palais royal (Sg 18,15), il s’est incarné dans le sein de la Vierge ; chaque jour c’est lui-même qui vient à nous, et sous les apparences les plus humbles ; chaque jour il descend du sein du Père sur l’autel entre les mains du prêtre. Et de même qu’autrefois il se présentait aux saints apôtres dans une chair bien réelle, de même il se montre à nos yeux maintenant dans le pain consacré.

Les apôtres, lorsqu’ils le regardaient de leurs yeux de chair, ne voyaient que sa chair, mais ils le contemplaient avec les yeux de l’esprit, et croyaient qu’il était Dieu. Nous aussi, lorsque, de nos yeux de chair, nous voyons du pain et du vin, sachons voir et croire fermement que c’est là, réels et vivants, le Corps et le Sang très saints du Seigneur. Tel est en effet le moyen qu’il a choisi de rester toujours avec ceux qui croient en lui, comme il l’a dit lui-même : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

Saint François d’Assise (1182-1226), fondateur des Frères mineurs
Admonitions, § 1 (trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 39)

 

 

 

« Personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

vendredi 16 mai 2014

Paques_5_A_124CToute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et simple, et finalement son dévouement total, tout est précieux et parle à notre propre vie. Chaque fois que quelqu’un se met à le découvrir, il se convainc que c’est cela même dont les autres ont besoin, bien qu’ils ne le reconnaissent pas… Parfois, nous perdons l’enthousiasme pour la mission en oubliant que l’Évangile répond aux nécessités les plus profondes des personnes, parce que nous avons tous été créés pour ce que l’Évangile nous propose : l’amitié avec Jésus et l’amour fraternel… Nous disposons d’un trésor de vie et d’amour qui ne peut pas tromper, le message qui ne peut ni manipuler ni décevoir. C’est une réponse qui se produit au plus profond de l’être humain et qui peut le soutenir et l’élever. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut arriver. Notre tristesse infinie ne se soigne que par un amour infini…

Unis à Jésus, cherchons ce qu’il cherche, aimons ce qu’il aime. Au final, c’est la gloire du Père que nous cherchons, nous vivons et agissons « à la louange de sa grâce » (Ep 1,6). Si nous voulons nous donner à fond et avec constance, nous devons aller bien au-delà de toute autre motivation. C’est le motif définitif, le plus profond, le plus grand, la raison et le sens ultime de tout le reste. C’est la gloire du Père que Jésus a cherchée durant toute son existence. Lui est le Fils éternellement joyeux avec tout son être « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18). Si nous sommes missionnaires, c’est avant tout parce que Jésus nous a dit : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit » (Jn 15,8). Au-delà du fait que cela nous convienne ou non, nous intéresse ou non, nous soit utile ou non, au-delà des petites limites de nos désirs, de notre compréhension et de nos motivations, nous évangélisons pour la plus grande gloire du Père qui nous aime.

Pape François
Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium / La Joie de l’Évangile » § 265-267 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

La gloire de Marie

jeudi 15 mai 2014
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Lorsque Jésus commença ses prédications, sa Mère se tint à l’écart ; elle ne se mêla pas de son œuvre ; et même, quand il fut retourné au ciel, elle n’alla pas prêcher et enseigner ; elle ne s’assit pas dans le siège apostolique ; elle ne prit point part au ministère du prêtre ; elle se borna à chercher humblement son Fils dans la messe dite chaque jour par les Apôtres, qui, bien que ses ministres dans le ciel,  étaient sur la terre ses supérieurs dans l’Eglise. Après sa mort et celle des Apôtres, lorsqu’elle devint Reine, et qu’elle prit place à la droite de son Fils, elle ne s’adressa pas même alors au peuple fidèle pour qu’il publiât son nom jusqu’aux extrémités du monde, ou pour qu’il l’exposât à ses regards ; mais elle attendit tranquillement le temps où sa gloire pourrait contribuer à servir celle de son Fils.
Jésus-Christ avait été dès le commencement proclamé par la sainte Eglise et inauguré dans son temple, car il était Dieu ; il eût été peu convenable de la part de l’oracle vivant de la vérité de dérober aux fidèles l’objet de leur adoration ; mais il en fut autrement de Marie. La qualité de créature lui imposait le devoir de céder le pas à son Fils, de se faire sa servante, et de ne se frayer un chemin dans le cœur des hommes que par la voie de la persuasion et de la douceur. Quand le nom de Jésus fut déshonoré, elle sentit son zèle se ranimer ; quand Emmanuel fut renié, la Mère de Dieu entra en scène ; elle jeta ses bras autour de lui et permit qu’on l’honorât afin de consolider le trône de son Fils. Lorsqu’elle eut rempli cette sainte tâche, son rôle fut fini ; car elle ne combattait pas pour elle-même. L’histoire de sa manifestation ne présente ni controverses animées, ni confesseurs persécutés, ni hérésiarques, ni anathèmes ; de même qu’elle avait grandi de jour en jour en grâce et en mérite, à l’insu du monde, elle s’éleva graduellement au sein de l’Eglise par une influence paisible et un progrès naturel. Elle est semblable à un bel arbre qui étend au loin ses branches fécondes et ses feuilles odorantes, en ombrageant le champ des saints.
(…) Quand des débats se sont élevés entre ses enfants relativement à sa puissance, elle les a apaisés ; quand on a fait des objections contre son culte, elle a patiemment attendu le jour où ses droits ne seraient plus contestés ; oui, elle a attendu jusqu’à ce qu’elle reçoive enfin, de notre temps, si Dieu le permet, et sans aucune opposition, sa plus brillante couronne, et qu’on reconnaisse, au milieu des jubilations de l’Eglise entière, la pureté immaculée de sa conception.
 .
John Henri Newman, dominicain britannique converti au catholicisme
17ème conférence adressée aux protestants et aux catholiques
mariedenazareth.org
http://escapamargue.blogspot.fr

St Matthias, apôtre et martyr

mercredi 14 mai 2014

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On ne peut guère douter que saint Matthias n’ait été un des soixante-douze disciples de Jésus-Christ; du moins est-il certain qu’il s’attacha de bonne heure à la personne du Sauveur, et qu’il ne S’en sépara point depuis Son Baptême jusqu’à Son Ascension.

