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Archive pour juillet 2018

« Mon serviteur n’écrasera pas le roseau froissé, n’éteindra pas la mèche qui faiblit…»

samedi 21 juillet 2018

Je veux ouvrir la bouche, frères, pour vous parler du très haut sujet de l’humilité. Et je suis rempli de crainte, comme quelqu’un qui sait qu’il doit parler de Dieu dans le langage de ses propres pensées. Car l’humilité est la parure de la Divinité. En se faisant homme, le Verbe l’a revêtue. Par elle, il a vécu avec nous dans un corps. Et quiconque s’en est entouré, s’est rendu pareil en vérité à Celui qui est descendu de sa hauteur et qui a recouvert sa grandeur et sa gloire par l’humilité, pour qu’à sa vue la création ne soit pas consumée. Car la création n’aurait pas pu le contempler s’il n’avait pas pris sur lui l’humilité et n’avait pas ainsi vécu avec elle. Il n’y aurait pas eu de face à face avec lui. La création n’aurait pas entendu les paroles de sa bouche…

C’est pourquoi lorsque la création voit un homme revêtu de la ressemblance de son Maître, elle le révère et l’honore comme son Maître qu’elle a vu vivre en elle, revêtu d’humilité. Quelle créature, en effet, ne se laisse pas attendrir à la vue de l’humble ? Cependant, tant que la gloire de l’humilité ne s’était pas révélée à tous dans le Christ, on dédaignait cette vision si pleine de sainteté. Mais maintenant, sa grandeur s’est levée aux yeux du monde. Il a été donné à la création de recevoir dans la médiation d’un homme humble la vision de son Créateur. C’est pourquoi l’humble n’est méprisé par personne, pas même par les ennemis de la vérité. Celui qui a appris l’humilité est vénéré, grâce à elle, comme s’il portait la couronne et la pourpre.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série n° 20 (trad. DDB 1981, p. 137)

 

 

 

Le maître du sabbat

vendredi 20 juillet 2018

Par l’intermédiaire de Moïse son serviteur, le Seigneur a demandé aux fils d’Israël d’observer le sabbat. Il leur a dit : « Pendant six jours, tu feras ton travail mais le septième jour est un sabbat, un jour de saint repos pour le Seigneur ton Dieu » (Ex 20,9)… Il les a avertis : « Tu te reposeras, toi, ton serviteur, ta servante, tes bœufs et ton âne ». Il a même ajouté : « Le mercenaire et l’étranger se reposeront également ainsi que toute bête qui peine à ton service » (Ex 23,12)… Le sabbat n’a pas été imposé comme une épreuve, un choix entre la vie et la mort, entre la justice et le péché, comme les autres préceptes par lesquels l’homme peut vivre ou mourir. Non, le sabbat, en son temps, a été donné au peuple en vue du repos –- non seulement des hommes mais des bêtes aussi…

Écoute maintenant quel est le sabbat qui plaît à Dieu. Isaïe l’a dit : « Donnez du repos à ceux qui sont accablés » (28,12). Et ailleurs : « Ceux qui gardent le sabbat sans le profaner, ce sont ceux qui sont réconfortés par mon alliance et choisissent ce qui me plaît » (56,4)… Le sabbat n’est d’aucun profit pour les méchants, les assassins, les voleurs. Mais ceux qui choisissent ce qui plait à Dieu et gardent leurs mains du mal, en ceux-là Dieu habite ; il fait d’eux sa demeure selon sa parole : « J’habiterai en eux et je marcherai au milieu d’eux » (Lv 26,12; 2Co 6,16)… Nous donc, gardons fidèlement le sabbat de Dieu, c’est-à-dire ce qui plaît à son cœur. Nous entrerons ainsi dans le sabbat du grand repos, le sabbat du ciel et de la terre où toute créature se reposera.

