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Archive pour le mot-clef ‘multiplication’

« A la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : ‘ C’est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde ‘. »

vendredi 12 avril 2024

Gouverner l’univers est en vérité un miracle plus grand que de rassasier cinq mille hommes avec cinq pains. Personne toutefois ne s’en étonne, alors que l’on s’extasie devant un miracle de moindre importance parce qu’il sort de l’ordinaire. Qui, en effet, nourrit aujourd’hui encore l’univers sinon celui qui, avec quelques grains, crée les moissons ? Le Christ a donc fait ce que Dieu fait. Usant de son pouvoir de multiplier les moissons a partir de quelques grains, il a multiplié cinq pains dans ses mains. Car la puissance se trouvait entre les mains du Christ, et ces cinq pains étaient comme des semences que le Créateur de la terre multipliait sans même les confier à la terre.

Cette œuvre a donc été placée sous nos sens pour élever notre esprit… Il nous est ainsi devenu possible d’admirer « le Dieu invisible en considérant ses œuvres visibles » (Rm 1,20). Après avoir été éveillés à la foi et purifiés par elle, nous pouvons même désirer voir sans les yeux du corps l’Etre invisible que nous connaissons à partir du visible… En effet, Jésus a fait ce miracle pour qu’il soit vu de ceux qui se trouvaient là, et ils l’ont mis par écrit pour que nous en ayons connaissance. Ce que les yeux ont fait pour eux, la foi le fait pour nous. Aussi bien, nous reconnaissons en notre âme ce que nos yeux n’ont pas pu voir et nous avons reçu un plus bel éloge, puisque c’est de nous qu’il a été dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29).

Saint Augustin (354-430)

« Prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit. »

samedi 10 février 2024

Jésus a rompu le pain. S’il n’avait pas rompu le pain, comment les miettes seraient-elles venues jusqu’à nous ? Mais il l’a brisé et il l’a distribué ; « il l’a dispersé et donné aux pauvres » (Ps 111,9 Vulg). Il l’a brisé par grâce, pour briser la colère du Père et la sienne. Dieu l’avait dit : il nous aurait brisés, si son Unique, « son élu, ne s’était pas tenu devant lui, debout sur la brèche, pour détourner sa colère » (Ps 105,23). Il s’est tenu devant Dieu et il l’a apaisé ; par sa force indéfectible, il s’est tenu debout, non brisé.

Mais lui-même, volontairement, il a brisé, a offert sa chair, rompue par la souffrance. C’est là qu’il a « brisé la puissance de l’arc » (Ps 75,4), « brisé les têtes du dragon » (Ps 73,14), tous nos ennemis, dans sa colère. Là, il a brisé en quelque sorte les tables de la première alliance (cf Ex 32,19), pour que nous ne soyons plus sous la Loi. Là, il a brisé le joug de notre captivité. Il a brisé tout ce qui nous brisait, pour réparer en nous tout ce qui était brisé, et pour « renvoyer libres ceux qui étaient opprimés » (Is 58,6). En effet, nous étions « captifs de la misère et des chaînes » (Ps 106,10).

Bon Jésus, aujourd’hui encore, bien que tu aies brisé la colère, brisé le pain pour nous, pauvres mendiants, nous avons encore faim. (…) Romps donc chaque jour ce pain pour ceux qui ont faim. Car aujourd’hui et tous les jours nous recueillons quelques miettes, et chaque jour nous avons de nouveau besoin de notre pain quotidien. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (Lc 11,3). Si tu ne le donnes, qui le donnera ? Dans notre dénuement et notre besoin (…), il n’y a personne pour nous rompre le pain, personne pour nous nourrir, personne pour nous refaire, personne que toi, notre Dieu. En toute consolation que tu nous envoies, nous recueillons les miettes de ce pain que tu nous romps et nous goûtons « combien est douce ta miséricorde » (Ps 108,21 Vulg).

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

 

« Jésus prit les pains, rendit grâce, et les leur donna. »

vendredi 21 avril 2023

La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. L’Eucharistie est née au soir du Jeudi saint, dans le contexte du repas pascal. Elle porte donc, inscrit dans sa structure même, le sens de la convivialité : « Prenez, mangez … Puis, prenant la coupe, … il la leur donna, en disant : Buvez-en tous… » (Mt 26,26.27). Cet aspect exprime bien la relation de communion que Dieu veut établir avec nous et que nous devons nous-mêmes développer les uns avec les autres.

