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Archive pour octobre 2017

Le règne de Dieu

mardi 31 octobre 2017

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Je vais te montrer clairement que c’est ici-bas qu’il te faut recevoir le Royaume des cieux tout entier, si tu veux y pénétrer aussi après ta mort. Écoute Dieu qui te parle en paraboles : « A quoi donc comparer le Royaume des cieux ? Il est semblable, écoute bien, au grain de sénevé qu’un homme a pris et qu’il a jeté dans son jardin ; et il a poussé et, en vérité, il est devenu un grand arbre. » Ce grain, c’est le Royaume des cieux, c’est la grâce de l’Esprit divin, et le jardin, c’est le cœur de chaque homme, là où celui qui l’a reçu cache l’Esprit au fond de lui-même, dans les replis de ses entrailles, pour que personne ne puisse le voir. Et il le garde avec tous ses soins, pour qu’il pousse, pour qu’il devienne un arbre et s’élève vers le ciel.

Si donc tu dis : « Ce n’est pas ici-bas, mais c’est après la mort que recevront le Royaume tous ceux qui l’auront désiré avec ferveur », tu bouleverses les paroles du Sauveur notre Dieu. Et si tu ne prends pas le grain, ce grain de sénevé, comme il l’a dit, si tu ne le jettes pas dans ton jardin, tu demeures totalement stérile. À quel autre moment, sinon maintenant, recevras-tu la semence ?

Ici-bas, reçois les arrhes, dit le Maître ; ici-bas, reçois le sceau. Dès ici-bas allume ta lampe. Si tu es sensé, c’est ici-bas que je deviens pour toi la perle (Mt 13,45), c’est ici-bas que je suis ton froment, et comme un grain de sénevé. C’est ici-bas que je deviens pour toi un levain et que je fais lever la pâte. C’est ici-bas que je suis pour toi comme de l’eau et que je deviens un feu adoucissant. C’est ici-bas que je deviens ton vêtement et ta nourriture et toute ta boisson, si tu le désires. » Voilà ce que dit le Maître. « Si donc ainsi, dès ici-bas, tu me reconnais tel, là-bas aussi tu me posséderas ineffablement, et je deviendrai tout pour toi. »

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Hymne 17 (trad. Dourgne, Cerf 1979, p.87)

 

 

 

« Femme, te voilà délivrée de ton infirmité. »

lundi 30 octobre 2017

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« Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat. Il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme » … « Elle était courbée, et ne pouvait absolument pas regarder vers le haut. » Le pécheur, préoccupé des choses de la terre et ne recherchant pas celles du Ciel, est incapable de regarder vers le haut : comme il suit des désirs qui le portent vers le bas, son âme, perdant sa rectitude, s’incurve, et il ne voit plus que ce à quoi il pense sans cesse. Faites retour sur vos cœurs, frères très chers, et examinez continuellement les pensées que vous ne cessez de rouler en votre esprit. L’un pense aux honneurs, un autre à l’argent, un autre encore à augmenter ses propriétés. Toutes ces choses sont basses, et quand l’esprit s’y investit, il s’infléchit, perdant sa rectitude. Et parce qu’il ne se relève pas pour désirer les biens d’en haut, il est comme cette femme courbée, qui ne peut absolument pas regarder vers le haut…

Le psalmiste a fort bien décrit notre courbure quand il a dit de lui-même, comme symbole de tout le genre humain : « J’ai été courbé et humilié à l’excès » (Ps 37,7). Il considérait que l’homme, bien que créé pour contempler la lumière d’en haut, a été jeté hors du paradis à cause de ses péchés, et que par suite, les ténèbres règnent en son âme, lui faisant perdre l’appétit des choses d’en haut et porter toute son attention vers celles d’en bas… Si l’homme, perdant de vue les choses du Ciel, ne pensait qu’aux nécessités de ce monde, il serait sans doute courbé et humilié, mais non pourtant « à l’excès ». Or, comme non seulement la nécessité fait tomber ses pensées…, mais qu’en outre le plaisir défendu le terrasse, il n’est pas seulement courbé, mais « courbé à l’excès ».