Aphraate (?-v. 345), moine et évêque près de Mossoul
Les Exposés, n°13, 1-2.13 (trad. cf SC 359, p. 589s)

 

 

 

Le fardeau léger de la loi du Christ

jeudi 19 juillet 2018

« Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. » Le péché est un fardeau, comme l’atteste le psalmiste lorsqu’il dit : « Mes péchés se sont appesantis sur moi comme un fardeau. » Le Sauveur s’est chargé de ce fardeau pour nous, nous enseignant ainsi par son exemple ce que nous devons faire nous-mêmes. Car Lui-même porte le fardeau de nos péchés, Il souffre pour nous (Is 53, 4), et Il invite ceux qui sont accablés sous le lourd fardeau de la loi et de leurs péchés à porter le fardeau léger de la vertu, lorsqu’Il dit : « Mon joug est doux, et mon fardeau léger. » Mt 11,30).

Celui donc qui, ne désespérant pas du salut de son frère, tend la main à celui qui implore son appui, pleure avec celui qui pleure, est faible avec les faibles, et regarde les péchés d’autrui comme les siens propres, celui-là accomplit par la charité la loi du-Christ. Quelle est cette loi du Christ ? «  Le commandement que Je vous donne est que vous vous aimiez les uns les autres » (Jn 13, 34). Quelle est la loi du Fils de Dieu ? « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés » Comment le Fils de Dieu nous a-t-Il aimés ? « Personne ne peut témoigner un plus grand amour qu’en donnant sa vie pour ses amis. » (Jn 15, 13)

Celui qui n’a pas de clémence, qui ne s’est pas revêtu des entrailles de la miséricorde et des larmes, quelque élevé qu’il soit en spiritualité, celui-là n’accomplit pas la loi du Christ.

Celui qui vient au secours du pauvre accablé sous le poids de l’indigence et se fait des amis avec l’argent inique (Lc 16,), celui-là porte les nécessités de son frère. C’est à lui que Jésus dira après la résurrection générale : « Venez à moi, les bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde. Car J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger, J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. » (Mt 25,34-35)

Saint Jérôme (347-420), prêtre, traducteur de la Bible, docteur de l’Église
Commentaire de l’Épître aux Galates, L3 ch 6 (Œuvres complètes de Saint Jérôme, Tome 10, trad.abbé J. Bareille, rev.)

 

 

 

« Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. »

mercredi 18 juillet 2018

La simplicité est si agréable à Dieu ! Vous savez que l’Écriture dit que son plaisir est de s’entretenir avec les simples, avec les simples de cœur, qui vont bonnement et simplement : « Il fait des hommes droits ses familiers » (Pr 3,32). Voulez-vous trouver Dieu ? Il parle avec les simples. Ô mon Sauveur ! Ô mes frères qui sentez le désir d’être simples, quel bonheur ! quel bonheur ! Courage, puisque vous avez cette promesse que le plaisir de Dieu est d’être avec les hommes simples.

Une autre chose qui nous recommande merveilleusement la simplicité, ce sont ces paroles de notre Seigneur : « Je te bénis, Père, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits ». Je reconnais, mon Père, et je vous en remercie, que la doctrine que j’ai apprise de votre divine Majesté et que je répands parmi les hommes, n’est connue que des simples, et que vous permettez que les prudents du monde ne l’entendent pas ; vous leur en avez caché, sinon les paroles, au moins l’esprit.

Ô Sauveur ! Ô mon Dieu ! Cela nous doit épouvanter. Nous courons après la science comme si tout notre bonheur en dépendait. Malheur à nous si nous n’en avons ! Il en faut avoir, mais en suffisance ; il faut étudier, mais sobrement. D’autres affectent l’intelligence des affaires, de passer pour gens de mise et de négociation au dehors. C’est à ceux-là que Dieu ôte la pénétration des vérités chrétiennes : aux savants et aux entendus du monde. À qui la donne-t-il donc ? Au simple peuple, aux bonnes gens… Messieurs, la vraie religion est parmi les pauvres. Dieu les enrichit d’une foi vive ; ils croient, ils touchent, ils goûtent les paroles de vie… Pour l’ordinaire, ils conservent la paix parmi les troubles et les peines. Qui est cause de cela ? La foi. Pourquoi ? Parce qu’ils sont simples, Dieu fait abonder en eux les grâces qu’il refuse aux riches et sages du monde.