On ne peut toutefois oublier que le repas eucharistique a aussi, et c’est primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel. Le Christ nous y présente à nouveau le sacrifice accompli une fois pour toutes sur le Golgotha. Tout en y étant présent comme Ressuscité, il porte les signes de sa Passion, dont chaque messe est le « mémorial », ainsi que nous le rappelle la liturgie dans l’acclamation après la consécration : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection… ». En même temps, tandis qu’elle rend présent le passé, l’Eucharistie nous tourne vers l’avenir de l’ultime retour du Christ, à la fin des temps. Cet aspect « eschatologique » donne au sacrement eucharistique une dynamique qui met en marche et qui donne au cheminement chrétien le souffle de l’espérance.

Toutes ces dimensions de l’Eucharistie se rejoignent dans un aspect qui, plus que tous les autres, met notre foi à l’épreuve, à savoir celui du mystère de la présence « réelle ». Avec toute la tradition de l’Église, nous croyons que, sous les espèces eucharistiques, Jésus est réellement présent. (…) C’est sa présence même qui donne à toutes les autres dimensions – repas, mémorial de la Pâque, anticipation eschatologique – une signification qui va bien au-delà d’un pur symbolisme. L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20).

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en route. »

samedi 11 février 2023

Seigneur Jésus, je sais bien que tu ne veux pas laisser à jeun ces gens ici avec moi, mais les nourrir des aliments que tu distribues ; ainsi, fortifiés par ta nourriture, ils n’auront pas à redouter de défaillir de faim. Je sais bien que nous aussi tu ne veux pas nous renvoyer à jeun… Tu l’as dit : tu ne veux pas qu’ils défaillent en chemin, c’est-à-dire qu’ils défaillent dans le parcours de cette vie, avant de parvenir au terme de la route, avant de parvenir au Père et de comprendre que tu viens du Père…

Le Seigneur a donc pitié, pour que nul ne défaille en chemin… Comme il fait pleuvoir sur les justes autant que sur les injustes (Mt 5,45), il nourrit aussi bien les justes que les injustes. N’est-ce pas grâce à la force de la nourriture que le saint prophète Élie, défaillant en chemin, a pu marcher quarante jours ? (1R 19,8) Cette nourriture, c’est un ange qui la lui a donnée ; mais vous, c’est le Christ lui-même qui vous nourrit. Si vous conservez la nourriture ainsi reçue, vous marcherez non pas quarante jours et quarante nuits (…), mais pendant quarante ans, depuis votre sortie des confins de l’Égypte jusqu’à votre arrivée dans la terre d’abondance, dans la terre où coulent le lait et le miel (Ex 3,8). (…)

Le Christ partage donc les vivres, et il veut, sans aucun doute, donner à tous. Il ne refuse à personne, car il fournit tous. Cependant, quand il rompt les pains et qu’il les donne aux disciples, si vous ne tendez pas les mains pour recevoir votre nourriture, vous défaillirez en chemin. (…) Ce pain que rompt Jésus, c’est le mystère de la parole de Dieu : lorsqu’elle est distribuée, elle augmente. À partir de quelques paroles seulement, Jésus a fourni à tous les peuples un aliment surabondant. Il nous a donné ses discours comme des pains, et tandis que nous les goûtons, ils se multiplient encore dans notre bouche. (…) Alors que les foules mangent, les morceaux augmentent encore, en se multipliant, si bien que les restes, à la fin, sont encore plus abondants que les quelques pains partagés.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Il prit les pains…, prononça la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples. »

lundi 1 août 2022

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule » (Luc 9, 16).

L’Église naît du mystère pascal. C’est précisément pour cela que l’eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l’Église que nous donnent les Actes des Apôtres : « Ils étaient fidèles à écouter l’enseignement des apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (2,42). L’eucharistie est évoquée dans la « fraction du pain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l’Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l’eucharistie, les yeux de l’âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui s’est passé le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Cène et après… L’agonie à Gethsémani a été l’introduction de l’agonie sur la croix le Vendredi saint : l’heure sainte, l’heure de la rédemption du monde…, heure de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure…

« Mysterium fidei — Mystère de la foi ! » Quand le prêtre prononce ou chante ces paroles, les fidèles disent l’acclamation : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Par ces paroles, ou par d’autres semblables, l’Église désigne le Christ dans le mystère de sa Passion, et elle révèle aussi son propre mystère : Ecclesia de Eucharistia — l’Église vit de l’eucharistie. Si c’est par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte que l’Église vient au jour et se met en route sur les chemins du monde, il est certain que l’institution de l’eucharistie au Cénacle est un moment décisif de sa constitution. Son fondement et sa source, c’est tout le Triduum pascal, mais celui-ci est comme contenu, anticipé et concentré pour toujours dans le don de l’eucharistie. Dans ce don, Jésus Christ confiait à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« L’heure était avancée… Tous mangèrent à leur faim. »

mardi 4 janvier 2022

Mon Bien-Aimé est pour moi la nuit tranquille,
Semblable au lever de l’aurore,
La mélodie silencieuse
Et la solitude sonore,
Le souper qui restaure, en enflammant l’amour.