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur l’Évangile, n°31 (trad. Le Barroux)

 

 

 

« Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les prophètes – dépend de ces deux commandements. »

dimanche 29 octobre 2017

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Puisque régner dans le ciel n’est rien d’autre que d’adhérer à Dieu et à tous les saints, par l’amour, en une seule volonté, au point que tous n’exercent ensemble qu’un seul et même pouvoir, aime donc Dieu plus que toi-même, et déjà tu commences à tenir ce que tu veux posséder parfaitement dans le ciel. Accorde-toi avec Dieu et avec les hommes — si du moins ceux-ci ne se séparent pas de Dieu — et déjà tu commences à régner avec Dieu et avec tous les saints. Car, dans la mesure où tu t’accordes maintenant avec la volonté de Dieu et avec celle des hommes, Dieu et tous les saints s’accorderont avec ta volonté. Si donc tu veux être roi dans le ciel, aime Dieu et les hommes comme tu le dois, et tu mériteras d’être ce que tu souhaites.

Mais cet amour, tu ne pourras le posséder à la perfection que si tu vides ton cœur de tout autre amour… Voilà pourquoi ceux qui remplissent leur cœur d’amour de Dieu et du prochain n’ont de vouloir que celui de Dieu, ou celui d’un autre homme, pourvu qu’il ne soit pas contraire à Dieu. Voilà pourquoi ils sont fidèles à prier, ainsi qu’à s’entretenir et à se souvenir du ciel ; car il leur est agréable de désirer Dieu et de parler de celui qu’ils aiment, d’entendre parler de lui et de penser à lui. C’est aussi pourquoi ils se réjouissent avec qui est dans la joie, ils pleurent avec qui est dans la peine (Rm 12,15), ils ont compassion des malheureux et ils donnent aux pauvres, car ils aiment les autres hommes comme eux-mêmes. Oui, c’est bien ainsi que « toute la Loi et les prophètes se rattachent à ces deux commandements » de l’amour.

Saint Anselme (1033-1109), moine, évêque, docteur de l’Église
Lettre 112, à Hugues le reclus ; Opera omnia, 3, p. 245 (trad. Orval)

 

 

 

 

Fête des Sts Simon et Jude, Apôtres

samedi 28 octobre 2017

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Si Jésus avait choisi, pour en faire les ministres de son enseignement, des hommes savants selon l’opinion publique, capables de saisir et d’exprimer des idées chères aux foules, il aurait été soupçonné d’avoir prêché suivant la méthode des philosophes qui tiennent école, et le caractère divin de sa doctrine n’aurait pas paru dans toute son évidence. Sa doctrine et sa prédication auraient consisté « en discours persuasifs de la sagesse » (1Co 1,17)… ; et notre foi, pareille à celle qu’on accorde aux doctrines des philosophes de ce monde, « reposerait sur la sagesse des hommes et non sur la puissance de Dieu » (1Co 2,5). Mais quand on voit des pêcheurs et des publicains sans instruction assez hardis pour discuter avec les juifs de la foi en Jésus Christ, et pour le prêcher au reste du monde, et y réussir, comment ne pas chercher l’origine de cette puissance de persuasion ? Comment ne pas avouer que la parole de Jésus : « Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4,19), il l’a réalisée dans ses apôtres par une puissance divine ?