Saint Vincent de Paul (1581-1660), prêtre, fondateur de communautés religieuses
Entretiens spirituels, conférence du 21/03/1659 (Seuil, 1960, p. 587)

 

 

 

Se convertir et revenir au Seigneur

mardi 17 juillet 2018

Je reviendrai à la maison de mon Père comme le prodigue (Lc 15,18), et je serai accueilli. Comme il a fait, lui, ainsi ferai-je : ne m’exaucera-t-il pas ?… Car je suis mort par le péché, comme d’une maladie ; relève-moi de ma ruine, que je loue ton nom ! Je t’en prie, Maître de la terre et du ciel, viens à mon aide et montre-moi ton chemin, que j’aille vers toi. Amène-moi vers toi, Fils du Très-Bon, et mets le comble à ta miséricorde. J’irai vers toi et là je me rassasierai, dans l’allégresse. Le froment de vie, mouds-le pour moi en cette heure où je suis épuisé.

Je suis parti à ta recherche et le Mauvais m’a épié comme un voleur (cf Lc 10,30). Il m’a lié et enchaîné dans les plaisirs du monde mauvais ; il m’a incarcéré dans ses plaisirs et m’a fermé la porte au nez ; et personne qui me libère pour que je parte à ta recherche, ô bon Seigneur !… Je désire, Seigneur, être à toi et marcher avec toi. Voici que je médite sur tes commandements, nuit et jour (Ps 1,2). Donne-moi ce que je demande et accueille mes prières, ô miséricordieux ! Ne tranche pas, Seigneur, l’espoir de ton serviteur, car il t’attend.

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521), moine et évêque syrien
Poème (trad. P. Grelot ; cf Orval)

 

 

Dieu prend soin de ceux qui prennent soin des pauvres

lundi 16 juillet 2018

Un autre moyen de rester fidèle, mes filles, c’est un détachement parfait de père, de mère, des parents et des amis, de sorte que vous ne soyez qu’à Dieu seul. Et pour avoir ce grand bien, il faut se dépouiller de tout et n’avoir rien en propre. Les apôtres avaient ce détachement. Pour un écu, vous en aurez cent ; autant de dames, autant de mères ; de sorte, mes filles, que la Providence jamais ne vous manquera. N’auriez-vous point le courage de vous donner à Dieu, qui pense tant à vous ? Ne prétendez point vous réserver quelque chose pour votre subsistance ; fiez-vous toujours en la Providence. Les riches peuvent tomber en nécessité par les accidents qui arrivent souvent, mais jamais ceux qui veulent dépendre entièrement de Dieu ne seront en pauvreté.

N’est-il pas bon de vivre ainsi, mes filles ? Qu’y a-t-il à craindre ? Car Dieu a promis que les personnes qui auront soin des pauvres ne manqueront jamais de rien. Mes filles, n’aimeriez-vous pas mieux les promesses de Dieu que les tromperies du monde ? Dieu s’est obligé à pourvoir à tous nos besoins.

Saint Vincent de Paul (1581-1660), prêtre, fondateur de communautés religieuses
Entretien aux Filles de la Charité, 31/7/1934 (Tome IX, Éd. Gabalda, 1923. Conférence du 31 juillet 1634, pp.11-12)

 

 

 

« Pour la première fois, il les envoie. »

dimanche 15 juillet 2018

Notre Seigneur Jésus Christ a institué des guides et des enseignants pour le monde entier, et des «  intendants de ses mystères de Dieu » (1Co 4,1). Il leur a prescrit de briller et d’éclairer comme des flambeaux non seulement dans le pays des juifs…, mais partout sous le soleil, pour les hommes habitant sur toute la surface de la terre (Mt 5,14)…

Il voulait envoyer ses disciples comme le Père l’avait envoyé lui-même (Jn 20,21) ; ceux qui étaient destinés à être ses imitateurs devaient donc découvrir pour quelle tâche le Père avait envoyé son Fils. Et lui-même nous a expliqué de diverses manières le caractère de sa mission. Il a dit un jour : «  Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,32). Et encore : «  Je suis descendu du ciel non pas pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38). Et une autre fois : «  Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).