Dans les saintes Écritures, le repos du soir désigne la vision de Dieu. De même donc que le souper couronne les travaux du jour et ouvre le repos de la nuit, ainsi l’âme savoure dans la paisible connaissance dont nous parlons, un avant-goût de la fin de ses maux et l’assurance des biens qu’elle attend. Par là aussi, son amour pour Dieu prend de grands accroissements. C’est donc réellement pour elle « le souper qui recrée », en lui annonçant la fin de ses maux, et qui « enflamme l’amour », en lui assurant la possession de tous les biens.

Pour mieux faire comprendre combien ce souper est délicieux à l’âme, puisque, nous l’avons dit, il n’est autre chose que le Bien-Aimé lui-même, rappelons les paroles de l’Époux dans l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre sa porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20). Par là il nous donne à entendre qu’il apporte avec lui le repas, c’est-à-dire la saveur et les délices dont il se nourrit lui-même et qu’il communique à l’âme lorsqu’il s’unit à elle, afin qu’elle s’en nourrisse elle aussi. Tel est le sens de cette parole : « Je souperai avec lui, et lui avec moi » et tel est l’effet produit par l’union de l’âme avec Dieu : les biens mêmes de Dieu deviennent communs entre lui et l’âme épouse, parce qu’il les lui communique gratuitement et avec une souveraine libéralité. Dieu est donc lui-même ce « souper qui recrée en enflammant l’amour ». Il recrée son épouse par sa libéralité, il l’enflamme d’amour par la bienveillance qu’il lui témoigne.

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

 

 

« Ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient. »

vendredi 16 avril 2021

En un clin d’œil, le Seigneur a multiplié un peu de pain. Ce que les hommes font en dix mois de travail, ses dix doigts l’ont fait en un instant. (…) Pourtant, ce n’est pas à sa puissance qu’il a mesuré ce miracle, mais à la faim de ceux qui étaient là. Si le miracle avait été mesuré à sa puissance, il serait impossible de l’évaluer ; mesuré à la faim de ces milliers de gens, le miracle a dépassé les douze corbeilles. Chez les artisans, la puissance est inférieure au désir des clients, ils ne peuvent pas faire tout ce qu’on leur demande ; les réalisations de Dieu, au contraire, dépassent tout désir. (…)

Rassasiés au désert comme jadis les Israélites à la prière de Moïse, ils se sont écriés : « Celui-ci est le prophète dont il est dit qu’il viendra dans le monde. » Ils faisaient allusion aux paroles de Moïse : « Le Seigneur vous suscitera un prophète », non pas n’importe lequel, mais « un prophète comme moi » (Dt 18,15), qui vous rassasiera de pain dans le désert. Comme moi il a marché sur la mer, il est apparu dans la nuée lumineuse (Mt 17,5), il a libéré son peuple. (…) Il a remis Marie à Jean, comme Moïse a remis son troupeau à Josué. (…) Mais le pain de Moïse n’était pas parfait ; il a été donné seulement aux Israélites. Voulant signifier que son don est supérieur à celui de Moïse et l’appel des nations encore plus parfait, notre Seigneur a dit : « Quiconque mangera de mon pain vivra éternellement », car « le pain de Dieu est descendu des cieux » et il est donné au monde entier (Jn 6,51).

