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Archive pour le mot-clef ‘Pâques’

Dimanche de Pâques

dimanche 17 avril 2022

« Voici le jour que le Seigneur a fait : soyons dans la joie et dans l’allégresse » (Ps 117,24). (…) En tant que chrétiens nous sommes nés pour le Royaume de Dieu depuis notre plus tendre enfance (…), mais, tout en ayant conscience de cette vérité et y croyant totalement, nous avons beaucoup de difficulté à saisir ce privilège et passons de longues années à le comprendre. Personne, bien sûr, ne le comprend pleinement. (…) Et même en ce grand jour, ce jour parmi les jours, où le Christ est ressuscité des morts (…), nous voici comme des petits enfants (…) à qui il manque des yeux pour voir et un cœur pour comprendre qui nous sommes vraiment. (…)

Voici le jour de Pâques — répétons-le-nous encore et encore, avec un profond respect et une grande joie. Comme les enfants disent : « Voici le printemps » ou « Voici la mer », pour essayer d’en saisir l’idée (…), disons : « Voici le jour parmi les jours, le jour royal (Ap 1,10 grec), le jour du Seigneur. Voici le jour où le Christ est ressuscité des morts, le jour qui nous apporte le salut ». C’est le jour qui nous rend plus grands que nous ne pouvons le comprendre. C’est le jour de notre repos, notre vrai sabbat ; le Christ est entré en son repos (He 4), et nous avec lui. Ce jour nous conduit, en préfiguration, à travers la tombe et les portes de la mort jusqu’au temps du répit dans le sein d’Abraham (Ac 3,20; Lc 16,22).

Nous en avons assez de la fatigue, de la morosité, de la lassitude, de la tristesse et du remords. Nous en avons assez de ce monde éprouvant. Nous en avons assez de ses bruits et de son vacarme ; sa meilleure musique, ce n’est que du bruit. Mais maintenant le silence règne, et c’est un silence qui parle (…) : telle est notre béatitude désormais. C’est le commencement de jours calmes et sereins, et le Christ s’y fait entendre, de sa « voix douce et tranquille » (1R 19,12), parce que le monde ne parle plus. Dépouillons-nous seulement du monde, et nous revêtirons le Christ (Ep 4,22; Rm 13,14). (…) Puissions-nous, en nous dévêtant ainsi, nous revêtir de choses invisibles et impérissables ! Puissions-nous grandir en grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur, saison après saison, année après année, jusqu’à ce qu’il nous prenne avec lui (…) dans le Royaume de son Père et notre Père, de son Dieu et notre Dieu (Jn 20,17).

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

Le samedi saint

samedi 16 avril 2022

Aujourd’hui, l’Église, l’héritière, est dans l’allégresse. Son époux, le Christ, qui a souffert, vient de ressusciter. (…) Réjouis-toi, Église, Épouse du Christ ! La résurrection de ton Époux t’a relevée de terre où les passants te foulaient aux pieds. (…) Ô merveille ! (…) Une seule graine a été semée, et le monde entier s’en est nourri. Comme un homme, il a été immolé ; comme un Dieu, il a été rendu à la vie et il donne la vie à la terre. (…) Comme un agneau, il a été égorgé, et comme un berger, par le bâton de sa croix, il a dispersé le troupeau des démons. Comme une bougie sur le chandelier, il s’est éteint sur la croix, et comme un soleil, il s’est levé du tombeau. On a vu s’accomplir deux prodiges : le jour s’est obscurci lorsque le Christ a été crucifié, et à sa résurrection, la nuit a brillé comme le jour. Pourquoi le jour s’est-il obscurci ? Parce que, comme il est écrit, « Il fit des ténèbres son voile » (Ps 17,12). Pourquoi la nuit a-t-elle brillé comme le jour ? Parce que, comme le disait le prophète, « Les ténèbres ne sont point ténèbres devant toi et la nuit comme le jour illumine » (Ps 138,12).

Ô nuit, plus claire que le jour ! Nuit plus lumineuse que le soleil ! Nuit plus blanche que la neige, plus brillante que nos flambeaux, plus douce que le paradis ! Ô nuit qui ne connais point de ténèbres, tu chasses tout sommeil et nous fais veiller avec les anges ! Nuit pascale, frayeur des démons, attendue une année durant ! Nuit nuptiale de l’Église, qui fais naître les nouveaux baptisés et dépouilles le démon endormi ! Nuit où l’héritier introduit ses co-héritiers dans l’héritage !

