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La félicité et les désirs de l’âme

La félicité de l’autre vie est l’accomplissement de tous les désirs. La félicité de cette vie est l’anéantissement de tous les désirs. (…)

Les désirs croissent à mesure que nous obtenons ce que nous avons désiré : la possession de ce que nous avons souhaité ne fait que nourrir nos désirs, sans rassasier l’âme. L’âme ne désire que cette charge, parce qu’elle se persuade, séduite par les sens et par les fausses opinions des hommes, que cette charge la satisfera. Mais voyant que ce n’est que comme une goutte d’eau dans un abîme, elle se porte à d’autres objets que les sens lui représentent encore comme des biens capables de la remplir. Le mauvais riche ne demandait qu’une goutte d’eau ; c’était là tous ses désirs. Je vous laisse à penser si cela aurait étanché sa soif. Il ne l’aura pas. Mais quand il l’aurait, etc. Si nous avions l’accomplissement de tous nos désirs en cette vie, nous ne penserions plus à l’autre, et ainsi Dieu qui nous aime ménage la chose autrement. (…)

Est-ce en ce monde que nous parvenons à cette véritable félicité ? Les plaisirs du monde qui rassasient d’abord, ses honneurs, sa gloire et ses richesses qui ne rassasient jamais, tous ses faux biens dont les uns dégoûtent et les autres affament, qui passent tous comme une fumée, et dont l’usage est toujours troublé par un mélange de maux infinis et par l’image terrible de la mort, où ils vont tous enfin se terminer, peuvent-ils produire cette félicité ?

Saint Claude la Colombière (1641-1682)

 

 

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