Paul aussi manifeste cette puissance quand il écrit : « Ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, c’était une démonstration de l’Esprit et de la puissance de Dieu » (1Co 2,4)… C’est ce qu’ont dit les prophètes déjà, quand ils ont annoncé par avance la prédication de l’Evangile : « Le Seigneur donnera sa parole aux messagers de la bonne nouvelle avec une grande puissance », afin que « rapide court sa parole » (Ps 67,12 ;147,4). Et de fait, nous voyons que « la voix » des apôtres de Jésus « a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux limites du monde » (Ps 18,5 ;Rm 10,18). Voilà pourquoi ceux qui écoutent la parole de Dieu annoncée avec puissance sont remplis eux-mêmes de puissance ; ils le manifestent par leur conduite et par leur lutte pour la vérité jusqu’à la mort.

Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Contre Celse I, 62 (trad. cf SC 132, p. 247s)

 

 

 

Bulletin octobre 2017

vendredi 27 octobre 2017

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Discerner les signes des temps : un grand thème du Concile Vatican II

vendredi 27 octobre 2017

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Il arrive souvent que dans l’exercice quotidien de notre ministère apostolique nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu’enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés ; ils se conduisent comme si l’histoire, qui est maîtresse de vie, n’avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d’autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de l’Église.

Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.

Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l’Église, même les événements contraires.

Saint Jean XXIII (1881-1963), pape
Discours à l’ouverture du Concile Vatican II, 11/10/1962

 

 

 

« Je suis venu apporter un feu sur la terre ! »

jeudi 26 octobre 2017

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Fais-toi violence (cf Mt 11,12), efforce-toi d’imiter l’humilité du Christ, afin que s’allume toujours davantage le feu qu’il a jeté en toi, ce feu par lequel sont consumées toutes les impulsions de ce monde-ci qui détruisent l’homme nouveau et qui souillent les demeures du Seigneur saint et puissant. Car j’affirme avec saint Paul que « nous sommes le temple de Dieu » (2Co 6,16). Purifions donc son temple, « comme lui-même est pur » (1Jn 3,3), afin qu’il ait le désir d’y demeurer ; sanctifions-le, comme lui-même est saint (1P 1,16) ; ornons-le de toutes les œuvres bonnes et dignes.

Emplissons le temple du repos de sa volonté, comme d’un parfum, par la prière pure, la prière du cœur qu’il est impossible d’acquérir en se livrant aux impulsions continuelles de ce monde-ci. Ainsi la nuée de sa gloire couvrira ton âme, et la lumière de sa grandeur brillera dans ton cœur (cf 1R 8,10). Tous ceux qui demeurent dans la maison de Dieu seront emplis de joie et se réjouiront. Mais les insolents et les ignobles disparaîtront sous la flamme du Saint-Esprit.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n°2 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 66 rev)

 

 

 

« Tenez-vous prêts ! »

mercredi 25 octobre 2017

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« C’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme viendra. » Jésus leur dit cela pour que les disciples restent éveillés, qu’ils soient toujours prêts. S’il leur dit qu’il viendra quand ils ne s’y attendront pas, c’est qu’il veut les pousser à pratiquer la vertu avec zèle et sans relâche. C’est comme s’il leur disait : « Si les gens savaient quand ils vont mourir, ils seraient parfaitement prêts pour ce jour »… Mais le moment de la fin de notre vie est un secret qui échappe à chaque homme…

Voilà pourquoi le Seigneur exige deux qualités de son serviteur : qu’il soit fidèle, pour qu’il ne s’attribue à lui-même rien de ce qui appartient à son maître, et qu’il soit avisé, pour administrer convenablement tout ce qu’on lui a confié. Il nous faut donc ces deux qualités pour être prêts à l’arrivée du Maître… Car voici ce qui arrive du fait que nous ne connaissons pas le jour de notre rencontre avec lui : on se dit : « Mon maître tarde à venir ». Le serviteur fidèle et avisé n’a pas de pensée semblable. Malheureux, sous prétexte que ton Maître tarde, tu t’imagines qu’il ne va pas venir du tout ? Son arrivée est certaine. Pourquoi ne restes-tu donc pas sur tes gardes ? Non, le Seigneur n’est pas lent à venir ; ce retard n’est que dans l’imagination du mauvais serviteur.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie 77 sur St Matthieu (trad. cf Véricel, Les Pères commentent, p. 252)