Asterius d’Amasée (?-v. 410)

 

 

 

« Notre cœur n’était-il pas brûlant tandis qu’il nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24,32)

mercredi 7 avril 2021

Quelle est la raison intime de la fécondité de la parole de Dieu ? C’est que le Christ est toujours vivant ; il est toujours le Dieu qui sauve et vivifie. (…) Or, toute proportion gardée, ce qui est vrai de la personne même de Jésus, l’est aussi de sa parole ; et ce qui était vrai hier l’est encore de nos jours.

Le Christ vit dans l’âme du juste ; sous la direction infaillible de ce Maître intérieur, l’âme (…) pénètre dans la clarté divine ; le Christ lui donne son Esprit, auteur premier des Saints Livres, pour qu’elle y « scrute jusqu’aux profondeurs même de l’infini » (cf. 1 Co 2,10) ; elle contemple les merveilles de Dieu à l’égard des hommes ; elle mesure, par la foi, les proportions divines du mystère de Jésus, et ce spectacle admirable, dont les splendeurs l’éclairent et l’illuminent, la touche, l’attire, la ravit, la soulève, la transporte, la transforme. Elle éprouve à son tour ce que ressentaient les disciples d’Emmaüs quand le Christ Jésus daignait leur interpréter lui-même les livres saints : « nos cœurs n’étaient-ils pas ardents, tandis qu’il nous entretenait et nous dévoilait les Écritures ».

Quoi d’étonnant dès lors que l’âme, charmée et conquise par cette parole toute vive « qui pénètre jusqu’aux moelles » (He 4,12), fasse sienne la prière de ces disciples : « Seigneur, demeurez avec nous ! Ô vous, le Maître incomparable, lumière indéfectible, infaillible vérité, seule vraie vie de nos âmes ! » Prévenant ces pieux désirs, l’Esprit Saint « fait entendre en nous ses gémissements inénarrables » (Rm 8,26), qui constituent la vrai prière, ces désirs véhéments de posséder Dieu, de ne plus vivre que pour la gloire du Père et celle de son Fils Jésus. L’amour, agrandi et ardent au contact de Dieu, envahit toutes les puissances de l’âme, la rend forte et généreuse pour accomplir parfaitement toutes les volontés du Père, pour se livrer pleinement au bon plaisir divin.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

Le mardi de Pâques

mardi 6 avril 2021

« Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. » Qu’est-ce à dire ? Qu’on touche mieux le Christ par la foi que par la chair. Toucher le Christ par la foi, c’est le toucher en toute vérité. Ainsi la femme qui souffrait de pertes de sang : elle s’approche du Christ, pleine de foi, et touche son vêtement. (…) Et le Seigneur, pressé par des foules, n’est touché que par cette femme (…) parce qu’elle a cru (Mc 5,25s).

Aujourd’hui, mes frères, Jésus est dans le ciel. Quand il demeurait parmi ses disciples, et qu’il était revêtu d’une chair visible et qu’il possédait un corps palpable, on le voyait, on le touchait. Mais aujourd’hui qu’il siège à la droite du Père, qui d’entre nous peut le toucher ? Et pourtant, malheur à nous, si nous ne le touchons pas. Nous tous le touchons, nous qui croyons. Il est au ciel, il est loin, et les distances qui le séparent de nous ne sont pas mesurables. Mais crois, et tu le touches. Que dis-je ? Tu le touches ? Si tu crois, tu as auprès de toi celui en qui tu crois. (…)

Voulez-vous savoir comment Marie voulait le toucher ? Elle le cherchait mort et ne croyait pas qu’il devait ressusciter : « Ils ont enlevé mon Seigneur du tombeau ! » (Jn 20,2) Elle pleure un homme (…) « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Tu me touches avant que je ne sois monté vers mon Père, et tu ne vois qu’un homme en moi. Que te donne cette foi-là ? Laisse-moi monter vers le Père. Je ne l’ai jamais quitté, mais j’y monterai pour toi, si tu me crois l’égal du Père. » Notre Seigneur Jésus Christ n’a pas quitté son Père, lorsqu’il est descendu d’auprès de lui. Et lorsqu’il est remonté d’auprès de nous, il ne nous a pas non plus abandonnés. Car au moment de monter et de siéger à la droite du Père, si loin, il dit à ses disciples : « Je reste au milieu de vous jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20).

