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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. »

mercredi 5 novembre 2025

Puisque notre Tête est montée aux cieux, il convient que ses membres (Col 2,19) suivent leur Chef (…), passant par le chemin qu’il a pris si péniblement. Car « il fallait que le Christ souffre ainsi pour entrer dans sa gloire » (Lc 24,26). Nous devons suivre notre Chef, si digne d’amour, lui qui a porté l’étendard devant nous. Que chaque homme prenne sa croix et le suive ; et nous arriverons là où il est. On voit bien que beaucoup suivent ce monde-ci pour des honneurs dérisoires, et pour cela renoncent au confort physique, à leur foyer, à leurs amis, s’exposant aux périls de la guerre, tout cela pour acquérir des biens extérieurs ! Il est donc juste que nous pratiquions le plein renoncement pour acquérir le pur bien qui est Dieu, et qu’ainsi nous suivions notre Chef…

Il n’est pas rare de trouver des hommes qui désirent être les témoins du Seigneur dans la paix, c’est-à-dire pourvu que tout aille selon leurs désirs. Volontiers ils veulent devenir des saints, mais sans fatigue, sans ennui, sans difficulté, sans qu’il leur en coûte rien. Ils ambitionnent de connaître Dieu, de le goûter, de le sentir, mais il ne faut pas qu’il y ait d’amertume. Alors, dès qu’il faut travailler, dès que l’amertume, les ténèbres, les tentations viennent les trouver, dès qu’ils ne sentent plus Dieu et qu’ils se sentent délaissés intérieurement, ainsi qu’au dehors, leurs belles résolutions s’évanouissent. Ce ne sont pas de vrais témoins, des témoins comme il en faut pour le Sauveur. (…) Ah, puissions-nous nous affranchir de cette recherche-là et chercher la paix en tout temps, au sein même du malheur ! C’est là seulement que naît la vraie paix, celle qui demeure.

Jean Tauler (v. 1300-1361)

« Insiste pour faire entrer les gens afin que ma maison soit remplie. »

mardi 4 novembre 2025

Les invités s’excusent, alors que le Royaume n’est fermé à personne qui ne s’exclue lui-même par sa propre parole. Dans sa bonté, le Seigneur invite tout le monde, mais c’est notre lâcheté ou notre égarement qui nous écarte. Celui qui préfère acheter une ferme n’a pas sa place au Royaume : au temps de Noé, acheteurs et vendeurs ont été engloutis par le déluge (Lc 17,26-28)… De même celui qui s’excuse parce qu’il vient de se marier, car il est écrit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, à sa mère et à sa femme, il ne peut pas être mon disciple » (Lc 14,26)…

Ainsi, après le dédain orgueilleux des riches, le Christ s’est tourné vers les païens ; il fait entrer bons et méchants, pour faire grandir les bons, pour améliorer les dispositions des méchants… Il invite les pauvres, les infirmes, les aveugles, ce qui nous montre que l’infirmité physique n’écarte personne du Royaume…, ou bien que l’infirmité des péchés est guérie par la miséricorde du Seigneur…

Il envoie donc chercher aux croisées des chemins, car « la Sagesse crie aux carrefours » (Pr 1,20). Il envoie sur les places, car il a fait dire aux pécheurs de quitter les voies larges pour rejoindre le chemin étroit qui conduit à la vie (Mt 7,13). Il envoie sur les routes et le long des haies, car ceux qui se hâtent vers les biens à venir, sans être retenus par les biens présents, engagés sur la voie de la bonne volonté, sont capables d’atteindre le Royaume des cieux, ainsi que ceux qui savent distinguer le mal du bien, comme les champs sont délimités par une haie, c’est-à dire ceux qui opposent le rempart de la foi aux tentations du péché.