 

 

 

« Gardez vos lampes allumées ! »

mardi 24 octobre 2017

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La prière offerte au temps de la nuit possède un grand pouvoir, plus que celle qui est offerte pendant le jour. C’est pourquoi tous les saints ont eu l’habitude de prier la nuit, combattant l’assoupissement du corps et la douceur du sommeil et dépassant leur nature corporelle. Le prophète disait lui aussi : « Je me suis fatigué à gémir ; chaque nuit, je baigne ma couche de mes larmes » (Ps 6,7) pendant qu’il soupirait du fond du cœur dans une prière passionnée. Et ailleurs : « Je me lève au milieu de la nuit pour te louer à cause de tes jugements, toi le Juste. » (Ps 118,62). Pour chacune des requêtes que les saints voulaient adresser à Dieu avec force, ils s’armaient de la prière pendant la nuit et aussitôt ils recevaient ce qu’ils demandaient.

Satan lui-même ne craint rien autant que la prière que l’on offre pendant les veilles. Même si elles s’accompagnent de distractions, elle ne revient pas sans fruit, à moins qu’on ne demande ce qui ne convient pas. C’est pourquoi il engage de sévères combats contre ceux qui veillent, afin de les détourner si possible de cette pratique, surtout s’ils se montrent persévérants. Mais ceux qui sont quelque peu fortifiés contre ses ruses pernicieuses et ont goûté les dons que Dieu accorde durant les veilles, et qui ont expérimenté personnellement la grandeur de l’aide que Dieu leur accorde, le méprisent complètement, lui et tous ses stratagèmes.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques (trad. Deseille, La fournaise de Babylone, Eds. Présence 1974, p. 90)

 

 

 

Amasser pour soi-même ou être riche en vue de Dieu ?

lundi 23 octobre 2017
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse un trésor pour lui-même au lieu de s’enrichir auprès de Dieu, Lc 12,21

Voilà ce qui arrive à celui qui amasse un trésor pour lui-même au lieu de s’enrichir auprès de Dieu, Lc 12,21

Les chrétiens collaboreront de bon gré et de tout leur cœur à la construction de l’ordre international. Cela doit se faire dans un respect loyal des libertés légitimes et dans une fraternité amicale avec tous. Ils le feront d’autant plus volontiers que la plus grande partie du globe souffre encore d’une telle indigence que le Christ lui-même, dans la personne des pauvres, réclame pour ainsi dire à haute voix la charité de ses disciples. Qu’on évite donc ce scandale : tandis que certains pays jouissent d’une grande abondance et que la majeure partie de leurs habitants portent le nom de chrétiens, d’autres sont privés du nécessaire et sont tourmentés par la faim, la maladie et toutes sortes de misères. L’Esprit de pauvreté et de charité est, en effet, la gloire et le signe distinctif de l’Église du Christ. Il faut donc louer et encourager ces chrétiens, les jeunes en particulier, qui s’offrent spontanément à secourir d’autres hommes et d’autres peuples…

Pour encourager et stimuler la coopération entre tous, il est donc tout à fait nécessaire que l’Église soit présente dans la communauté des nations –- aussi bien par des organes officiels que par la collaboration entière et loyale de tous les chrétiens… À cet égard, dans l’éducation religieuse comme dans l’éducation civique, on sera particulièrement attentif à la formation des jeunes…

Enfin, il faut souhaiter que les catholiques, pour bien remplir leur rôle dans la communauté internationale, recherchent une coopération active et positive à la fois avec leurs frères chrétiens d’autres communautés ecclésiales, qui professent le même amour évangélique, et avec tous les hommes en quête d’une paix véritable.

Concile Vatican II
Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes », § 88-90 (trad. cf bréviaire 31e mar.)