Saint Augustin (354-430)

 

 

Le lundi de Pâques

lundi 5 avril 2021

L’Évangile nous dépeint la course joyeuse des disciples : « Tous deux couraient ensemble, mais l’autre disciple courut en avant, plus vite que Pierre, et arriva le premier au tombeau » (Jn 20,4). Qui ne désirerait aussi chercher le Christ siégeant à la droite du Père, et pour obtenir de le trouver au terme de sa quête, qui ne chercherait à courir en esprit, lorsqu’il se remémore avec tant de joie la course à toutes jambes de tels apôtres ? Pour nous encourager en ce désir, que chacun de nous redise avec élan ce verset du Cantique des Cantiques : « Entraîne-moi à ta suite, nous courrons à l’odeur de tes parfums » (3,4 LXX). Courir à l’odeur des parfums, c’est marcher sans relâche, du pas de son esprit, vers notre Créateur, réconforté par la sainte odeur des vertus.

Telle a bien été la course digne d’éloges de ces très saintes femmes qui, d’après les évangiles, avaient suivi le Seigneur depuis la Galilée et lui sont restées fidèles au moment de sa Passion, alors que les disciples s’étaient enfuis (Mt 27,55) ; elles ont couru à l’odeur des parfums, en esprit, et même selon la lettre, car elles ont acheté des aromates pour oindre les membres du Seigneur, comme en témoigne Marc (16,1).

Frères, à l’exemple des soins empressés des disciples, hommes et femmes, auprès du sépulcre de leur Maître (…), proclamons à notre manière les joies de la résurrection du Seigneur. Il serait bien dommage qu’une langue de chair taise la louange due à notre Créateur, en ce jour où sa chair est ressuscitée. Cette résurrection magnifique nous incite à proclamer la grandeur de l’Auteur d’une telle joie, et à annoncer la victoire remportée contre notre vieil ennemi (…) : avec le fauteur de mort lui-même, la mort est aujourd’hui délogée ; aujourd’hui, par le Christ, la vie est rendue aux mortels. Aujourd’hui les chaînes du démon sont brisées ; la liberté du Seigneur est accordée en ce jour aux chrétiens.

Saint Odilon de Cluny (961-1048)

 

 

« Jour d’allégresse et de joie » (Ps 117,24)

dimanche 4 avril 2021

Quelle belle fête de Pâques ! Et quelle belle assemblée ! Ce jour contient tant de mystères, anciens et nouveaux ! En cette semaine de fête ou plutôt d’allégresse, par toute la terre les hommes se réjouissent, et même les puissances du ciel se joignent à nous pour célébrer dans la joie la résurrection du Seigneur. Exultent les anges et les archanges, qui attendent que le roi des cieux, le Christ notre Dieu, revienne vainqueur de la terre ; exultent les chœurs des saints, qui proclament « celui qui s’est levé avant l’aurore » (Ps 109,3), le Christ. La terre exulte : le sang d’un Dieu l’a lavée. La mer exulte : les pas du Seigneur l’ont honorée. Qu’exulte tout homme, rené de l’eau et de l’Esprit Saint ; qu’exulte Adam, le premier homme, délivré de l’ancienne malédiction. (…)

Non seulement la résurrection du Christ a instauré ce jour de fête, mais encore elle nous procure, au lieu de la souffrance, le salut, au lieu de la mort, l’immortalité, au lieu des blessures, la guérison, au lieu de la déchéance, la résurrection. Autrefois, le mystère de la Pâque s’accomplissait en Égypte selon les rites donnés par la Loi ; le sacrifice de l’agneau n’était qu’un signe. Mais aujourd’hui nous célébrons, selon l’Évangile, une pâque spirituelle, qui est le jour de la résurrection. Là, on immolait un agneau du troupeau (…) ; ici, c’est le Christ en personne qui s’offre en agneau de Dieu. Là, une bête de la bergerie ; ici, non pas un agneau, mais le bon pasteur lui-même, qui donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). (…) Là, les Hébreux traversent la mer Rouge et entonnent en l’honneur de leur défenseur une hymne de victoire : « Célébrons le Seigneur ; il s’est couvert de gloire » (Ex 15,1). Ici, ceux qui ont été jugés dignes du baptême chantent en leur cœur l’hymne de la victoire : « Un seul saint, un seul Dieu, Jésus Christ, dans la gloire du Dieu Père. Amen ». « Le Seigneur règne, vêtu de majesté », s’écrie le prophète (Ps 92,1). Les Hébreux traversent la mer Rouge et mangent la manne dans le désert. Aujourd’hui, en sortant des fonts baptismaux, on mange le pain qui descend du ciel (Jn 6,51).