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

 

La multiplication des pains

mardi 5 janvier 2021

Remarquons l’abandon confiant des disciples à la providence de Dieu dans les plus grandes nécessités de la vie et leur mépris pour une existence luxueuse : ils étaient douze et n’avaient que cinq pains et deux poissons. Ils ne se préoccupaient pas des choses du corps ; ils consacrent tout leur zèle aux choses de l’âme. En plus ils n’ont pas gardé pour eux ces provisions : ils les ont données aussitôt au Sauveur quand il les leur a demandées. Apprenons par cet exemple à partager ce que nous avons avec ceux qui sont dans le besoin, même si nous avons peu. Lorsque Jésus leur demande d’apporter les cinq pains, ils ne disent pas : « Que nous restera-t-il pour plus tard ? Où trouverons-nous ce qu’il faut pour nos besoins personnels ? » Ils obéissent tout de suite. (…)

Prenant donc les pains, le Seigneur les a rompus et a confié aux disciples l’honneur de les distribuer. Il ne voulait pas seulement les honorer par ce saint service, mais il voulait qu’ils participent au miracle pour en être les témoins bien convaincus et qu’ils n’oublient pas ce qui s’était passé sous leurs yeux. (…) C’est par eux qu’il fait asseoir les gens et qu’il distribue le pain, afin que chacun d’entre eux puissent rendre témoignage du miracle qui s’est accompli entre leurs mains. (…)

Tout dans cet événement – le lieu désert, la terre nue, le peu de pain et de poisson, la distribution des mêmes choses à tous sans préférence, chacun ayant autant que son voisin – tout cela nous enseigne l’humilité, la frugalité, et la charité fraternelle. Nous aimer les uns les autres également, mettre tout en commun parmi ceux qui servent le même Dieu, voilà ce que nous enseigne notre Sauveur ici.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction. »

lundi 5 août 2019

Après avoir pris les cinq pains, le Seigneur a tourné son regard vers le ciel pour honorer Celui dont lui-même tient l’être. Il n’était pas obligé de regarder le Père avec ses yeux de chair ; il voulait faire comprendre à ceux qui étaient présents de qui il avait reçu le pouvoir d’accomplir un acte d’une telle puissance. Il donne ensuite les pains à ses disciples. Ce n’est pas par multiplication que les cinq pains en font plusieurs. Les morceaux se succèdent et trompent ceux qui les brisent ; c’est comme s’ils étaient coupés d’avance ! La matière continue à se déployer. (…)

Ne t’étonne donc pas de ce que les sources coulent, de ce qu’il y ait des grappes aux ceps de vigne, de ce que des ruisseaux de vin s’écoulent à partir des grappes. Toutes les ressources de la terre se répandent selon un rythme annuel indéfectible. Une telle multiplication de pains révèle l’action de l’auteur de l’univers. Normalement, il impose à un tel accroissement une limite ; car il connaît à fond les lois de la matière. Dans la création visible s’opère un travail invisible. Le mystère de l’action présente est l’œuvre du Seigneur des mystères célestes. La puissance de Celui qui agit dépasse toute la nature, et la méthode de cette Puissance déborde la compréhension du fait. Seule demeure l’admiration pour ce pouvoir.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« J’ai pitié de cette foule. »

mercredi 5 décembre 2018

L’Écriture inspirée nous l’a dit : « Ta miséricorde s’étend à tous, parce que tout t’est possible, parce que tu oublies les péchés des hommes dès qu’ils se tournent vers toi. Tu aimes tout ce qui existe ; tu ne prends en aversion rien de ce que tu as fait… Tu épargnes tous les êtres parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes la vie » (Sg 11,23s). Voilà ce qui le fait descendre du ciel et lui donne le nom de Jésus… : « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,21). C’est son grand amour pour les hommes, sa compassion pour les pécheurs, voilà ce qui le fait descendre du ciel.

Pourquoi donc consentir à voiler sa gloire dans un corps mortel s’il ne désirait ardemment sauver ceux qui se sont égarés, qui ont perdu tout espoir de salut ? Il le dit lui-même : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). Plutôt que de nous laisser périr, il a fait tout ce qu’un Dieu tout-puissant peut faire selon tous ses divins attributs : il s’est donné lui-même. Et il nous aime tous de telle sorte qu’il veut donner sa vie pour chacun de nous, aussi absolument, aussi pleinement, que s’il n’y avait qu’un seul homme à sauver. Il est notre meilleur ami…, le seul véritable ami, et il déploie tous les moyens possibles pour obtenir que nous l’aimions en retour. Il ne nous refuse rien, si nous consentons à l’aimer…

Ô mon Seigneur et mon Sauveur, dans tes bras je suis en sûreté. Si tu me gardes, je n’ai plus rien à craindre ; mais si tu m’abandonnes, je n’ai plus rien à espérer. Je ne sais rien de ce qui m’arrivera d’ici ma mort, je ne sais rien de l’avenir, mais je me confie à toi… Je m’en repose totalement sur toi, parce que tu sais ce qui est bon pour moi, et moi je ne le sais pas.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890)

cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre