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Archive pour le mot-clef ‘Nativité’

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. »

mardi 24 décembre 2019

Frères, avertis du miracle, comme Moïse allons voir cette chose extraordinaire (Ex 3,3) : en Marie, le buisson embrasé ne se consume pas ; la Vierge enfante la Lumière sans subir d’atteinte. (…) Courons donc à Bethléem, le bourg de la Bonne Nouvelle ! Si nous sommes de vrais bergers, si nous demeurons éveillés en notre garde, c’est à nous que s’adresse la voix des anges qui annoncent une grande joie (…) : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, car la paix descend sur la terre ! » Là où, hier, il n’y avait plus que malédiction, théâtres de guerre et exil, voici que la terre reçoit la paix, car aujourd’hui « la vérité sort de la terre et la justice vient du ciel » (Ps 85,12). Voilà le fruit que la terre donne aux hommes, en récompense de la bonne volonté qui règne chez les hommes (Lc 2,14). Dieu s’unit à l’homme pour élever l’homme jusqu’à la hauteur de Dieu.

À cette nouvelle, frères, partons pour Bethléem afin de contempler (…) le mystère de la crèche : un petit enfant enveloppé de langes repose dans une mangeoire. Vierge après son enfantement, la Mère incorruptible embrasse son fils. Avec les bergers répétons la parole du prophète : « Ce qu’on nous avait annoncé, nous l’avons vu dans la cité de notre Dieu » (Ps 47,9).

Mais pourquoi est-ce que le Seigneur cherche refuge dans cette grotte de Bethléem ? Pourquoi dormir dans une mangeoire ? Pourquoi se mêler au recensement d’Israël ? Frères, celui qui apporte au monde la libération vient naître dans notre esclavage à la mort. Il naît dans cette grotte pour se montrer aux hommes plongés dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Il est couché dans une mangeoire parce que il est Celui qui fait croître l’herbe pour le bétail (Ps 103,14), c’est lui le Pain de Vie qui nourrit l’homme d’un aliment spirituel pour qu’il vive lui aussi dans l’Esprit. (…) Quelle fête plus heureuse que celle d’aujourd’hui ? Christ, Soleil de justice (Ml 3,20), vient éclairer notre nuit. Ce qui était tombé se relève, ce qui était vaincu est libéré (…), ce qui était mort revient à la vie. (…) Aujourd’hui, chantons tous d’une seule voix, sur toute la terre : « Par un homme, Adam, était venu la mort ; par l’homme, aujourd’hui vient le salut » (cf Rm 5,17).

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

 

« Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph. »

mercredi 18 décembre 2019

« Marie, sa mère, était fiancée. » Il aurait suffi de dire : Marie était fiancée. Que signifie une mère fiancée ? Si elle est mère, elle n’est pas fiancée ; si elle est fiancée, elle n’est pas encore mère. « Marie, sa mère, était fiancée » : fiancée par la virginité, mère par la fécondité. C’était une mère ne connaissant point d’homme, et pourtant qui a connu la maternité. Comment ne serait-elle mère avant d’avoir conçu, elle qui, après la naissance, est vierge et mère ? Quand n’était-elle pas mère, celle qui engendra le fondateur des temps qui a donné un commencement aux choses ? (…)

Pourquoi le mystère de l’innocence céleste se destine-t-il à une fiancée, et non une vierge encore libre ? Pourquoi la jalousie d’un fiancé doit-elle mettre en péril la fiancée ? Pourquoi tant de vertu semble-t-elle péché et le salut éternel danger ? (…) Quel mystère étreignons-nous là, mes frères ? Pas un trait de plume, pas une lettre, pas une syllabe, pas un mot, pas un nom, pas un personnage dans l’Évangile n’est vide de sens divin. Une fiancée est choisie, afin que déjà soit désignée l’Église, fiancée du Christ, selon la parole du prophète Osée : « Je te fiancerai à moi dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et dans l’amour, je te fiancerai à moi dans la fidélité » (2,21-22). C’est pourquoi Jean dit : « Celui qui a l’épouse est l’Époux » (Jn 3,29). Et saint Paul : « Je vous ai fiancés au seul Époux comme une vierge pure à présenter au Christ » (2Co 11,2). Ô véritable épouse, l’Église, qui par la naissance virginale [du baptême], engendre une nouvelle enfance du Christ !