Proclus de Constantinople (v. 390-446)

 

 

Je vous invite à la joie de la Résurrection

vendredi 17 avril 2020

Mangez, mes amis ; buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés (cf. Ct 5,1). Je vous invite à la table de la Sagesse et aux libations du vin qu’elle vous a préparées dans sa coupe (cf. Pr 9,5). Heureux celui qui, admis à un tel banquet, brillera devant les convives dans la robe nuptiale (cf. Mt 22,11).

Le pain de vie lui sera servi, qui fortifie, comble et rassasie d’une merveilleuse douceur, avec le vin de l’allégresse, vin jailli du fruit de la vigne, vrai vin de la résurrection, exprimé de l’arbre de la passion du Seigneur. (…) De plus, ce convive mangera, paré de sa plus belle robe et de l’anneau de paix, le veau gras tué par le Père (cf. Lc 15,22). Les reins ceints de la ceinture de la foi et de la chasteté, les pieds chaussés de sandales pour être prêt à toute œuvre bonne (cf. 2 Tm 3,17), il mangera les chairs de l’Agneau pascal rôties au feu (cf. Ex 12,9). (…) Ayant pris le poisson qui fut trouvé sur des braises au bord de la mer, lorsque le Seigneur apparut aux disciples après sa résurrection (cf. Jn 21,9), il goûtera en même temps le rayon de miel. Alors il dira, répétant le poème du Cantique des Cantiques : « J’ai mangé mon rayon avec mon miel, j’ai bu mon vin avec mon lait. » Regorgeant donc de toutes les délices, il invitera ainsi au festin les autres avec lui : « Mangez, mes amis ; buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés. » (Ct 5,1)

Et moi aussi, mes frères, je vous invite à ce festin : « Mangez, mes amis ; buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés. » Mangez le pain de vie, buvez le vin de l’allégresse, enivrez-vous de la joie de la résurrection. Cette ivresse est la suprême sobriété, elle efface le souvenir du monde, et imprime sans cesse dans l’esprit l’idée de la présence de Dieu. Quiconque en est ivre oublie tout et ne se souvient plus que de la charité divine. (…) Réjouissez-vous de sa joie, vous qui avez souffert de sa souffrance

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

« Notre cœur n’était-il pas brûlant ? »

mercredi 15 avril 2020

Frères, réalisons ce qu’ont été les apparitions du Christ à ses disciples après sa résurrection. Elles ont d’autant plus d’importance qu’elles nous montrent qu’une communion de ce genre avec le Christ reste encore possible ; c’est ce genre de contact avec le Christ qui nous est donné actuellement. Dans cette période de quarante jours qui suivit la résurrection, Jésus a inauguré sa nouvelle relation avec l’Église, sa relation actuelle avec nous, le genre de présence qu’il a voulu manifester comme assurée.

Après sa résurrection, comment le Christ était-il présent à son Église ? Il allait et venait librement ; rien ne s’opposait à sa venue, pas même les portes fermées. Mais lui présent, ses disciples ne réalisaient pas d’évidence qu’il était là. (…) Les disciples d’Emmaüs n’eurent conscience de sa présence qu’après coup, en se rappelant quelle influence il avait exercée sur eux : « Notre cœur n’était-il pas brûlant ? » (…)

Remarquons bien à quel moment leurs yeux s’ouvrirent (…) : à la fraction du pain. Telle est en effet la disposition actuelle de l’évangile. Si on reçoit la grâce de saisir la présence du Christ, on ne le reconnaît que plus tard ; ce n’est plus désormais que par la foi qu’on saisit sa présence. À la place de sa présence sensible, il laisse le mémorial de sa rédemption ; il se rend présent dans le sacrement. Quand s’est-il manifesté ? Lorsque, pour ainsi dire, il fait passer les siens d’une vision sans vraie connaissance à une authentique connaissance dans l’invisible de la foi