Saint Ambroise (v. 340-397)

« Jérusalem, Jérusalem, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants. »

jeudi 30 octobre 2025

La croix du Christ est le soutien du genre humain : sur cette colonne est bâtie sa demeure. Quand je parle de la croix, je vise non pas le bois mais la Passion. Cette croix, elle se trouve aussi bien en Bretagne qu’en Inde, et dans l’univers entier… Heureux celui qui porte dans son cœur la croix et la résurrection, ainsi que le lieu de la naissance et le lieu de l’ascension du Christ. Heureux celui qui possède Bethléem dans son cœur et dans le cœur de qui le Christ naît chaque jour… Heureux celui dans le cœur de qui le Christ ressuscite chaque jour parce que chaque jour il fait pénitence pour ses péchés même légers. Heureux celui qui chaque jour s’élève du Mont des Oliviers au Royaume des cieux, là où sont grasses les olives et où naît la lumière du Christ…

Ce n’est pas d’avoir été à Jérusalem, mais d’avoir bien vécu à Jérusalem que l’on doit se féliciter. La cité qu’il faut chercher, ce n’est pas celle qui a tué les prophètes et versé le sang du Christ, mais celle qu’un fleuve impétueux met en liesse (Ps 46,5), celle qui, bâtie sur une montagne, ne peut être cachée (Mt 5,12), celle que l’apôtre Paul proclame la mère des saints et en laquelle il se réjouit de résider avec les justes (Ga 4,26-27).

Saint Jérôme (347-420)

Le sabbat devient le premier jour de la création nouvelle

lundi 27 octobre 2025

La semaine comporte évidemment sept jours : Dieu nous en a donné six pour travailler, et il nous en a donné un pour prier, nous reposer et nous libérer de nos péchés. (…) Je vais t’exposer les raisons pour lesquelles la tradition de garder le dimanche et de nous abstenir de travailler nous a été transmise. Lorsque le Seigneur a confié le sacrement aux disciples, « il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : ‘Prenez, mangez : ceci est mon corps, rompu pour vous en rémission des péchés’. De même, il leur donna la coupe en disant : ‘Buvez-en tous : ceci est mon sang, le sang de l’Alliance Nouvelle, répandu pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Faites cela en mémoire de moi’ » (Mt 26,26s ;1Co 11,24).

Le jour saint du dimanche est donc celui où l’on fait mémoire du Seigneur. C’est pourquoi on l’a appelé « le jour du Seigneur ». Et il est comme le seigneur des jours. En effet, avant la Passion du Seigneur, il n’était pas appelé « jour du Seigneur » mais « premier jour ». En ce jour, le Seigneur a établi le fondement de la résurrection, c’est-à-dire qu’il a entrepris la création ; en ce jour, il a donné au monde les prémices de la résurrection ; en ce jour, comme nous l’avons dit, il a ordonné de célébrer les saints mystères. Ce jour a donc été pour nous le commencement de toute grâce : commencement de la création du monde, commencement de la résurrection, commencement de la semaine. Ce jour, qui renferme en lui-même trois commencements, préfigure la primauté de la sainte Trinité.

Homélie attribuée à Eusèbe d’Alexandrie (fin du 5ème siècle)

« Je suis venu jeter un feu sur la terre. »

jeudi 23 octobre 2025

Les symboles de l’Esprit Saint : le feu. Alors que l’eau signifiait la naissance et la fécondité de la vie donnée dans l’Esprit Saint, le feu symbolise l’énergie transformante des actes de l’Esprit Saint. Le prophète Élie, qui « se leva comme un feu et dont la parole brûlait comme une torche » (Si 48,1), par sa prière attire le feu du ciel sur le sacrifice du mont Carmel, préfiguration du feu de l’Esprit Saint qui transforme ce qu’il touche. Jean Baptiste, « qui marche devant le Seigneur avec ‘l’esprit’ et la puissance d’Élie » (Lc 1,17) annonce le Christ comme celui qui « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Lc 3,16), cet Esprit dont Jésus dira : « Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je voudrais qu’il soit déjà allumé. » C’est sous la forme de langues « qu’on aurait dites de feu » que l’Esprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et les remplit de lui (Ac 2,3-4). La tradition spirituelle retiendra ce symbolisme du feu comme l’un des plus expressifs de l’action de l’Esprit Saint : « N’éteignez pas l’Esprit » (1Th 5,19). (…)