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

 

« Béni est Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ (…) En lui, il nous a choisis avant la création du monde. » (Ep 1,3-4)

mardi 17 décembre 2019

L’Incarnation du Verbe, la Parole de Dieu, concerne le passé comme l’avenir ; aucun âge, si reculé soit-il, n’a été privé du sacrement du salut des hommes. Ce que les apôtres ont prêché, c’est ce que les prophètes avaient annoncé, et on ne peut pas dire que ce qui a été cru de tout temps a été accompli tardivement. En différant l’œuvre du salut, Dieu, dans sa sagesse et sa bonté, nous a rendus plus aptes à répondre à son appel (…), grâce à ces annonces anciennes et fréquentes.

Il n’est donc pas vrai que Dieu a pourvu aux affaires humaines en changeant de dessein et mû par une miséricorde tardive : dès la création du monde, il a décrété pour tous une seule et même voie de salut. En effet, la grâce de Dieu, par laquelle tous ses saints ont toujours été justifiés, a grandi et non pas commencé lorsque le Christ est né. Ce mystère d’un grand amour, qui a maintenant rempli le monde entier, a déjà été aussi puissant en ses signes avant-coureurs ; ceux qui y ont cru quand il était promis n’en ont pas moins bénéficié que ceux qui l’ont reçu quand il a été donné.

Mes bien-aimés, c’est donc avec une bonté évidente que les richesses de la grâce de Dieu ont été répandues sur nous. Appelés à l’éternité, non seulement nous sommes soutenus par les exemples du passé, mais encore nous avons vu apparaître la vérité elle-même sous une forme visible et corporelle. Nous devons donc célébrer le jour de la naissance du Seigneur avec une joie fervente qui n’est pas de ce monde (…). Grâce à la lumière de l’Esprit Saint, sachez reconnaître celui qui nous a reçus en lui et que nous avons reçu en nous : car de même que le Seigneur Jésus est devenu notre chair en naissant, de même en retour nous sommes devenus son corps en renaissant. (…) Dieu nous a proposé l’exemple de sa bienveillance et de son humilité (…) : soyons donc semblables au Seigneur dans son humilité, si nous voulons lui ressembler dans sa gloire. Lui-même nous aidera et nous conduira jusqu’à l’accomplissement de ce qu’il a promis.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

 

Bulletin n°121

mardi 3 décembre 2019

bulletin 121

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« Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix. »

samedi 29 décembre 2018

Après ma première messe sur la tombe de saint Pierre, voici les mains du Saint Père Pie X, posées sur ma tête en bénédiction de bon augure pour moi et pour ma vie sacerdotale commençante. Et après plus d’un demi-siècle, voici mes propres mains étendues sur les catholiques — et pas seulement les catholiques — du monde entier, en un geste de paternité universelle… Comme saint Pierre et ses successeurs, je suis préposé au gouvernement de l’Église du Christ tout entière, une, sainte, catholique et apostolique. Tous ces mots sont sacrés et surpassent de façon inimaginable toute exaltation personnelle ; ils me laissent dans la profondeur de mon néant, élevé à la sublimité d’un ministère qui l’emporte sur toute grandeur et toute dignité humaines.

Quand, le 28 octobre 1958, les cardinaux de la sainte Église romaine m’ont désigné à la responsabilité du troupeau universel du Christ Jésus, à soixante-dix-sept ans, la conviction s’est répandue que je serais un pape de transition. Au lieu de cela, me voici à la veille de ma quatrième année de pontificat et dans la perspective d’un solide programme à déployer à la face du monde entier qui regarde et attend. Quant à moi, je me trouve comme saint Martin, qui « n’a pas craint de mourir ni refusé de vivre ».

Je dois toujours me tenir prêt à mourir même subitement et à vivre autant qu’il plaira au Seigneur de me laisser ici-bas. Oui, toujours. Au seuil de ma quatre-vingtième année, je dois me tenir prêt : à mourir ou à vivre. Et dans un cas comme dans l’autre, je dois veiller à ma sanctification. Puisque partout on m’appelle « Saint Père », comme si c’était mon premier titre, eh bien, je dois et veux l’être pour de vrai.