Les fidèles étant assemblés pour attendre la descente du Saint-Esprit, saint Pierre leur dit que, pour accomplir l’Écriture, il fallait choisir un douzième Apôtre à la place de Judas.

« Dans l’Eglise de Jérusalem deux personnes furent proposées par la communauté et ensuite tirées au sort: “Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias” (Ac 1, 23). Ce dernier fut précisément élu et ainsi “associé aux onze Apôtres” (Ac 1, 26).

Nous ne savons rien de lui, si ce n’est qu’il avait été lui aussi témoin de toute la vie terrestre de Jésus (cf. Ac 1, 21-22), lui demeurant fidèle jusqu’au bout. A la grandeur de sa fidélité s’ajouta ensuite l’appel divin à prendre la place de Judas, comme pour compenser sa trahison.

Nous pouvons en tirer une dernière leçon: même si dans l’Église ne manquent pas les chrétiens indignes et traîtres, il revient à chacun de nous de contrebalancer le mal qu’ils ont accompli par notre témoignage limpide à Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur. » (cf. catéchèse de Benoît XVI du 18/10/2006)

De saint Matthias on sait qu’après avoir reçu le Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, il alla prêcher l’Évangile de Jésus-Christ, et qu’il consacra le reste de sa vie aux travaux de l’apostolat.

Clément d’Alexandrie rapporte que, dans ses instructions, il insistait principalement sur la nécessité de mortifier la chair en réprimant les désirs de la sensualité; leçon importante qu’il tenait de Jésus-Christ, et qu’il mettait lui-même en pratique.

Les Grecs prétendent, d’après une ancienne tradition exprimée dans leurs ménologes, que saint Matthias prêcha la foi vers la Cappadoce et les côtes de la mer Caspienne; ils ajoutent qu’il fut martyrisé dans la Colchide, à laquelle ils donnent le nom d’Éthiopie. Les Latins célèbrent sa fête le 24 février.

On garde une partie de ses reliques à l’abbaye de Saint-Matthias de Trèves, et à Sainte-Marie-Majeure de Rome. Mais les Bollandistes disent que les reliques de Sainte-Marie-Majeure qui portent le nom de saint Matthias, pourraient ne point être de l’Apôtre, mais d’un autre saint Matthias, évêque de Jérusalem vers l’an 120.
Sources principales : L’Année Chrétienne, Tome I, p. 253, 254 ; vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

« Personne ne peut rien arracher de la main du Père. »

mardi 13 mai 2014

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Dieu est. La foi chrétienne ajoute : Dieu est en tant que Père, Fils et Saint Esprit, un en trois personnes. Dans la chrétienté un silence gêné entoure largement ce centre de sa foi. L’Église ne s’est-elle pas aventurée trop loin ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser à une chose si grande, si impénétrable, son caractère inaccessible ? D’ailleurs, une telle réalité peut-elle signifier quelque chose pour nous ? Certes, cet article de foi reste la manière d’exprimer que Dieu est Tout-Autre, qu’il est infiniment plus grand que nous, qu’il dépasse toute notre pensée, tout notre être. Mais s’il n’avait rien à nous dire, son contenu ne nous aurait pas été révélé…

Qu’est-ce que cela signifie ? Commençons là où Dieu lui aussi a commencé : il se nomme Père. La paternité humaine peut donner une idée de ce qu’il est. Mais là où il n’y a plus de paternité, là où la paternité n’est plus vécue comme un phénomène non seulement biologique mais aussi humain et spirituel, parler de Dieu le Père, c’est parler à vide… Là où la paternité n’apparaît plus que comme hasard biologique sans recours humain ou comme tyrannie à rejeter, il y a blessure dans la structure profonde de l’être humain. Pour être pleinement homme on a besoin du père au vrai sens du terme… : une responsabilité vis-à-vis de l’autre, sans dominer l’autre mais le rendre à lui-même dans sa liberté ; c’est-à-dire un amour qui ne désire pas prendre possession de l’autre…mais le veut pour sa vérité la plus intime, qui est en son créateur. Cette manière d’être père n’est possible qu’à condition d’accepter soi-même d’être enfant ; accepter la parole de Jésus : « Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux » (Mt 23,9), est la condition intérieure pour que des hommes puissent être pères de la bonne manière…

Il faut compléter notre pensée : le fait que dans la Bible Dieu apparaît fondamentalement sous l’image du Père inclut le fait que le mystère du maternel, lui aussi, tire de lui son origine… Ce n’est pas comme abstraction que l’homme est « l’image de Dieu » (Gn 1,27) — cela ne nous amènerait qu’à un Dieu abstrait. Il l’est dans sa réalité concrète, c’est-à-dire dans la relation.

Cardinal Joseph Ratzinger [Benoît XVI, pape de 2005 à 2013]
Der Gott Jesu Christi (trad. Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977, p. 23s rev.)