Jésus ne révèle pas pleinement l’Esprit Saint tant que lui-même n’a pas été glorifié par sa mort et sa résurrection. (…) C’est seulement quand l’heure est venue où il va être glorifié que Jésus promet la venue de l’Esprit Saint, puisque sa mort et sa résurrection seront l’accomplissement de la promesse faite aux pères. L’Esprit de vérité, l’autre Paraclet, sera donné par le Père à la prière de Jésus (Jn 14,16s) ; il sera envoyé par le Père au nom de Jésus ; Jésus l’enverra d’auprès du Père car il est issu du Père. (…) Enfin, vient l’heure de Jésus : Jésus remet son esprit entre les mains du Père au moment où par sa mort il est vainqueur de la mort, de sorte que, « ressuscité des morts par la gloire du Père » (Rm 6,4), il donne aussitôt l’Esprit Saint en soufflant sur ses disciples (Jn 20,22).

Catéchisme de l’Église catholique

« Tenez-vous prêts ! »

mercredi 22 octobre 2025

« C’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme viendra. » Jésus leur dit cela pour que les disciples restent éveillés, qu’ils soient toujours prêts. S’il leur dit qu’il viendra quand ils ne s’y attendront pas, c’est qu’il veut les pousser à pratiquer la vertu avec zèle et sans relâche. C’est comme s’il leur disait : « Si les gens savaient quand ils vont mourir, ils seraient parfaitement prêts pour ce jour »… Mais le moment de la fin de notre vie est un secret qui échappe à chaque homme…

Voilà pourquoi le Seigneur exige deux qualités de son serviteur : qu’il soit fidèle, pour qu’il ne s’attribue à lui-même rien de ce qui appartient à son maître, et qu’il soit avisé, pour administrer convenablement tout ce qu’on lui a confié. Il nous faut donc ces deux qualités pour être prêts à l’arrivée du Maître… Car voici ce qui arrive du fait que nous ne connaissons pas le jour de notre rencontre avec lui : on se dit : « Mon maître tarde à venir ». Le serviteur fidèle et avisé n’a pas de pensée semblable. Malheureux, sous prétexte que ton Maître tarde, tu t’imagines qu’il ne va pas venir du tout ? Son arrivée est certaine. Pourquoi ne restes-tu donc pas sur tes gardes ? Non, le Seigneur n’est pas lent à venir ; ce retard n’est que dans l’imagination du mauvais serviteur.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

« Pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. »

mardi 21 octobre 2025

Le Dieu Verbe secoue le paresseux et réveille le dormeur. En effet, celui qui vient frapper à la porte veut toujours entrer. Mais cela dépend de nous s’il n’entre pas toujours ou s’il ne demeure pas toujours. Que ta porte soit ouverte à celui qui vient ; ouvre ton âme, élargis les capacités de ton esprit, afin de découvrir les richesses de la simplicité, les trésors de la paix, la douceur de la grâce. Dilate ton cœur ; cours à la rencontre du soleil de la lumière éternelle qui « illumine tout homme » (Jn 1,9). Il est certain que cette lumière véritable brille pour tous ; mais si quelqu’un ferme ses fenêtres, il se privera lui-même de la lumière éternelle.

Donc même le Christ reste dehors, si tu fermes la porte de ton âme. Certes, il pourrait entrer, mais il ne veut pas s’introduire de force, il ne veut pas contraindre ceux qui le refusent. Issu de la Vierge, sorti de son sein, il irradie tout l’univers, afin de resplendir pour tous. Ceux qui désirent recevoir la lumière qui brille d’un éclat perpétuel lui ouvrent ; aucune nuit ne viendra l’interrompre. En effet, le soleil que nous voyons chaque jour cède la place aux ténèbres de la nuit ; mais le Soleil de justice (Ml 3,20) ne connaît pas de couchant, car la Sagesse n’est pas vaincue par le mal.

Saint Ambroise (v. 340-397)

User des biens sans en abuser

lundi 20 octobre 2025

La miséricorde et la bienfaisance sont les amies de Dieu. Et si elles viennent s’établir au cœur d’un homme, elles le divinisent et le modèlent à la ressemblance du souverain Bien afin qu’il soit l’image de l’essence première et sans mélange qui surpasse toute connaissance.