Saint Jean XXIII (1881-1963)

 

 

Solennité de la Nativité du Seigneur

mardi 25 décembre 2018

Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes ! Cette fois il ne promulgue pas sa Loi au milieu des éclairs, au son de la trompette, sur la montagne fumante, dans l’obscurité d’un orage terrifiant (Ex 19,16s), mais il s’entretient d’une façon douce et paisible, dans un corps humain, avec ses frères de race. Dieu dans la chair !… Comment la divinité peut-elle habiter la chair ? Comme le feu habite le fer, non pas en quittant le lieu où il brûle, mais en se communiquant. En effet, le feu ne se jette pas sur le fer, mais en demeurant à sa place, il lui communique sa puissance. En cela il n’est nullement diminué, mais il remplit entièrement le fer auquel il se communique. De la même manière, Dieu, le Verbe, qui « a habité parmi nous », n’est pas sorti de lui-même. « Le Verbe qui s’est fait chair » n’a pas été soumis au changement ; le ciel n’a pas été dépouillé de celui qu’il contenait, et pourtant la terre a accueilli dans son sein celui qui est dans les cieux.

Pénètre-toi de ce mystère : Dieu est dans la chair afin de tuer la mort qui s’y cache… « Quand la grâce de Dieu s’est manifestée pour notre salut » (Tt 2,11), quand « s’est levé le Soleil de justice » (Ml 3,20), « la mort a été engloutie dans la victoire » (1Co 15,54) parce qu’elle ne pouvait pas coexister avec la vie véritable. Ô profondeur de la bonté et de l’amour de Dieu pour les hommes ! Rendons gloire avec les bergers, dansons avec les chœurs des anges, car « aujourd’hui est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur » (Lc 2,11-12).

« Dieu, le Seigneur, nous illumine » (Ps 117,27), non sous son aspect de Dieu, pour ne pas épouvanter notre faiblesse, mais sous son aspect de serviteur, afin de conférer la liberté à ceux qui étaient condamnés à la servitude. Qui aurait le cœur assez endormi et assez indifférent pour ne pas se réjouir, exulter d’allégresse, rayonner de joie devant cet évènement ? C’est une fête commune à toute la création. Tous doivent y contribuer, nul ne doit se montrer ingrat. Nous aussi, élevons la voix pour chanter notre allégresse !

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

 

 

Jésus né de Marie

lundi 24 décembre 2018

Sous le règne de César Auguste, tandis que le silencieux repos d’une paix universelle rassérénait les temps jusqu’alors troublés, et permettait à ce prince d’édicter le dénombrement de l’univers entier, il arriva par les soins de la divine Providence que Joseph, l’époux de la Vierge, conduisit la jeune femme de race royale, qui allait devenir mère, en la ville de Bethléem. Et voici que neuf mois après sa conception, le « roi pacifique » (cf 1 Ch 22,9), mis au jour sans aucune altération de sa mère comme il avait été conçu sans qu’aucune part fût laissée à la volupté, s’avança hors du sein virginal, comme « l’époux sortant de la chambre nuptiale » (Ps 18,6). Bien que puissant et riche, il choisit par amour pour nous de devenir petit et pauvre (cf 2 Co 8,9), de naître hors de sa maison dans une hôtellerie, d’être enveloppé de pauvres langes, nourri de lait virginal et couché dans une crèche entre un bœuf et un âne. C’est alors que se leva pour nous le jour de la rédemption nouvelle, de la réparation des anciens jours et de la félicité éternelle : c’est alors que par le monde entier les cieux devinrent doux comme le miel.

Aussi, embrasse maintenant, ô mon âme, cette divine crèche, afin d’appliquer tes lèvres sur les pieds de l’Enfant et de redoubler tes baisers. Puis repasse en ton esprit la veille des bergers, admire l’armée des Anges qui accourt, prends part aux mélodies célestes et chante de bouche et de cœur : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre, paix, bienveillance aux hommes ».

Saint Bonaventure (1221-1274)

 

 

 

« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. »

mardi 18 décembre 2018

Le climat de silence qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s’étend aussi à son travail de charpentier dans la maison de Nazareth. Toutefois, c’est un silence qui révèle d’une manière spéciale le profil intérieur de cette figure. Les évangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph ; mais ils permettent de découvrir dans ses actions, enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère « caché depuis les siècles », qui « établit sa demeure » sous son toit (Col 1,26 ; Jn 1,14)…