En disant qu’il les envoie comme le Père l’avait envoyé lui-même, il résumait donc en quelques paroles le rôle des apôtres. Ils sauraient ainsi qu’ils doivent appeler les pécheurs à se convertir, soigner les malades, corporellement et spirituellement ; dans leurs fonctions d’intendants, ne chercher aucunement à faire leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés ; et enfin, sauver le monde dans la mesure où il recevra les enseignements du Seigneur.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire évangile de Jean 12,1

 

 

« Ne craignez pas… Soyez sans crainte. »

samedi 14 juillet 2018

Je te rends grâces, Seigneur,
parce que je t’aime.
Très-Haut, ne m’abandonne pas,
car tu es mon espoir.
Gracieusement j’ai reçu ta grâce,
c’est elle qui me fait vivre.

Mes persécuteurs viendront,
et ils ne me verront plus.
Un nuage d’obscurité tombera sur leurs yeux,
et un air de ténèbres les obscurcira.
Ils n’auront plus de lumière pour voir,
ils ne pourront plus me saisir. ~

Ils ont médité un plan,
et il s’est anéanti pour eux.
Ils ont conçu des projets méchants
et les voilà dépouillés.

Dans le Seigneur est mon espoir,
je n’ai point de crainte.
Le Seigneur est mon salut,
je n’ai point de crainte.
Il est comme une couronne sur ma tête,
je ne chancellerai pas.

Quand même tout l’univers chancellerait,
je resterai debout.
Si tout ce qui est visible périt,
moi je ne mourrai pas.
Car le Seigneur est avec moi,
je suis avec lui.
Alléluia  !

 

Odes de Salomon (texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)
N°5 (trad. coll. Pères dans la foi, n°97, p. 26)

 

 

 

Union de prière

vendredi 13 juillet 2018

En union de prière, tous les soirs à 18h35, pour les Saintes âmes du Purgatoire, et tous les vendredis soir, de 21h30 à 22h00, à la demande de Marie Mère des hommes, aux intentions de ce monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Soyez prudents comme les serpents et candides comme les colombes. »

vendredi 13 juillet 2018

Il faut traiter tout le monde avec respect, avec prudence et avec une simplicité évangélique… Il est conforme à l’exemple de Jésus de faire preuve de la simplicité la plus attirante, sans se départir d’ailleurs de la prudence des sages et des saints que Dieu aide. La simplicité peut susciter, je ne dis pas du mépris, mais une moindre considération de la part des malins. Peu importe si les malins, dont on ne doit tenir aucun compte, peuvent infliger quelque humiliation par leurs jugements et leurs mots d’esprit ; tout tourne à leur dommage et confusion. Celui qui est « simple, droit et craignant Dieu »est toujours le plus digne et le plus fort. À condition, naturellement, qu’il soit toujours soutenu par une prudence sage et avenante.

Celui-là est simple qui n’a pas honte de confesser l’Évangile, même en face des hommes qui n’y voient qu’une faiblesse et un enfantillage, et de le confesser en toutes ses parties et en toutes les occasions et en présence de n’importe qui ; il ne se laisse pas tromper ou entraîner dans son jugement par le prochain, et il ne perd pas la sérénité de son âme, quelle que soit l’attitude que les autres prennent avec lui.

Le prudent est celui qui sait taire une partie de la vérité qu’il serait inopportun de manifester, et qui peut se taire sans que son silence altère et falsifie la partie de vérité qu’il dit ; c’est celui qui sait atteindre les fins bonnes qu’il se propose, en choisissant les moyens les plus efficaces… ; c’est celui qui, en toute circonstance, distingue l’essentiel et ne se laisse pas embarrasser par l’accessoire… ; c’est celui qui, au départ de tout cela espère la réussite en Dieu seul…

La simplicité n’a rien qui contredise à la prudence, ni inversement. La simplicité est amour ; la prudence est pensée. L’amour prie, l’intelligence veille. « Veillez et priez »(Mt 26,41). Dans une conciliation parfaite. L’amour est comme la colombe qui gémit ; l’intelligence, tournée vers l’action, est comme le serpent qui ne tombe jamais à terre ni ne se heurte, parce qu’il avance en tâtant de la tête toutes les inégalités de son chemin.

Saint Jean XXIII (1881-1963), pape
Journal de l’âme, dimanche 13 août 1961 (trad. Le Cerf 1964, p. 475-477)