Vous donc, créatures raisonnables et douées de l’intelligence qui interprète et qui enseigne les choses divines, ne vous laissez pas séduire par les choses temporelles. Tâchez plutôt de gagner celui qui possède ce qui rend éternel. Limitez-vous dans l’usage des biens de la vie. Tout ne vous appartient pas ; qu’une part aussi soit laissée pour les pauvres qui sont aimés de Dieu. Car tout est à Dieu, notre Père commun, et nous sommes des frères, l’idéal le plus juste serait que chacun jouît d’une part égale de l’héritage. Mais à défaut de cela, si certains s’attribuent le plus gros de cet héritage, que tous les autres en obtiennent au moins une partie. Et si quelqu’un veut le posséder tout entier à l’exclusion de ses nombreux frères, celui-là est un impitoyable tyran, un barbare sans cœur, une bête insatiable.

Use donc des biens de la terre, mais n’en abuse pas.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

« Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. »

samedi 18 octobre 2025

Le Christ, afin d’accomplir la volonté du Père, a inauguré ici-bas le Royaume des cieux ; il nous a révélé le mystère du Père et, par son obéissance, a opéré la rédemption. L’Église, qui est le Royaume du Christ déjà présent sous une forme mystérieuse, croît visiblement dans le monde grâce à la puissance de Dieu. Ce commencement et cette croissance sont signifiés par le sang et l’eau qui sortent du côté de Jésus crucifié et annoncés par les paroles du Seigneur concernant sa mort en croix : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi »…

Le mystère de la sainte Église se manifeste dans sa fondation. Le Seigneur Jésus, en effet, a inauguré son Église en prêchant la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire la venue du Royaume de Dieu promis depuis des siècles dans les Écritures : « Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est proche ». Ce Royaume de Dieu apparaît aux hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ. La parole du Seigneur est comparée au grain semé dans un champ : ceux qui l’écoutent avec foi et s’agrègent au petit troupeau du Christ ont accueilli le Royaume lui-même. Puis la semence, par sa propre force, germe et se développe jusqu’au temps de la moisson. De même les miracles de Jésus sont une preuve que le Royaume est véritablement venu sur terre : « Si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est déjà survenu pour vous ». Mais, avant tout, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, qui est venu « pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ».

Et quand Jésus, après avoir souffert la mort en croix pour les hommes, a été ressuscité, il est apparu établi comme Seigneur et Christ, comme Prêtre éternel, et il a répandu en ses disciples l’Esprit promis par le Père. Dès lors, l’Église pourvue des dons de son Fondateur et attachée à ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit la mission d’annoncer et d’instaurer en toutes les nations le Royaume du Christ et de Dieu dont, sur terre, elle constitue le germe et le commencement. Dans l’intervalle, à mesure qu’elle grandit, elle aspire à l’accomplissement du Royaume, elle espère et souhaite de toutes ses forces être unie à son Roi dans la gloire.

Concile Vatican II

« Même vos cheveux sont tous comptés. Soyez sans crainte ! »

vendredi 17 octobre 2025

Quand on est conduit par un guide qui mène dans un pays inconnu, de nuit, à travers les champs, sans route frayée, selon son génie, sans prendre avis de personne et sans vouloir découvrir ses desseins, peut-on prendre un autre parti que celui de l’abandon ? A quoi sert de regarder où l’on est, d’interroger les passants, de consulter la carte et les voyageurs ? Le dessein d’un guide qui veut que l’on se confie à lui sera contraire à tout cela ; il prendra plaisir à confondre l’inquiétude et la méfiance d’une âme ; il veut une entière remise en lui. (…)

L’action divine est essentiellement bonne, elle ne veut point être renforcée ni contrôlée, elle a commencé dès la création du monde et, dès cet instant, elle développe de nouvelles preuves ; elle ne limite point ses opérations, sa fécondité ne s’épuise point ; elle faisait cela hier, elle fait ceci aujourd’hui ; c’est la même action qui s’applique à tous les moments par des effets toujours nouveaux et elle se déploiera ainsi éternellement. (…) Voulez-vous vivre évangéliquement ? Vivez en plein abandon à l’action de Dieu.

Jean-Pierre de Caussade (1675-1751)