Puisque l’amour paternel de Joseph ne pouvait pas ne pas influer sur l’amour filial de Jésus et que, réciproquement, l’amour filial de Jésus ne pouvait pas ne pas influer sur l’amour paternel de Joseph, comment arriver à connaître en profondeur cette relation tout à fait singulière ? Les âmes les plus sensibles aux impulsions de l’amour divin voient à juste titre en Joseph un exemple lumineux de vie intérieure. En outre l’apparente tension entre la vie active et la vie contemplative est dépassée en lui de manière idéale, comme cela peut se faire en celui qui possède la perfection de la charité. Selon la distinction bien connue entre l’amour de la vérité et l’exigence de l’amour nous pouvons dire que Joseph a expérimenté aussi bien l’amour de la vérité, c’est-à-dire le pur amour de contemplation de la Vérité divine qui rayonnait de l’humanité du Christ, que l’exigence de l’amour, c’est-à-dire l’amour, pur lui aussi, du service, requis par la protection et le développement de cette même humanité.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Alors on verra le Fils de l’homme venir. »

dimanche 2 décembre 2018

« Voici l’époux qui vient. » (Mt 25,6) Le Christ, notre époux, prononce ce mot. En latin le mot « venit » contient en lui deux temps du verbe : le passé et le présent ; ce qui ne l’empêche pas de viser aussi le futur. C’est pourquoi nous allons considérer trois avènements chez notre époux, Jésus Christ.

Lors du premier avènement, il se fit homme à cause de l’homme, par amour. Le second avènement a lieu tous les jours, souvent et en mainte occasion, dans chaque cœur qui aime, accompagné de nouvelles grâces et de nouveaux dons, selon la capacité de chacun. Dans le troisième avènement, l’on considère celui qui aura lieu le jour du Jugement ou à l’heure de la mort…

Le motif pour lequel Dieu a créé les anges et les hommes est sa bonté infinie et sa noblesse, puisqu’il a voulu le faire afin que la béatitude et la richesse qu’il est lui-même soient révélées aux créatures douées de raison, et que celles-ci puissent le savourer dans le temps, et jouir de lui au delà du temps, dans l’éternité.

Le motif pour lequel Dieu s’est fait homme est son amour insaisissable et la détresse des hommes, car ils étaient altérés par la chute du péché originel et incapables de s’en guérir. Mais le motif pour lequel le Christ a accompli toutes ses œuvres sur terre non seulement selon sa divinité mais aussi selon son humanité est quadruple : à savoir son divin amour, qui est sans mesure ; l’amour créé, ou charité, qu’il possédait dans son âme, grâce à l’union avec le Verbe éternel et grâce au don parfait que lui en a fait son Père ; la grande détresse en laquelle se trouvait la nature humaine ; enfin, l’honneur de son Père. Voilà les motifs de l’avènement du Christ, notre époux, et de toutes ses œuvres.

Bienheureux Jan van Ruusbroec (1293-1381), chanoine régulier

 

 

 

 

Accueillir le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant

samedi 26 mai 2018

Un petit enfant est né pour nous : le Dieu de majesté, s’anéantissant lui-même, s’est rendu semblable non seulement au corps terrestre des mortels, mais encore à l’âge des enfants, empreint de faiblesse et de petitesse. Bienheureuse enfance, dont la faiblesse et la simplicité sont plus fortes et plus sages que tous les hommes ! Car, en vérité, la force de Dieu et la sagesse de Dieu accomplissent ici leur œuvre divine à travers nos réalités humaines. Oui, la faiblesse de ce petit enfant triomphe du prince de ce monde ; elle rompt nos liens et nous délivre de notre captivité. La simplicité de cet enfant, laquelle semble muette et privée de parole, rend éloquentes les langues des enfants ; elle leur fait parler les langues des hommes et des anges… Cet enfant semble ignorant mais c’est lui qui enseigne la sagesse aux hommes et aux anges, lui qui est en réalité… la Sagesse de Dieu et son Verbe, sa Parole.

Ô sainte et douce enfance, toi qui rends aux hommes l’innocence véritable grâce à laquelle tout âge peut faire retour à une bienheureuse enfance et te ressembler, non par la petitesse des membres, mais par l’humilité du cœur et la douceur du comportement ! Assurément, vous les fils d’Adam, vous qui êtes si grands à vos propres yeux…, si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme ce petit enfant, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. « Je suis la porte du Royaume », dit ce petit enfant. Si la haute taille des hommes ne s’incline pas, cette humble porte ne les laissera pas entrer.

(Références bibliques : Is 9,5 ; 1Co 1,24 ; Jn 12,31 ; Sg 10,21 ; 1Co 13,1 ; Ps 93,10 ; Mt 18,3-4;   Jn 10,9)

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157), abbé cistercien
1er sermon pour la Nativité (trad. SC 166, p.167 rev.)