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

Le premier jour de la vie nouvelle

dimanche 12 avril 2020

Voici une sage maxime : « Au jour du bonheur on oublie tous nos maux » (Si 11,25). Aujourd’hui est oubliée la première sentence portée contre nous – mieux, non pas oubliée, mais annulée ! Ce jour a entièrement effacé tout souvenir de notre condamnation. Autrefois l’enfantement se passait dans la douleur ; maintenant notre naissance est sans souffrance. Autrefois nous n’étions que chair, nous naissions de la chair ; aujourd’hui ce qui naît est esprit né de l’Esprit. Hier, nous naissions simples enfants des hommes ; aujourd’hui, nous naissons enfants de Dieu. Hier, nous étions rejetés du ciel sur la terre ; aujourd’hui celui qui règne dans les cieux fait de nous des citoyens du ciel. Hier, la mort régnait à cause du péché ; aujourd’hui, grâce à la Vie, c’est la justice qui reprend le pouvoir.

Un seul homme nous a ouvert jadis les portes de la mort ; aujourd’hui, un seul homme nous ramène à la vie. Hier, nous avons perdu la vie à cause de la mort ; mais aujourd’hui la Vie a détruit la mort. Hier, la honte nous faisait nous cacher sous le figuier ; aujourd’hui, la gloire nous attire vers l’arbre de vie. Hier, la désobéissance nous avait chassés du Paradis ; aujourd’hui, notre foi nous y fait entrer. De nouveau, le fruit de la vie nous est offert afin que nous en jouissions autant que nous le voulons. De nouveau la source du Paradis dont l’eau nous irrigue par les quatre fleuves des évangiles (cf Gn 2,10), vient rafraîchir la face entière de l’Église. (…)

Que devons-nous faire dès lors, sinon imiter dans leurs bondissements joyeux les montagnes et les collines des prophéties : « Montagnes, sautez comme béliers ; collines, comme des agneaux ! » (Ps 113,4) Venez donc, crions de joie pour le Seigneur ! (Ps 94,1) Il a brisé la puissance de l’ennemi et dressé le grand trophée de la croix (…). Disons donc : « Grand est le Seigneur notre Dieu, un grand roi par toute la terre ! » (Ps 94,3 ;46,3) Il bénit l’année en la couronnant de ses bienfaits (Ps 64,12), et il nous rassemble en un chœur spirituel, en Jésus Christ notre Seigneur, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen !

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

 

 

« Lui-même était là au milieu d’eux, et il leur dit : ‘La paix soit avec vous’. »

jeudi 25 avril 2019

La Judée en rébellion avait chassé la paix de la terre…et jeté l’univers dans son chaos primordial… Chez les disciples aussi, la guerre sévissait ; la foi et le doute se donnaient des assauts furieux… Leurs cœurs, où la tempête faisait rage, ne pouvaient trouver nul havre de paix, nul port calme.

À ce spectacle, le Christ qui sonde les cœurs, qui commande aux vents, qui maîtrise les tempêtes et d’un simple signe change l’orage en un ciel serein, les a raffermis de sa paix en disant : « La paix soit avec vous ! C’est moi ; ne craignez rien. C’est moi, le crucifié, le mort, l’enseveli. C’est moi, votre Dieu devenu pour vous homme. C’est moi. Non pas un esprit revêtu d’un corps, mais la vérité même faite homme. C’est moi, vivant entre les morts, venu du ciel au cœur des enfers. C’est moi que la mort a fui, que les enfers ont redouté. Dans son effroi, l’enfer m’a proclamé Dieu. N’aie pas peur, Pierre, toi qui m’as renié, ni toi Jean, toi qui as pris la fuite, ni vous tous qui m’avez abandonné, qui n’avez songé qu’à me trahir, qui ne croyez pas encore en moi, alors même que vous me voyez. N’ayez pas peur, c’est bien moi. Je vous ai appelés par la grâce, je vous ai choisis par le pardon, je vous ai soutenus de ma compassion, je vous ai portés en mon amour, et je vous prends aujourd’hui, par ma seule bonté. »

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)